Le printemps revient toujours ~ Prio' Flint -Fini-

Flint marchait dans la neige avec entrain, déplaçant ses larges pattes de façon à éviter de s'enfoncer dans les nombreux trous qui s'étaient formés suite à la hausse des températures. C'était le printemps et quelques louveteaux étaient nés au sein de la meute, ravivant à son esprit d’agréables souvenirs d'enfance, dans lesquels il était encore entouré de toute sa famille. Dans cette foret, le parfum des conifères était très présent, ce qui n’empêcha pas le vent de lui apporter une odeur bien différente et bien plus intéressante, celle d'un membre de sa meute. Un rire s’éleva, puis une voix.

« Merveilleuse, la journée sera merveilleuse ! »

Dressant les oreilles, le jeune citoyen se dirigea vers la louve qui venait de prononcer ces mots. Elle était seule, et paraissait plutôt joyeuse. Taquin, il se rapprocha d'elle en s’exclamant :

- Qu'est ce qui te fait dire ça, ton ami imaginaire ?

L'air surpris de la jeune louve se mua rapidement en un amusement dont Flint ne comprit pas immédiatement la raison. Elle se rapprocha de lui, reniflant tendit qu'il l'observait en conservant un mince sourire en coin.

« Et même si c'était vrai, grand malin, est-ce que tu oserais vraiment le contredire ? »

Son sourire s'épaissit, alors qu'il venait de comprendre pourquoi Fenrir semblait si heureuse. Sa queue frétillante d’excitation démontrait qu'elle espérait sans doute pouvoir jouer avec lui, mais il y avait malheureusement peu de chances que cela se produise.

« Si oui, ce ne serait que de la mauvaise foi. »
Ajouta-telle en souriant. Flint s'assit dans la neige, loin de répondre à l'appel au jeu de sa comparse. Il regarda la jeune louve, l'air détaché.

- Hé bien j'ose le contredire, et sans mauvaise foi. Il croisa les pattes, ajoutant.

- C'est une belle journée oui, mais même si tu sembles beaucoup t'amuser avec ton ami invisible, qu'a-t-elle de merveilleuse ?

Le regard illuminé d'une lueur malicieuse, la jeune femelle se mit à brasser vivement l'air de la queue, toujours aussi enthousiaste.

« Comment ? Tu dois être en train de plaisanter ! Regarde : le temps est splendide. Le printemps est arrivé ! C'est notre premier printemps, tout du moins le premier que nous ne passerons pas cachés derrière les pattes de nos mères. C'est important ça, non ? Et puis... Avec l'arrivée de tous ces louveteaux, les adultes ne pourront plus nous suivre à la trace ce qui veut dire plus de liberté, on pourra jouer autant qu'on veut et ça sera bien plus facile de filer en douce pour explorer les environs. Ça oui que c'est merveilleux ! »

Tendit qu'elle exprimait son point de vue, Flint s'était allongé dans la neige, les pattes et le dos bien droit. Il souriait en l'écoutant, attendant qu'elle ait véritablement terminé sa longue tirade.

« Même toi tu n'oserais pas contredire ça, si ? »

Oh si ! J'ose tout contredire. fit il en se redressant, reprenant sa position assise.
- Le printemps ne m'a rien apporté de nouveau ! Ça fait déjà longtemps que j'ai quitté les pattes de ma mère et que je me permets de sortir seul. D'ailleurs, personne ne m'a jamais suivit à la trace. Il lui fit un sourire, ajoutant.
- Tu comprends, petite bavarde ?

Très amusé de la voir aussi incrédule, Flint étira ses larges pattes tout en lui lançant un regard narquois. Pour avoir une telle réaction, la jeune louve avait du être élevée dans la peur et la discipline de parents bienveillants. C'était plus sécuritaire, surement, mais jamais il n’aurait été lui même capable de suivre ces restrictions.

« Que-Quoi ? Mais comment ? On n'a pas arrêté de me dire que je devais être obéissante et que je devais toujours rester sous la surveillance d'un loup plus âgé si je ne voulais pas me faire réprimander à tout bout de champ ! J'ai pas dis que je le faisais, mais c'est une autre histoire ça... Et je suis pas bavarde... »

Amusé par le désarroi de la jeune femelle, Flint continua de la regarder en souriant. Elle reprit son monologue rapidement, après une courte pause.

« Pourquoi auraient-ils fait ça ? Ils n'ont pourtant aucune raison de s'inquiéter, je suis après tout la future louve la plus forte de la meute, ce n'est plus qu'une histoire de quelques petites semaines maintenant... »

Flint se releva promptement, se rapprochant de Fenrir pour l'examiner de plus près.

- Estime toi heureuse. Si tes parents t'avaient laissée sortir, tu n'aurais pas survécu bien longtemps.
Il s’arrêta, un large sourire étendu sur les lèvres,

- T'es tellement bruyante qu'un ours aurait probablement fait de toi son déjeuner, petite bavarde.

« Hum ? Parents ? Mais non voyons ! Mes parents ne sont plus là depuis longtemps, mais maman me laissait faire tout ce que je voulais. C'est plutôt le maître de Blizzard qui est trop inquiet. Il agit comme si j'allais me perdre une nouvelle fois dans le Grand Nord, je veux dire, je suis plus grande maintenant, je serais capable de retrouver mon chemin... »

Elle lui lança un regard fier, relevant son museau comme si elle pensait que son discours était parvenu à impressionner le jeune citoyen. C'était loin d'être le cas. Il ne l'avait écouté que d'une oreille peu attentive, comprenant vaguement qu'elle avait été élevée par Blizzard et que son "maitre" la surveillait de façon excessive.

« Et je te ferais dire, grand malin, que je suis beaucoup trop rapide pour me faire attraper par un ours. Je file comme le vent, j'ai laissé le dernier mordre la neige derrière moi. »

La mâle laissa échapper un rire amusé, ne croyant pas une seule seconde qu'une petite demoiselle comme elle était parvenue à semer un prédateur aussi redoutable qu'un ours. Fenrir ne se laissa pas démonter pour autant, elle se rapprocha de lui jusqu’à ce que leurs deux museaux soient à proximité, puis le regarda droit dans les yeux.

« Et je ne suis pas bavarde, grand malin. »
En quelques minutes de conversation, il en savait déjà plus sur la jeune louve qu'elle n'en saurait jamais sur lui, mais apparemment, elle n’appréciait pas de se faire qualifier de bavarde. C'était plutôt amusant, comme contradiction, surtout après lui avoir donné cette longue explication sur sa rapidité apparemment époustouflante.

- Tu as échappé à un ours alors... Fit il en s'écartant, souriant.

Il s'éloigna d'elle, la queue en panache, conservant son éternel sourire au bord des lèvres. Après avoir parcouru quelques mètres, il s'arrêta et tourna la tête vers elle.

- Je pense que ta langue court plus vite que tes pattes, petite bavarde.

D’abord étonnée, la jeune louve ne mit pas longtemps avant de se se lancer dans un nouvel éclat de rire, témoignant d'une joie de vivre aussi impressionnante qu’inépuisable. Flint lui sourit d'un air presque amical, faisant voleter sa queue contre ses flancs tout en l'écoutant parler à nouveau.

« Très bien. Mettons que tu as raison, je me suis montrée égoïste à parler autant. À ton tour maintenant grand malin, parle-moi de toi alors ! Quelle est ta proie préférée ? Ta saison préférée vu que tu ne sembles pas trouver le printemps si extraordinaire ? Combien de frères et sœurs ? Tu préfères la chasse ou le combat ? »

Elle acheva ses paroles en s'asseyant dans la neige, lui laissant quelques secondes de répit afin d’assimiler cette pluie de questions, à son gout toutes aussi intéressantes les unes que les autres.

« Vu que tu sembles si dubitatif... à moins que tu ai juste peur que je te défis et que tu perdes face à... comment tu dis déjà ? Ah oui ! Une petite bavarde. »

Il s'assit à son tour, le dos droit et les pattes rapprochée de son corps, n'ayant aucune intention de répondre à cet interrogatoire. Sa voix trancha d'un ton plus sec qu'a l'habitude.

- Mhh... Moi aussi je suis égoïste, petite bavarde, et je n'ai rien à te raconter.

D'un air et d'un trot toujours aussi gai, Fenrir s'empressa d'aller rejoindre Flint qui, relâchant quelque peu sa posture tendue, l'observa arriver. Elle se remit à parler des qu'elle se trouva près de lui, ce qui n'étonna guère le mâle bleu. Mais ce n'était pas d'elle dont la louve se mit à parler, pas cette fois.

« J'ai donc appris trois choses sur toi pour l'instant ! Tout d'abord, bien entendu, que tu es un grand malin ; ensuite que tu te crois égoïste et enfin que tu ne parles pas volontiers de toi, même si tu sembles plutôt bon à faire parler les autres. »

Flint émit un léger rire lorsqu'elle le qualifia de grand malin, puis lorsqu’elle parla de son égoïsme. A dire vrai, il ne se croyait pas égoïste, il était égoïste, du moins avec tous ceux qui n'étaient pas de sa famille. Et lorsque la jeune louve se mit à lui titiller très légèrement la queue, Flint lui fouetta le museau d'un coup rapide, puis rangea cette dernière près de son flanc, mettant immédiatement un terme à l'amusement de Fenrir.

« Je suppose que je devrais conclure le reste de la même façon. Tant mieux, c'est presque plus drôle comme ça ! Tu es un loup intéressant... et très amusant. »

Il tourna les oreilles vers elle, étonné de recevoir un tel compliment. En général, un loup aussi peu concerné par sa meute que lui était rarement considéré comme intéressant... Fenrir avait décidément une vision bien différente de celle des autres membres du Grand Nord.

- Tu en sais déjà beaucoup sur moi, petite bavarde. Fit il en la regardant, souriant. Mais je ne pense pas être si bon pour faire parler les autres. Je n'ai rien fait pour te faire parler autant, en tout cas.
Son sourire s'affina légèrement, tendit qu'il ajoutait :

- Si je te semble si intéressant, j'imagine que tu as envie d'en savoir plus... Très bien, je vais répondre à une de tes questions. Je t'écoute.

La jeune louve s'accorda quelques secondes de réflexion. Elle releva le museau vers le ciel et fit plusieurs mouvements de la queue. Installé près d'elle, Flint patientait paisiblement, se demandant ce qu'elle allait bien pouvoir lui demander. Il s'agirait probablement d'une question personnelle.

« Humm... c'est plutôt difficile de choisir entre tout ce qui me passe à l'esprit. Alors... alors je vais te demander ça : penses-tu que nous pourrons nous revoir ? Mais vraiment nous revoir je veux dire, pas juste en coup de vent entre deux parties de chasse. Un peu comme aujourd'hui quoi ! Si ça ne te dérange pas trop... »


Flint plongea son regard azuré dans celui de Fenrir. Il ne répondit pas immédiatement, remarquant le sourire penaud qui s'étendait à présent sur les lèvres de la jeune louve. Le coïnciderait elle comme un ami au point de lui demander cela ? Il s'était attendu à une vraie question, pas à ce qu'elle lui fasse une telle demande, qui dévoilait de l'attachement, et un certain intérêt pour lui. Flint repoussa les mèches de cheveux qui lui tombaient sur le museau. Il s'était engagé à lui répondre, quel que soit sa question, alors il le ferait.

« Je pourrais toujours essayer de parler un peu moins, comme ça je pourrais en apprendre plus sur toi.
Ajouta t-elle finalement. Flint se mit à rire.

- Tu penses que tu en apprendras plus sur moi, petite bavarde ? Ça m'étonnerait, mais si tu as peur que je te manque, c'est d'accord, nous nous reverrons.

« Parfait alors ! Ça sera génial, j'en suis persuadée ! »

S'écria Fenrir en tressautant de joie, laissant penser qu'elle venait d'apprendre la meilleure nouvelle de sa vie. Loin de partager son enthousiasme, Flint se contenta d'un sourire désinvolte. La réaction de la jeune louve ne l'étonnait guère, mais il la trouvait très exagérée. Qu'avait il dit de si merveilleux ? Il lui avait seulement assuré qu'ils se reverraient, pas qu'ils deviendraient les meilleurs amis du monde.

« Me manquer ? Me manquer. Mais bien sûr, à ce point ? J'ajoute 'grande confiance en lui' sur la liste de choses que j'ai appris te concernant, grand malin ! »
Ajouta t-elle en lui tirant la langue. Flint lui fit un clin d’œil amusé.

- Bravo petite bavarde, tu es très observatrice.
Il se remit à faire virevolter sa queue dans la neige.

- Mais je ferais tout pour que tu n'en sache pas d'avantage. Ça sera bien plus amusant.

Remarquant l’intérêt qu'elle portait à sa queue, Flint se mit à l'agiter d’avantage, attendant de voir si elle succomberait à la tentation de s'en emparer une nouvelle fois. Il avait le regard tourné vers l’horizon et avait prit un air faussement distrait pendant que Fenrir lui répondait de son habituel amas de parole.

« Plus amusant oui, grand malin, mais ne te force pas trop fort. D'une parce que ce n'est que retarder l'inévitable et de deux parce que même un grand mystérieux dans ton genre doit bien avoir besoin de se lâcher une fois de temps en temps, non ? »

- Retarder inévitable... Il avait redirigé toute son attention sur elle, un grand sourire collé aux lèvres. Tu ne doutes de rien petit bavarde.

La proie était tombée dans le piège. A peine avait il finit de prononcer ces mots que ses nouveaux balancements de queue étaient parvenus à attirer Fenrir, jusqu’à ce qu'elle écrase sa queue de la patte. Flint lâcha aussitôt un grognement sec, attrapant vivement la nuque de la jeune louve pour la repousser sans la blesser. Il reprit une expression calme des qu'elle fut éloignée de lui, et souriant, lui lança :

- Voila ce qui arrive quand on insiste !

La jeune louve fut tout d’abord en proie à la stupéfaction, mais elle perdit rapidement son air décontenancé pour le remplacer par un rictus amusé. Rien ne semblait pouvoir entamer sa bonne humeur, et c'est ce qui continua de faire sourire Flint.

« Hé, mais tu te débrouilles pas mal en fait ! » S’exclama t-elle gaiement. « Et ne me fais pas la morale alors que c'est toi qui l'a cherché, tu avais tout calculé ! Tu es pire qu'une louve tentatrice ! Charmeuse ! »


- Charmeur, Corrigea t-il, et s'il te suffit d'un battement de queue pour te séduire petite bavarde, même un écureuil le pourra.
Exécutant une petite courbette, Flint se rapprocha de la jeune louve pour ajouter, près de son oreille :

- Et qu'est-ce que tu t'imaginais, que je me débrouillais mal... ?

« Je ne vois absolument pas de quoi tu parles... »

Flint n'y crut pas une seule seconde. Elle était gênée, et cela se voyait bien à son attitude, au ton de sa voix... De plus, elle savait parfaitement de quoi il parlait.

« Rien, je n'imaginais rien du tout vu que Monsieur lâche des informations sur son compte aussi souvent que les soirs de lune rouge ! Cependant, comme je te l'avais dit, tu ne fais que retarder l'inévitable. Je n'oublierais rien de ce que tu peux me donner. »

Un sourire taquin se mit à illuminer le visage du citoyen, qui d'un mouvement délicat, se rapprocha d’avantage de Fenrir, alors qu'elle ajoutait :

« Mais, tu sais, je trouve que charmeuse te vas beaucoup mieux que charmeur. Je veux dire, tu es bien plus subtile, comme une louve, que simplement brutal. » Il haussa un sourcil. Comment croyait t-elle qu'il allait réagir à ça ? On ne l'avait encore jamais qualifié de femelle, c'était une première, et il n'aimait pas beaucoup ça. Comme pour se rattraper, la jeune louve ajouta au dernier moment : « C'est un compliment, bien entendu ! Tout le monde sait que les louves sont bien plus efficaces que les mâles. »


Il s'agissait la d'un argument tout à fait infondé, auquel Flint ne prit même pas la peine de répondre. Au lieu de ça, il lui décocha un sourire charmeur, toujours aussi rapproché d'elle.

- Tu n'y connais pas grand chose en mâles, hein ? Ceux qui aiment se faire qualifier de femelle sont rares, et je n'en fait pas partie.

Il se rapprocha encore, jusqu’à ce que sa fourrure touche la sienne, et que leurs museau ne soit qu'a une faible distance.

- Si j'étais une femelle, je ne te ferais pas tant d'effet, hmm ?