Réflexions pas si solitaires [Prio Digg]

[color=#8b4513¾L'hiver s'était définitivement installé à Alteron, se caractérisant par une température toujours aussi humide, mais néanmoins plus froide que pour le restant de l'année. C'était la saison où d'habitude, si portées devaient avoir lieu, les femelles tombaient enceintes, mais cette année, la reine n'avait pas recommencé. Elle n'avait pas ordonné une nouvelle vague de soldats. C'était un mal pour un bien selon le maître guérisseur. Un mal, parce que la mortalité ne cessait de réduire leurs rangs, mais aussi un bien pour tous ces petits qui devaient souffrir de cet environnement doublé du régime totalitaire de l'alpha.

Sai avait gagné en autonomie et bien souvent désormais, elle se promenait seule, ce qui le laissait, lui, dans un certain ennui. Cette promotion lui avait fait plaisir, car elle signifiait que ses talents avaient été reconnus, mais en même temps, de se retrouver soudainement au commandement des autres guérisseurs le poussait sous les regards. Si il avait pu se montrer discret, presque invisible auparavant, il ne le pouvait plus désormais. Sa fourrure dorée était aussi connue que son nom et ses responsabilités n'en étaient que plus nombreuses. N'ayant rien de mieux à faire, il se dirigea vers le bas du séquoia couché.

Que de rencontres avaient eut lieu là. Il se rappelait chacune d'elles. C'était devenu un lieu agréable pour lui, un lieu qui lui rappelait tout ce qu'il avait vécu, que ce fut en bien ou en mal, il n'oubliait pas et n'avait nullement l'intention d'oublier, surtout qu'une des personnes qu'il avait pu connaître, bien qu'il ne l'ait pas connu en cet endroit, était parti. Il ne savait pas où, il ne savait pas pour combien de temps et il ne savait pas pourquoi. Il ne lui manquait pas tant que ca, il n'avait à vrai dire rien ressenti lorsqu'il avait apprit son départ, mais il se rendait compte de l'impact de son absence sur la meute. Certains en étaient plus tendus, certains en étaient soulagés, mais d'autres aussi devaient être tristes sans doute. Il ne faisait pas partie de ceux-là, enfin, si oui, il n'en savait rien. Ses pensées étaient tournées vers lui, vers les souvenirs de leur première rencontre, mais aussi vers ceux de l'incident avec Euphorie. Peut-être était-ce par peur de représailles de ce genre qu'elle avait disparut. Il ne s'intéressait pas plus que cela à sa personne, seulement, il y avait eut tant de départs qu'il ne pouvait pas éviter de penser à tous ces gens.

Il songeait à la Reine et à sa folie, à Dagger devenue Beta, aux Blackbloods ayant reprit leurs terres, au soleil de plomb qui y avait brûlé et au quotidien de la jungle, humidité comprise. Il errait donc, marchant à pas lents sans but réel, avançant mécaniquement sans se préoccuper de l'endroit où il serait mené. Il avait changé et il le savait. Quand à savoir s'il était d'accord avec ses changements, c'était encore à voir. Au moins se rendait-il compte de ceux-ci.[/color]

Citation :

Ouais...Mais...Je suppose que c'est une bonne chose pour toi , moins de malades. Je n'ais pas raison ?

Le mâle doré y réfléchit un instant avant de répondre à son interlocuteur, tentant d'exprimer ses pensées sans méfiance à son égard.

- Moins de malades ne serait pas vraiment le juste terme. Moins de blessés face à l'inertie qui a enveloppé la meute serait plus approprié...

Il s'arrêta un instant, ses yeux voilant à peine la légère inquiétude qui menaçait de gagner ses paroles autant que ses pensées. L'explication qu'il fournit fut pourtant plus claire que ce à quoi il s'était attendu.

- Ce n'est pas tant l'ennui qui me dérange que la tension qu'elle crée chez d'autres. j'ai l'impression que certains des nôtres sont comme un volcan sur le point d'entrer en éruption et je sais que lorsque tout déboulera, je devrai être au premier rang du spectacle.

Il se pencha sur ses propres paroles et ajouta:

-Pas que ce soit quelque chose qui me fasse peur, plus une certitude d'un temps quelque peu déplaisant à venir.

Il ne savait pas pourquoi c'était arrivé, ni comment c'était arrivé, mais il n'était plus le même qu'autrefois. Il s'était découvert capable d'approcher autrui, capable de laisser aller ses sentiments enfouis lorsqu'il n'y pensait pas trop et de ceux qu'il côtoyait quotidiennement, Digg était bien l'un des derniers à encore être de compagnie décente et civilisée. À eux deux, ils étaient comme les derniers piliers d'une construction chaotique courant à sa décrépitude. C'était un concept qui n'occupait guère son esprit, mais qui dans les faits était presque réaliste. Avec Rapier qui ne semblait plus trop savoir quoi faire de sa meute et de ses envies de guerre et tous ceux qui étaient partis ou qui étaient portés disparus, il semblait que le futur d'Alteron ne tenait qu'à un fil. Faisant fi de cette impression fugace, Oren vivait comme il avait toujours vécu: au fil des jours. Peut-être était-ce donc pour cette raison qu'il s'adressait ainsi au mâle foncé. Peut-être aussi n'y avait-il vraiment aucune raison. Il l'ignorait et ne s'intéressait guère à la réponse. Pour une fois, il se contenterait de parler, mais surtout, de se laisser parler sans contrainte personnelle.

L'autre mâle lui exposa ses idées, lui parlant de la mer, lui parlant d'un ailleurs qu'il ne connaissait pas et qui ne lui semblait pas si attirant que cela.

Citation :

Une idée ?

Le guérisseur y réfléchit, puis secoua la tête, s'expliquant:

- Je ne connais rien du monde extérieur, je n'ai donc aucune suggestion à faire.