Froideur [Prio' Sa'ffy]

Le louveteau releva précipitamment la tête, réveillé par la rafale d'air froid qui venait de s’engouffrer par l'ouverture de la tanière. Il frissonna, s'enroula sur lui même, puis constata qu'il se trouvait à quelques centimètres de l'endroit ou il dormait habituellement. Le corps engourdi, il songea tout d’abord à rejoindre sa famille pour continuer de se reposer contre leurs corps chauds, mais la vue du soleil levant au dehors lui passa cette envie. Il se dirigea alors vers la sortie de la tanière, attiré par cette lumière douce et rosâtre qui n'avait rien de semblable à celle de l'après-midi. Les odeurs familières et sécurisantes de la tanière s’atténuèrent des qu'il arriva à l’extérieur, Nagash ne s'aventura donc pas plus loin et se contenta de rester en bordure de l'entrée pour s'occuper. Il s'allongea dans l'herbe, saisit un brin entre ses mâchoires et le tira vers l’arrière afin de l’arracher du sol. C'était un jeu amusant, aussi continua t-il d'en arracher en pensant que peut être, cela permettrait à ses crocs de sortir et de s'aiguiser plus vite.

Elle s’était réveillée la première, bien avant que Nagash ne fusse tire du sommeil par une bourrasque de vent froid - peut-être du à son absence. Son éveil s'était produit avant même que le soleil ne fasse mine de teinter le ciel, mais après que les étoiles eussent disparues; entre deux temps, donc. Il lui arrivait de plus en plus fréquemment de se réveiller à cette heure, et ses nuits se raccourcissaient. Ou s'entrecoupaient, plutôt, puisque après une marche nocturne, elle revenait se lover contre les siens. Dans l'amas des corps tapissant la tanière, son absence pouvait passer inaperçue, sauf lorsqu'un de ses plus jeunes ne complétait pas sa nuit. Banehowl, probablement, devait avoir pris conscience de sa difficulté croissante à dormir. Ils n'en parlaient pas, le besoin n'était pas encore présent. Mais la vieillesse croîtrait chez elle.

Elle parcourait donc le territoire de nuit, croisant peu les rondes des gardes dont elle connaissait la trajectoire. Profitant de la quiétude, la dame blanche arpentait la forêt comme un fantôme; non pas celui tue par l'amour et le chagrin, mais celui d'un esprit s'effaçant, sachant son heure se rapprocher. Heureusement pour elle, son niveau d'énergie restait assez haut durant la journée pour qu'elle demeure alpha utile - même si, il lui fallait l'admettre, Leanna, Adrian et Banehowl l'épaulaient de plus en plus. Et, dans quelques saisons, sa portée actuelle prendrait le relais.
Elle finirait sa vie plus entourée qu'elle ne l'avait débuté.

Revenant alors que l'aube pointait le bout de son nez, elle ne pensait pas forcement retourner se coucher mais en entretenait l'espoir. Une boule de poils bourgogne lui fit cependant la surprise d'être postée devant l'entrée, bien occupée qu'elle était à se saisir des herbes entre ses débuts de crocs. Quelques instants amusée par le tendre spectacle, la louve resta en bordure de la scène puis fini par s'avancer.
- As-tu arraché tous les brins d'herbe te menaçant, ou tu comptes mettre à nu tout le sol autour de la tanière ?

Le louveteau était si concentré par son jeu qu'il ne se rendit pas compte de la présence de sa mère, bien qu'elle l'observait déjà depuis quelques instants.

- As-tu arraché tous les brins d'herbe te menaçant, ou tu comptes mettre à nu tout le sol autour de la tanière ?

- Maman ! Jappa t-il en levant les yeux d'un air mi rassuré, mi étonné. Pourquoi revenait elle de l’extérieur alors qu'il faisait si tôt ? Peut être qu'elle n'avait pas sommeil, peut être qu'elle préférait dormir ailleurs ? Le louveteau lâcha le brin d'herbe qu'il tenait fermement dans sa gueule puis se releva en dressant les oreilles, espérant qu'il n'allait pas se faire gronder pour s'être attaqué à la pelouse.

- C'est pour qu'mes dent poussent plus vite ! Justifia t-il en hochant la tête, avant que sa première interrogation ne le perturbe à nouveau : Dis... Pourquoi t'étais dehors maman ? Ses oreilles se baissèrent doucement, tu veux plus rester avec nous... ?

- Maman ! S'exclama le tout petit, visiblement surpris de la voir surgir.
Il lâcha aussitôt l'herbe et se redressa, ne souhaitant pas être lié à la destruction du terrain.
- C'est pour qu'mes dent poussent plus vite ! Justifia-t-il.
Sa mère leva les sourcils, ne s'attendant pas à cette explication. Mais, c'en était une comme une autre, et elle en disait long sur l'envie de Nagash de grandir. Elle sourit donc, légèrement, mais avant qu'elle ne puisse lui répondre, son louveteau changea d'expression et demanda :
- Dis... Pourquoi t'étais dehors maman ? S'inquiéta-t-il. Tu veux plus rester avec nous... ?
La bouche de l'alpha s'entrouvrit, à peine, mais témoignant de sa surprise mêlée à de l'incompréhension. Elle porta un regard sur Nagash aux teintes désolées, se demandant si déjà l'enfant sentait le poids de son absence.
- Non, bien sûr que non, fit-elle doucement.
Elle tendit la patte, allant chercher son tout-petit pour venir le coller contre elle.
- J'ai seulement des nuits plus courtes que vous, lui expliqua-t-elle posément, alors j'en profites pour surveiller le territoire.

Nagash regardait très attentivement sa mère, muet, dans l'attente anxieuse d'une réponse qui commençait à se faire longue. L’alpha avait légèrement entre-ouvert sa bouche et son regard démontrait certains sentiments que le louveteau ne comprit pas tout à fait.

- Non, bien sûr que non, fit-elle d'une voix douce, rassurant l'enfant qui répondit d'un hochement de tête discret. Il se laissa ensuite attirer vers sa mère sans dire un mot, fermant les yeux lorsqu'il arriva contre elle: son odeur lui avait manqué.

- J'ai seulement des nuits plus courtes que vous, alors j'en profites pour surveiller le territoire.

Il leva les yeux vers elle. La notion de territoire lui était encore abstraite, mais il comprenait que c'était quelque chose d'important, quelque chose à protéger. Mettant fin à l'étreinte, Nagash recula d'un pas en souriant. Il se dressa de toute sa hauteur, essayant de gonfler son poitrail pour paraitre plus fort.

- Quand j'serais grand, c'est moi qui le surveillerait Mm'an ! Tu pourras dormir tranquille.

Malgré qu'il fusse normalement plus distant que les autres loupiots (quoique, c'en était rendu un trait de famille), Nagash se laissa aller contre elle brièvement, profitant de sa jeunesse pour obtenir quelque affection. Il se décolla ensuite, reprenant du sourire et de la grandeur.
- Quand j'serais grand, c'est moi qui le surveillerait Mm'an ! Tu pourras dormir tranquille.
La louve eut un doux sourire, amusé par le dévouement précoce de son tout petit.
- Je n'en doute même pas, le rassura-t-elle en inclinant de la tête. En plus, tu n'auras pas à faire ça seul, tous tes frères et soeurs seront là pour t'aider.
Elle avait ajouté en gardant le sourire, souhaitant par là que Nagash se sente choyé d'avoir une famille (plus) soudée, plutôt qu'il le prenne comme si elle mettait en doute ses compétences ou lui "retirait le pouvoir qui lui était échu". Après ses erreurs accumulées avec Rapier, et d'autres avec Lorrenzo, elle espérait cultiver un esprit d'entraide parmis les nouvelles générations.

Whitewind lui répondit d'un sourire tendre et encourageant.

- Je n'en doute même pas. En plus, tu n'auras pas à faire ça seul, tous tes frères et sœurs seront là pour t'aider.

Nagash pencha la tête, il ne connaissait pas encore très bien tous ses frères et sœurs, mis à part Neil et Nohas bien entendu, mais il ne voyait pas d’inconvenant au fait d'être accompagné par ces derniers. Son ambition était de protéger le territoire tout comme le faisait sa mère, pas de s'en approprier tous les mérites. A plusieurs, ils seraient plus forts et ce qu'il avait vécu ce matin en se réveillant loin de la fratrie lui avait bel et bien prouvé qu'il avait besoin de leur présence. Il voulait rendre ses parents fiers de lui, ni plus ni moins, même s'il ne savait pas exactement contre quoi il devrait défendre le territoire. Le louveteau hocha la tête en conservant sa posture droite, puis répondit d'une voix déterminée.

- On sera encore plus fort que papa ! Tu pourras t'occuper de la meute tranquillement maman.

A son age, Nagash ne se rendait pas encore compte à quel point sa mère était âgée, il ne se doutait pas qu'elle vivait en ce moment la fin de son règne, pour lui, elle resterait indéfiniment la dirigeante de la meute, et ses frères et sœurs, tout comme lui, seraient la pour l'épauler.

Son petiot pencha de la tête, ayant peut-être un moment d'incertitude, mais son regard ne transmettait aucune opposition à l'idée de partager. Il se redressa après quelques secondes et affirma avec vigueur :
- On sera encore plus fort que papa ! Tu pourras t'occuper de la meute tranquillement maman.
La louve argentée eut un sourire légèrement teinté de tristesse, faisant ressortir les rides sous ses yeux.
- Avec votre père comme modèle, cela ne m'inquiète pas.
Plus sage que l'enfant, elle admettait ignorer ce que l'avenir leur réservait. Si la vie était clémente, peut-être pourrait-elle terminer ses années en sachant laisser une famille unie derrière elle, qui s'épaulerait dans les moments difficile. Elle espérait aussi laisser un couple de dirigeants compétents, et ainsi que Duskhaze et Adrian se révèlent réellement douer pour le rôle. Alors, elle se devait d'être présente pour eux tous, de faire attention aux signes. Elle inspira profondément, soulevant le torse sous l'afflux d'air, puis fit quelques pas vers l'avant bien que son être encore tourné vers Nagash.
- .. Que dirais-tu d'aller te balader ? Lui proposa-t-elle.

- Avec votre père comme modèle, cela ne m'inquiète pas.

Cette fois, Nagash ne manqua pas de remarquer le sourire attristé qui accompagnait les paroles de sa mère. Il pencha la tête sur le coté, confus, la regardant comme pour chercher à comprendre le problème, mais rien ne lui donna d'explication. Whitewind prit alors une profonde inspiration, puis s'éloigna de son fils en quelques pas.

- .. Que dirais-tu d'aller te balader ?

Demanda t-elle soudain. Enthousiasmé par la proposition qu'elle venait de lui faire, Nagash rejoignit sa mère en trottinant. Il adorait se promener avec ses parents, surtout qu'il n'était encore jamais sortit aussi tôt dans la journée. Le louveteau était curieux de savoir si comme le ciel, d'autres choses changeaient de couleur à l'aube. Dépassant sa mère, il s’apprêta à lui répondre quand la voix de son frère l'interrompit.

- Maman, où vous allez?

Nagash s'arrêta, tourna la tête vers l'entrée de la tanière et regarda Neil qui s'était visiblement réveillé depuis peu de temps. Tout comme le louveteau gris, lui non plus ne savait pas vraiment ou ils se rendaient, il tourna donc la tête vers leur mère afin de s'en informer lui aussi.

Nagash ne lui répondit pas mais son enthousiasme parla pour lui. Il s'élança vers l'avant, de façon moins pataude maintenant qu'il grandissait un peu, et la dépassa bien vite. Elle fit mine de le suivre, mais ses oreilles pivotèrent vers l'arrière lorsqu'elle capta quelques craquements, bien perceptibles dans le silence de l'aube. Tournant la tête, elle aperçut le petit Neil, encore ensommeillé, qui les regarda quelques secondes avant de fuser vers elle. Sa mère l'accueilli d'une caresse du museau et lui souhaita doucement "Bon matin".
- Maman, demanda le nouvel arrivant, où vous allez?
- Faire le tour du territoire, répondit-elle avec un sourire. Tu veux nous suivre ?

En sentant la caresse de sa mère, Neil sourit faiblement, les yeux entrouvert et battit faiblement de la queue. Il releva les yeux vers elle, puis chercha son frère du regard. Une fois Nagash repéré, il finit par tourner la tête vers la tanière pour regarder Nohas dormir. Il pivota la tête vers la droite quand sa mère prit la parole, alors qu'il n'entendait que de son côté, et s'étonna de ne pas voir sa mère. Il fit un rond sur lui-même maladroitement après un petit sursaut et retourna se blottir contre elle.

Ils allaient faire le tour du territoire hm? Tout de même inquiet pour eux à la base, le petit tourna plutôt la tête vers son frère  qui dormait toujours à l'intérieur de la tanière. Passer du temps avec sa mère était tentant, mais Nohas se réveillerait probablement et il serait inquiet. Et puis, trop jeune encore pour être un chevalier en armure, l'idée de sortir de sa routine ne l'intéressait pas plus que ça, et en plus: il était fatigué. Il baîlla, et se servit de son frère comme excuse pour son manque de volonté:

- Non, non! Dodo avec Nohas, il va avoir peur.

Et il fila se rallonger sans un mot.

- Faire le tour du territoire, répondit leur mère en souriant. Tu veux nous suivre ?

- Non, non! Dodo avec Nohas, il va avoir peur.
Répondit son frère avec désinvolture, poussant un bâillement avant de se retrancher rapidement vers la tanière. Nagash le regarda s'en aller, légèrement déçu que Neil ne se joigne pas à eux, mais tout à fait enthousiasmé à l'idée de faire le tour du territoire avec sa mère. Sa queue brassa énergiquement l'air, et tout empressé comme il l'était, le jeune louveteau releva la tête vers Whitewind, s’exclamant :

- On y va mm'an ?

Bien qu'il avait trouvé la force de se lever, le courage de Neil fondit comme neige au soleil lorsqu'elle mentionna leur expédition. Échappant un bâillement, le loupiot s'excusa auprès d'eux :
- Non, non! Dodo avec Nohas, il va avoir peur.
- D'accord mon coeur, fit-elle en lui déposant une dernière lèche sur le front.
Puis, elle se retourna vers son autre gamin, qui lui l'attendait avec énergie.
- On y va mm'an ?
- Bien sûr, murmura Whitewind en se mettant en marche.
Puis, pour éviter de lui montrer des endroits déjà connu, elle lui demanda :
- Qu'as-tu visité, jusqu'à présent ?

- Bien sûr, répondit sa mère en se mettant en marche, qu'as-tu visité, jusqu'à présent ?

N'étant jamais allé plus loin que les environs de la tanière, Nagash ne mit pas longtemps à formuler la réponse. Cependant, comme on lui avait déjà appris et fait retenir les divers endroits que comptaient le territoire, il n’hésita pas à proposer celui qu'il préférait aller voir en premier, celui qui l'intriguait le plus.

- Encore rien... Est-ce qu'on pourrait aller au lac du ciel, dis ?

- Encore rien... Lui avoua Nagash, ce qui ne l'étonnait guère. Est-ce qu'on pourrait aller au lac du ciel, dis ?
- Bien entendu.
De bon coeur, la louve âgée se mit en route. Le lac était un endroit paisible, qu'elle adorait particulièrement visiter : peut-être parce que la large étendue d'eau et de ciel contrastait si fortement avec la forêt. Le lac était toutefois à une certaine distance des tanières, assez pour l'occupée pendant quelques heures.
- Ce sont les histoires sur le lac que tu as entendues qui t'attirent ? Lui demanda-t-elle, curieuse, bien que sachant quelques unes de ces légendes, depuis les années.

- Bien entendu, répondit sa mère, ce sont les histoires sur le lac que tu as entendues qui t'attirent ?

Nagash hocha la tête, comment ne pas être curieux de voir cette grande étendue d'eau qu'on lui avait décrite comme étant d'une profondeur et d'une largeur incroyable ? Sans compter toutes les légendes qu'on lui avait conté à son sujet, les esprits de l'eau, les ilots jusqu’où personne n'avait encore osé nager et le spectacle qu'offraient les nuages lorsqu'ils se confondaient à l'eau cristalline pour ne plus former qu'un seul élément. Même si toutes ces histoires lui paraissaient impossibles pour la plupart, il voulait absolument découvrir à quoi ressemblait ce fameux lac.

- J'suis pas sur qu'elles soient vraies ces histoires, commença t-il, pensif, mais j'veux quand même y aller pour voir le lac ! La nourrice m'a dit que c'était encore plus grand que l'endroit ou on va boire à coté de la tanière, c'est vrai m'man ?

- J'suis pas sur qu'elles soient vraies ces histoires.. mais j'veux quand même y aller pour voir le lac ! Commença-t-il, l'air dubitatif.
Sa mère ne dit rien mais sourit, ne désirant pas lui enlever la magie de ces histoires. Bien assez tôt, il serait confronter à la réalité ; le laisser rêver un peu ne lui causerait pas de tord. Et accorder cette liberté à son enfant lui était nouveau, elle qui avait été élevée de façon bien terre à terre, et qui avait responsabilisé bien tôt ses premières portées. Mais cette petite dernière venait au crépuscule de sa vie, à une époque finalement calme. Elle s'était assagie, apaisée. Et, bien sûr, le trône était déjà destiné aux aînés. Pas qu'elle ne leur enseignerait pas comment devenir des dirigeants, eux aussi : on ne savait jamais ce qui pouvait arriver. Mais la pression ne serait pas la même.
- La nourrice m'a dit que c'était encore plus grand que l'endroit ou on va boire à coté de la tanière, poursuivit-il, c'est vrai m'man ?
Il s'exprimait avec un certain sérieux, qu'elle avait apparemment légué de nouveau à ses enfants, mais une partie de son regard brillait.
- C'est même plus grand que l'endroit où on va boire et les tanières réunies ! C'est si immense que, à certains endroits, on ne peut même pas voir l'autre rive. Nul loup ne s'est jamais rendu au centre ; on ignore encore quel genre de créatures y vivent.. Le titilla-t-elle, malicieuse.

- C'est même plus grand que l'endroit où on va boire et les tanières réunies ! Lui assura sa mère avant de poursuivre d'une voix fascinante, c'est si immense que, à certains endroits, on ne peut même pas voir l'autre rive. Nul loup ne s'est jamais rendu au centre ; on ignore encore quel genre de créatures y vivent...

Encore assez jeune pour se laisser émerveiller, Nagash suivit sa mère d'un pas pressé, essayant tant bien que mal de se représenter mentalement l’immense point d'eau, mais surtout, ce qui pouvait bien se trouver en son centre. Peut être qu'il y avait un grand ilot de terre peuplé d'étranges créatures aquatiques ? Ou bien des créatures qui ne savaient pas nager et qui restaient bloquées sur le centre de l’ilot ! C'était peut être même une meute de loup exactement comme la leur. Tout ce mystère le faisait frémir. Sa queue frétillait dans tous les sens tendit qu'il trottinait presque aux cotés de sa mère.

- Peut être qu'on va les rencontrer un jour ! S'écria t-'il, 'sont surement bloqués au centre du lac... Il leva les yeux vers Whitewind, impatient, on est presque arrivés ?

L'attitude posée de son enfant se transforma peu à peu : il se laissait rattraper par la fascination de ces histoires. Ils avaient légèrement accéléré le pas, comme Nagash voulait se presser vers le lac.
- Peut être qu'on va les rencontrer un jour ! 'sont surement bloqués au centre du lac...
- Peut-être seras-tu le prince qui réuniras nos nations, oui, acquiesça-t-elle avec un doux rire.
- On est presque arrivés ? Poursuivit-il, levant son regard insistant vers elle.
- Pas tout de suite, petit impatient ! Il faut traverser une bonne partie du territoire pour s'y rendre..

- Pas tout de suite, petit impatient ! Il faut traverser une bonne partie du territoire pour s'y rendre..

Même si la tentation de lui demander combien de temps ils prendraient pour atteindre le lac était forte, Nagash réussit à se montrer raisonnable et n'insista pas, se contentant d'avancer sagement auprès de sa mère. La route fut beaucoup plus longue qu'il ne se l'imaginait et ils durent passer par d'interminables chemins de foret avant d'arriver à destination. Cependant, une fois qu'il se retrouva enfin devant le lac du ciel, la fatigue qu'il éprouvait laissa place à un émerveillement fébrile. Trottinant vivement jusqu’à la rive, il s'éloigna quelque peu de sa mère pour se pencher au dessus de l'eau et y tremper une patte. Elle était d'une température agréable, mais lui paraissait d'une profondeur abyssale. En se penchant d'avantage, il se sentit perdre l’équilibre, mais parvint à se rattraper de justesse avec un haut le cœur. La queue battante avec frénésie, il se retourna pour courir jusqu’à sa mère en jappant :

- C'est immense, comme tu l'avais dit !

Le chemin fut long, quoique probablement plus pour le petit que pour elle-même, qui connaissait d'avance la durée de ce petit voyage. La conversation avait finie par s'étioler, Nagash perdant un peu de son énergie, mais tout son enthousiasme revint à la charge lorsqu'ils traversèrent la dernière rangée d'arbres pour arriver sur la rive. Nagash fila d'une traite jusqu'au rivage et tenta l'eau, tout obnubilé. Sa mère le suivit de façon plus posée, connaissait ce lac par coeur.
- C'est immense, comme tu l'avais dit ! Cria son fils, revenant vers elle en courant.
Whitewind esquissa un sourire et continua sa marche. Ses pattes atteignirent bientôt l'eau et elles s'y immobilisèrent quelques instants. La vieille louve pris une lente inspiration, puis tourna son visage vers le louveteau.
- Tu veux nager ? Proposa-t-elle, bien qu'elle n'attendit pas de réponse avant de commencer à s'enfoncer dans le liquide. Viens.

Souriante, Whitewind s'avança jusqu'au bord de l'eau et y trempa le bas de ses pattes, suivie de près par Nagash qui resta sur la berge, attendant l'accord de sa mère avant de la rejoindre.

- Tu veux nager ? Lui demanda t-elle en s'éloignant de la rive, Viens.

Il jaugea l'eau, sa profondeur, redouta de ne pas réussir à nager mais si avança tout de même, peu rassuré. Il suivit lentement sa mère jusqu’à ce que l'eau lui arrive sous le menton, ou il progressa avec encore plus de précaution. En sentant le sol se dérober sous ses pattes petit à petit, Nagash chercha à faire quelques mouvements afin de garder la tête hors de l'eau. La technique lui vint instinctivement, et bien que très maladroitement, il parvint à se déplacer en exécutant tour à tour de grands mouvements à l'aide de ses quatre pattes. Peu à peu, la sécurité du sol stable le quitta, et, prenant de l'assurance, il se mit à aller de plus en plus loin, la ou ses pattes ne touchaient plus terre. Sa mère était devant lui, si grande qu'elle n'était même pas encore complétement immergée.

- Regarde m'man ! S'écria Nagash avec fierté, tachant de nager le plus rapidement possible jusqu’à elle. J'y arrive !

Nagash décida de la suivre, malgré ses craintes. Sa mère avançait lentement, mais tout de même plus rapidement que lui lorsque l'eau lui arriva au poitrail. Whitewind s'arrêta au moment où son fils hésitait à faire le grand saut; elle n'avait pas réellement pensé qu'il la suivrait à la nage, plutôt qu'il se contenterait de patauger, mais si le louveteau voulait s'essayer, elle ne l'empêcherait pas. De toute façon, il ne pouvait rien lui arriver dans ce lac calme aux berges peu profondes (pour elle). Finalement, le petiot trouva le courage de se lancer à la nage et fit décoller ses pattes du sol, apprenant maladroitement mais avec succès à se déplacer dans l'eau.
- Regarde m'man ! J'y arrive !
Il avait une certaine bravoure que sa portée précédente (particulièrement Charlie) n'aurait pas eu. Elle le regarda donc d'un air attendrie, pas forcément à cause de ce petit accomplissement, mais par sa promptitude à vouloir se dépasser et essayer de nouvelles choses.
- Et tu es très doué ! Peut-être que d'ici quelques pratiques, tu seras tellement doué que tu pourras te rendre jusqu'au centre du lac et découvrir ce qui s'y trouve, poursuivit-elle avec une certaine malice.
Elle-même n'était pas immergée, l'eau lui effleurant à peine le ventre, mais elle préféra demeurer prudente quelques minutes plutôt que de l'emmener plus loin, le temps que Nagash soit en maîtrise de ce nouvel élément.

- Et tu es très doué ! Peut-être que d'ici quelques pratiques, tu seras tellement doué que tu pourras te rendre jusqu'au centre du lac et découvrir ce qui s'y trouve.

Heureux de recevoir un compliment aussi encourageant, Nagash redressa fièrement la tête et s'appliqua à nager de son mieux. Plus il s'éloignait de la rive et plus l'eau devenait fraiche et profonde. Nager sans interruption durant plusieurs minutes l'avait mit d'avantage en confiance et ses mouvements devenaient de plus en plus coordonnés, néanmoins, ses pattes alourdies par le trajet commençaient à ressentir de nouveau l'effet de la fatigue. Il décida toutefois de ne pas s'arrêter la, continuant d'avancer afin d’apercevoir le centre du lac et ses iles mystérieuses. C'est alors que quelque chose se glissa rapidement près de lui. L'eau était trop troublé par ses mouvements afin de l’apercevoir clairement, mais il distingua une vague forme argentée. Inquiet, le louveteau tourna vivement la tête vers sa mère : Il ne s'en était que trop éloigné... Décidé à faire demi-tour, il s’aperçut à mi-chemin qu'il était trop épuisé pour continuer à nager d'avantage. Sa respiration était saccadée et déjà, il peinait à maintenir sa tête hors de l'eau.

- Maman... !! S'écria t-il, affolé.