Le printemps revient toujours ~ Prio' Flint -Fini-

La réaction de la jeune louve fut tout à fait celle qu'il espérait : un mélange de surprise et d’incompréhension. Désorientée comme elle l'était, il la laissa reculer son museau à une distance respectable du sien, même si reculer tout son corps lui aurait évité cette contorsion.

« Me faire de l'effet ? Mais... c'est impossible. Je veux dire, on est amis, tu peux pas me faire... de l'effet. Ce serait trop... bizarre. »

Il la regarda durant quelques secondes, puis se mit à rire en s'écartant d'elle, faisant retomber tout le poids de cette atmosphère pensante.

- Haha, tu devrais voir ta tête !

Mettre Fenrir dans l'embarras était si facile que sen était presque ennuyant. Il sourit en ajoutant.

- Et depuis quand sommes nous amis petite bavarde ?

La jeune louve se laissa quelques secondes de réflexion, cherchant sans doute comment justifier ce qu'elle venait d'avancer. Pendant ce temps, Flint la regardait avec attention, son petit sourire taquin toujours placé au bord des lèvres. Connaissant Fenrir, il s'attendait à ce qu'elle s'engage une fois de plus dans un long discours, mais sa réaction fut bien surprenante, car tout à fait différente de ce qu'il attendait. Au lieu de se mettre à parler, elle exécuta un mouvement d'une rapidité inattendue, se retrouvant sur Flint en un quart de secondes. N'ayant pas eu le temps de l'esquiver, celui-ci sentit la femelle pincer - doucement - son oreille avant de s’exclamer d'un air outragé :

« C'était absolument pas drôle du tout ! Et nous sommes amis depuis que tu me fais subir tes... tes bêtises ! »

- Mais pour moi c'était très drôle ! Se justifia Flint d'un ton amusé, ne cherchant pas à se libérer de Fenrir. En vérité, il l’appréciait bel et bien - ce qui était rarissime - mais il préférait lui faire croire qu'il n'en était rien.

- Et je fais subir mes bêtises à tout le monde, ça n'a rien à voir avec de l'amitié petite bavarde !

« Peu importe tes protestations, grand malin ! Je te considère comme mon ami et même si ce n'est pas encore le cas pour toi... c'est comme le reste : tu ne fais que retarder l'inévitable. »

Flint se contenta de secouer la tête : Rien n'était inévitable, il en était vivement persuadé. Jamais il n'accepterait qu'un destin lui soit tout tracé, même s'il ne s'agissait que d'une amitié future. Fenrir était tellement idéaliste que s'en était surprenant.

« Maintenant que je t'ai trouvé, je ne te laisserais pas t'enfuir, nous serons les meilleurs amis du monde à tout jamais~ »

Il haussa un sourcil, croyant comprendre qu'il s'agissait d'une plaisanterie. Ces mots lui donnèrent l'impression d'être prisonnier, et se trouver contre la jeune louve n'arrangea pas les choses. Il se dégagea promptement d'elle, lui faisant lâcher son oreille de ses larges pattes.

- Ne t'emballe pas trop vite petite bavarde... J'ai aucune envie que tu me colle comme une sangsue.

Le changement d'attitude de Fenrir fut pour le moins radical : abandonnant son air joueur, elle se mit à baisser la tête et les oreilles d'un air abattu. Flint cru tout d’abord qu'elle était déçue de sa réponse, puis il pensa que c'était plutôt de se faire qualifier de sangsue qui lui avait déplut... qu’importe après tout, il n'était pas la pour jouer à l'ami bienveillant.

« Hé... je-je plaisantais tu sais, je ne voulais pas te froisser. Excuse-moi. »
Le sourire du jeune citoyen réapparut aussitôt. C'était donc ça ! Quelle mentalité avait elle pour penser qu'il se vexait de si peu ?

« T-tout va... bien ? »

Flint hésita à répondre que non, rien que pour l’embarrasser d’avantage, mais il supposa qu'elle en avait eu assez pour aujourd'hui.

- Alors tu en as encore beaucoup à apprendre sur la plaisanterie, petite bavarde. Fit il en lui souriant. Je te donnerais bien des cours, mais j'ai peur que l'on devienne les "meilleurs amis du monde" après.

La petite louve reprit une expression amusée lorsqu'elle comprit qu'elle s'était encore faite avoir.

- J'y crois pas ! C'est la dernière fois que tu arrives à me berner, je serais vigilante maintenant !

S’exclama t-elle en frappant le sol de la patte, déterminée. Flint secoua la tête, souriant de façon énigmatique : c'était loin d'être la dernière fois...

- Tu vas me rendre folle je crois.

Il lui sourit en penchant la tête, faisant mine de l'observer attentivement. Ce qu'elle venait de dire lui faisait un peu penser à sa demi-sœur. Fenrir la connaissait elle ?

- Tant que je ne te rends pas comme Sliliann... Et puis tu dois déjà être un peu cinglée pour parler autant, non ?

« Je ne parle pas tant que ça grand malin ! Je suis encore tout à fait normal. Pour l'instant. »

Flint se mit à hocher exagérément la tête de haut en bas, après quoi il émit un petit rire amusé, sous entendant qu'elle ne resterait pas normale pour bien longtemps.

« C'est qui Sliliann ? Je connais pas vraiment, une autre amie à toi ? Elle est gentille ? Tu as déjà réussi à la faire tourner folle, elle ? »

Le jeune citoyen pointa ses oreilles en direction de la louve, étonné qu'elle ne connaisse pas l'identité de tous les membres de sa meute. Son sourire revint. Il étira ses membres antérieurs, faisant planer le mystère.

- C'est... Ma demi-sœur. Elle est déjà folle, j'ai rien eu besoin faire pour ça !

« Ta demi-soeur ? Ça doit être sympa d'avoir un frère ou une sœur, non ? Tu dois pouvoir jouer avec eux quand tu veux ! Est-ce qu'elle te ressemble par hasard ? »

Sans révéler la peine qu'il éprouvait à la jeune louve, Flint baissa discrètement les yeux vers ses larges pattes, gardant un silence impénétrable durant quelques secondes. Oui, c'était merveilleux d'avoir un frère et une sœur, et oui, Lucas lui ressemblait beaucoup. Seulement, ils n'étaient plus la ses vrais frère et sœur, et jamais il ne pourrait considérer Sillian comme étant leur égale. C'était seulement une louve qui partageait la moitié de son sang car leur père n'avait eu que trop peu d’intérêt pour sa famille, et rien de plus...
« Ça serait sympa de la rencontrer un jour. »

- Bonne idée ! Fit-il soudain en s'éloignant de quelques pas. Ça m'éviteras de répondre toutes ces questions et tu pourras voir par toi même si elle me ressemble petite bavarde.

« C'est vraiment la pire des excuses pour te débarrasser de moi grand malin ! La pauvre, tu me l'offre en sacrifice pour assurer ta tranquillité. »

Rétorqua la jeune louve après avoir rit doucement, le museau camouflé sous sa patte blanche. Flint hocha la tête en souriant : elle se trompait, il ne faisait pas ça pour se débarrasser d'elle mais plutôt pour éviter d'avoir à répondre aux nombreuses questions qui concernaient sa demi-sœur.

- Je t'avais bien dis que j'étais égoïste.
Il lui adressa un sourire taquin, presque charmeur.

« Mais qui sait lequel de nous deux craquera le premier grand malin : perdrais-je la raison avant que tu t'enfuis, ou le contraire ? Je suppose que seul le temps pourra nous le dire. »

Il continua de s'éloigner de quelques pas, souriant, puis adressant un clin d’œil à la jeune louve.

- Je n'aime pas laisser faire le temps, mieux vaut le devancer que d'attendre qu'il mène notre vie... Se sera donc moi qui m'enfuirais avant que tu ne perdes la raison. Il fit un petit mouvement de tête, puis se mit à trottiner dans la direction opposée à la jeune louve, A la prochaine petite bavarde !