Growing Apart

Mammifère

Il parvint à calmer ses flammes, mais pas à calmer ses interrogations. C'était compréhensible. Toute cette animosité, toute cette passion était compréhensible. C'était son détachement qu'il ne l'était pas. C'était bien la seule chose à laquelle il ne pouvait remédier.
— Mais pourquoi. Qu'est-ce qui fait que tu veux plus rester ?
— Ce n'est pas par vouloir, croyez-moi, lui dit-il d'un souffle, sans perdre son sourire, qui se teignit comme de regret. Mais il ne s'agissait pas d'un regret envers sa décision. Savoir qu'il était responsable de son énergie négative, c'était ça qui le rongeait. Il détourna l'attention.
— Vous venez de dire que vous vouliez voyager. Rien nous empêche de nous revoir, n'est-ce pas ? La promesse de retrouvailles lui semblait un choix judicieux comme formule de réconfort.

*So Feminist*

- Ce n'est pas par vouloir, croyez-moi, murmura-t-il pour la rassurer.
Mais comment voulait-il la rassure ainsi ? C'était comme s'il essayait de lui faire comprendre que ce départ était inévitable.. Mais comment pouvait-il l'être ? Pourquoi l'était-il soudainement ? S'était-il passé quelque chose ? Était-ce la mort de Zéphyr ? Elle en doutait fortement, mais après un près d'un an de cohabitation, il fallait bien qu'il se soit passé un événement pour le faire changer d'idées.
- Vous venez de dire que vous vouliez voyager. Rien nous empêche de nous revoir, n'est-ce pas ?
Maigre réconfort. Mais au moins, il essayait de lui dire qu'ils ne se perdraient pas de vu à jamais, et donc qu'il tenait encore un peu à eux, à elle.. Mais, vu la grandeur de ce monde, se retrouver serait presque impossible. Ou de trop nombreuses années se seraient écoulées, et ils auraient tous deux tracés leurs chemins de leur propre côté, et... ce n'était pas ce qu'elle désirait. Elle ne voulait pas que le Messager quitte sa vie.
Cependant, rien de ce qu'elle disait ne semblait l'ébranler dans sa résolution.
- Ta décision est déjà faite et tu changeras pas d'idée, hein ?

Mammifère

— I'm afraid so.

*So Feminist*

- I'm afraid so.
- Mais..
La protestation mourut au bout de ses lèvres. Ses oreilles s'affaissèrent sur son crâne, tristes, puis tressaillirent alors que son cerveau tournait à vive allure pour trouver quoi lui dire. Essayer de le faire rester ? Essayer de comprendre ? Lui faire promettre un point de rencontre ? Elle ne voulait pas qu'il disparaisse comme ça, que leur histoire se termine ainsi, sur une discussion après un entraînement banal. C'était si peu marquant, si peu apte à être peut-être la dernière fois qu'ils se voyaient ! Mais elle ne pouvait pas le retenir, et rien ne pouvait vraiment adoucir la séparation ou lui combler le vide qui grandissait en elle.
- I'll miss you, murmura-t-elle.

Mammifère

— Mais...
Elle se tut, alors que ses oreilles s'abaissaient. Il se recula d'un autre pas. Il ne devait pas la savoir triste. Elle allait bien. C'était tout ce qui comptait à ses yeux.
— I'll miss you.
— ..._{Ha ha ha ha ha} , il fit tout bas, secouant doucement sa tête dans un nouveau signe de négation. Il ferma ses yeux, se reculant d'un autre pas. Il hocha la tête, comme pour lui montrer qu'il entendait, et qu'il comprenait le sens de ses mots. Qu'il l'écoutait, comme il l'avait toujours fait. Et il lui tourna le dos.

Le lien qu'il avait si souvent ressenti près d'elle semblait s'être rompu. Il retrouvait le sol sous ses pattes, retrouvait la sensation de pouvoir les lever par lui-même. Il jeta un regard par-dessus son épaule, sur un sourire malicieux, à la fois comme réconfort, à la fois comme soulagement.
— Well then, see you later ! Il lança d'une voix claire, écho aux temps où il était encore messager à Alteron.

*So Feminist*

À nouveau, Guns ria tout bas, avec un air et un détachement qu'elle ne lui connaissait plus, datant d'une époque qu'elle avait presque complètement oubliée. Il ne lui répondit pas de aussitôt, se mettant plutôt en mouvement, lui tournant - définitivement - le dos. Le corps de Cal eut une impulsion vers l'avant; elle ne voulait pas le laisser.
- Well then, see you later !
Il lança par-dessus son épaule, rompant pour de bon l'attache qui les liait. La princesse cala ses oreilles contre sa nuque, balayant l'horizon du regard. Mais il s'éloignait réellement. Elle resta immobile, même après qu'il eut disparu ; un vide se créait en son intérieur, plus important que tout ce qu'elle avait connu jusqu'à présent (ou du moins, de tous ses souvenirs). Éventuellement, quand la lune entama sa descente, elle songea à ses protégés, probablement à la tanière, et à son devoir à présent principal de les protéger. Se relevant, elle chemina jusqu'à leur abris, songeant à ce qu'elle leur dirait, mais surtout, à cette nouvelle vie sans son appui.

[Fin.]