Au plus noir de la nuit.

Oneida n’était pas bien fatiguée ce soir là. Allongée sur son lit de peaux et de fourrures, la jeune femme observait les tentures de son tipi, qu’elle avait construit de ses propres petites mains, sans l’aide d’aucun homme. De ce dernier émanait diverses odeurs, plus particulièrement celles de plantes qu’elle ramassait au jour le jour avec lesquelles elle faisait potions et remèdes. Elle se plaisait dans son travail, plus que dans quoi que ce soit d’autre. A ses pieds était allongé Dakota, profondément endormi, lui. De ses longs doigts, elle traversait le pelage moucheté de noir et de blanc de l’animal. Le chien avait commencé à prendre son poil d’hiver, le rendant tout particulièrement épais et doux.

Voyant que le sommeil ne venait toujours pas, elle prit l’initiative de se rhabiller. Elle s’enroula dans une épaisse fourrure grise et blanche et sortit tout doucement de son tipi, prenant soin de ne pas réveiller son ami à quatre pattes. Dehors, tout était calme. Pour la première fois depuis longtemps, le ciel était dégagé, laissant apparaître un duvet d’étoile, signe que le lendemain serait une journée ensoleillée. Dieu merci. Guidée par je ne sais quel chose, elle se retrouva non loin du terrain de dressage. Elle fredonnait de sa voix la plus douce et ensorceleuse.




Elle finit par s’asseoir dans l’herbe mouillée et détacha son petit ocarina de son cou –ce dernier étant relié à un cordon, tel un collier- et porta ses lèvres à ce dernier. Une douce mélodie en sortit, loin d’imaginer qu’à quelques pas d’elle, un loup l’écoutait.

La musique jouée:

Le son de l'ocarina était doux, envoutant. Ce dernier pouvait attirer la tristesse tout comme l'émerveillement. Oneida avait apprit à en jouer très jeune, seule. Il le lui avait été offert par un vieil artisan du camp qui perdit la vie quelques mois plus tard, emporté par un rude hiver. Ces musiques, ce n'était pas elle qui les inventaient, mais bel et bien son coeur. Jouer apaisait ce dernier. Au lieu de pleurer à chaque larmes, elle jouait, dégageant ainsi toute la mélancolie qu'elle ressentait. Assise dans l'herbe, les yeux clos, elle laissait sa propre mélodie la pénétrer. Un son aigue et long y mit fin.
La jolie brune soupira, cachant son instrument dans l'une de ses manches bien trop amples pour elles, recourbant ses bras autour de ses genoux. Elle fut surprise de voir de la buée s'achapper de sa bouche à chaques respirations. L'air était froid. Très froid.

Ce n'est qu'au bout d'un certain temps qu'elle se rendit compte que, non loin d'elle, quelque chose l'observait. Discretement, elle plissa les yeux et reconnu immédiatement la silhouette de ce qui semblait être un chien. La chose étonnante est qu'un chien habitué aux hommes l'aurait approché sans crainte. Dans l'obscurité, elle ne pouvait savoir qui était cet animal. Peut être un loup ? Les loups, elle en avait élevait un. Elle savait que ce n'était pas dans les moeurs de ces derniers d'attaques les hommes. Ses deux emeraudes cherchaient les prunelles de l'animal. Dans le noir, elle crut apercevoir deux prunelles rouges. Oneida ne lacha pas ce regard, se contentant de porter une nouvelle fois son ocarina à la bouche et de jouer.

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