'time has come. [Entrainement ! ]

« Bon les jeunes. Au delà de ce brouillard se trouve les serpents. J'attendrai ici votre retour. Tentez de ne pas tous vous faire tuer ~ »
La tête à la haute des épaules, Fynn était découragée. Et les paroles du Capitaine ne l'aidait en rien. Faisant la moue et dévisageant un moment Jack, ses pupilles allèrent se ficher au coin de ses yeux où elle regarda sa soeur postée à ses côtés. Elle se leva, soupira et fit un pas en avant. À quoi bon attendre plus longtemps, ils allaient se faire mordre de toute façon.
- Viens Freiya. fit-elle, passant à côté du commandant, s'arrêtant un instant pour l'attendre. Puis elle pénétra dans le brouillard pour y disparaître. Il y avait quelques autres jeunes, mais elle ne les connaissait pas et ne cherchait pas à les connaître. Tout ce qui comptait, c'était dans finir avec cette épreuve stupide. Elle marchait lentement, presque à tâtons dans ce nuage épais. L'hiver n'aidait en rien la température et il lui semblait que cette brume était encore plus dense que d'habitude. Elle s'arrêta, regarda derrière elle, discernant quelques formes floues.
- Reste prêt de moi. donna-t-elle presque comme un ordre, avançant d'un pas nonchalant sur la pierre froide. Elle semblait calme, mais au plus profond d'elle même, son coeur battait la chamade et elle redoutait le moment où elles devraient affronter ces créatures.
Une ombre passa furtivement devant elle, la faisant s'arrêter brusquement. Abandonnant sa posture endormir, elle releva la tête, pointant les oreilles, ses yeux s'éparpillant dans le brouillard sans pouvoir se fixer sur quoi que ce soit de concret.

- Bon les jeunes. Au delà de ce brouillard se trouve les serpents. J'attendrai ici votre retour. Tentez de ne pas tous vous faire tuer ~

Elle remua des hanches, bougeant également sa queue de droite à gauche d’un mouvement flottant. Freiya esquissa un mince sourire alors qu’elle donna un coup de tête vers l’arrière pour repousser ses mèches bouclées.

- Ah, comme c’est excitant~ ! Pas vrai Fynn ?

Sa jumelle soupira en signe de réponse et Frei’ eut un ricanement nerveux. Elle suivit sa sœur des yeux avant d’exécuter un léger bond pour lui emboiter le pas.

- Viens Freiya.

- Je suis tout juste derrière toi, très chère sœur~ fit-elle roucoulant alors que toutes les deux, elles dépassèrent le commandant pour s’engouffrer dans le brouillard.

Freiya ralentit soudain la cadence en voyant l’épaisseur de la brume. Seulement ses prunelles vertes anis étaient distinguables. Elle plaqua vaguement ses oreilles contre son nuque en réalisant de plus en plus vers quoi elle s’engageait. Puis, rapidement, elle ne fit que distinguer des formes floues. Paniquée, elle tenta d’agripper de sa mâchoire la queue devant elle, mais elle ne fit que claquer du vent. Fynn avait disparue dans le brouillard. Son cœur se mit à battre jusque dans ses tempes et son corps fut, parfois, secoué de frissons.

- Reste près de moi.

- Fynn !?

Elle dressa vivement les oreilles en entendant ce murmure, mais cherchant à tâtons, de gauche à droite, elle ne put retrouver sa jumelle. Elle soupira, puis inspira un bon coup. Elle se devait de reprendre ses esprits. Cette épreuve était cruciale pour leur avenir dans la meute et pour une fois dans leur vie; Elles devraient l’accomplir séparée l’une de l’autre.

En sentant l’onde comme le sol, la petite violette se décala vers la droite décrivant un demi-cercle.

« Fynn !? »
Dressant violemment les oreilles, ouvrant gravement les yeux, Fynn se retourna vivement, s'apercevant que sa soeur ne la suivait plus du tout. Paniqué à l'idée de ne pas pouvoir la surveiller, elle jeta des regards anxieux de part et d'autres du brouillard sans pouvoir apercevoir quoi que ce soit. Aucune ombre, sauf lointaine, et encore là elle ne pouvait même pas être certaine qu'il s'agissait d'un loup ou d'autre chose. Elle entendit soudain une voix retentirent, tout prêt de celle d'où elle venait d'entendre Freiya. L'autre jumelle tenta de se détendre, respirant ardemment. Elle allait se débrouiller. D'autres seraient là. Enfin, elle l'espérait. Elle soupira puis se détourna, continuant d'avancer à travers le brouillard sans attendre les autres.

Elle arriva bientôt sur le bord de l'eau, aucun sol pierreux ne se prolongeant. Elle poussa un cailloux dans l'eau sombre, plissant les yeux, observant les disques qui s'étaient créés, s'agrandissant pour finalement disparaître dans l'étendue. Mais quelque chose continua d'agiter l'eau, longtemps après que le cailloux ait sombré. Fynn fronça les sourcils et se redressa brusquement en entendant un ploush plus loin. Elle recula lentement du bord, ses sens en alerte, l'adrénaline pompant dans ses veines. Elle détestai ça. Plus vite elle en finirait, mieux ce serait.

Son cœur battait à tout rompre contre sa poitrine, mais elle parvint à reprendre le dessus en ravalant sa salive et soupirant un bon coup. Il n’était pas de son genre de paniquer de la sorte, de perdre tout son sang froid. Son travail de chapardeuse l’avait bien entraînée, elle n’avait aucune raison valable d’être dans tous ses états. Seulement, depuis toujours, elle avait été en présence de sa sœur. Sa jumelle qui la protégeait toujours, Freiya n’avait donc jamais eue de tracas, de soucis à se faire.
Soucieuse dans ses réflexions, elle perdu le fils du présent et retrouva Isengard tout juste à ses côtés, qui la bouscula par la même occasion. Freiya fronçant vaguement des sourcils.

- Calme toi ce n'est pas le temps de paniquer, Freiya, nous ne somme pas seul.

- Laisse-moi rire~ fit-elle sarcastique. Évidemment que nous ne sommes pas seuls ! Et puis… Sache, également, que je suis très calme. rajouta-t-elle en s’éloignant vaguement, l’échine hérissée.

Vexée, Frei’ s’engloutit davantage dans le brouillard tout en entendant Isengard qui tentait de ramener les autres dans un semblant d’organisation. Ce n’est pas une guerre, mais un combat que l’on se doit de livrer seul. La petite violette parvint à se glisser dans l’épaisse fumée pour finalement frôler de sa patte l’eau noire de la mer. Du coin de l’œil, elle eut tout juste le temps d’apercevoir une silhouette sortir de l’eau pour y retourner presque aussitôt dans ses profondeurs. Elle dressa les oreilles, aux aguets. Les clapotis se firent plus nombreux, plus bruyant. Les Serpents s’agitaient.

Le calme revint un moment, laissant Fynn faire son imprudente et retourner sur le bord de l'eau, la tête penchée vers la surface sombre mais miroitante. Elle plissa les paupières, tentant d'affiner sa vue. Les ondulations sur l'eau avaient presque totalement disparue, mais il restait du mouvement. Bientôt, elle réussit à distinguer des silhouette serpentines qui venaient à la surface puis retournait dans les profondeurs.
Dévoilant les crocs et se hérissant, elle était solidement campée sur ses quatre pattes, prête à esquiver. Il y avait des rochers dans l'eau, des promontoires comme pour une arène de combat. Mais pour l'instant, elle n'avait nul besoin de se jeter dans la gueule du loup, ou plutôt dans le venin des serpents. Elle se mit à gronder, menaçant. Mais en elle subsistait une part de peur ainsi qu'une inquiétude pour sa jumelle, accaparant un brin de sa concentration. Elle attendait qu'un de ces longs monstres mous se montre pour lui régler son compte et pouvoir en finir avec cette histoire de morsure. Mais elle redoutait ce moment. Tout spécialement celui où elle devrait le laisser planter ses crochets dans sa chair pour y déverser un venin qui la laisserait marquer à vie.

Ses prunelles anis dardées sur la surface de l’eau, Freiya tentait par tous les moyens de rester concentrer sur son objectif. Toutefois, le bout de sa queue remuant de gauche à droite nerveusement témoignait le contraire. Son regard fusa légèrement à gauche et ce léger laps de secondes suffit pour que la première attaque ait lieu. Un Serpent sortit vivement de l’eau. Frei’ n’en vu que l’ombre, mais il suffit pour la faire frissonner. Plissant le museau, plaquant ses oreilles contre son crâne, elle se mit à sillonner entre les rochers. Elle calla sa tête dans ses épaules, guettant le prochain mouvement qui mit peu de temps à surgir. Ce n’était plus une seule et unique ombre, mais plusieurs.

Devant ses yeux se dressa le corps immense et écaillé de la bête qu’ils redoutaient tous, mais qui se retrouvait indirectement lier à leur destin. Freiya sentit un frisson la traverser avant qu’elle ne se glisse davantage dans une crevasse, se repliant sur elle-même. Elle calma ses ardeurs, calma son cœur alarmé et attendit le bon moment. Coincer entre deux rochers, Frei’ sentit le Serpent siffler au-dessus d’elle. Elle rapprocha encore plus son corps contre la pierre humide et froide et lorsque la gueule de la bête fut à son niveau, elle s’élança et planta ses crocs dans ce qui ressemblait à la joue de l’animal.

La créature émit un sifflement grave lorsque les canines de la petite violette vinrent se planter dans ses écailles. Le Serpent sursauta presque et fit un mouvement de recul, soulevant Freiya de terre. La Mousse se retrouva à pendre à quelques mètres de l’eau, se balançant tranquillement de droite à gauche.

Frei’ resserra sa prise en posant ses pattes contre sa gueule. Elle tenta de se hisser plus près de la tête de l’animal, mais celui-ci remua dans des directions qui lui firent perdre patte. Freiya se retrouva donc à faire le plongeon dans l’étendue noir de la mer. Elle se laissa engloutir par une vague pour disparaître dans les profondeurs. Elle nagea avec vigueur jusqu’à la surface puis se retrouva heurter à un nouveau Serpent. Celui-ci sifflé rageusement avant de foncer nette vers elle. La petite violette replongea de nouveau dans l’eau, mais les dents de la bête ne manquèrent pas de lui érafler les flancs. Elle se débattit dans l’eau et nagea vers l’amoncellement de rocher plus loin, celui qui ressemblait fortement à une arène. Freiya se dissimula derrière un rocher et battit des postérieure afin de se maintenir à la surface de l’eau. Elle serra les dents et crispa le museau en sentant la douleur se heurter à son flanc. Son sang se mélangea à l’eau et bientôt, elle sentit de nouveau un mouvement sous elle. Elle ne put en démordre que quelque chose s’agrippa à son corps, s’enroula autour de celui-ci et l’entraîna dans les profondeurs. Elle n’eut qu’un maigre laps de temps pour prendre une bouffée d’air avant de subitement disparaître à la merci des profondeurs et du Serpent qui la détenait.

« Freiya! Fynn! attention! derrière-vous! »
Les mots étaient bien choisis. Fynn chercha d'abord sa soeur à ses côtés, sans même se douter qu'en fait les deux étaient suffisamment éloignées et que chacune se retrouvait avec un adversaire par derrière. Le peu de distraction qu'avaient créée les paroles du loup suffirent au serpent pour saisir la violette. Fynn, qui cherchait anxieusement sa jumelle dans le brouillard de pu que distinguer une forme longiligne et très haute, se balançant comme un tronc mou au dessus de l'eau. Ses oreilles bourdonnaient tellement chaque bruit devenait comme une alerte. Le clapotis de l'eau, les grognements, les pas, les paroles. La tête lui tournait mais elle n'eut pas le temps de revenir à elle que la poigne venimeuse l'attrapa par une patte arrière, la glissant sur le sol vers l'eau profonde. La mauve couina dans la surprise et la douleur, et comme frapper par un coup d'adrénaline, se retourna sur elle-même, apercevant le 'visage' de la créature qui la tirait sur la pierre. Elle avait eu beau tenter de se retenir après la pierre, ses griffes étaient bien futile à côté de la mâchoire qui la forçait à la suivre. Grondant, elle perçu à peine le son du serpent qui avait attaqué Freiya et qui retombait dans l'eau, l'entraînant avec elle. Elle était concentrée sur elle-même, peut-être pour la première fois de sa vie, elle devait se soucier de sa vie plutôt que celle de sa jumelle. Dans un élan du désespoir, Fynn se donna une poussée, se contorsionnant pour atteindre le visage du serpent, y assénant un coup de croc, tout juste sur le bord de l'oeil. Comme elle auparavant, la stupeur et le mal déconcertèrent la créature qui lâcha prise, poussant un sifflement retentissant. Fynn se hissa sur ses trois pattes valides, la douleur dans sa patte arrière étant telle qu'elle n'arrivait plus à s'appuyer dessus. Tentant d'échapper à la vue et à la prise de son agresseur, elle claudiqua plus loin mais une forme sillonnante réapparu bientôt vers elle. L'effroi laissa place à la colère, et encore une fois, l'adrénaline vint changer les facteurs des deux combattants. Gagnant en énergie, Fynn oublia momentanément la douleur et se jeta sur la forme au sol, enfonçant aussi profondément qu'elle le pouvait ses crocs à travers les écailles jusque dans la chair. Puis, ayant sa prise, elle se mis à secouer violemment la tête de gauche à droite, infligeant ainsi de plus gros dégâts à la bête. Une fine ligne de sang descendant sur sa patte jusqu'au sol, laissant comme une route derrière elle.

Des bulles s’échappèrent à chacun de ses cris qui ne pouvaient résonner dans les profondeurs marines. Freiya continuait de se débattre pour se libérer de l’emprise que le serpent exerçait contre son corps, ses côtés, serrant de plus en plus sa cage thoracique. Elle parvint à libérer une de ses antérieures et avec les forces qui lui restait, elle essaya de se hisser hors de son étau. Ses poumons commençaient déjà à la fatiguer, la brûlant de l’intérieur, l’air se raréfia de plus en plus. Elle sentait ses paupières devenir lourdes, ses réflexes ne fonctionnaient plus correctement, ni son esprit. Frei’ se sentit abandonner, mais planta pourtant une seconde fois ses crocs dans les écailles du serpent. La prise se desserra soudainement. Elle ne remarqua pas que le mousse qui s’attaqua à son tour au serpent marin qui l’eut tenu prisonnière et nagea directement vers la surface de noir. Elle sortit tête première inspirant fortement afin de remplir ses poumons. La brûlure de sa poitrine se fit plus intense, mais bientôt le tout se calma.

La petite violette nagea en direction d’une pierre et s’y hissa le corps tout entier tremblant. L’adrénaline ne faisait plus tout à fait son chemin. Alors qu’elle posait ses pattes avant contre la roche froide, deux yeux globuleux vinrent la fixer. Freiya fronça net les sourcils, soutenant le regard de la créature qui lui faisait de nouveau face. Ce fut le clash. Elle bondit vers lui et lui vers elle. Ses crocs s’agrippèrent à la nuque du reptile alors que celui-ci parvint qu’à attraper sa cuisse gauche. La mâchoire inférieure de la bête se retrouva à l’intérieur de sa cuisse alors que sa mâchoire supérieur sur le dessus. Il serra les crocs, laissant échapper un couinement terrifiant de la gorge de Freiya. Elle se débattit, démordant encore et encore. Elle battit des pattes et ses griffes se heurtèrent à l’œil du serpent. Celui-ci lâcha prise aussitôt afin de sauver son œil. Il se recula en sifflant laissant retomber Frei’ contre le sol. Tremblante, claudiquant, la jeune mousse se releva. Ses cheveux bouclés lui retombèrent sur la truffe alors que ses prunelles anis percèrent l’obscurité, fixant le serpent. La bête à écaille siffla un dernier coup avant de se reculer plus profondément dans le brouillard. Freiya se redressa et regarda tout autour d’elle. Les ombres semblaient fuir ou plutôt, lui accorder le respect qu’elle recherchait. Et bientôt, alors que l’adrénaline redescendait, elle put sentir ce qui les forçait à reculer. Une douleur indescriptible saisit sa cuisse. Elle tourna sa tête vers sa patte pour apercevoir un filet de sang coulant le long de celui-ci. Son sang mélangé avec un liquide fluorescent. Le venin faisait son effet. Elle avait été marquée. Freiya plissa les yeux, puis tenta de faire demi-tour. Elle renifla l’air, dressa les oreilles, balaya le brouillard du regard, il n’y avait aucune trace de Fynn pour le moment. Elle commença à s’inquiéter. Avançant, pas à pas, elle tenta de retrouver ses repères.