Transfert : d'une vie à une autre.

Printemps An 5 ~ Les terres arides ~


Le printemps était enfin arrivé, ne se faisant guère ressentir en terme de climat au beau milieu du désert, ses premiers effets commençaient cependant à paraître chez les habitantes de l'oasis. Nombreux étaient les ventres ronds cette année ! Et Spearheart se demanda si elle et les autres pseudo chasseurs (considérant la qualité de leurs proies, leur rang semblait bien pompeux) seraient en mesure de satisfaire tout le monde... C'était peu probable... La femelle vieillissante soupira : il faudrait bien que ses camarades, et surtout Swiftkill, se rendent à l'évidence ! L'oasis n'était plus assez grande pour accueillir une population aussi dense et pourtant, leur Capitaine ne cessait d'accepter les âmes perdues qui venaient se réfugier temporairement ou durablement parmi les loups géants.
En repensant à toutes ces futures, ou déjà, mères, la louve sable jeta un coup d'oeil discret à son propre abdomen. Il n'y aurait pas de petits "Spearheart" cette année. Malgré son erreur avec Blight, elle en était persuadée depuis le début : son sang était impropre à concevoir de nouveau. Et de fait, sa ligne était restée plutôt mince, peut-être pas autant que dans sa jeunesse mais l'âge y était sûrement pour quelque chose.

La femelle dorée était partie en patrouille, seule. Imprudent, certes, mais elle avait besoin de s'aérer l'esprit, car, malgré tout, la vue de toutes ses femelles en attende d'un heureux évènement lui serrait le coeur, elle qui n'avait pu profiter de ses aînés et qui avait perdu son deuxième fils en sachant désormais pertinemment que jamais plus elle n'enfanterait...
En même temps que son coeur, son estomac se contracta et elle n'y prêta donc pas attention, assimilant cette petite étrangeté à son coup de blues. Mais cela ne se produit pas qu'une seule fois, et quelques pas plus loin, une nouvelle douleur lui traversa l'abdomen. Étonnée, elle s'interrompit dans sa marche, se demandant si elle couvait quelque chose. Une maladie de changement de saison peut-être ?
Ses oreilles s'agitèrent et elle reprit son avancée, mais elle n'alla pas loin avant qu'une nouvelle contraction, plus fulgurante, longue, et douloureuse, ne la prenne. Cette fois, Spearheart fronça les sourcils, reconnaissant la sensation pour l'avoir expérimentée par deux fois. Mais... ce n'était tout simplement pas possible.
Une troisième fois, ses entrailles se crispèrent et elle lâcha un souffle tremblant alors que ses yeux s'écarquillaient.

Elle était sur le point de mettre bas.

Le choc de cette révélation la fit vaciller et elle s'assit sans noblesse, pâlissant en se rappelant que ce ou ces petits ne pourraient être le fruit que d'un mâle, et ce ne serait pas Warbound, pour la bonne raison qu'il n'y avait eu aucun évènement entre eux cet hiver.
À la fois horrifiée et un peu excitée (finalement son sang n'était peut-être pas si mauvais !), Spearheart se décida à lancer un appel en direction de l'oasis, appelant pour un guérisseur ou n'importe qui capable de lui venir en aide car, cela ne faisait vraiment plus aucune doute avec la fréquence croissante de ses contractions : elle allait donner naissance en plein désert, qu'elle le veuille ou non.

Ainsi, son hurlement résonna au-dessus des étendues sableuses, annonçant l'évènement. Mais depuis près de deux ans, les loups de l'oasis ignoraient qu'une menace discrète les épiait dans l'ombre, attendant son heure, mais qui bientôt passerait progressivement à l'attaque...

La stature lourde et fière, une des ombre de l’idyllique oasis se fraye un chemin entre les roches roussies. Cette même roche lui rappelant la couleur du sang, et la couleur de ses yeux. Cette image avait pour effet une réaction paradoxal ces derniers temps. Comme s’il était observé de toute part par sa mère, mais également appelé à faire couler le fluide sanguin de ses ennemis...
Accompagné de menu fretin pour ses marches dans la contrée aride, le potentiel héritier d’Alteron avait fini par les congédier, peu enclin à être suivis par plus d’yeux qu’il n’en fallait, et à montrer son malaise aux soldats. La chaleur n’était guère supportable pour sa fourrure d’ébène malgré la saison, et il se voyait contraint de longer les pans de pierre à moitié immergés dans le sable avec précision, ces mêmes pans amenant sa patience à se réduire avec une vitesse étonnante. Il lutte pour ne pas succomber à l’appel primal de son cerveau : aller à la rencontre des nuisances, et de les égorger. Tous... Il renâcle, un frisson parcourant son dos. Non… pas encore. Il doit attendre le bon moment…

Il repense distraitement aux circonstances l’ayant amené ici…
Le retour à Alteron avait été rapide. Et il était revenu avec des blessures à la fois physiques et psychique. Son orgueil malmené par sa confrontation avec le poignard, et ses attentes déçues par la meute ridiculement petite des cotes avaient finis par creuser un sillon dans son esprit. Et il se devait de le combler. Le doute n’était pas permis. N’était plus permis. Désormais, Shank ne cherchait plus qu’à répondre aux exigences sanglantes de sa mère. Il cherchait aussi à répondre aux siennes.
Illusion d’un pantin préfabriqué à la débauche, ou émergence de réels désirs ? Le prince noir n’était pas en mesure de faire la différence…

Un hurlement brise alors la relative retenue qu’il s’était composé. Il grogne, reconnaissant une tonalité différente des membres de sa meute. Ce qui voulait dire... Un blackblood… Frénétique, ses instincts l’englobant dans leurs serres, Shank suit la mélodie qui devait annoncer un heureux évènement que pour être radicalement transformé par un cruel cours du destin. Déjà, il arrive en vue de la femelle sable, le regard fixe et furieux, sa fourrure se confondant à son ombre tandis qu’il se rapproche dangereusement... Il doit faire vite. L'occasion ne se représentera pas...

Le hurlement de la femelle "en détresse" s'acheva lentement sur une note un peu mélancolique. Ensuite, ce fut le silence. Spearheart resta assise sans bouger, les yeux dans le vague, l'esprit complètement vide.
Cela ne dura pas longtemps : au moment où son cerveau se remettait en branle et entrevoyait toutes les perspectives que supposaient cette naissance pour le moins inattendue, une silhouette noire se dessina sur les espaces ocres du désert.
La louve plissa les yeux, trop étonnée que de l'aide puisse déjà arriver pour ne pas penser qu'il puisse s'agir de quelqu'un aux intentions peut-être moins louables...
De fait, le loup approchant, noir, petit (par rapport à elle) mais trapu et visiblement furieux, ne faisait de toute évidence pas parti de ses connaissances...
Spearheart voulut se redresser pour le repousser hors de leur territoire... C'était sans compter sur sa condition dont les symptômes prenaient une ampleur grandissante.
Une contraction la plia en deux, la forçant de nouveau au sol et elle se mit à haleter en rivant des yeux défiants au menaçant inconnu. Il continuait d'approcher, peut-être même de plus en plus vite. Son odeur atteint bientôt la femelle sable qui écarquilla les yeux d'incrédulité : un Alteron ! C'était le deuxième en moins d'un an à s'aventurer sans préambule sur leur territoire. Elle lâcha un grognement violent alors que des soupçons commençaient à voir le jour dans son esprit plus affuté que celui de la plupart de ses camarades de l'Oasis. La perspective d'un réseau d'espionnage Alteron qui surveillerait les "Blackbloods" de près ne lui semble pas un instant improbable, bien au contraire.
Une nouvelle contraction lui arracha un petit gémissement et la panique commença à la gagner : malgré sa taille et ses compétences, sa condition et son âge ne lui permettaient pas de penser pouvoir se sortir de traquenard sans dommages. Elle s'apprêta donc à de nouveau faire entendre de sa voix pour que sa meute se magne le cul...

Il avance. Sa vision se réduit dangereusement vite. Bientôt, il ne voit plus rien, hormis la silhouette de son ennemie. Le voilà aveugle. Lancé telle une machine. Prete à faire sa besogne. Déjà, les mots de la reine se noient dans son cerveau en compagnie de ses pulsions, se diluent dans un mélange létal et subversif. Ses sens sont en éruption. Il est né pour cet instant. Pour ce déchainement brutal de force, pour ce moment absolu de puissance, de vérité.
Bientôt, un autre de ses sens lui échappe. Son ouïe se métamorphose, se rétracte à la seule perception des sons qui agite son corps. Bientôt, il n’entend plus rien que les battements furieux de son cœur, et des grognements qui sortent de sa gorge comme une mélopée future. Le voilà sourd.
Il avance toujours, désormais à quelques foulées de la femelle. Déjà, l’appel du sang dilate ses vaisseaux, ses pupilles se rétrécissent. Un pas. Un autre. Et il mord. Ses crocs se plantent dans de la chair. Bientôt, il ne sent que les monceaux de viscères et de muscles dans lesquels ses crocs labourent. Le voilà insensible.

Cauchemardesque, voici la vision de la bête créer par sa propre mère, surplombant l’engeance qu’elle s’est vue montré comme la tare suprême du monde, et qu’il faut effacer, effacer jusqu’à ce le mot qu’il porte pour race, jusqu’à ce que leur souvenir périssent dans les mémoires. Le tueur parfait malgré lui. Exécutant son premier forfait en arrachant la vie promise, voleur de plus bas étage qu’il soit.


La mort en peau de loup.

De fait, son agresseur, puisque il devenait évident qu'il allait le devenir, accéléra de plus en plus, son expression devenant de plus en plus démente.
Spearheart écarquilla les yeux. S'il avait s'agit d'un membre de sa race, elle aurait pensé que celui-ci venait de succomber à la Fureur. Et même si cela n'était pas le cas, il y avait des raisons de s'inquiéter...
Aussitôt, elle lança donc un nouvel appel angoissé qui ne visait qu'à faire venir les secours plus vite. Pas le temps de transmettre d'autres informations que le minimum vital, à savoir : "MAGNEZ-VOUS LE CUL, Y A URGENCE !"
Mais elle n'eut même pas le temps d'achever son hurlement que des crocs semblèrent soudain se matérialiser dans sa chair. Elle tourna la tête vers le mâle noir. Non... LA Bête noire, aux yeux brûlants d'un feu bleu de froideur.
La morsure fut l'une des plus brutales qu'elle avait jamais connue. Et Dieu sait qu'entre les morsures d'avertissement de Bloodspill et les différentes bagarres déjà menées, elle en avait connues des morsures !
Bien entendu, la vieille femelle voulut se défendre, mais sa position était on ne peut plus précaire et au moindre mouvement ou presque, une nouvelle contraction venait envenimer la situation.
Elle mordit cependant avec plus de désespoir que jamais, ne cherchant qu'à ralentir celui qui allait la tuer si personne ne venait à son aide.
Mais le tueur faisait preuve d'une odieuse méticulosité dans son travail, n'épargnant pas une parcelle de peau et de fourrure, faisant couler le sang à flot.
Malgré ses plus gros efforts, Spearheart commença à fatiguer, le travail de la naissance lui tirant ce qui lui restait d'énergie.


[Je te laisse donner le coup de grâce ! =o]

Coupé du monde, le prince boit les spasmes et maigres sensations qui agitent son enveloppe charnelle. Comme un pantin, une marionnette d’une volonté supérieure, agité par les fils qu’une main s’amuse à tendre. Insensible, il continue son assaut comme si les cris de détresse n’étaient qu’un chuchotement dans un monde de bruit permanent, un appel ténu parmi le son martelant des tambours et des respirations saccadées.

Un sentiment archaïque d’excitation l’envahit tandis qu’il lacère progressivement le corps de sa victime. Ce pauvre corps soumis à la dévastation, à la rage animale dans sa forme et son essence la plus pure. Il est le fléaux, l’ouragan dévastateur, la faucheuse dans son attirail le plus barbare et guerrier qu’il soit : boucher découpant la viande comme la vie, la lame de son couteau s’abatant froidement comme celle d’un bourreaux exécutant un condamné à mort. Il ne lui faut pas longtemps pour mettre en sang l’erreur vivante, à la rapproché un peu plus de l’au delà. Les coups abondent, ne semble pas se tarirent. Et tout à coup… Un mouvement.

Il se recule légèrement, comme par instinct, et lève sa tête, les percussions de son cœur plus forte que jamais. Le couperet tombe. Les lames de ses mâchoires transpercent le ventre maternel, arrache, encore et encore, ne pouvant plus s’arrêter. La vie s’oppose à la mort, dans un combat qui semble déjà joué d’avance...

Lentement, l’assassin se dégage de la carcasse, le museau en sang. Une aura sinistre plane. Sa respiration haletante résonne, seul son audible parmi le silence ayant pris place. Il a finit sa besogne. Le monde est rouge à ses yeux aussi froids que la pierre. Tableau de la lutte, de l’énergie pernicieuse qui habite chaque être vivant, les restes du massacre s’étendent à ses pattes. La mère et son enfant son mort. Effacés.

Une seule pensée agite l'esprit du tueur, tandis que le soleil décroit. C'est ce qui doit être.

Finalement, la louve sable devint trop faible pour continuer à se débattre. Elle se laissa alors aller à la mutilation et la souffrance, devenant amorphe dans l'adversité alors que son souffle se faisait plus rapide, plus sifflant, tandis que son coeur tentait en vain de maintenir le flux vital, tandis que les poumons s'épuisaient à la tâche de maintenir une respiration dans ce corps mourant.
Une horrible douleur, pire que tout ce qu'elle avait connu, arracha un hurlement terrible à Spearheart. Elle sentit le monstre fourrager dans ses entrailles, à la recherche de son précieux fardeau. Elle voulut protester, protéger son enfant, mais elle n'en avait plus la force, elle venait de gâcher son dernier souffle dans ce cri déchirant de douleur, de désespoir, d'angoisse et de rage. Et de fait, sa tête tomba lourdement, juste alors que le museau immonde de la Bête se retirait du ventre maternel.

C'en était fini de la grande louve sable.
Mais...

Tout au fond d'elle-même, alors que le tueur avait cru achever et mère et enfant, un petit coeur continuait de battre vaillamment, tentant de survivre sans la source réconfortante de sa génitrice. Le petit être n'en avait plus pour longtemps. Mais pour lui, peut-être que les secours arriveraient assez vite ?
Une vie en échange d'une autre. Si c'était un cruel contrat, il s'agissait au moins d'un équitable échange.

Un transfert d'une vie à une autre, en somme.

Le temps s’écoule. Prompt. L’ombre de la faucheuse s’évade alors et s’évapore sous les rayons du soleil désertique. Le sang aux babines, Shank a à peine le temps de remarquer le massacre dont il est l’auteur que, déjà, il sent des odeurs étrangères se mêler à celle de la peur, de la sueur et de l’hémoglobine. Il grogne, indécis. Devrais t-il se charger de ces nouveaux trouble fêtes ? Il est très tenté… Mais la victime qu’il a fait était seule… Or, plusieurs odeurs convergeaient vers lui. Rendu prudent par la retombée de la poussée d’adrénaline et de fureur primitive, il s’éloigne du triste spectacle aussi vite qu’il le peut, prenant soin, au passage, de se rouler dans le sable pour dissoudre l’odeur de sang lui collant à la peau... Il ignore pourtant qu’une paire d’yeux exorbités l’a déjà aperçu alors qu’il quitte la scène, pas si loin, derrière une pierre.


— Putain… PUTAIN…
Maverick est figé. Incapable de croire ses yeux mornes et las, le louvard reste prostré derrière sa cachette de fortune. Il n’a pas put rejoindre la louve ayant émis l’appel à temps. Mais il n’a rien raté du finale macabre et sanguinolent de l’affrontement inégal entre un nain monstrueux et une géante désemparée. Trop effrayé et démuni pour pouvoir faire quoique ce soit, croyant le sort des vivants ayant croisé la route de l’ombre noir déjà réglé, il n’a rien trouvé de mieux que de rester planté tel un piquet, des larmes d'impuissance et de tristesse silencieuse coulant sur ses joues. Désemparé. Maverick est désemparé, l’image obscure du tueur gravé à jamais dans sa mémoire, comme un chant malsain, un hymne à la mort, cauchemar vivant.

Pas de réponse. Pas de réponse du premier hurlement. Bonechill et Chess s'échangèrent un regard malaisé. Chess désigna l'horizon du doigt et le blackblood se lança au galop, s'assurant de ne pas effectuer de mouvements trop brusques qui pourrait compromettre le ballant de celui sur son dos. Chess s’agrippa avec fermeté: heureusement pour lui, la fourrure de Bonechill, bien que rêche, était assez longue pour lui éviter d'empoigner sa chair. Le duo fila, les pattes du plus grand tempêtant avec violence sur le sol. Ses griffes cliquetèrent lorsqu'il se freina. Une louve, là... la gueule ouverte, les yeux fermés en impuissance. Et à côté, n'étais-ce pas un jeune de la meute? Bonechill sourcilla, montrant déjà les crocs, mais il se ravisa lorsqu'il sentit le poids sur son dos disparaître: Chess touchait le sol, s'avançant lentement en direction du corps de Spearheart, les larmes aux yeux, la bouche entrouverte.
- ... Non.... quel ... gâchis... murmura-t-il en fermant ses yeux, le coeur battant à tout rompre. Son oreille tiqua: elle se dressa d'un coup, comme si elle venait de capter un son.
- ... signe de vie?
Il se tourna vers les deux mâles, les yeux mouillés d'espoir.
- J'entend un battement cardiaque.
Bonechill se tourna vers Maverick, les yeux secs, refoulant ses larmes.
- Tu étais là ?
- Qui est-ce-- qui étais-ce ? Comment s'appelait-elle ?... émit la petite voix du guérisseur, qui avait posé son oreille sur le ventre décapité de la femelle.

Maverick sent sa respiration s’accélérée et sa poitrine se comprimée, à un rythme frénétique. Son cœur se cognant contre son diaphragme, ou l’inverse, et le faisant atrocement souffrir, autant dire que l’arrivée des deux canidés passe inaperçue.
- Tu étais là ?
Ce n’est que quand une grande silhouette obstrue les raies du soleil, le plongeant dans un rideau de ténèbres, accompagné d'une voix caverneuse et étrangement nerveuse, que son cerveau assimile le fait qu’il est désormais entouré. Les yeux écarquillés, il recule, bégayant, trop surpris par cette soudaine apparition pour contenir le peu de calme qui lui reste.

— Je… je…
Sa vue se brouille par intermittence, et il parle sans en avoir conscience, effrayé, terrifié, comme s’il passe à des aveux.

— Pas-pas t-tout de suite… mais-mais… j-j’ai vu… mais j'ai-j'ai-
Jusqu’à ce qu’il heurte la pierre derrière il s’était caché, ses mots s’entrechoquant dans sa gorge pour ne finalement laisser plus rien sortir. Un trop plein d’émotions, trop pleins de ressentis qu’il ne peut pas nommer. Tout semble l’amener à un cauchemar... Un terrible cauchemar qui est réel. Il régurgite, et finalement, son corps lâche prise pour lui, et le voilà qui atterri sur le sol dans une grande gerbe de poussière, sa respiration et ses yeux exorbités étant les seuls signes d’une activité dans son métabolisme défectueux.

Aucune réponse. Chess n'obtint aucune réponse de la part du témoin, qui se contenta de déglutir, de fixer de deux yeux révulsés l'immense blackblood, comme s'il avait été responsable du désastre.
- Pas-pas t-tout de suite… mais-mais… j-j’ai vu… mais j'ai-j'ai- ses yeux s'étaient embués de larmes, son corps tremblotait comme une feuille morte. Bonechill ne pouvait s'empêcher d'éprouver du dégoût devant une telle couardise. D'un autre côté, il n'avait jamais fait face à la mort ainsi, la voyant comme une chose naturelle. Tué ou être tué. Comme Spearheart n'avait pas réussi à tuer son assaillant, ce fut à elle d'être tuée. Chess ne voyait pas les choses de la mêmes manière. Il avait jeté un regard par-dessus son épaule lorsqu'il entendit des sons caractéristiques à un oesophage qui se comprimait. Il entendait un battement cardiaque, très faible. Peut-être... s'agissait-il de celui de la louve? Peut-être pourrait-il réussir à la sauver? Il avait besoin d'en voir les dégâts. Il avait peur: il ne savait pourquoi, mais écarter de sorte la chair de la femelle lui donna la mort à l'âme. Son regard normalement étincelant d'une joie de vivre ou du moins d'une allégresse contagieuse s'était soudain cerné d'une teinte sombre, alors qu'il avait coupé son souffle sur un hoquet. Bonechill, de son côté, sourcilla en voyant Maverick vomir. Il leva sa grosse patte afin de la lui déposer sur la tête. Il ne savait pas quoi lui dire, sachant qu'il n'était pas un maître dans les relations sociales, mais il savait qu'un contact proximal pourrait au moins viser à calmer le fébrile Maverick. Il l'enserra. Dans une accolade fraternelle, sans rien dire, se mettant lui aussi à trembler, à trembler d'impuissance. Chess fourragea les entrailles de la louve avec soin. Ses oreilles se dressèrent soudain.
- Vivant. dit-il alors, les yeux écarquillés, fixant de ses pupilles une petite chose qui remuait au fond d'une poche visqueuse, remplie de liquide.
- C'est vivant. C'est vivant ! d'un leste mouvement de l'épaule, il cisailla l'entièreté de la poche de ses griffes, cueillant, entre celles-ci, disposées comme en berceau, un tout petit organisme qui vagissait. Il se mit à la bercer, ses yeux à lui embués de larmes, ses oreilles basses, son sourire s'affaissant.
- Comment s'appelait-elle?...
Bonechill avait abaissé la tête, incapable de regarder le visage mutilé de la louve.
- Spearheart. Elle s'appelait Spearheart.
Chess entrouvrit ses lèvres.
- C'est ton enfant, Spearheart. Cet espèce de rat aux yeux exorbités et dénué de fourrure...
Il serra la chose contre son poitrail, au seul endroit où il possédait un semblant de chaleur.
- C'est ton enfant.

Difficile d'ignorer le hurlement de détresse qui venait de l'autre bout du désert pour Warbound et Nightrun en patrouille au nord des terres arides.
Reconnaissant sans peine la voix de sa compagne, le Bêta de l'oasis avait senti son sang ne faire qu'un tour, chargeant en direction du sud sans un regard pour sa camarade au pelage noir.
- Mon dieu ! Qu'est-ce-que ça veut dire ? Avait soufflé Nightrun en reconnaissant également le hurlement de Spearheart.
Warbound était déjà loin devant mais la louve n'eut pas de mal à le rattraper, son premier rôle de messagère n'était pas usurpé.
Leur trajet se fit à vive allure dans un silence complet mais loin d'être serein. La tension était palpable car un tel cri ne pouvait rien annoncer de bon...

Les deux patrouilleurs arrivèrent bien après le dernier soupir de la femelle sable, alors que trois de leurs camarades s'affairaient déjà autour de la... dépouille.
D'abord statufié, la grand mâle brun tituba lentement vers sa compagne à la pelisse rougie de sang et d'entrailles. Ses yeux étaient exorbités d'horreur muette, les pupilles frémissantes et étrécis au maximum.
- C'est... pas... possible...
Il tourna soudain vivement la tête vers Bonechill et Maverick.
- QUI A FAIT ÇA ?! QUIII ?! Rugit-il assez fort pour se rompre les cordes vocales, son puissant cri de rage se réverbérant loin dans les terres.
Tremblant de rage, il retourna sa tête massive, les yeux rougis par le sang de vaisseaux qui avaient éclaté sous le coup d'une colère meurtrière, vers sa Spearheart, remarquant enfin le petit guérisseur qui tenait entre ses griffes sanglantes un petit paquet de chair. Warbound observa la chose sans comprendre, silencieux, la fixant cependant avec intensité car cela lui rappelait quelque chose. Lorsqu'il comprit, ses yeux se révulsèrent et il chancela vers l'arrière.
Dans les pattes du loup arctique gisait... un nouveau-né...
Le Bêta regarda du corps au petit amas de chair et de fourrure neuves, son cerveau se rebellant pour analyser une situation à laquelle il ne voulait pas avoir affaire. Mais lorsque les pièces du puzzle furent en place, il fut obliger de le reconnaître, tétanisé par une vérité implacable : ce nouvel être au creux des griffes du guérisseur ne pouvait qu'être né de Spearheart. Et la vérité douloureuse qui le glaça sur place était, qu'il n'en était pas le père...

Nightrun était restée à côté de Bonechill et de Maverick, observant la scène avec révulsion, une patte portée à la gueule et des larmes coulant sans interruption sur sa fourrure noire.
- Que s'est-il passé... ? Comment est-ce que cela a pu arriver... ?! Sanglota-t-elle à la vue du corps mutilé d'une de ses plus vieilles amies.
La sortant de sa torpeur, le geignement caractéristique d'un tout jeune enfant l'atteignit au coeur. Elle tourna sa fine tête vers Chess au même moment que Warbound.
Captivée, la louve noire se rapprocha pour mieux voir, découvrant elle aussi le minuscule corps d'or sombre que protégeaient les monstrueuses griffes du guérisseur.
- Oh ! Hoqueta-t-elle, incrédule. Pauvre petite chose...

La pauvre petite chose en question poussa un nouveau couinement pitoyable. Malgré sa mince fourrure trempée, la température du désert l'empêchait de perdre trop vite de la chaleur, mais le fait d'être resté, s'étouffant, dans le placenta alors que sa mère était morte l'avait fragilisée.
Aveugle et sourde, elle sentit tout de même une différence soudain dans ce qui l'entourait. Il faisait désormais plus chaud encore et plus doux. Quelque chose de réconfortant. Mue par un réflexe ancestrale, elle se mit à fourrager dans les poils à la recherche de lait. Ne trouvant rien, elle poussa encore d'autres cris plaintifs.

- Il faut vite le ramener à une mère de l'oasis ! Signala Nightrun, préoccupée.
Warbound, quant à lui, resta de marbre. Détournant le regard, il avisa les traces qui menaient au corps et grinça des crocs.
- Je vais retrouver l'enfoiré qui a fait ça et quand j'en aurais fini avec lui, il regrettera d'avoir seulement vu le jour lorsque sa misérable existence a commencé ! Tonna le grand mâle, hérissé, une aura d'une telle violence se dégageant de lui que Nightrun eut un mouvement de recul.

Il tombe. Une chute brutal dans le sable, semblable à un échouage de coquillage, un mollusque tiré or de son habitat. La scène lui revient en tête, comme une impression de déjà vu, de déjà vécu. Mais quelque chose diffère… Dans ses souvenirs, il n’y a de place que pour un froid mordant, un sentiment d’abandon. Alors que désormais, il sent un corps chaud contre lui, une présence à l’odeur familière. Maverick ferme les yeux, et s’efforce d’expirer plus calmement, se raccrochant à cette infime patte tendue, espérant de tout son cœur qu’il ne s’agit pas de la suite de son cauchemar éveillé… Lorsqu’il les rouvre, le corps n’a pas disparu, au contraire. Se mettant à trembler lui aussi, il donne à Maverick l’impression d’une réponse, d’une résonnance. Ravalant ses larmes, et humectant sa gueule, le jeune sent doucement son rythme cardiaque s’amenuiser, jusqu’à reprendre un rythme normal. Néanmoins, avec ce regain de réalité, vient l’après coup de son malaise. Une migraine atroce, doublé d’une fatigue et de courbatures conséquentes… Un grand cri l’achève pleinement, remplissant ses oreilles de bourdonnements et de sifflements aigues.
- QUI A FAIT ÇA ?! QUIII ?!

Le monde résumé à un gigantesque chaos, Maverick lutte tant bien que mal contre le mal de tête qui menace de l’emporter dans un coma profond. Il finit par échapper une phrase après que le déluge de réactions soit passé, laissant son témoignage entre les pattes de son frère…
— Un loup noir… C’était un loup noir…
... Juste avant de céder aux bras de Morphée.

Nightrun et Wabround eurent tôt fait d'arriver sur la scène. Ils échangèrent quelques mots, notamment sur l'état du nourrisson, qui mordillait la chair de Chess dans un geste inconscient, à la recherche de lait sans doute.

- Il faut vite le ramener à une mère de l'oasis !
- La grosse rouge est mère, maintenant, non ? On pourrait lui amener.
Bonechill ne protesta pas.

Le cri de Warbound se réverbéra dans leurs oreilles, plainte silencieuse, impuissante. Chess se raidit en entendant les cliquètements de Maverick non loin.
- Un loup noir… C’était un loup noir…
- Μαύρος (Mavrosh)... répéta Chess, perdant son acuité à parler une langue connue. Il ne connaissait pas de loup noir, mis à part Nightrun ou quelques autres résidents de l'Oasis. Il y avait aussi le frère de Sunshine qui était un loup noir. Mais le frère de Sunshine n'aurait jamais eu la force de renverser Spearheart - quoique déjà affaiblie - et de l'éventrer, entrailles à l'air. Chess porta une patte à son visage, se tournant vers ladite Nightrun, les oreilles dans le cran.
- Amène-la à Bloodspite (?), il lui dit alors, en lui confiant l'enfant.
- Bonechip (?), emporte l'autre à l'Oasis près de ma tanière... il sourcilla.
- Wrongbound (?), je ne peux pas marcher. Porte-moi, je t'en supplie.
Il tendit ses pattes tout en étirant son corps, ses postérieurs avachis au sol, inertes. Il grimaça.
- Héhé... J'ai encore du mal avec vos noms.

- La grosse rouge est mère, maintenant, non ? On pourrait lui amener.
Nightrun hésita. Est-ce-que Bloodspill accepterait seulement ? Ce serait bien elle de refuser... Mais qui d'autre pourrait s'en occuper ? Dans le pire des cas, Swiftkill pourrait bien convaincre sa soeur...

- Un loup noir… C’était un loup noir…
Warbound tourna son regard enragé vers le jeune difforme.
- QUOI D'AUTRE ?! QU'EST-CE-QUE TU AS VU D'AUTRE ?! Lui ordonna-t-il de répondre. Mais Maverick venait visiblement de s'évanouir, faisant pousser un nouveau cri de hargne et de frustration au grand mâle brun.

- Amène-la à Bloodspite (?)
- Bloodspill... Corrigea automatiquement Nightrun en recueillant la petite boule de poils dans sa gueule.
Elle n'attendit pas d'autres instructions, se dépêchant de rentrer à l'oasis pour que le nouveau-né reçoive les soins nécessaires.
- Wrongbound (?), je ne peux pas marcher. Porte-moi, je t'en supplie. ... Héhé... J'ai encore du mal avec vos noms.
Warbound grogna de façon menaçante.
- Je dois retrouver le salaud qui lui a fait ça !!! Hurla-t-il à la face de Chess. Je n'ai pas de temps à perdre à jouer les marioles avec toi !
Le Bêta se dirigea de nouveau vers le corps, tremblant toujours de colère, examinant les traces laissées par l'assassin qu'il renifla. Une odeur de terre et de charogne. Une odeur difficilement significative. Le salopard avait pris ses mesures pour ne pas être découvert...
Sans attendre, il poursuivit néanmoins la piste... qui s'estompa au bout de quelques mètres, l'odeur trop faible désormais pour être suivie. Warbound fit un grand cercle autour de la zone où la trace disparaissait. Rien.
- AAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHRRRRRRR !!!
Après s'être époumoné et toujours bouillant, il s'en retourna rapidement vers le guérisseur.
- Nous devons rentrer à l'oasis pour organiser les recherches. Je n'aurais de repos que lorsque ce fils de pute aura été découpé en morceaux par mes crocs !
Sans lui demander son avis, il attrapa Chess à la volée et le balança sans délicatesse sur son dos avant de foncer à la suite des autres.

(Merde... Moi aussiw je veux m'incruster .-.)

- C'est ton enfant, Spearheart. Cet espèce de rat aux yeux exorbités et dénué de fourrure...
- QUI A FAIT ÇA ?! QUIII ?!
- Que s'est-il passé... ? Comment est-ce que cela a pu arriver... ?!
- Un loup noir… C’était un loup noir…

Il avait espérer que le hurlement n’avait été qu’une mauvaise blague. Il l’avait espérer de tout cœur. De tout son être. Mais les illusions finissent toujours par tomber, les unes après les autres.

- Je dois retrouver le salaud qui lui a fait ça !!! Je n'ai pas de temps à perdre à jouer les marioles avec toi ! Nous devons rentrer à l'oasis pour organiser les recherches. Je n'aurais de repos que lorsque ce fils de pute aura été découpé en morceaux par mes crocs !

Son corps se mouvait tout seul, sans que son esprit ne puisse y répondre, alors qu’Ashblow s’approchait du corps ensanglanté de sa mère, muré dans un silence on ne peut plus complet. Son regard doré croisa un instant celui de Warbound. Il était rentré il y à peine quelques heures, avait à peine eut le temps de croiser la route de son mentor… Que déjà le malheur le rattrapait. Alors que la plupart des loups présents semblaient déjà s’en aller, Lutec venait seulement de rejoindre sa mère.

- Maman…

Il n’avait plus aucune chance de la connaître. Plus aucune chance de tenir la promesse silencieuse qu’ils c’étaient faite ; rattraper le temps perdu. Le regard de Lutec, déformé par les regrets, se posa alors sur Warbound qui s’éloignait, et sur les autres loups présents.

- On peut pas la laisser comme ça…

(J'ai fais comme si Wornheart était arrivé en même temps que Nightrun x) J'avais envie de l'intégrer sans qu'il reste longtemps donc ~)




Ce hurlement, non. Il était resté sur place, pétrifié. Il avait fait les cents pas pour finalement faire demi-tour, mais cette voix résonnait de nouveau dans son esprit. Il préférait se faire des illusions au sujet de cet appel, mais il devait cesser de se défiler. Riptide était partit à la débande. Sa course était maladroite toutefois il s’engageait bien vers une destination précise. À la vue de tout ses spectateurs et d’un corps doré au sol, Ript’ perdit pied et fit une chute vers le sol que son poitrail se heurta au sable et il fit voler un nuage de poussière pour se relever au dernier instant pour se mettre à courir de plus belle dans la direction de la scène. Il ralentit tout doucement sa course pour qu’elle se transforme en trot, en marche puis finalement en arrêt total alors que ses yeux s’écarquillèrent et que sa pupille se rétrécit. Ses prunelles azurés c’étaient rivées sur le cadavre de sa sœur, Spearheart et tout son corps fut bientôt saisit de soubresauts. Ses yeux s’embuèrent de larmes. Wornheart, qui s’apprêtait à aller livrer sa nouvelle, se dégagea légèrement du chemin, mais le Blackblood mordoré ne bougea pas. Le Messager déglutit difficilement avant de bredouiller;

- Riptide… Vous… (soupir)… Je-je suis navré. fit-il tout en baissant la tête. Je vais accompagner Nightrun et aller annoncer la nouvelle au restant de la Mute. énonça le Messager avant de finalement partir à la course vers l’Oasis en suivant les traces de la louve noire.

Riptide ravala douloureusement sa salive tandis qu’un nœud se forma dans sa gorge. Il fit un pas, puis deux et s’interdit la vision affreuse de sa sœur éventrer. Il se couche donc à côté d’elle, faisant face à son dos. Il appuya son museau contre sa nuque et des larmes roulèrent sur ses joues. Il ne savait comment réagir. Il ne savait s’il devait être en colère, triste ou encore dans le déni. Il resta donc là, silencieux, son corps se soulevant sous des inspirations tremblantes profondes signalant des sanglots étouffés.

- On peut pas la laisser comme ça…
- Oh, pitié, gronda Bonechill, qui s'était saisi de Maverick de ses crocs.
- Elle est morte et elle reviendra pas. Ravale tes sanglots.
Il pesa son regard sur Ashblow, ou du moins, l'enfant à l'intérieur, le regard sévère.
- Elle a donné sa vie pour sauver sa fille... Tu veux foutre en l'air tous ses efforts ? sur le pas de partir, il leva la tête, le regard rivé sur le futur. T'auras qu'à joindre Warbound dans son délire de vengeance après. Mais pour le moment, c'est la vie de Maverick et du nourrisson qui comptent.
Il gronda, retroussant le museau, cherchant à ne pas blesser le blackblood qu'il tenait en gueule.
- Maintenant aide-moi, j'ai besoin de l'emmener aussi.
Bonechill tourna la tête vers Riptide.
- ... Je te promets qu'on va la pleurer. Après.

- Elle est morte et elle reviendra pas. Ravale tes sanglots.

Ca il le savait déjà.

- Elle a donné sa vie pour sauver sa fille... Tu veux foutre en l'air tous ses efforts ? T'auras qu'à joindre Warbound dans son délire de vengeance après. Mais pour le moment, c'est la vie de Maverick et du nourrisson qui comptent.

Ceci aussi il l’avait déjà pris en compte. Et puis... Les autres étaient déjà loin avec le nouveau-né.

- Maintenant aide-moi, j'ai besoin de l'emmener aussi.
- Je ne la laisserais pas là, offerte en pâture aux premiers charognards qui passent.

S’ils la voulaient, ils allaient devoir la mériter. Son regard c’était fait dur, presque blessé, alors qu’il reposait les yeux sur le cadavre de Spearheart, son père adoptif déjà à ses côtés. Incertain, Lutec soupira, ses oreilles se plaquant dans sa nuque.

- T’es un grand gaillard non, tu devrais pouvoir le porter tout seul je crois. Je ne te retiens pas.

Un accent ironique, alors que Lutec tournait le dos à l’autre garde, s’approchant à pas feutrés de Riptide, approchant sa tête de ce dernier.

- Ript—Papa…

Un nouveau soupir, alors qu’il s’éclaircissait la gorge, tentant de calmer son cœur qui tambourinait dans sa poitrine.

- Tu veux bien... M’aider ?