Promenades enfantine [Libre]

Vadrouillant depuis un moment entre les huttes, Taluria s’adonnait à son activité favorite : poser une tonne de questions. Les chiens adultes eurent tôt fait de prétexter quelque chose à faire pour se débarrasser de la boule de poil qui dû trouver de nouvelles victimes de sa curiosité.

Fourrant son petit museau partout au risque de se blessé, les humains durent la chasser à leur tour, redoutant un accident. Un morceau de cuir à l’abandon attira pourtant son attention, délaissé par les humais à cause d’une déchirure.

Jouant avec sa trouvaille, elle finit par se bloquer la tête dedans, la déchirure étant pile assez grosse pour qu’une partie de sa tête y passe. Paniqué de ne plus rien y voir, elle se mit à courir comme une folle, se prenant parfois les pattes dans le cuir sans pour autant pouvoir l’enlever, se cognant un peu partout.
 
-Kyyyyyaaaaaaaaaaah !!!!!!!!! Hurla-t-elle de sa petite voix aigüe.

Quelque chose la plaqua soudain au sol, lui arrachant un jappement surprit. Ce n’était pas plus grand qu’elle, certainement un autre chiot, le cuir l’empêchait cependant d’en reconnaitre l’odeur.
 
-Attends, du calme, je vais t'aider!
 
Ses petites oreilles se redressèrent sur son crane tandis qu’elle crut reconnaitre la voix de sa sœur, c’était donc elle qui allait la sauvé du méchant morceau de cuir ?
 
-Chell’, c’toi ? Demanda-t-elle d’une toute petite voix.
 

- Oui Tal, c'est moi, bouge pas ok, je vais tenir ce truc avec ma patte et quand je te le dis, tu tire ta tête de là ok?
 
-D’accord, répondit-elle simplement.

Elle était rassuré de savoir que c’était bien Chellane, Tal’ avait une totale confiance en sa sœur et ses capacités intellectuelle. L’idée semblait excellente, après tout, c’était en fourrant son museau dedans qu’elle s’était prise au piège, le mouvement inverse ne pouvait que l’en débarrasser.  Elle attendit donc le signal pour commencer à tirer sa tête du piège de cuir.
 

« Ok, vas-y! »
 
Taluria sentit la petite patte de sa sœur tâtonner avant de coincer le morceau de cuir sous sa patte, aussi commença-t-elle à tirer aussi fort qu’elle le pouvait lorsqu’elle eut le signal. La chose bloqua cependant au niveau de ses oreilles, aussi entreprit-elle de secouer la tête pour tenter d’y remédié.
 
« Kyah !!? » Piaillât-elle en tombant soudainement, trop désorienté pour savoir si elles avaient réussi ou non.

Tal’ vit sa sœur se relever et venir vers elle, soupirant d soulagement. Soupirant ? Elle était donc débarrassé du vilain-truc-marron-qui-était-méchant-alors-qu’elle-avait-joué-avec-lui, c’était super ! Chellane attrapa le truc encore accroché à une de ses oreilles, lui présentant fièrement le traitre.
 
-Youpi ! S’écria-t-elle. Ca y’est, tu m’as sauvé Chell’, t’es z’une n’héroine !
 
Bonne prononciation, où diable est tu passé ? Taluria connaissait et reconnaissait ces mots, les redire correctement était parfois une toute autre histoire. Offrant à sa sœur un superbe coup de langue (quelque peu baveux sous sa joie expansive) sur le visage en guise de remercîment, elle enchaina.
 
-Dis-dis-dis, vu qu’il a été méchant tu crois qu’il faut le punir-au-coin ? Demanda-t-elle naïvement.

Les adultes donnaient ce genre de punition à certains chiots pas sage, lorsque l’on était «puni-au-coin» on était tout seul et ne pouvait pas jouer avec les autres. Pour Tal’, si le morceau de cuir avait été méchant c’est qu’il était vivant, il fallait donc le punir. Logique implacable de chiot naïf…
 

- Ouais, il est méchant, faut le punir!
 
Approchant alors légèrement la tête du traitre (pas trop pour éviter qu’il ne l’attaque à nouveau) afin de le regarder bien en face comme le faisait leur maman, elle lâcha de sa petite voix aiguë qui se voulait sévère.
 
-C’est très pas bien d’attaquer ceux ils ont joué avec toi, le réprimanda-t-elle. Pour la peine tu es puni-au-coin !
 
Prenant délicatement le morceau de cuir entre ses petits crocs (c’est pas parce qu’il est méchant qu’il faut lui faire mal quand même), elle déposa le fameux puni dans un angle formé par quelques installations humaines avant de le regarder sévèrement.
 
-Et puis t’y bouge plus de puni-au-coin, sinon avec Chell’ on te puni encore plus, et elle est forte Chell’ alors attention ! Pas vrai Chell’ ?
 

- Ouais, si t'es pas gentil, ça va aller mal!
 
Sa tâche achevée, elle constata avec satisfaction que le morceau de cuir lui obéissait et n’avait pas bougé, aussi rejoignit-elle sa sœur toute contente. Suivant Chellane, Tal’ oublia quasi-instantanément le cuir de plus tôt, la tête déjà ailleurs.
 
- Alors, tu veux faire quoi maintenant qu'il est puni celui-là?
 
-Heu … fit-elle pensive.

Elle réfléchit quelques secondes à une nouvelle occupation, jetant quelques coups d’œil autour pour voir ce qui pourrait être intéressant. Mais en fait, tout lui semblait incroyable.
 
-Humm, on joue aux z’exploratrices ?

Toute excitée à l’idée d’un nouveau jeu, Taluria ne vit pas l’autre chiot s’approcher d’elles et sursauta en s’apercevant enfin de sa présence un peu plus loin. Entre les petits crocs du mâle aux yeux améthyste pendait le vilain morceau de cuir. Pourquoi l’avait-il dépuni de « au coin » ?
 
« Ch'peux ch'ouer ? » 

« J'ai pas d'objection...si tu m'dis ton nom! »
 
Mot magique parmi les mots magiques. Jouer. L’un des mots préférés de Tal’ dont la queue se mit à s’agiter de joie tandis que ses petits yeux se remplissaient de malice, oubliant quasi-instantanément le vilain morceau de cuir.
 
-Oui, un nom et on joue ! S’écria-t-elle aux anges. ♪Moi c’est Taluria. ♪

- Tanvir ! Fils du chef Cyrus et de Cadence !
 
Après une présentation d’où transparaissait une grande fierté de ses origines, le petit mâle envoya d’un coup de tête le morceau de cuir aux pattes de Chellane avant d’un saisir une partie pour un jeu de force.
 
- Tu tires ? Ch’elui qui perd à un gage ! .. Ah, et c’est quoi ton nom ?
 
Chell’ rit de ce jeu typiquement masculin, Tal’ ne put s’empêcher de pencher une oreille déconcerté de côté. Les garçons étaient décidément bien étrange à toujours vouloir être le plus fort et  le montrer.
 
- J'm'appelle Chellane.
 
Le regard qu’il lui adressa lui signifiait que son tour de jouer viendrait juste après puis, ils se mirent à tirer. Tal’ en profita pour voir comment qu’ils s’y prenaient tandis qu’elle encourageait sa sœur.
 
-Aller Chell’, tu vas gagner!