Cette fois, c'était officiel, les beaux jours étaient de retour et l'hiver avait perdu la bataille ! C'était l'une de ces journées de printemps qu'Arado affectionnait tant. Une journée qui mêlait un vent frais au chauds rayons du soleil de midi. Parfait ! L'herbe verte réapparaissait en quantité et les naissances pointaient déjà le bout de leur museau au sein du troupeau. D'ailleurs, pour une fois, Arado n'était pas vraiment seul. Tout le troupeau traversait les grandes plaines afin de profiter en premier de cette herbe jeune et craquante.
Néanmoins, le gros mâle n'était pas au milieu du troupeau... Nan ! Il était tout derrière, à bonne distance, afin de fermer la marche. D'ailleurs il repéra bien vite un jeune qui traînait et s'écartait dangereusement des adultes. Sans perdre un instant, Arado s'approcha et lui donnait un petit coup de museau dans l'arrière-train histoire de l'inciter à vite rejoindre le troupeau. Il était l'ange gardien, celui qui partait en dernier et qu'on ne remerciait que très rarement... Peu importe ! Il avait la satisfaction du devoir accompli et c'était largement suffisant pour le rendre heureux.
A défaut d'avoir un fils bien à lui sur qui veiller, il en avait des dizaines qu'il ne quittait pas des yeux. Il zigzaguait, observait le paysage, profitait de la chaleur et de l'odeur des premières fleurs. Bref, il était l'unique bison qui sortait du bloc compact formé par ses congénères...
Arado, ne traîne pas ! Nous avons encore du chemin à faire et tu nous ralentis !
C'était les mugissements d'un autre mâle dominant. En effet, le troupeau disparaissait derrière une petite colline... Arado marmonna :
Moi ? Les ralentir ?! Absurde ! Suis-je donc le seul à surveiller les arrières ici ?
Il secoua son encolure et s'ébroua. On ne le comprenait jamais... Les autres, ils voulaient toujours foncer, toujours être les premiers ! Et au final, qu'est-ce que ça leur apportait de plus ? Bah, il se résigna et marcha lentement dans la direction de ses congénères. Ces derniers n'étaient plus dans son champs de vision mais leur odeur et le bruit suffisaient pour les repérer.