Tristesse caché (Prio' Rexia)

Reptile

Le versant du volcan, automne de l'An 6. (priorité à Rexia)

Pour l’une des rares fois depuis son intégration, Hélya avait poussé sa marche jusqu’au volcan, la tête basse. De fines gouttes écarlates perlaient de temps en temps de son museau, preuve flagrante de la colère d’un autre que la brunette avait dû subir en silence, pour ne pas aggraver son cas.

Quelques plantes dépassaient de son museau tremblant sous les sanglots contenues, elle ne voulait pas pleurer devant ces rustres, ça leur ferait bien trop plaisir. S’arrêtant enfin sous l’un des arbres bordant le pied du volcan, elle s’affala, toute tremblante.

Malaxant rapidement les plantes, elle les étala sur son museau endoloris, espérant que leur effet ne se ferait pas attendre. Posant sa tête sur ses pattes avant, elle soupira, retenant toujours ses larmes. Même ici, elle n’était pas sûre qu’une paire d’yeux indiscrets n’étaient pas en train de l’observer.

-Pff ! Comme si c’était ma faute s’il s’est fait éconduire… fit-elle tristement. Mais c’est bien fait pour lui... l’est trop méchant.

Plancton

Et en effet, les deux yeux bruns et bien indiscrets d'une petite renarde curieuse allaient bientôt tomber sur la triste louve, mais peut-être Hélya allait-elle trouver moins gênant de pleurer devant une renarde que devant les loups...

Rexia ne venait généralement jamais près du volcan, car elle avait peur de lui... elle avait peur de savoir qu'en son sein bouillait un cœur de magma en fusion. Comme tous les animaux sauvages, elle avait peur du feu. Mais si elle n'aimait pas cet endroit, elle savait que c'était aussi le cas des loups. Alors notre petite rusée avait fait de ce lieu un refuge, pour elle. En cette matinée d'automne, alors qu'elle s'apprêtait à rentrer dans son terrier après une nuit de chasse, elle était tombée sur quatre jeunes loups, une bande d'amis qui sillonnaient la jungle à la recherche de quoi s'amuser, trop-jeune qu'ils étaient pour avoir un véritable rang dans la meute. Ils avaient dénichée Rexia sous la canopée, avant qu'elle ne puisse arriver chez-elle, et ils l'avaient coursés. Si ils ne l'avaient pas tuée parce qu'ils savaient qu'elle faisait partie de la meute, elle ne doutait pas un instant qu'ils l'auraient attrapée par la queue pour se la lancer comme un bâton.

Après plusieurs dizaines de minutes de courses à-travers la jungle, la petite bête avait fini par les semer, après qu'ils aient perdu sa trace dans l'odeur de soufre. Rexia était essoufflée... mais au moins, elle s'en était sortie. Elle alla jusqu'à l’orée du bois, et elle s'assit, reprenant lentement sa respiration. Ce n'est alors qu'un peu tard qu'elle tourna la tête et vit, à quelques mètres, une autre louve, brune, dont elle n'avait pas sentie l'odeur à-cause du volcan... elle ne côtoyait pas suffisamment la meute pour connaître tous les noms, mais elle reconnut la guérisseuse.

Oh, maman !

S'exclama-t-elle.

Pas encore !

Elle s'apprêtait à se remettre à courir... mais la louve ne sembla pas s'occuper d'elle, elle était occupée à mâchonner des plantes et à appliquer ce qu'il en ressortait sur son museau... elle semblait blessée. Visiblement, la renarde n'était pas la seule à subir les violences de membres de la meute plus gradés, que ce soit par colère ou pour s'amuser.

Elle hésita un instant... puis finalement, Rexia s'approcha. Pas de beaucoup, elle resta assez loin pour pouvoir fuir, en cas de besoin, mais assez près pour pouvoir discuter. La curieuse petite renarde se demandait quels étaient les malheurs de la louve. Elle semblait sur le bord des larmes, et elle semblait se retenir. Les pattes dressées, prêtes à fuir, et les oreilles en arrière en signe de soumission, elle dit à la louve :

Tu sais, ça fait parfois du bien de pleurer. Tu ne devrais pas te retenir.

Reptile

-Tu sais, ça fait parfois du bien de pleurer. Tu ne devrais pas te retenir.

La louve leva la tête, son regard se posa bien vite sur une silhouette rousse postée à quelques mètres. La renarde semblait prête à décamper en cas de besoin, Hélya ne risquait pas de lui en tenir rigueur, la vie d’une louve à Alteron n’était déjà pas aisée alors celle d’une renarde…

-J’sais bien… mais merci du conseil, fit-elle dans un faible sourire reconnaissant. C’est juste que je ne veux pas leur donner ce plaisir, ils en seraient bien trop contents… fit-elle en désignant la jungle.

Essuyant ses yeux larmoyants d’une patte, elle s’assit confortablement. Les personnes gentilles étaient rares à Alteron, trop rares. Mais la brunette n’était pas la plus à plaindre, et puis elle avait la chance que son maître de rang et beaucoup de ses collègues soient des gens biens.

-J’m’appelle Hélya, et toi ? Lui demanda-t-elle dans un sourire déjà plus serein.

Bien qu’elle sache que la renarde se montrait respectueuse par instinct de préservation, la guérisseuse était certaine que la gentillesse avec laquelle elle lui avait parlé était sincère, perdre l’occasion de se lier à une telle personne aurait été bien dommage.

Plancton

Rexia fut légèrement désemparée par l'accent de jeunesse qu'elle sentait dans la voie de la guérisseuse, bien qu'elle n'en laissa rien paraître, trop occupée qu'elle était à se préparer à fuir au premier signe de menace de sa part. C'était presque à croire que cette louve brune était encore plus jeune qu'elle, alors que la renarde venait à-peine d'atteindre l'âge de se reproduire... était-ce possible ? Elle ne pouvait pas en être certaine, il était difficile pour un membre de sa race de faire la différence d'âge entre un loup et un renard, ils avaient quand-même une grande différence de taille... et puis, les loups vivaient plus longtemps que les renards, donc ils devaient vieillir plus lentement. Il fallait aussi comptait le fait qu'elle devait continuellement veillée pour rester en vie, ce qui, bien que gamine, la rendait assez mature... enfin bref, avec tout-cela, la louve lui semblait bien jeune, ce qui n'était pas pour déplaire à Rexia, qui se sentait un peu plus à-l'aise... mais pas totalement rassurée.

La louve avait une voie assez sereine et qui inspira tout-ce-suite confiance à Rexia... visiblement, elle n'était pas du genre à s'en prendre pour rien au petit animal, et les bourrins qui aimaient s'en prendre aux renards ne jouaient jamais de ruse, ils se contentaient de les courser... elle se détendit donc, mais resta quand-même sur le qui-vive, on ne sait jamais, un danger pouvait toujours survenir, et si ce n'était pas de Hélya, ce pouvait être d'ailleurs... sa mère lui avait appris très jeune à toujours rester prudente, même lorsqu'elle croyait être seule. Il n'y avait que dans son terrier qu'elle était totalement en sécurité, temps qu'un prédateur ne tentait pas de l'atteindre en creusant. Elle laissa à la louve le temps de se calmer, de se sentir plus à l'aise, puis, lorsqu'elle se présenta, elle lui fit un léger sourire et lui répondit :

Je suis Rexia. Je suis coursière dans la meute des Alteron... enfin, quand ils font appel à moi, autrement, j'évite les loups. Ne le prend pas mal, mais c'est fou ce que tes semblables aiment lancer les renards en l'air comme des lézards !

Rexia n'était pas quelqu'un de mauvais, en effet, et si elle avait sentie que c'était la cas avec cette louve brune, elle ne lui aurait pas parlée, elle l'aurait juste fuit. Mais elle sentait que Hélya devait être une personne pacifique et qui avait du chagrin... alors elle ne voyait pas de raison de ne pas lui parler, et même de peut-être lui remonter le moral.

Elle fit un pas en-avant, comme pour lui montrer un signe de confiance, puis elle s'assit et continua en lui disant :

Je suis arrivée ici parce que j'ai fuit une bande de louvars qui voyaient en moi un sympathique petit "jeu". Et toi, que t'est-il arrivé ?

Reptile

-Je suis Rexia. Je suis coursière dans la meute des Alteron... enfin, quand ils font appel à moi, autrement, j'évite les loups. Ne le prend pas mal, mais c'est fou ce que tes semblables aiment lancer les renards en l'air comme des lézards !

La brunette regarda Rexia l’air désemparer : lancer les renards en l’air ? Quel drôle d’idée ! Son maitre lui avait appris nombres de techniques inspirée des renards, des animaux aussi malins que discret qui méritaient amplement leur respect. Mais à Alteron, tout était relatif.

-Je suis arrivée ici parce que j'ai fui une bande de louvards qui voyaient en moi un sympathique petit "jeu". Et toi, que t'est-il arrivé ?

-Un jeu ? J’vois pas ce qu’y a de drôles, fit-elle perplexe. Moi ? Un mâle stupide s’est fait éconduire, faut’ dire que le harcèlement et la violence sont loin d’être génial pour courtiser quelqu’un. Et p’y j’ai fait la « bêtise » de passer dans l’coin… il a passé ses nerfs sur moi mais j’ai réussi à filer…

Elle soupira en y repensant, au final, elle avait plutôt eu de la chance. Elle lâcha un petit rire blasé.

-Chanceuses comme on est, on a plus qu’à attendre la nuit si on veut rentré en un seul morceau… ~

Plancton

Rexia rit un peu à la dernière remarque de la louve... visiblement, elle n'avait pas saisie le côté sarcastique de sa phrase. Cette louve semblait gentille, mais elle avait visiblement l'esprit un peu plus fermé que les autres. Il ne fallait pas oublier que les renards n'étaient pas seulement malins et discrets : ils étaient aussi farceurs. Mais pour le reste, elle avait raison : les renards pouvaient enseigner beaucoup aux loups, sur la vitesse, la discrétion, la ruse... mais cette espèce, en particulier ceux d'Alteron, ne les voyaient que comme une sous-race qu'il fallait soit éradiquer, soit dominer... en cela, ils ressemblaient presque aux humains, en fait, qui n'aimaient pas les renards parce qu'ils chassaient les oiseaux qu'ils mangeaient, et véhiculaient sois-disant des maladies, pas plus que les chiens sauvages, cela-dit. Les seules fois où elle pouvait enseigner quelque-chose aux loups, c'était lorsque les plus jeunes s'entraînaient à la chasse avec elle... ou lorsqu'elle se servait de sa ruse pour les ridiculiser et les faire réfléchir à deux-fois avant de chasser un renard.

Rexia poussa un petit glapissement, mi-amusée, mi exaspéré, lorsque Hélya lui parla du mâle violent et macho qui l'avait maltraité, avant de répondre :

Bah, les loups, et je ne parle que des mâles, ne sont que des idiots qui croient que tout leur est acquis, plus particulièrement les femelles. Je suis désolée que les contre-coups soient retombés sur toi. Mais dit-toi que maintenant, il doit se sentir bien humilié de s'être fait éconduit par deux louves dans la même journée : celle qu'il voulait charmer, et celle qu'il voulait massacrer. Demain, il aura oublié que c'est à toi qu'il s'en est pris et il passera à une autre conquête.

Elle ne pouvait pas le lui promettre, mais elle en était quasiment certaine... pour elle, les loups la pourchassaient lorsqu'ils la voyaient, mais ils ne cherchaient jamais à la trouver, parce qu'elle savait faire oublier sa présence.

La louve brune parla du fait qu'elles devraient attendre la nuit pour pouvoir retourner chez-elles. Rexia était de plus en plus en confiance, envers cette louve : déjà, elle n'avait rien de menaçante, et puis, elle se ressemblaient un peu, finalement. Elle finit par se lever et vint s'asseoir juste en face d'elle, afin de lui annoncer :

Normalement, je vis la nuit, de toute-façon. Les loups m'ont pourchassée alors que je rentrais à mon terrier, sous la canopée. Si tu veux, je pourrais te guider dans le noir jusque là où notre meute dort.

Reptile

(Désolée pour le retard)

Hélya hocha la tête en souriant, sachant très bien que Rexia avait raison, elle en arrivait à se demander si l’autre crétin reconnaitrait son propre reflet dans l’eau, alors elle… Heureusement qu’il y en avait d’assez intelligents pour relever un peu le niveau de la meute. La rousse se rapprocha encore.

-Normalement, je vis la nuit, de toute-façon. Les loups m'ont pourchassée alors que je rentrais à mon terrier, sous la canopée. Si tu veux, je pourrais te guider dans le noir jusque-là où notre meute dort.

-C’est gentil, la remercia-t-elle. J’ai beau m’être habitué à ce genre de situation, éviter toute les racines n’est pas facile pour moi, j’suis plutôt du genre maladroite, pouffa-t-elle.

Sa queue remua vivement de gauche à droite, tel un louveteau heureux d’avoir trouvé un nouveau camarade de jeu, Rexia était vraiment gentille, peut-être finiraient-elle par devenir amies. La renarde lui montrerait surement plein d’autres trucs marrant.

-En attendant j’pourrais te montrer les plantes et autres truc pour atténuer ou modifier ton odeur, c’est l’genre de truc super pratique quand un type trop coriace te piste, elle grimaça avant de poursuivre, ou lors des chaleurs…

Ça, ce serait nettement moins marrant. Etre une femelle en temps normal n’était pas de tout repos mais en période de chaleur c’était surement pire, elle ne vivait pas depuis assez longtemps à Alteron pour tout connaitre en détail, mais son instinct lui disait qu’il vaudrait mieux s’y faire discrète.

Plancton

[Pas grave, tu peux prendre ton temps entre chaque réponse si tu en as besoin, je ne suis pas pressée Wink

]

La petite renarde fut légèrement surprise par la dernière remarque de la louve, sur les chaleurs... elle entrouvrit la gueule un instant, puis finalement, elle mit une patte devant son museau et se mit à rire. Elle songeait souvent à se cacher des loups pour éviter de se faire blesser ou tuer, ou encore simplement pourchasser pour le plaisir de la faire courir jusqu'à l'épuisement, car elle n'était pas très endurante... mais elle n'avait jamais songé à cacher son odeur pour éviter que les mâles fondent sur elle pendant les chaleurs. Peut-être parce qu'elle était la dernière renarde de ce territoire, et qu'elle n'avait pas de renard pour venir la harceler parce qu'elle lâcherait une délicieuse odeur de phéromones. Pourtant, maintenant qu'elle en parlait...

Maintenant que tu en parles,

dit-elle en arrêtant de rire, levant le museau en-l'air tendis qu'elle réfléchissait, se remémorant les événements d'il y avait quelques mois,

j'ai eu ma première chaleur il y a deux saisons. Je ne m'inquiétais pas des mâles, parce que depuis le départ du reste de ma famille, je suis la dernière représentante de mon espèce en Alteron. Mais effectivement, à l'époque, les loups me laissaient tranquilles, bien qu'il me trouvaient plus facilement... je n'avais pas pensée que mes chaleurs pouvaient leur plaire, normalement, nous ne sommes pas compatibles.

Elle rit encore un instant, avant de terminer par cette phrase, pleine de sous-entendus :

ah, les mâles...

Elle s'allongea, continuant à réfléchir à sa proposition. Son fou-rire mis à part, elle trouvait effectivement que c'était une bonne idée. Elle s'était déjà mise face au vent, ou avait marché au milieu de plantes et de feuilles au fort parfum... mais elle n'avait jamais songé qu'elle pourrait elle-même masquer son odeur.

C'est une bonne idée,

dit-elle finalement, retrouvant son sérieux.

Je connais les plantes pour soigner, enfin, au moins la base, puisqu'il me fallait tout-de-même apprendre à me soigner. Je ne suis pas née en-tant que membre de la meute, tu comprends... en revanche, je n'ai jamais songé aux plantes pouvant camoufler mon odeur. Donc je veux bien, merci. En échange, si tu le souhaites, je pourrais t'apprendre à te mouvoir discrètement, aussi silencieusement qu'une ombre, ainsi les andouilles du genre de ce mâles ne pourront plus t'attraper, tu pourras d'éclipser avant qu'ils ne te repèrent, et ceux que ce soit le jour, ou la nuit. Moi, je l'ai appris naturellement, je suis petite, mais pour toi, ce sera facile... tu es mince et svelte, et je paris que tu es une excellente coureuse.

Reptile

[Merci =) ]

-Maintenant que tu en parles, j'ai eu ma première chaleur il y a deux saisons. […] Ah, les mâles...

Hélya ne put s’empêcher de pouffer de rire face au sous-entendu, il était vrai que les mâles n’étaient pas toujours des plus malins face à une joli femelle et surtout lors des chaleurs. Durant cette période, c’était surtout leurs hormones qui semblaient fonctionner à la place de leur cerveau.

-C'est une bonne idée. […] Moi, je l'ai appris naturellement, je suis petite, mais pour toi, ce sera facile... tu es mince et svelte, et je paris que tu es une excellente coureuse.

La proposition laissa la brunette rêveuse, elle qui avait dû se résoudre au fait que son handicap l’empêcherais d’être discrète, le rêve quoi ! Un sourire enjoué se dessina sur son visage.

-Tu crois ? J’suis toujours très bruyante quand je me déplace, ça a toujours désespéré mon maitre, heureusement qu’il était patient… ma physionomie devrait m’avantager mais avec « ça »…

Levant ses pattes avant, elle écarta les doigts, mettant en évidence la déformation qui la touchait. Normalement, en plus de l’ergo, les pattes antérieurs d’un loup compte 5 doigts. Mais pour Hélya, un doigt du coté extérieur était absent, rendant son équilibre plus précaire et la faisant se fatiguer plus vite.

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