Hors de sa zone de comfort. [Prio Guns]

Peu après l'avoir confronté, Shû avait commencé à marcher à son pas, laissant sa rancœur se dissiper au profit de sa nouvelle assurance. Comme elle leur était utile, il lui faisait savoir. Elle avait eu le droit à quelques enseignements. La complimenter serait désuet: de toute leur meute improvisée, Shû était la seule à savoir la " véritable " nature de Gunthaer. Même Calamité s'en dérobait, l'imaginant comme un allié taquin, un confident, une aide, un soutien. Elle ignorait ses pulsations, elle ignorait sa façon de pensée, elle ignorait même son alignement. Tant qu'elle ignorait, elle gardait le moral. Tant qu'elle gardait le moral, il se sentait satisfait. Gun n'avait pas besoin qu'elle en sache trop de toute manière. Ses priorités devaient rester centrées autour de sa portée. Si son instinct maternel n'était pas très développé, elle réussissait pourtant à les élever du mieux qu'elle le pouvait, sans accrocs ( ou presque ). Même Shin mettait la main à la pâte. Pendant que la petite famille dormait à poings fermés dans un cocon de chaleur corporelle, Gun rôdait dans les limites du territoire afin de chasser quiconque s'approchait un peu trop près de ceux qu'il protégeait. Ses mèches rendues courtes après son combat contre Cue, il semblait plus léger, plus assuré dans sa posture, s'avançant dans une démarche non pas sautillante, mais droite, ferme, automate. Il fallait les défendre. C'était ce que Calamité voulait. Ainsi, lorsque l'odeur musquée d'un loup mâle lui vint aux narines, une odeur familière qu'il ne prit pas le temps de reconnaître, ses muscles se crispèrent et ses sens s’affûtèrent, comme sur le qui-vive. Il profita des ombres pour se glisser dedans, suivant à pas feutrés l'inconnu à la fourrure mordorée. Gun profita de son moment d'inattention pour se couler à ses côtés, figeant son regard inflexible dans le sien. Ce loup n'était pas la bienvenue ici.

Lorsqu'ils croisèrent leur regard, Gunthaer ne lut aucune peur dans les yeux de l'autre: que de l'inconfort mêlé à de la stupeur. Il dut s'avouer que la réaction de l'autre fut fort divertissante: déjà il s'était reculé. avait sursauté, s'était empêtré les pattes dans une racine pour valdinguer au sol, échappant un glapissement de douleur - il s'était mordu la langue dans sa maladresse. Gunthaer n'avait pas cillé, se contentant de baisser les yeux lorsque l'intrus mordit la poussière. Il fit de même lorsqu'il se redressa, logeant sa queue entre ses pattes dans un signe de soumission et de respect, la tête baissée, présentant sa nuque sans malice. Présenter ainsi un point vital, chez un loup de meute, signifiait du respect; aux yeux de Gunthaer, il s'agissait d'une occasion rêvée. Pourtant quelque chose l'empêcha de clouer cet ennemi au sol. Quelque chose qui le poussa à pencher sa tête sur le côté presque imperceptiblement, alors que la brume dans ses yeux sembla se dissiper l'espace d'un instant, lui faisant prendre conscience de son environnement, de même que de la nature de son ennemi. De nouveau, son odeur lui vint aux narines, titillant des mémoires depuis longtemps source de désintérêt. Il redressa ses oreilles ainsi que sa tête, perdant peu à peu la sévérité de ses traits pour prendre un air plus détaché. Plus confortable. Il ouvrit même la gueule, l'ombre d'un sourire ravivant ses traits pourtant ternes.

- A little far from home, are we.

Citation :

- A little far from home, are we.

Entre les nappes brumeuses de son esprit, Gunthaer arrivait à deviner d'Oren un malaise plus que de la nervosité. Oren avait relevé la tête sur un sourire étrange que l'autre loup ne sut pas bien déchiffrer. Sa concentration se portait surtout sur leur emplacement spacial, jaugeant la distance les séparant plus importante que la quelconque émotion que ressentait ce lointain souvenir de son passé à Alteron. Oren se reprit en main, capable de ficeller ses idées sur des mots.

— Yeah, just a little, il lui répondit, un brin ironique. I've been allowed a work related vacation it seems.
— "Vacation", huh ?... Il laissa planer, l'air songeur.
— Don't get cocky. Il fronça les sourcils. If you take one step further inside the forest, I will disembowel you. Gunthaer pencha sa tête sur le côté, levant un sourire conciliant.
— That would be a shame, now, wouldn't it ♥. Ses pattes se mirent à se mouver en direction du guérisseur, lentement, alors qu'il l'invitait à le suivre d'un signe de tête. Tant qu'il éloignait l'intrus du coeur de la forêt, tout irait pour le mieux. Il ne pouvait pas lui permettre de se contrôler si Oren s'était enfoncé un peu plus. Même s'il était évident qu'il cherchait à partir ( il avait du trouver ce qu'il avait besoin ici ), Gunthaer ne lui permettrait pas de s'en aller à son loisir. Pas sans jouer, un peu. Disons que Shû était devenue d'un ennnui depuis qu'elle le suivait au pas. Quant à Shin, n'en parlons même pas.

Gun laissa poindre un très fin sourire lorsqu'il vit Oren s'affairer sur les plantes qu'il avait relâché dans sa chute, pour ensuite lui emboîter le pas. Ça lui revenait, peu à peu. De tous ces souvenirs-déchets de la jungle, il se rappelait que c'était celui-ci, le plus averti. Certes un esclave pour sa patrie ingrate, il était le seul, de tous, à avoir vu sa vraie nature du premier coup d'oeil. Un seul regard avait suffit pour deviner tout l'entraînement, toute l'expérience, tout le désintérêt porté à sa propre personne. Un seul coup d'oeil suffisait à bafouer son aura chaleureuse ou glaciale. Sur lui, aucune menace ne fonctionnait. Aucune menace qui valait la peine. Gunthaer voulait le voir souffrir, le voir heureux, le voir pleurer ou hurler, l'entendre rire. Comme Oren lui résistait, il le désirait.

L'un comme l'autre s'étaient avancés sur le même chemin. Ils avaient vus les mêmes horreurs et s'étaient développés de ce vécu: Oren avait refoulé ses souvenirs, tandis que Gunthaer se contentait d'absorber tout ce qui l'entourait. Oren était aussi au courant de sa capacité de guérison incroyable. Il était conscient de la présence de ses cicatrices - même si son patient tentait toujours d'en dissimuler une, par sa posture ou par sa propre fourrure - et de son absence de sensitivité physique. Il savait tout ça, et pourtant il marchait sans peur, derrière, relançant la conversation comme si de rien n'était.

— I didn't know you owned all that. I'd heard it didn't belong to any pack yet.
Gunthaer pouffa, un sourire en coin relevant ses commissures.
— You're right, it doesn't ~
Il tourna sa tête, levant un charmant sourire.
— It belongs to milady.

Citation :

- You're right, it doesn't ~It belongs to milady.

Oren suivait à tâtons, non loin derrière, sans toutefois perdre sa contenance habituelle. Aussi, après avoir rangé ses végétaux dans les nœuds de sa fourrure, il en profita pour lui répondre, faisant toutefois taire sa curiosité.
— So I suppose the milady must not be met if you didn't want me to go further. I'm ok with that. Sa répartie suscita quelques rires de celui en tête.
— Ha ha! ♪, lança Gunthaer à voix haute, sans toutefois perdre la douceur de son ton. You make it sound like you have a choice~ Il tourna sa tête, posant sur lui un regard qui se voulait sérieux, malgré le sourire habituel à ses lèvres.
— I can't risk anyone to meet her and upset her, now, can I? Especially if I would kind of like to keep you alive.

I'd be honestly disappointed if you'd die. Now, imagine dying by my fangs, how disappointed could I get !
Il gloussa, levant sa queue au dessus de sa croupe pour effleurer et chatouiller la truffe d'Oren.
— So, by leading you away, the mistress isn't upset and you get to live longer. A fair deal, if you ask me~

Citation :

I can't risk anyone to meet her and upset her, now, can I? Especially if I would kind of like to keep you alive. I'd be honestly disappointed if you'd die. Now, imagine dying by my fangs, how disappointed could I get !

Citation :

So, by leading you away, the mistress isn't upset and you get to live longer. A fair deal, if you ask me~

Pendant un instant, une atmosphère étrange sembla lier les deux individus dans un mélange de dominance, de résignation et de reconnaissance. Un mélange pour le moins atypique, car il suscita chez le demi-sang une réaction qu'il n'avait pas planifié. On aurait dit que ses traits rieurs, sa supériorité et son masque d'amusement s'étaient effacés pour laisser son calme placide prendre le dessus. Un calme qui mêlait à la fois indifférence et souci. Il détourna les yeux de son chemin, comme sur un air songeur, abaissant les oreilles sur sa tête, tout en fendant l'air d'un mouvement énervé de sa queue.
— Don't get duped: I'm not doing this for your sake.
Il baissa les yeux, fronçant ses sourcils.
— Nor for mine, apparently, il marmotta à mi-voix, lui-même perplexe devant ses propres interrogations. Ses pas ralentissaient au fil de ses questions internes, jusqu'à ce qu'il ne s'arrête complètement, le regard absent, contemplant l'absurdité de sa propre faiblesse. On aurait dit que ce simple geste, ce simple mot sans hostilité, sans double-parler, sans mensonge avait été comme un faisceau de lumière si ardent qu'il en avait été aveuglé.

Autant cet individu le fascinait, autant il le méprisait, l'abhorrait de tout son être. Il eut l'impression que l'image de calme qu'il s'était façonnée venait de tressauter, comme le grésillement d'une image rétinienne. Il avait serré ses crocs ensemble et avait raidi sa posture, perdant sa bonhomie inventée.

Citation :

Don't get duped: I'm not doing this for your sake. Nor for mine, apparently.

- I do not remember mentionning anyone's sake.
Gunthaer sentit comme un déclic. Il ne s'agissait pas là d'une illumination ou du reflet d'une idée, mais d'un déclic primitif, éveillant en lui des sensations qu'il avait l'habitude d'étouffer. Il sembla se braquer aussitôt.
— ... ... ... Play dead.
Ses pupilles s'étaient mises à frétiller, sa vision se brouillant dans son incertitude. Peu à peu, il avait l'impression que les bruits autour de lui s'assourdissaient. Même ses propres mouvements lui étaient inaudibles. Il jeta un regard par-dessus son épaule, entrouvrant sa gueule sur une suite monocorde.
— If you know what's good for you, il sembla aspirer de l'air entre ses dents serrées, lie down and play dead.

Citation :

... ... ... Play dead. If you know what's good for you, lie down and play dead.

La vision trouble et la sensation de son toucher accrue, Gunthaer avait compris que le temps pressait. Il cherchait à endormir son esprit derrière un bruit blanc. Il avait l'habitude d'écouter les inepties des autres lorsqu'il se sentait ainsi. Son employeur le manipulait à rester calme en comptant, tout simplement. Car s'il se mettait à penser, à rationaliser son état, il allait l'empirer. Dans d'autres circonstances, il n'aurait pas cherché à opposer de résistance.

Cependant, se savoir vulnérable au point de ne pas pouvoir maintenir son propre masque était loin de lui plaire. Il avait le sentiment d'être de nouveau confiné dans la grotte sous-marine d'Oerba, piégé aux côtés de Mistyshine, cherchant à la rassurer, à la rendre calme afin de taire ses pulsions d'hostilité. Il fit volte-face soudain, fichant ses yeux de fauve sur tout ce qui se mouvait; ses yeux s'agrippèrent sur la feuille d'une branche qui oscillait, sa respiration s'était coupée, et ses griffes s'étaient terrées dans le sol. Chaque élément frétillant attirait son regard. Lorsqu'enfin il analysa et absorba les informations du terrain et de tout ce qui l'entourait, il se sentit comme emporté par une vague, les pattes, les yeux et le dos endoloris. Il avait repris son souffle et avait réussi à l'apaiser. Il avait fermé ses yeux pour éviter de les solliciter à l'excès. Il cherchait à détendre la raideur dans ses traits. Il avait serré les crocs.

Un pan de bois valdingua contre le sol, bientôt succédé par d'autres dans une cacophonie assourdissante de raclements de griffes contre de l'écorce; on entendit des oiseaux s'affoler et s'envoler à tire d'ailes, suivit d'un silence. Les pattes appuyées contre le tronc désormais éventré du conifère, Gunthaer recherchait son souffle. Il avait fermé ses yeux, canalisant ses forces dans ses pattes postérieures qui le maintenait debout, puis dans ses avant-mains. Celles-ci se ruèrent sur la surface de l'arbre en soulevant l'écorce, par plaques, les arrachant morceaux par morceaux.

La nausée le rattrapa et il tituba, se reculant de quelques pas, contemplant son oeuvre. Un frisson l'avait parcouru. Il savait ce qu'il avait ressenti, et il ne pouvait pas se mentir à lui-même. À quoi bon, de toute manière? Il recula, marchant dans ses débris, les faisant craqueler sous son poids, puis, après avoir fait le tour de lui-même, après avoir repris contact avec la réalité, il alla s'affaisser au sol auprès de l'autre loup feignant la mort, étirant sa nuque pour l'enlacer dans sa fourrure.

Il soufflait et exhalait, sa poitrine se gonflant et se comprimant par saccades. Ses paupières s'étaient scellées, cherchant à maintenir ses yeux fermés le plus possible afin d'ignorer les informations qu'il avait assimilé. Peu à peu, le contact et la chaleur de l'autre réussit à calmer sa respiration, et à faire taire ses soubresauts. Son inertie, toutefois, n'était pas un signe de calme. Car pour lui, le calme se jouait dans la plaisanterie, dans les émotions, dans la réceptivité. Dans la "vie".

Sa placidité n'était pas sereine, elle était nerveuse, encore marquée par son précédent excès de violence. Au moins put-il se consoler à l'idée qu'il ne se sentait ni raide ni tendu. C'était le signe qu'il n'avait plus besoin d'être sur ses gardes. C'était le signe qu'il avait le droit d'endolorir non pas que son corps, mais aussi ses propres réflexions. Ses oreilles couchées le long de sa nuque se redressèrent à l'entente de la voix du mort. Il ressentit aussi des signes de sa vie, mais rien de trop soudain pour exacerber de nouveau ses sens.
— Are you ok?
La douceur de ses mots, de son ton et sa lente réanimation peu à peu réussissait à se couler en lui. Gunthaer n'ouvrit pourtant pas les yeux, craignant de nouveau céder à ses habitudes.
— Tshh, il émit, un sourire crispé levant ses commissures. What do you think.
Il entrouvrit les yeux, couchant ses oreilles contre son crâne, poussant un soupir se voulant rasséréné.
— You're the doctor here, you know.

Citation :

Tshh What do you think. You're the doctor here, you know.

Il lorgna sur le côté, croisant le regard de l'autre, qui avait plissé ses yeux sur l'ombre d'un sourire. Leurs corps avaient beau être immobiles, il sentait tout au fond de ses veines son sang affluer de partout, déferlant contre les parois de ses capillaires dilatés. Ses autres capillaires - ses mèches blondes - s'étaient entremêlés à la fois aux longues herbes et aux épines mordorées d'Oren. Gun avait posé sur lui toute son attention, comme si tout le reste le désintéressait.

— Well, I can tell you're still somewhat tense, lui répondit ledit "docteur" sans trahir son calme. Can I do something about it? Ça ne semblait pas être tâche facile de maintenir ses fonctions vitales ralenties et de tout de même garder un pied dans la réalité. On aurait dit que murmurer de la sorte lui était d'un effort difficile. Il lui fallait à la fois se concentrer à être mort, mais aussi se concentrer à ne pas paraître concentré.

Il avait compris qu'au moindre signe de vie, il attiserait le feu incontrôlable qui le côtoyait. Il était donc vraisemblable de constater qu'il tenait à son rôle de " mort ", à la fois pour sauver sa vie, à la fois par élan de... de compassion. Il n'avait aucune présence d'esprit, ou presque, un estuaire de calme qui suffisait au Messager de se distraire de ses précédentes occupations.
— Tell me how I can be of help. I will do anything.
Comme réponse, Gunthaer arrondit la nuque, se laissant tomber sur le flanc à son tour, ses épaules et le haut de son dos se lovant contre le ventre exhibé du guérisseur. Il posa ensuite sa tête à plat sur son épaule, tout près de sa poitrine, où il pouvait entendre son coeur y battre. Le son semblait le rassurer.
— I'm afraid it's nothing you could do without consent, loverboy ~, il minauda en détournant les yeux, une étrange amertume affinant son même sourire. Son dos épousa les irrégularités du sol, puis, il ferma les yeux et eut un soubresaut, signe qu'il venait d'échapper un rire muet.
— I appreciate the effort, though.

— I see, se contenta de répondre le guérisseur, à la lisière d'un sommeil se voulant réparateur. S'attendre à plus était vain, de toute manière. Il avait appris à connaître les réactions d'Oren, ou plutôt, son manque de réaction. Il n'en demeurait pas moins réceptif, et ses efforts à rester éveiller semblaient épuisants. Malgré tout, Gunthaer ne se sentait pas satisfait pour autant: quelque chose le perturbait, et, se sachant tatillon, surtout dans ce genre de situation, il plissa les yeux de dédain.
— _{...Dammit Oren} , il maugréa entre ses crocs, remuant les épaules de nouveau, sans qu'on puisse déterminer s'il s'agissait d'un rire ou d'un tremblement de rage. En se tassant sur lui-même, il arqua le dos et sa tête se glissa jusqu'au coude d'Oren, alors que son museau reposait contre son avant-main tendineux.
— You barely even know me, il grommela en posant sa tête dans le rond d'herbe, de branches et de copeaux de bois, se défaisant de leur contact.
— Why do you care so much. Il enfouit son propre museau dans sa patte et dans la fourrure de son poitrail, cherchant à s'y fondre, cherchant à lui cacher la confusion dans ses yeux. Il ignorait s'il se parlait tout seul ou s'il s'adressait à l'autre. L'autre, son comparse/jouet/guérisseur personnel, qui semblait toujours se montrer présent lorsque son patient/sujet d'études/distraction/ami (?) semblait effriter son peu de lucidité. Drôle de relation. Ça n'avait rien de tout sain, ça.
— You know what I can do, but do you even know what I am ? Il ferma sévèrement ses paupières. I'm no wolf, Oren. _{I wasn't raised and trained to be one.} Il entrouvrit ses paupières, comme lui-même épuisé par tout ce qui venait d'être dit, et tout ce qui n'avait pas été dit. Il se maudissait et maudissait Oren d'être là. S'ils ne s'étaient pas croisés, il n'aurait pas fait l'effort de faire surgir d'anciens souvenirs d'Alteron. Car en plus des bons souvenirs étaient aussi survenus ceux qu'il aurait préféré étrangler et laisser mourir, comme le reste de son déni. Un " spectre ", lui avait dit une fois une petite fée aux teintes roussies. C'était une description criante de vérité.
— I thought you knew better than this, il souffla à mi-voix.

Au lieu de trouver réponse à ses questions, on aurait dit que quelque chose semblait avoir fait hésiter Oren. La silence et ses interrogations insensées le pesant, Gunthaer déplia ses pattes et les étira ensuite, se distançant du guérisseur en roulant ses épaules et en tordant son dos. Puis, après avoir passé quelques secondes interminables les quatre fers en l'air, il se coucha sur son autre flanc. Il dressa soudain le oreilles lorsque son épaule fit craquer quelques débris de copeaux, comme il semblait les avoir oublié. Il les ignora vite histoire de faire face, bien qu'à plat, au guérisseur. Ce-dernier sembla s'avouer vaincu.

— There are no words capable of explaining why I care so much, il lui répondit alors, dans un débit un peu plus vivant que ses précédents échanges. Il reprenait des couleurs à petit feu, comme s'il s'extirpait de son enveloppe mensongère. Et quelle enveloppe: peut-être ne l'avait-il pas réalisé, mais c'était son geste et ses talents d'acteur qui lui avait sauvé la vie.

S'il ne s'était pas arraché de sa vitalité, ce sont ses morceaux à lui qui auraient été retrouvés au sol, éparpillés ça et là. Gunthaer ne pouvait s'empêcher de visualiser la scène - les scènes - qui se succédaient rapidement à ses yeux. Il regardait son cou, le jugeait frêle. Comme détaché de ce qui venait de se penser, il s'était allé à songer. I could snap that neck so easily, s'était-il dit après avoir haussé les sourcils. La gorge qu'il fixait s'était mise à remuer, et il releva ses yeux pour voir le visage de l'autre s'animer sur ce qui semblait être une réponse:
— All I can be sure of is that I accept you as you are, even though it includes instability and violence. Drôle de réponse. Un sourire taquin sembla néanmoins couper le flegme de son visage.
— So, what, Gun pencha la tête sur le côté, you're telling me you're into that ? s'enquit-il, tout en relevant les mèches épineuses d'Oren d'un coup de patte joueur. C'était un sentiment gratifiant de constater qu'il avait de nouveau le contrôle de lui-même.

Citation :

So, what, you're telling me you're into that ?