A wound still open

« Baisse les yeux, Sun. »

Le sol se marqua des mêmes empreintes atypiques.

« Je suis à côté. »

Les empreintes se marquèrent à côté de la louve, puis, devant elle. La vague de chaleur se pressa contre son front, et un léger toucher effleura les paupières de la louve, lui séchant les pleurs.

« Je suis toujours à côté. »

« Tu regardes pas au bon endroit... »

Peu à peu, les empreintes disparaissaient. Les empreintes, les couleurs, les sensations.

« Baisse les yeux chte dis »

« Où tu marches, je marche »

Son image réapparut brièvement, la patte appuyée sur la sienne, se moulant dans l'empreinte qui disparaissait. Son image s'effrita à son tour, grésillant entre sa vision de lui-même et la vision qu'elle avait de lui. Il ne s'éloigna pas, toutefois. Sa patte demeurait sur celle de Sunshine, alors que celle-ci disparaissait, et que tout les éléments qui donnaient du dimension à l'endroit s'évanouissaient aussi dans l'ombre.

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C'était... Oui, il n'y avait pas de doute. Malgré sa gueule remplie, JD se lança au trot, abaissant sa tête dans l'espoir d'arriver plus vite.

— Ça par exemple...! Sunshine... !
Que faisait-elle allongée là? Il leva la tête un instant, se consolant à l'idée qu'elle ne se soit pas assoupie sous le soleil. Il lui crut l'avoir vu remuer, comme si elle sortait de sa léthargie. Ses oreilles se redressèrent. JD s'arrêta tout près, posant les chauve-souris qu'il avait chassées à côté. La louve se frotta les yeux, se tournant vers l'extérieur.
— Sunshine... il l'appela plus doucement, un sourire rasséréné aux lèvres. C'est donc ici que tu te trouvais... Tu as manqué la chasse... Il leva la tête afin de scruter les plafonds de la grotte. C'est d'ailleurs un miracle qu'elle ne se soit pas fait réveillée par l'essaim de chauve-souris affolées.

JD lui répondit par un sourire se voulant réconfortant, se penchant à nouveau vers son tas de chauve-souris pour lui en déposer une sous le nez.
— Mangeons, il fit en s'asseyant, se penchant vers son tas pour en prendre une pour lui. Il en avait chassé suffisamment pour pouvoir nourrir Fei, et il avait déjà chassé sa part pour les Inarias qui demeuraient avec eux. Il inclina poliment sa tête avant de planter ses crocs dans sa pitance, dévorant sans se hâter.

Après avoir fixé un long moment la proie qui lui avait été tendue, elle la refusa. De crainte d’incommoder le vieux mâle, elle se tourna vers lui, cherchant à émousser la brusquerie de son geste.
— J'apprécie, vraiment. Mais je n'ai pas vraiment faim.
Elle s'efforça même à lever un sourire, cherchant à le rassurer.
— Mais merci.
JD secoua doucement sa tête.
— Il n'y a pas de quoi, ma nièce. Il lui dit dans la même douceur, tenant à la rassurer d'un nouveau sourire. Je préfère toutefois te voir ronger quelque chose, que de voir quelque chose te ronger.
Il tourna la tête vers le ciel à l'extérieur de la grotte.
— C'est Inaria qui te tracasse ?

Et dire qu'avant, elle se serait contenter de nier que tout allait bien. JD se sentait touché de savoir qu'elle lui faisait désormais assez confiance pour lui dire que non, ça n'allait pas, et que non, elle ne savait plus vraiment où elle en était.

— Une crise existentielle, j'suppose.
JD opina du chef.
— Je t'écoute.

— J'sais pas vraiment quoi répondre à ça...
— Par le commencement, Ma nièce...
Il porta sa patte à son visage, écartant ses cheveux de ce-dernier.
— Si tu te sens prête, bien sûr...

— Trouver le commencement est le plus grand problème j'crois.
— Hm, je suis d'accord, acquiesça JD. Il éloigna sa patte et se rassied, dressant les oreilles.
— Parfois, mieux vaut commencer par la surface des choses avant d'atteindre le fond.

Sunshine s'était tue un moment, retroussant légèrement le museau en pinçant ses lèvres. Il ne s'agissait pas d'une expression agressive néanmoins, mais pensive : malgré son conseil, choisir par où commencer n'était jamais facile. Il suffisait de se lancer et de commencer, tout simplement.
Après hésitation, c'est ce qu'elle fit:
— Au fond... elle commença, grimaçant, j'crois que d'avoir Inaria ici me dérange encore... Enfin, un peu. Ses yeux se plissèrent. J'aurais préféré que ça ne se sache pas, mais j'n'ai jamais vraiment eu une famille normale... J'n'ai jamais connu mes vrais parents, ils m'ont abandonné très tôt. J'ai seulement eu de la chance d'avoir été trouvée.
Elle fuya le regard.
— Une nourrice m'as adopté en quelque sorte, j'ai eu des pseudo frères et sœurs, mais ça n'a jamais réellement bien été. Et... J'crois que j'en souffre encore.
Les oreilles du beta s'abaissèrent de chaque côté de sa tête. Il comprenait le sentiment. Il eut une pensée pour feu sa sœur, Lufia, avant de fermer doucement ses paupières.
— En gros, c'est compliqué. J'veux pas vraiment en parler aux autres, ou aux jeunes. Et puis, de ne pas le savoir, ça change rien pour eux de toute façon. JD rouvrit les yeux, secouant doucement sa tête.
— Il est normal pour tout individu de bas-âge de vouloir savoir d'où il vient, Sunshine. Tu as le droit de garder tes secrets si tu ne te sens pas confortable à l'idée de les partager, mais tu n'as pas le droit de leur interdire de savoir.
Il eut un sourire doux. Je suppose que c'est pour trouver ces réponses que Ciaran et Chrono sont allés à Inaria.
Il redressa ses oreilles et les pointa vers l'avant.
— Pour ce qui est de la famille, eh bien... J'étais comme toi, avant.
Il baissa les yeux, les détournant, se rappelant les années où il avait arpenté le territoire à la recherche de sa mère Shameless. C'est après avoir renoncé à la retrouver que l'ironie l'avait mise sur son chemin. Il les releva, se sentant rougir légèrement.
— Chess et toi m'avez fait comprendre que les liens de sang n'importent pas pour choisir sa famille.

—J'veux croire... Elle fronça quelque peu les sourcils, pensive.
— Mais c'est plus compliqué un peu...
— Certes, lorsque notre attachement envers les autres est fort, il est difficile de s'en détacher complètement. Il dressa les oreilles. Tout comme l'est un deuil. Elle savait bien de quoi il voulait parler. JD Abaissa ses oreilles de chaque côté de sa tête, après avoir pris une bouchée de sa chauve-souris.
— Peut-être ressens-tu encore de l'abandon ? Ceci pouvait aussi expliquer sa difficulté à s'attacher aux autres: de peur d'être abandonnée de nouveau.

— J'crois pas vraiment. J'les ai jamais connu de toute façon.
— Non, fit doucement JD en abaissant ses oreilles.
— Je voulais plutôt dire... Peut-être ressens-tu de l'abandon, dans ta famille adoptive...?

— Non... hésita Sunshine. J'crois pas.
— C'est plutôt moi qui les ai abandonnés de toute façon, elle ajouta tout bas, relevant ses yeux vers lui. JD s'émeut tout en portant une de ses pattes à l'épaule de la louve.
— Ma pauvre enfant... Peut-être est-ce la culpabilité qui continue de t'accabler. Il retira sa patte. Tu es l'unique personne capable de déterminer si ta décision de partir était bonne ou mauvaise, ma nièce. Je crains que ma vision de la situation soit limitée, contrairement à toi qui la vit.

D'une manière ou d'une autre. Je ne pourrais jamais dire que partir d'Inaria était une mauvaise idée.
JD dressa ses oreilles. Elle parlait enfin.
— C'est de loin, l'une des meilleures décisions prise jusqu'à maintenant.
Son maigre sourire le réconforta. Bien qu'il savait qu'elle était maladroite dans ses expressions, la voir faire un effort pour lui le touchait.
— Autrement, Chess et moi ne serions pas venu ici, il ne vous aurait pas retrouvé, et qui sait, je ne vous aurais peut-être jamais connu. Inaria est bien loin d'être une maison pour moi, et d'y avoir laissé ma "famille" n'était pas cher payé pour finalement partir.
— Je vois... il fit en hochant doucement la tête. Ainsi, je présume que les revoir à l'Oasis t'as été moins périlleux que tu l'imaginais?