Une nuit ratée

( DEUX MILLIÈME MESSAGE ! EN PRIMEUR, L'UN DE MES PLUS VIEUX PERSOS, KAITO ! )
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Une lumière vaporeuse s'avançait aussi dans ces champs de givre. Elle voletait, fantôme, presque volatile, effleurant le sol sans jamais le marquer d'une empreinte. Le vent l'agitait: sa forme vaporeuse devenait plus claire, plus nette, prenant peu à peu les traits d'un quadrupède. L'animal de lumière leva ce qui semblait être une tête.

Soudain, une violente bourrasque le para de neige, battant sa forme qui semblait se concrétiser peu à peu. Kaito libéra une patte de chair de la farandole de flocons, la déposant au sol, ressentant sa chaleur au contact du froid. Il inspira un bon coup, sentant ses poumons se gonfler, sentant l'air bouillant l'envahir de partout. Les flocons autour s'arrêtèrent de tourbillonner, comme en stase: lorsqu'il se risqua d'un autre pas, le temps reprit son cours normal. Il se sentait redécouvrir la neige comme la première fois.

Et quelle première fois! Il avait même été comblé par la présence d'une demoiselle, qui semblait s'être empêtrée dans la douce merveille de l'hiver. Kaito roula des épaules, se coulant près d'elle comme l'aurait fait un serpent. Il ouvrit enfin la gueule, sur un nuage de vapeur froide:
« Bien navré de vous déranger, ma petite rose des neiges mais... »
Il se pencha devant le visage de Sunshine, écartant ses paupières sur des iris iridescents.
- Que faites vous dans mon rêve ?

- Comment, votre rêve? s'interrogea la femelle à voix haute, arquant ses deux sourcils. Kaito répondit en hochant la tête. Les sourcils de la femelle se froncèrent d'indignation:
- Il s'agit du mien, et ça n'est pas un rêve non plus... C'est un cauchemar oui! cru-elle bon de rajouter, fulminante. Quel dommage que ses yeux de braises ne furent pas réellement enflammés: elle aurait pu faire fondre la neige d'un seul regard ! Kaito frissonna à l'idée qu'on lui ravisse sa poudreuse ainsi. Il redécouvrait sa neige, et voilà qu'elle voulait le lui enlever ! Quelle impolitesse ! Les flocons dansaient dans une légère brise, se posant sur sa fourrure, formant déjà une pellicule de neige.

- Mais, où est-ce qu'on est? demanda la femelle en regardant autour afin de se situer. Comme pour rappeler à son interlocutrice sa présence, Kaito se racla la gorge, s'approchant un peu plus près. Il tendit même sa patte pour aider la malheureuse à se relever.
- Nous sommes dans mon rêve, il répéta, ses mèches de cheveux battant dans le vent. Je vous trouve bien grossière de vous l'approprier, d'ailleurs ! Ses babines se tirèrent sur un charmant sourire.
- Je plaisante. Un petit coup de patte ?

• 
  - Nous sommes dans mon rêve
  - Mon. Et c'est une très mauvaise réponse vous savez.
  
  Siffla aussitôt la louve en tentant d'empêcher ses longues mêche de s'entre-mêler avec l'aide du vent.
  
  - Je vous trouve bien grossière de vous l'approprier, d'ailleurs !
  - Je vous le laisserait bien mon rêve si je le pouvais - il est horrible après tout- ...
  
  Conclut-elle à la suite des paroles du mâle, il pouvait bien dire ce qui lui plaisait, mais c'était son rêve, le SIEN! Et elle n'était certainement pas folle! Ou du moins, pas à ce point! Du moins, la voix de l'autre résonna de nouveau, alors qu'une patte se coula vers elle.
  
  - Je plaisante. Un petit coup de patte ?
  
  C'est deux yeux à l'air hypnotisés qui se posèrent sur la dite patte, des gants, des gants blancs, trop connus, laissant la louve confuse un instant, qui diable était-il. Et que fait sait-il sans SON rêve aussi! Enfin, SunShine repris ses esprits, papillona légèrement des yeux avant de tirer l'une de ses longues échasse hors de sa prison glacée pour accepter l'aide que lui offrait l'artique, quelque peu réticente, mais tentant tout de même sa chance, ça n'était qu'un rêve un peu trop réaliste après tout.
  
  - Euh.. Merci.
  
  Glissa t-elle simplement, sur un demi-sourire alors qu'elle se hissa hors de la neige.
  
  - ... Vous me rappellez étrangement quelqun...
  
  Cru t-elle bon d'avouer, craingnant qu'il la prenne pour une névrosée à le fixer ainsi avec des yeux de poissons.

Elle était pleine de vie, à en juger par les remarques qu'elle n'arrêtait pas de glisser à mi-voix. Et audacieuse, de prêcher ainsi l'appartenance du rêve ! C'est pourquoi elle sembla se statufier face au geste d'humilité de son tyran aux yeux bleus. Ou peut-être avait-elle été abasourdie par sa beauté ? Quoiqu'il en soit, après avoir papillonné des yeux, la femelle recouvrit ses sens et empoigna la patte qui lui tendait, non sans lever la tête, éberluée par le geste.
- Euh.. Merci. Kaito lui répondit par la seule chaleur de son sourire. En reculant le coudes, il l'aida à se hisser sur ses pattes, en dehors de sa prison hivernale. Elle sembla piler quelques secondes, comme pour retrouver son ballant. Kaito la contempla: il s'agissait d'une magnifique femelle, à l'air quoiqu'un peu aigri, et aux longues mèches de braise qui formaient une espèce de crinière. Rien à voir avec les louves dont il avait l'habitude de côtoyer. En fait, elle avait quelque chose d'étrange, comme un air de famille.
- ... Vous me rappelez étrangement quelqu'un...
- Je peux en dire de même pour vous, ma jolie fleur des neiges. Il secoua tout son corps afin de se débarrasser du surplus de neige, puis, frissonna du ventre et des épaules pour faire craqueler la glace qui semblait déjà le recouvrir. Elle craquela et céda, comme de la poussière de lumière. Regagnant son entrain, il pencha la tête sur le côté, sur un sourire matois.
- Vous me ressemblez beaucoup. Est-ce qu'on s'connait ? ♥
son image grésilla l'espace d'un instant, le réduisant à un simple squelette. Lorsque le vent et les flocons le frappèrent de nouveau, il redevint de chair et de fourrure.

- Ça m'étonnerait beaucoup, et puis, je suis certaine qu'il vous ressemble beaucoup plus que m--- !
- ... ?
D'un seul coup, Kaito se sentit plus léger, et le froid mordant dans ses articulations disparut l'espace d'un instant. Perplexe quant à l'image épouvantée de Sunshine, il se contenta de pencher sa tête sur le côté, rondissant la nuque, cessant de respirer. Une nouvelle bourrasque se leva, lui redonnant la totalité de ses sens.

- O--où est-ce que j'en étais... je suis désolée!!
Kaito recula sa tête, plissant un oeil. Lorsqu'il s'apprêta à lui demander si elle se sentait bien, la poudreuse devint violente, au point de recouvrir de blanc l'immensité de la plaine. Même Kaito disparut derrière un écran opaque de neige.
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EST-CE QUE TOUT VA BIEN ?

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Puis, en un clin d'oeil, la tempête se calma, faisant réapparaître le loup polaire, toujours soucieux de l'état de la demoiselle aux teintes similaires. Celle-ci s'empressa de se présenter, cherchant à camoufler l'illusion d'optique - ou du moins croyait-elle - dont elle avait été victime quelques secondes plus tôt.
- Eh, SunShine, Appelez-moi SunShine, le coup de la fleur on me l'a déjà fait... Kaito leva sa patte, soulevant le visage de la femelle à sa hauteur.
- Hmmm... Je regrette, ce n'est pas un nom que je connais... D'un autre côté, comme tout ceci est un rêve, peut-être n'existez vous même pas !
Son sourire s’agrandit.
- Mais qui suis-je pour refuser de me présenter à un songe aussi joli que vous ? ♥
Se désignant d'une patte, il bomba le torse.
- Je m'appelle Kaisberg, mais tout le monde m'appelle Kaito. En la voyant frissonner, il abaissa ses sourcils sur un air inquiet.
- Vous allez prendre froid, ma pauvre Sunshine. Et si nous trouvions un abri ?

Bien évidemment, elle acquiesça à sa proposition. Hors de question de passer une seconde de plus à grelotter inutilement, après tout.

- Avec plaisir, elle chevrota tout en claquant des dents. Le désert est plus clément ! posa-t-elle avec certitude, ce qui fit sourciller gentiment son comparse.
- Vous savez vous repérer dans cet endroit?
- Hélas !
Il ourla ses oreilles vers l'arrière, tournant sa tête de chaque côté, avant de s'expliquer.
- Il se trouve que tous les chemins mènent au même endroit! Et comme la neige tombe, il m'est impossible de suivre mes empreintes pour me situer... ah... Tenez, voyez plutôt.
Il fléchit l'une de ses pattes en la repliant vers lui, puis, la déposa doucement dans la neige, avant de l'enfoncer avec force.
- Vous voyez bien que la neige entoure ma patte, non ?
En la relevant, la patte avait laissé une empreinte bien nette.
- Là, vous voyez la trace ? Observez mieux. Kaito se pencha un peu plus afin de lui-même s'assurer de sa théorie. Ainsi penché, il empêchait les flocons de recouvrir sa trace. Pourtant, elle s'estompait ! Comme grugée à même la neige, l'empreinte disparut, comme si elle n'avait jamais été là. Le phénomène arracha au mâle un soupir, et ses longues oreilles effilées retombèrent de chaque côté de sa tête.
- Il m'est impossible de retracer mon chemin. Ses oreilles se redressèrent soudain, alors qu'il contournait Sunshine en étirant ses membres.
- Pourtant vos marques semblent rester nettes, Sunshine. Il donna un coup dans la neige, là où une empreinte de Sunshine semblait rester. La neige se fendit pour retomber plus loin. C'est alors que la congère créée par le coup de Kaito fondit: peu à peu, le sol enneigé redevint uniforme, faisant réapparaître l'empreinte de patte de la louve, comme si Kaito n'avait jamais donné de coup. Le phénomène cette fois lui arracha un couinement.

- Là, voilà la preuve qui démontre que c'est MON rêve. Malgré l'air mesquin et la plaisanterie de Sunshine, Kaito se refroidit d'un seul coup. Il pivota les oreilles vers l'arrière, rétorquant aussitôt, préférant mettre les choses au clair:
- Non, s'objecta-t-il d'une voix forte. Ça démontre tout simplement que j'ai besoin de vous suivre car vous êtes un élément important à ce rêve. après un court grondement, il ajouta, se renfrognant; Mon rêve. il toussota, regagnant son superbe, quoiqu'encore un peu irrité par l'arrogance que faisait preuve cette projection de son esprit. Kaito redressa légèrement les oreilles: il n'était pas réellement fâché; seulement ferme.
- Attendre ici ne fera pas bouger les choses. Autant aller voir par là. Ça n'est qu'un rêve de toute façon...
- Je vous suis, ô ma guide. il emboîta son pas, s'assurant de marcher près de ses traces, histoire de ne pas se perdre. Il avait peur que la tempête ne se transforme en pluie de verglas, et qu'il soit aveuglé par une purée de pois trop opaque. Il avait peur de perdre de vue sa guide. Après tout, si ses empreintes restaient, cela signifiait qu'il fallait la suivre, car elle devait connaître le chemin. Kaito secoua son corps, arrachant de sa fourrure les morceaux de givre qui s'y était agrippés de nouveau, trottinant à la suite de Sunshine. Après un silence brisé par le cri du vent, sa guide glissant son attention sur lui.
- Monsieur Kaito?
- Ma guide ?
- Connaîtriez vous un Chess, ou un Cheshire par pur hasard?
Kaito s'arrêta de marcher, la gueule entrouverte, les pupilles arrondies sur un air dubitatif. Il abaissa la tête, l'inclinant de sorte à coller son museau sur son poitrail.
- Je vois... c'est donc pour ça... Il se redressa brusquement. Je sais pourquoi j'ai ce rêve. C'est la culpabilité. Il regarda autour de lui, l'immensité de la neige, parfaite, douce, glaciale, meurtrière. Il sentait le froid le regagner: il ne se rendait même pas compte des glaçons qui commençaient à serpenter à ses pattes.
- La neige, c'est ce que j'ai renié, et vous... vous êtes la culpabilité. Ma culpabilité... ça explique votre ressemblance avec moi. sa voix s'éreinta. Il leva un grand sourire, les yeux plissés, les oreilles basses. Son souffle était court.
- Chess.... tout est de ma faute...
Il laissa retomber lourdement son postérieur dans la neige, les yeux révulsés en horreur, la voix chevrotante. Le vent se leva en catastrophe.
- ... Tout est de ma faute, il sanglota, réprimant un hoquet. Le vent devint déchaîné, frappant le corps de Kaito, le réduisant à de simples flocons. Les flocons valsèrent, guidés par l'influence de la tempête. Malgré l'absence de son corps, on entendait encore l'écho de ses sanglots derrière le souffle du vent.

- Non non non et non, attendez! Moi, je ne représente rien! Je suis moi! C'est tout, vous confondez! Je n'ai aucun lien avec cette histoire!
Il n'y eut de réponse que l'écho des sanglots étouffés du vieux mâle. Les pattes de Sunshine pilaient la neige anxieusement. Elle ouvrit grande la gueule, sa voix perçant le cri du vent, ne serais-ce que pour quelques secondes:
- OH ATTENDEZ! Qu'est ce qui est de votre faute! rien. On entendit l'écho lointain de sa propre voix se résorber dans la tempête. La neige s'agitait doucement autour d'elle. Sunshine ne quitta pas l'endroit où avait disparu son comparse des yeux. Mais le vent et le froid avaient balayées toute trace qui avait pu annoncer sa présence. Comme si en fait, il n'avait jamais existé.

- Je vous en prie...! Ne me laissez pas seule ici...
- PETITE IDIOTE ! rugit le cri du vent. Le flocons reprirent leur farouche débandade tourbillonnant et tournoyant, formant peu à peu un corps lumineux. Le corps se défit de sa prison de givre, déposant une patte, squelettique, dans la neige. Les phalanges se virent enveloppées par de la chair, puis peu après par de la fourrure, comme si la neige et le vent lui modelait son corps. La ceinture de givre s'écarta brusquement, dévoilant son oeuvre. Hérissé, les yeux enflammés, Kaito se rua vers l'avant, fichant son regard lourd de reproches dans les yeux de Sunshine.
- Comment oses-tu nier ton importance là-dedans !? Comment oses-tu faire comme si tu ne le savais pas.
Il retroussa le museau, dévoilant ses crocs iridescents, comme de la glace.
- Tu es venue pour me rappeler que Cheshire est mort à cause de moi ! Il eut un mouvement de recul, perdant sa contenance au profit d'une grimace étirée. Ses yeux baignaient de larmes, creusant des sillons dans ses joues. Il se forçait à sourire, mais on aurait dit que son sourire était aussi artificiel que l'était la neige.
- Mon meilleur ami... et il est mort à cause de moi. Pourquoi me le rappelles-tu !? Chess et moi, nous étions si proches... Il se laissa tomber, assit, grelottant, comme si le froid venait enfin de le toucher. La froideur de la réalité, la froideur de la vérité. De sa culpabilité.
- Qu'est-ce que j'aurais pu faire !? de nouveau sa voix s'éreinta. Il secoua sa tête.
- C'est pour ça que vous me parlez de Chess, hein, c'est ça? Vous vouliez me voir craquer !? Il se laissa mollement tomber sur le flanc.
- Eh bien c'est réussi. Il haussa ses épaules, se roulant de l'autre côté, faisant dos à sa guide. Bravo.

- OH MAIS FERMEZ-LÀ À LA FIN!! explosa la louve en dardant sur lui ses yeux farouches. Kaito ne battit même pas un cil. Il leva une patte, l'agitant tout aussi mollement dans les airs, manifestant sa lassitude.
- Hnn, se contenta-t-il de faire, plus désabusé qu'autre chose. Sunshine tempêta:
- Il y a une erreur! Je ne sais PAS de quel Chess vous parlez! Mais le MIEN n'est certainement PAS mort! Pour sur! malgré le ton de reproche, Kaito ne put s'empêcher de dresser une oreille. Un Cheshire qui ne serait pas Cheshire? Quel autre Cheshire y avait-il ? Ses deux oreilles se dressèrent: il décolla même son visage de la neige, les yeux écarquillés.
- Second... murmura-t-il avec elle, abaissant peu à peu ses oreilles, à mesure que celles de l'autre se dressaient. Elle se tourna aussitôt vers lui, qui avait abaissé les yeux. Il sentait toute la confiance émaner de son regard poignant.
- Je voulais parler de Cheshire Second!
Un couinement de la part du mâle. Il releva les yeux, ses joues creusées par les larmes de plus tôt.
- Oui... nommé en l'honneur de Chess.
Il clôt les yeux. Les maintenir ouvert semblait être un trop gros effort pour lui.
- Pour me rappeler ce que j'avais fait... Il secoua la tête, se hissant sur ses quatre pattes. Nous l'avions nommé VOLONTAIREMENT pour me le rappeler... Elle était d'accord, nous étions tous d'accord... Mon bébé...
Il titubait.
- Mon bébé Chess... il est mort aussi... Il redressa soudain la tête.
- NON?!
se ruant de nouveau vers Sunshine, comme si le vent autour se déchâinait vers elle cette fois.
- Il est vivant !??? malgré les perles de larmes à ses yeux, un espoir semblait y briller.

- Je vous l'assure.
la grimace mitigée du vieux loup s'illumina d'un sourire. Il sanglota, incapable de se contrôler, incapable d'aligner ne serais-ce qu'un seul mot. Il voûta la nuque, tremblotant sur place tant la violence de ses émotions le secouait lui-même.
- Il vit avec moi au désert, dans la meute de l'oasis.
- ... Mon bébé Chess s'est éloigné de la neige lui aussi ?... Comme son vieux père... Il replia l'une de ses pattes antérieures pour s'essuyer la truffe , cherchant à regagner sa contenance. Il n'y avait plus lieu de pleurer, après tout... Chess, son fils, était vivant. Il se reprit en main, quoique maladroitement: on ne pouvait pas effacer sa peine et son chagrin d'un battement de cil, après tout. La femelle courroucée semblait s'être calmée. Bien qu'elle restait ferme, il la sentait beaucoup plus avenante: il la préférait confiante à confuse. Était-elle une amie de son petit Chess ? Était-elle l'une de ses soeurs ? Kaito frissonna à cette idée. Il ne voulait pas qu'il s'agisse de sa fille. Cela aurait signifié qu'il ne l'avait enfantée sans ne jamais la connaître.
- Et il n'est certainement pas mort. Kaito plissa les yeux, comme si la force des mots de Sunshine lui empêchait de voir clair. Son sourire s'affaissa doucement. Il semblait être incapable de l'étirer sans pleurer davantage.
- Vous n'êtes pas la Culpabilité... il chevrota en redressant sa tête, qui s'était abaissée. Vous êtes l'Espoir.
Il sembla se raidir, séchant ses pleurs du revers de la patte, puis, se ressaisissant crispant ses phalanges dans la neige:
- J'ai jamais vu un espoir aussi sexy! Oh yeah ! ♥
Le tout sur un clin d'oeil, il ajouta:
- Et je ne dis pas ça parce-que tu me ressembles un peu, ma jolie fleur des sables ♥

- Que les choses soient claires, je suis avec Chess et nous avons trois enfants! Donc par pitié! Appelez-moi SunShine!
- C'est ridicule, rétorqua le loup polaire, un sourire salace. Chess n'avait pas l'âge d'avoir des enfants après tout. Sans pourtant le mentionner, en bon gentleman, Kaito soupira, fermant ses yeux. Mais vos désirs sont mes ordres, Sunshine. Il leva un franc sourire, non sans pousser un nouveau soupir, déçu que ses avances soient ainsi bafouées par son Espoir. Il rêvait, non? Ils ne risquaient rien à s'adonner à un peu de plaisir. Au moins, il pouvait se vanter d'avoir réussi à la faire virer de livide à rouge en quelques mots. Il se rengorgea en se raclant la gorge.
- Alors, on le cherche cet abri? demanda Sunshine, cherchant à revenir sur ses pas.
- Je ne sais pas, il ne fait plus aussi froid. Kaito leva sa tête: plus aucune flocon ne tombait. La neige semblait même être devenue moins profonde, comme si tout s'était allégé. Il la rejoignit pourtant au petit trot, caracolant, guilleret.
- Et si vous me parliez de cette famille, plutôt ? Je n'ai pas vu âme qui vive depuis longtemps.
Sa voix résonna:
- Depuis que je suis arrivé ici, il n'a pas cessé de neiger...

- Un coup de chance, ou une coïncidence qu'elle se soit arrêtée, tout simplement. lâcha Sunshine, visiblement encore attirée par l'idée de trouver un abri. Kaito leva les yeux au ciel: décidément, cette louve ne comprenait pas ses sous-entendus...
- Hmph, il fit, levant un sourire malgré quoi. Sunshine pencha la tête de sorte à le regarder, tout en poursuivant le chemin, dont il se faisait un plaisir de suivre.

- Et bien, nous avons eu trois petits, Chrono, Ciaran et Chrysanthos, nous vivons à l'Oasis grâce au genre d'oncle de Chess, JD, y'a-t'il quelque chose précisément que vous vouliez-savoir?
Toutes ces révélations firent siffler Kaito, qui s'était arrêté de marcher, méditant sur ce qu'il avait appris. On l'entendit ricaner tout bas, puis, murmurer, plus fort:
- J'ai encore du mal à imaginer que mon bébé Chess soit un père... Et vous dites que JD est là en plus ? Ce jeune blanc-bec... Kaito clôt ses deux yeux, mu d'une nouvelle sérénité. Après avoir inspiré l'air, il glissa, tout bas:
- J'espère qu'ils vont bien, songea-t-il à voix haute un sourire calme aux lèvres. Il roula des épaules et étira sa patte, comme pour reprendre sa marche. Au moment où ses coussinets rencontrèrent la neige, il lui sembla s'éloigner. La neige autour de lui était devenue flou, et Sunshine s'éloignait rapidement. Kaito sentit comme un malaise: il pivota les oreilles vers l'arrière, sur un air un peu déçu.
- Ahhh... vous nous quittez déjà, Sunshine ?
Il courba l'échine.
- J'aurais aimé vous parler plus longtemps.
Puis, il s'assied.
- J'ai hâte de vous revoir, ma jolie fleur des sables ! Une simple brise souleva un nuage de neige et de poussière, balayant le tout d'un blanc immaculé. Un dernier sourire, un rire inaudible, et la sensation d'une migraine.

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- Est-ce que tout va bien? Hey, Sun?
Chrono s'était appuyé sur le ventre de sa maman, aidant son père à la secouer.
- Mamaaaan il geignit, les oreilles basses. Lorsqu'enfin elle ouvrit les yeux, Chess et lui ne purent s'empêcher de lever deux sourires soulagés. Chess porta une paume à son front, se laissant tomber, assit, sur son ischion.
- La lune soit louée.... elle est vivante... Chrono dressa ses deux oreilles.
- Maman, tu trembles... est-ce que tu pleures ?