Arrivée.

Ca devait faire bien une dizaine de jours qu'Esméralda avait quitté son frère et le cocon familial -qui s'était rompu depuis que Soulthief était partit- pour aller rejoindre la louve dont elle était amoureuse depuis un sacré bout de temps. Leur première rencontre fut décisive pour Esméralda: étant très certainement le seul louveteau avec qui elle ait jamais joué et échangé plusieurs heures (autre que sa famille), son cœur avait très vite choisit.
Elle avait donc traversé le désert en peu de temps, prenant toujours soin de ne pas manquer d'eau ou de nourriture, bien qu'elle dut être à jeun pendant quelques jours pour pouvoir progresser plus vite. Elle s'était pas mal endurcie dans son périple, ne faisant confiance à personne d'autre qu'elle. Elle avait chassé plusieurs fois et c'était très peu reposée, mais avait tenu bon.
Et maintenant, elle y était. La jungle qu'avait mentionné Robin. Du moins, elle espérait que ce soit cette jungle là. C'était la deuxième fois qu'elle s'aventurait aussi loin du cocon, et pourtant elle ne semblait pas si perdue que ça.

Elle progressait désormais doucement entre les arbres, silencieuse, attendant que quelqu'un la trouve ou qu'elle ne trouve quelqu'un. Elle avait la peur au ventre. Et si elle tombait sur des sauvages cannibales qui n'attendraient pas une seule seconde pour croquer dans a cuisse ? Elle avait peur. Mais pour Robin, elle continuait.

Elle n'avait pas eut le temps de s'enfoncer plus profondément dans la jungle que déjà elle entendait du bruit. Des sortes de froissements de feuilles. Elle leva les yeux. Des oiseaux. Des oiseaux colorés qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Elle les suivit des yeux jusqu'à ce qu'il doive se retourner pour continuer à les regarder. Sauf qu'ils disparurent dans les feuillages des immenses arbres de la jungle. Esméralda soupira et reprit sa route, entourée de bruits inconnus. Cet endroit était définitivement merveilleux. Et il n'allait pas tarder à l'être encore plus.
Esméralda distingua une forme massive qui roulait des épaules entre les arbres. Elle se figea tout d'abord, serra les crocs. Oh non, un cannibale ! Elle était finie !
Bien vite, des couleurs s'ajoutèrent à la silhouette. Elle vit d'abord du blond -qu'elle crut voir blanc- puis un pelage mauve. Enfin, la silhouette fut plus détaillée: Deux yeux vairons aussi effrayants que ceux de Lambert et SoulThief, une grande crête blonde qui se dressait fièrement, comme une couronne, et enfin des muscles avec un corps gigantesque. Esméralda déglutit d'abord. Elle qui était toute fine, toute frêle, toute menue, la carrure du loup qui se présentait devant elle l'impressionnait énormément. Mais très vite, le tout s'adoucit. Esméralda se remémora finalement le visage de Robin qu'elle avait croisé, avec ses sourcils blonds, sa grande crête et son espèce de corps musclé. Il ne lui fallait plus qu'un seul élément pour faire le lien.
- Alors on est perdu la belle ? Parce que t'as pas l'air d'ici pour sûr.
C'était elle. C'était Robin. La voix, l'intonation prise, l’alternance entre la voix charmeuse et la voix dure, les yeux, le regard, la crête, le pelage, la carrure. Tout correspondait.
Un immense sourire s'étira sur le visage d'Esméralda, bien malgré elle. Elle ne put s'empêcher de battre de la queue avant de hoqueter, encore sous le choc. Qui l'eut crut ! Paumée, au milieu de nulle part, dans une jungle sauvage et inconnue, prêt d'un lieu visité il y a bientôt un an, elle retrouverait la même personne.
Mais la louve semblait attendre des réponses. Esméralda ne put s'empêcher de murmurer en plissant les yeux.
- Robin ? Fit-elle de sa voix tout à fait charmante et féminine. Une jolie voix, enfin, qui ne peut pas plaire à tout le monde, mais soit.
Robin ne semblait pas se rappeler d'elle, mais ça ne saurait tarder: Esméralda s'approcha de la louve, souriante, radieuse, malgré le dur périple qu'elle avait accomplit.
- Robin ! Enfin, je t'ai retrouvée ! Oooh, comme je suis contente ! S'empressa-t-elle d'ajouter, ne pouvant contenir sa joie. Elle ajouta ensuite: C'est moi, c'est Esmé ! Esméralda !
Et elle s'étonna elle-même de ne pas avoir oublié son nom après tout ce temps passé dans la souffrance et la solitude.