Long time no see

*So Feminist*

Prio' Blade [Phoenix]
[ Fin de l'hiver, An 4 ]

Son ombre s'étalait à ses pattes, prolongée bien au-delà de sa longueur réelle par le soleil qui déclinait à l'horizon. Dans l'atmosphère orangée conférée par le crépuscule, l'air était lourd, pesant d'une longue journée brûlante. N'ayant plus un corps aussi habitué qu'avant aux températures extrêmes du désert, après être restée dans le confortable climat de la jungle, elle avait préféré voyager de la tombée de la nuit jusqu'à l'aube, se reposant à l'abris des rares rochers durant les heures les plus chaudes. Cette fois par contre, elle était partie très peu de temps après que le soleil eut commencé sa descente, soit dans l'après-midi, car si ses souvenirs étaient bon (et ils l'étaient), le campement ne se trouvait plus si loin. Elle avait donc voulu avalé le plus de distance avant que la nuit n'arrive, pressée de revoir son père. Mais n'étant pas protégée par l'obscurité totale, elle se devait de rester prudente, particulièrement puisqu'elle se rapprochait de l'Oasis.

Le renflement au loin devint éventuellement moins vague et pris la forme d'une grande barrière rocheuse; la Muraille. Il lui fallut encore marcher un moment avant d'arriver à sa base, mais sitôt qu'elle avait été assez près pour apercevoir avec plus de distinction chaque plante, sa fatigue s'était envolée et elle s'était mise à courir, puis à grimper vigoureusement les sentiers creusés dans le roc. Malgré l'année qui s'était écoulée, rien n'avait changé. C'était un constat qui certes la rassurait, puisqu'elle revenait dans ce lieu familier, mais qui lui pesait aussi. Finalement, au bout de nombreux jours d'errance, elle ne fut plus seule : une sentinelle vint l'accoster, et ils échangèrent tout deux des retrouvailles plutôt enjouée, avant que Cal ne lui demande d'aller prévenir son père. Préférant rester en périphérie tant qu'elle ne lui avait pas parlé, la louvarde alla se poster dans un coin et attendit, le coeur battant la chamade un peu plus qu'elle ne l'aurait avoué.

La contemplatrice d'étoiles

Blade se reposait sur une large pierre, la tête calée entre ses puissantes pattes et le regard vague, songeant à la façon dont il pourrait reconquérir son honneur si rien ne se décidait à bouger dans ce maudit désert. Désert, ou on le maintiendrait jusqu’à ce que mort s'en suive, tant que sa mère ne serait pas satisfaite de ses services. Et à l'allure déplorable ou allaient les choses, il sentait que son heure de gloire n'était pas prête d'arriver... C'était encore une journée passée inutilement, pendant que Shank pouvait jouir des faveurs de la Reine à sa place. Comme tous les soirs, la nuit tombait lentement sur le désert, laissant apparaitre la forme ronde et chatoyante du soleil couchant. Un son, ou plutôt un bruit de pas, éveilla l'attention du mâle brun. L'une de ses sentinelles apparut, respectant le silence qui régnait dans les lieux.

- Sire, votre fille demande à vous voir.

- Ma fille ?
Blade la chercha brièvement du regard.

- Oui, elle vous attend la bas.
Le Prince hocha la tête et se mit en marche sans un mot. En voyant ce loup arriver, il avait un instant pensé qu'il se passait quelque chose chez les Blackboods, mais il n'était pas trop déçu: Revoir sa fille lui plaisait tout autant. Cela faisait au moins un an qu'il n'avait pas eu de ses nouvelles. Sa visite ne pouvait que le rendre heureux, lui qui ne voyait presque plus sa famille. Et il reconnut son odeur avant même de poser les yeux sur elle. D'un pas énergique, le Prince s'approcha et lui offrit un sourire paternel.

- Cal... Je suis bien content de te revoir. Comment vas tu ?

*So Feminist*

Peut-être avait-elle mal jugé sa fatigue, car à peine le garde s'était-il éloigné que sa tête dodelinait doucement et que ses paupières s'abaissaient. Elle ne resta pas bien longtemps dans cette position, puisque Blade n'était pas à des lieues de distance mais à quelques mètres seulement, mais déjà son esprit s'était mis à errer aux frontières de la réalité. Elle ne se rendit donc pas tout de suite compte de la silhouette qui se dirigeait vers elle, ne finissant que capter, un moment plus tard, une massive forme sombre éclairé d'un sourire blanc, contraste sur le fond morne qui lui fit subitement relevé la tête.
- Cal... Je suis bien content de te revoir. Comment vas tu ?
Devant elle se tenait son père. Encore plus puissant que dans son souvenir, il avait définitivement adopté sa carrure d'adulte, en dépit des privations du désert. Elle-même ayant atteint sa maturité physique, elle fut surprise de constater qu'elle n'avait plus qu'à légèrement lever les yeux pour croiser les siens, plutôt que de tendre le cou comme elle le faisait alors qu'elle n'était qu'une loupiotte. Un serrement lui pris au coeur à cette pensée, comme elle se rappela à quel point il s'en était passé des choses, durant l'année écoulée, et que Blade n'avait pas pu en être témoin.
- Papa.
Elle le regarda encore un peu, esquissant les débuts d'un vague sourire, puis s'avança vers lui et vint se loger tout simplement contre son poitrail, le museau enfouit sous son menton. Leur famille n'avait jamais été très friande d'affection, à moins que les chamailleries entre frères et soeur puissent rentrer dans cette catégorie. Les caresses, les mots doux, cela n'avait pas été pour eux (bien qu'elle avait été plus chanceuse que par exemple Malheur, bénéficiant à la fois de l'affection de Brushfire et Désastre). Elle n'avait donc pas passé son enfance à câliner son père, mais restait assez proche de lui pour lui manifester de temps à autre ce genre de manifestations. De toute façon, elle n'y pouvait pratiquement rien : il avait été instinctif d'aller vers lui, de retrouver cette aura paternelle, protectrice, qui lui avait tant manquée.
- Je vais bien, fit-elle en prenant une lente inspiration, les yeux fermés. Astre et Heur aussi.
Ce qui n'était qu'une demi-vérité, puisque la santé de Malheur devenait de plus en plus précaire. Mais elle ne voulut pas l'en alarmer... Ou bien le voir indifférent. Elle chassa cette idée de sa pensée, ne voulant pas la reconnaître.
- Et toi ?

La contemplatrice d'étoiles

- Papa.
Elle lui sourit vaguement, puis, au lieu de parler, préféra s'exprimer par un simple geste. Blade la laissa venir contre son poitrail sans bouger, se laissant aller à ce contact pour le moins rarissime. Dans leur famille, l’affection n'était pas le maître mot et il devait profiter de sa présence tant qu'elle était avec lui. Il comprenait par ce geste, qu'il lui avait manqué. Et c'était réciproque. Vivre dans ce désert le coupait cruellement de toute sa famille, et constater que l'une de ses enfants avait fait tout ce chemin pour venir le voir lui faisait chaud au cœur. Pendant qu'elle se pressait contre lui, Blade ne dit rien et apprécia le silence paisible les entourait. Il ferma même les yeux en l’espace d'un court instant.

- Je vais bien. Astre et Heur aussi.
Il ne répondit rien. Le simple fait de savoir ses fils en vie lui suffisait.

- Et toi ?

Blade recula doucement, mettant fin à leur étreinte. Il la regarda durant quelques instants et constata à quel point elle était épuisée. Son voyage avait du être long, et la nourriture se faisait rare dans le désert. Au lieu de lui répondre, le mâle brun se retourna et lui fit signe de le suivre.

- Viens.
Désirant accueillir sa fille comme il convenait, Blade la mena jusqu’à l'un des rares morceaux de gibier qu'on lui apportait. Il l'attrapa entre ses crocs, se retourna et alla s'assoir sur une pierre lisse. Le Prince déposa la proie aux pattes de sa fille et lui dit tout simplement:

- Tiens, mange ça.

*So Feminist*

Son père, qui avait accepté de bon gré leur accolade, s'était légèrement décalé lorsqu'elle lui avait retourné la question. Immobile, elle le laissa s'éloigner, sachant qu'il serait mal perçut qu'elle cherche à prolonger l'étreinte. Cal releva donc le buste et l'observa avec une semi-curiosité, mais son père se détourna.
- Viens.
Il refusait donc de répondre à la question, pour le moment. Sans faire d'histoire, elle le suivit docilement jusqu'à l'endroit où, si ses souvenirs étaient bons, les proies étaient gardées. Elle en eut la confirmation lorsque Blade revint vers elle, avec ce qui semblait être les restes sanguinolent d'un lièvre.
- Tiens, mange ça, fit-il en le déposant à ses pieds.
- Merci.
Elle pencha la tête, reniflant le cadavre ; pas trop frais, mais elle avait déjà mangé pire. Les conditions de vie au désert s'étaient-elles améliorées, ou n'était-ce qu'un fruit du hasard ? Dans tous les cas, elle ne ferait pas la fine gueule. Son dernier repas ne datait pas de si longtemps, puisqu'avec ses talents, elle avait plutôt était capable de maintenir un train d'alimentation acceptable, mais il y avait quelque dans ce "revenir chez soi, être accueillie par son père et se faire offrir un repas" qui l'amena à déchirer une partie de la viande pour l'avaler avec satisfaction. Elle prit le temps de le mastiquer et l'avaler avant de relever le regard et fixer son père, un léger sourire aux lèvres.
- Mais tu sais, je suis plus débrouillarde qu'avant. J'espère même pouvoir être maîtresses chasseuse au printemps, si la Reine le veut bien, lui confia-t-elle.
C'était après tout ses ambitions du moment, ou plutôt depuis qu'elle avait commencé à s’entraîner avec plus de rigueur. Considérant qu'elle commandait déjà aux subordonnés, grâce à son rang, elle se doutait donc que ce rang lui viendrait naturellement lorsqu'elle aura les techniques nécessaires pour l'appliquer.
- Et je remarque que t'as esquivé ma question.

La contemplatrice d'étoiles

- Merci.

Blade la regarda manger sans dire un mot, mécontent de n'avoir que ce maigre morceau de viande à lui offrir. Mais il fallait l'accepter: le temps de gloire était passé. Pas pour toujours néanmoins, car le vent allait tourner. Ce n'était qu'une question de temps. Après avoir mastiqué la viande avec application, Calamité releva la tête et lui dit un souriant:

- Mais tu sais, je suis plus débrouillarde qu'avant. J'espère même pouvoir être maîtresses chasseuse au printemps, si la Reine le veut bien.
Le Prince répondit par un sourire satisfait, heureux de voir que sa fille avait des ambitions et qu'elle ne se laissait pas mener bêtement par la vie.

- Et je remarque que t'as esquivé ma question.
Il grimaça.

- Oui, mais si ça t’intéresse tant je peux y répondre.
Le mâle brun se redressa.

- Les choses vont mal pour moi.

*So Feminist*

Le sourire qu'avait affiché son père à l'entente de ses ambitions s'était rapidement mué en grimace lorsqu'elle lui avait rappelé ses interrogations.
- Oui, mais si ça t’intéresse tant je peux y répondre.
Les choses étaient-elle si graves qu'il acceptait de lui en parler, ou était-ce simplement parce qu'il la trouvait dorénavant assez mature pour entendre la vérité ? C'était peut-être un mélange des deux, mais elle opta surtout pour la première vision.
- Les choses vont mal pour moi, dit-il tout simplement.
La louvarde dressa les oreilles.
- Comment ça ?
Elle se doutait (et espérait) que c'était à cause de son exil et de la venue de Shank, mais cela ne l'empêchait pas de redouter le pire. Cela faisait après tout près d'un an qu'elle n'avait pas vu son père.. Ce pouvait-il que cette absence ait entraîné chez lui un sombre état d'âme ?

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Calamité semblait inquiète par la réponse de son père. Elle dressa les oreilles avant de lui demander des détails.

- Comment ça ?

Le mâle brun soupira de lassitude. Il n'avait ni envie d'en parler, ni de se mettre en colère à ce sujet. Tout ce qu'il désirait, c'était passer ce moment avec sa fille et oublier ses tracas quotidiens. Mais elle voulait savoir, et elle en avait le droit. Calamité était désormais assez grande et assez mure pour comprendre les difficultés qui planaient au dessus de lui. D'une voix tout d'abord calme, il commença par expliquer.

- Vivre ici tout en étant destitué de mes privilèges n'est pas une chose facile... Et plus le temps passe, moins j'ai l'espoir de voir ma situation s'arranger. Il ne se passe rien qui puisse m'aider à remonter la pente. Rien. Surveiller les Blackbloods me donne le sentiment d'être un pion inutile, pendant que Shank... Il grogna en retroussant son museau. La simple pensée de ce bon à rien le mettait hors de lui.
- Pendant que cet abrutit peut faire ses preuves à Alteron... Comment montrer ma supériorité à la Reine si je croupis dans ce désert ?!

*So Feminist*

Au soupir de son père, ses oreilles tiquèrent légèrement vers l'arrière, alors que ses babines eurent le spasme d'un sourire désolé. Elle s'en voulait de devoir lui rappeler tout ça, mais.. c'était son père ! De qui donc pouvait-elle autant se soucier, hormis Désastre ? Et, à amour égal, elle restait beaucoup plus inquiète face à la situation de son père.
- Vivre ici tout en étant destitué de mes privilèges n'est pas une chose facile... Et plus le temps passe, moins j'ai l'espoir de voir ma situation s'arranger. Il ne se passe rien qui puisse m'aider à remonter la pente. Rien. Surveiller les Blackbloods me donne le sentiment d'être un pion inutile, pendant que Shank...
Elle l'avait écouté avec attention, mes ses oreilles se planquèrent automatiquement à la mention de Shank. Elle savait ce qui allait en suivre, et le redoutait.
- Pendant que cet abrutit peut faire ses preuves à Alteron... Comment montrer ma supériorité à la Reine si je croupis dans ce désert ?!
Les derniers mots avaient été crachés avec hargne, comme le tempérament bouillant de Blade ressortait. Blessée par ses propos, d'une façon qu'elle n'aurait pu décrire, Calamité leva un regard plissé par la tristesse vers lui. Que pouvait-elle répondre à ça ? Qu'elle trouvait cette quête du pouvoir, voir de l'approbation maternelle, presque malsaine ? Elle-même n'était pas mieux. "N'avait été mieux". À présent que la déclaration de guerre l'avait refroidit dans sa loyauté, elle y voyait un peu plus clair. Sauf qu'elle ne pouvait absolument pas transmettre ce point de vue à son père. Elle soupira donc brièvement, à son tour, et choisit une approche détournée :
- T'as pas tellement à t'en faire, tu sais. T'as beau avoir été absent, Shank a beau être "l'héritier", rien n'a vraiment changé. Je serais étonnée que Rapier le considère réellement comme apte à diriger sa meute.
Ce n'était que son opinion, certes très biaisée puisqu'elle-même avait des ambitions, mais elle ne voyait décidément pas une brillante stratège comme sa grand-mère choisir logiquement Shank. Mais là-dessus, il était vrai qu'elle avait une piètre vision de lui.
- Tout ce qu'il te faut, c'est regagner l'estime que t'as perdu. J'crois que t'en auras bientôt la chance ; la rumeur court qu'après les Oerbas, ce sont les Blackblood qu'on ira combattre, confia-t-elle sur un ton légèrement plus bas.
Elle jeta un regard aux alentours, presque découragée.
- Ça va enfin servir à quelque chose..

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Blade détourna les yeux d'elle, n'éprouvant qu'agacement en la voyant lui faire ce regard. C'était des yeux si peinés qu'elle avait prit, mais pas forcement de sa situation. Plutôt de lui, comme il le percevait. Décevoir sa fille était bien la dernière chose qu'il espérait, mais il fallait qu'elle comprenne que comme elle et ses frères, le pouvoir était une partie de sa vie. Calamité souffla doucement, récupérant l'attention de Blade qui riva de nouveau son regard glacé sur elle.

- T'as pas tellement à t'en faire, tu sais. T'as beau avoir été absent, Shank a beau être "l'héritier", rien n'a vraiment changé. Je serais étonnée que Rapier le considère réellement comme apte à diriger sa meute.

Il fit une moue dubitative. Son demi-frère n'avait peut être pas l'intelligence requise pour diriger une meute, mais il avait la force. Cependant, le Prince se considérait comme assez brillant dans les deux domaines pour que sa mère le préfère à Shank. Tout ce qui lui manquait, c'était une chance de faire ses preuves. Sa fille par ces mots, confirma sa pensée.

- Tout ce qu'il te faut, c'est regagner l'estime que t'as perdu. J'crois que t'en auras bientôt la chance ; la rumeur court qu'après les Oerbas, ce sont les Blackblood qu'on ira combattre, finit elle par dire sur un ton nettement plus bas. Soudain, Blade sentit une rafale d'énergie et d’excitation le bousculer. Un combat contre les Blackblood, c'était tout ce dont il avait besoin. Elle avait à peine finit de lui apprendre ceci qu'il avait déjà hâte de s'y trouver. C'était sa chance.
- Ça va enfin servir à quelque chose...
Il fit basculer sa queue contre sa hanche, partant dans un discours enjoué.

- Un combat hein ? C'est parfait... Mais cette fois, je n'aurais pas le droit à l'erreur. Ma conduite devra être irréprochable. Oui... Un sourire amusé se forma sur ses lèvres. Je vais l'écraser, Shank. Il repartira la queue entre les pattes. Je t'assures que je vais reprendre ce qui m'appartient à cet abrutit. Le Prince posa ses yeux gris sur Calamité, sortant de son monologue pour lui promettre:
- Et si ça arrive, tu en profiteras également Cal'.

*So Feminist*

Son père avait capté sa déception. Elle l'avait perçut, l'avait vu lorsqu'il avait détourné son regard. Mais elle ne dit rien de plus que lui assurer que son titre n'était pas en si grand péril ; le reste, il l'avait deviné par lui-même. De toute façon, Blade se laissa bientôt envahir par une autre émotion, la fièvre de la victoire, ou de l'ambition implacable. Son discours lui avait redonné vigueur, et en en un sens, c'était beaucoup mieux que de le voir si las et désespéré. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de le regarder avec un poids sur l'âme, comme il s'emportait avec entrain :
- Un combat hein ? C'est parfait... Mais cette fois, je n'aurais pas le droit à l'erreur. Ma conduite devra être irréprochable. Oui...
Il souriait alors, chose qu'elle ne l'avait pas vu faire depuis longtemps (ou plutôt, chose qu'elle soupçonnait qu'il n'avait pas fait depuis longtemps), le regard lointain comme s'il envisageait déjà son triomphe.
- Je vais l'écraser, Shank. Il repartira la queue entre les pattes. Je t'assures que je vais reprendre ce qui m'appartient à cet abrutit.
Elle ne dit toujours rien, sa moue toujours un brin déçue parlant à sa place. Oh certes, elle-même ne portait pas Shank dans son coeur. Loin de là. Et nombreuses étaient les situations où elle l'aurait volontiers remis à sa place. Toutefois, détester quelqu'un dans le feu de l'action, et regarder quelqu'un se faire consumer par cette même rage, c'était deux choses différentes. En l’occurrence, Shank était bien le cadet de ses soucis, elle qui n'aspirait qu'à être heureuse.
- Et si ça arrive, tu en profiteras également Cal', ajouta alors Blade, comme pour l'inclure dans ses projets.
Doucement, elle secoua la tête. Que pouvait-elle répondre ? "Je peux prendre soin de moi-même" ? Elle ne pouvait pas le rejeter ainsi. Pourtant, c'était vrai : elle ne voulait pas d'une victoire menée par de mauvaises ambitions, peu importe à quel point elle aimait son père.
- Tout ce que je veux, c'est qu'on soit tous heureux et en paix, fit-elle doucement.
Elle avait troqué son air inquiet pour un doux sourire, tentant de ne point alerter son père. Puis, comme c'était un peu dans sa nature, elle força un plus grand sourire à venir poindre et ajouta en plaisanterie :
- Mais quelques nouveaux avantages pourraient être appréciés, ça c'est sûr ! Genre, de la nourriture, ou des femelles..

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- Tout ce que je veux, c'est qu'on soit tous heureux et en paix.

Il émit un petit rire en s’imaginant ça. Être tous heureux et en paix... Il s'agirait d'un monde idyllique ou personne ne serait insatisfait de son existence. C'était bien beau en effet, mais complétement irréalisable, surtout à Alteron. Les cœurs des loups de cette meute comme partout ailleurs, étaient bien trop corruptibles et avides de pouvoir. Blade en faisait partie, et il ne le niait pas. Elle avait du courage, il fallait l'avouer, pour encore espérer ça.

- Mais quelques nouveaux avantages pourraient être appréciés, ça c'est sûr ! Genre, de la nourriture, ou des femelles..

Il pointa des oreilles intriguées, étonnées, d'avoir entendu ces mots. Femelles ? Il cligna des yeux. Elle avait bien dit "des femelles". C'était étrange, mais certainement dit pour plaisanter. Comme il avait du mal à comprendre, Blade entra simplement dans le jeu.

- Ha-ha, oui, des femelles... Tu es sûre de ton choix Cal' ? Parce que si je te donne ton harem, tu devras les garder ! Il rit doucement avant de calmer le ton de sa voix.
- Non sérieusement Cal', qu'est-ce que tu aimerais avoir ?

*So Feminist*

- Ha-ha, oui, des femelles...
Son ton était porté par l'entrain, mais Cal y distinguait une touche forcée et de la surprise. Elle dressa légèrement les oreilles, intriguée à son tour. Puis-- elle les retourna vers l'arrière. Ah, elle ne l'avait donc jamais réellement dit à son père, alors. En même temps, quand elle était jeune, elle ne s'était point posé de questions à ce sujet : pour elle, c'était tout naturel d'être portée vers le femelles, alors elle n'en fera pas une grosse histoire. Néanmoins, elle avait sciemment camouflé l'existence de Belmont à son père, et ça elle en avait conscience..
- Tu es sûre de ton choix Cal' ? Parce que si je te donne ton harem, tu devras les garder !
Ses lèvres se plissèrent dans une discrète moue.
- Non sérieusement Cal', qu'est-ce que tu aimerais avoir ?
Elle soupira légèrement, ayant conscience que son père n'accordait pas autant d'importance à ses dires qu'elle ne le désirait.
- Sérieusement, alors, je souhaite seulement qu'on puisse devenir une meute plus unie. J'ai bien hâte qu'on puisse retourner tous ensemble dans la meute. Et qu'on oublie ces idées de conquêtes.
Elle détourna légèrement la tête, ayant conscience d'être probablement trop idéaliste aux yeux de son père. Et pourtant, selon elle, il était très bien possible de garder leur système monarchique tout en délaissant le côté sanguinaire.
- Mais sinon, gravir les échelons ce serait pas mal.
Elle haussa les épaules. Puis, elle laissa un sourire venir fleurir ses traits.
- Le harem, tu sais que je suis capable de me le faire par moi-même, hein ?
Elle plissa légèrements les yeux, malicieuse.
- Et je suis sérieuse. J'en veux vraiment un.

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Blade fut étonné par ce soupir, ne comprenant pas pourquoi sa fille répondait ainsi à son humour. Quelque chose la perturbait, mais il ne voyait absolument pas quoi.

- Sérieusement, alors, je souhaite seulement qu'on puisse devenir une meute plus unie. J'ai bien hâte qu'on puisse retourner tous ensemble dans la meute. Et qu'on oublie ces idées de conquêtes.

Le mâle brun se contenta d'un regard vaguement entendu. Il préférait ne rien lui répondre: ou plutôt, ne rien lui promettre. Que la meute soit plus unie était déjà assez improbable pour que le reste, à savoir surtout, oublier ses idées de conquêtes, soit possible. Il ne comptait pas laisser Alteron devenir une meute faible et auto-suffisante. Ils leur fallait plus. Le Prince ne voulait pas décevoir sa fille, mais s'en était ainsi. Il fallait qu'elle comprenne que tous ces désirs n'étaient malheureusement pas réalisables.

- Mais sinon, gravir les échelons ce serait pas mal.
Il lui adressa un sourire complice. Ça par contre, c'était une chose qu'il pouvait lui promettre sans problèmes... Le Prince envisageait même de la prendre comme bêta si l'occasion se présentait. Calamité avait déjà toute la confiance et la maturité dont un second avait besoin.

- Le harem, tu sais que je suis capable de me le faire par moi-même, hein ?
Calamité plissa légèrement les yeux, malicieuse.
- Et je suis sérieuse. J'en veux vraiment un.

Blade acquiesça avant de répondre d'un ton posé.

- Je n'ai pas de doutes la dessus, tu es suffisamment débrouillarde pour y parvenir seule. Néanmoins... C'est vraiment un harem de femelles que tu veux ...?

*So Feminist*

Lentement, elle sentit l'attitude se transformer un peu, devenir plus sérieux. Ou en fait, elle sentit que la pointe d'humour surprise qu'il manifestait depuis un bon moment déjà s'effacer. Peut-être percevait-il ainsi autre chose dans ses dires que de vaines plaisanteries ? Elle l'espérait un peu, rendue incertaine par ces sous-entendus.
- Je n'ai pas de doutes la dessus, tu es suffisamment débrouillarde pour y parvenir seule.
Il parlait avec une attention retrouvée, mesurant peut-être ses paroles. Elle garda ses oreilles furtivement dressée, attendant la suite.
- Néanmoins... C'est vraiment un harem de femelles que tu veux ...?
Alors, les y voilà. Le moment où elle confirmerait tout. Doucement, elle hocha de la tête. Ce n'était pas tant qu'elle avait toujours craint de lui révéler la vérité. Elle avait toujours été sûre de son orientation sexuelle, et sûre aussi de l'amour de son père. Mais il était vrai que le moment possédait une pointe d'angoisse. C'était une chose de considérer quelque chose de naturel depuis sa tendre enfance, de s'être assumée, et de se croire prête à le dévoiler à tous. C'en était une autre de se retrouver face à ce moment, balançant sur un fil, oscillant entre vérité et mensonge, sécurité ou aller de l'avant. Elle n'avait jamais (réellement) menti. Elle ne le ferait pas maintenant. Ces mots devaient sortir, et ils sortiraient, toutefois son coeur s'était mis à battre plus fort, son regard papillonnait vers le sol. Elle avait hocher de la tête, elle avait confirmé ses dires. Mais il restait quelque chose, quelque chose de plus gros, qu'elle tenait à lui confier.
- On dirait que.. que tu m'as montré l'exemple sur pas mal de trucs.
Elle sourit rapidement, le visage encore un peu détourné. La phrase était à moitié vraie, considérant leur vue bien différente sur le pouvoir, mais il n'en demeurait que père et fille se ressemblaient beaucoup. Et qu'il était son plus grand héros. Elle souffla doucement, et poursuivit :
- Il y avait cette loupiotte, quand j'étais petite.. C'était au premier automne qu'on a passé ici, un jour où je m'emmerdais, je suis tombée dessus, on a un peu joué.. Et, ben, j'étais encore jeune, mais.. Elle m'a marquée, et au fil du temps, j'ai compris pourquoi.
Revenant dans le présent, elle ajouta avec un sourire quelque peu forcé :
- C'est pas la première femelle que j'ai remarqué, ni la dernière, hein. Ça a toujours été comme ça.
Elle prit une légère pause, voulant s'assurer qu'il saisisse bien que ce n'était pas qu'une exception, puis se laissa rattraper par ses souvenirs.
- Je.. je l'ai revu en venant ici. Malgré les saisons, je n'ai jamais vraiment douté de l'avoir aimé. Mais ça m'a quand même fait un choc, de la revoir. Et, eum..
Calamité voulu ajouter quelque chose mais se reprit.
- En gros, c'est ça.

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Calamité hocha doucement la tête, confirmant les doutes de son père qui la regardait à présent sans la moindre expression. Il n'était pas choqué, ni dévasté, seulement surpris. Il ne voulait pas lui donner la fausse impression d'avoir honte d'elle, qui avait eut le courage de lui avouer. Aussi, il essaya de rendre les choses plus faciles, se contentant de la regarder attentivement.

- On dirait que.. que tu m'as montré l'exemple sur pas mal de trucs.
Elle accompagna ces mots d'un rapide sourire, le visage encore penché, prouvant la gène qu'elle éprouvait en ce moment.

- Il y avait cette loupiotte, quand j'étais petite.. C'était au premier automne qu'on a passé ici, un jour où je m'emmerdais, je suis tombée dessus, on a un peu joué.. Et, ben, j'étais encore jeune, mais.. Elle m'a marquée, et au fil du temps, j'ai compris pourquoi.
Il hocha la tête. Cette attirance remontait donc à l'enfance... Calamité n'avait pas évolué jusqu’à devenir ainsi, elle était née comme ça. Blade l'acceptait complétement, il avait seulement du mal à réagir, par peur d'être mal interprété. Souriante elle ajouta.

- C'est pas la première femelle que j'ai remarqué, ni la dernière, hein. Ça a toujours été comme ça.
Elle marqua une pause durant laquelle il n'ajouta rien. Avant de parler, il voulait se laisser le temps, et entendre ce qu'elle avait d'autre à lui dire, se doutant que les explications de sa fille n'étaient pas encore terminées.

- Je.. je l'ai revu en venant ici. Malgré les saisons, je n'ai jamais vraiment douté de l'avoir aimé. Mais ça m'a quand même fait un choc, de la revoir. Et, eum... En gros, c'est ça.

Blade lui sourit, et sans finalement chercher ses mots, il répondit:

- Je vois. Sache que je n'ai aucun problème avec ça Cal'.
Il réfléchit en levant les yeux, ajoutant:

- C'est juste dommage pour une chose: Tu ne pourras donc pas avoir de descendance.

*So Feminist*

Elle attendait, la queue tressaillant parfois, la réponse de son père. Bien qu'elle avait toujours assumée cet état et s'était toujours sentie prête à lui dire, le moment arrivé la voyait tout de même angoissée. Surtout qu'il y avait ce pincement, ce "Elle s'appelle Belmont, et c'est une Blackblood", qu'elle avait tenter de dire, sans y parvenir.
- Je vois. Sache que je n'ai aucun problème avec ça Cal', avait-il finalement dit.
Un sourire était sur ses lèvres ; elle le lui retourna, doucement, sentant un certain poids s'enlever de ses épaules. L'étau qui lui enserrait le coeur depuis quelques minutes disparu en grande partie, la laissant plus détendue. Elle s'assit sur le sol, alors que son père regardait le ciel, comme réfléchissant.
- C'est juste dommage pour une chose: Tu ne pourras donc pas avoir de descendance.
La justesse de ses paroles la surprit un peu, puisque c'était bien l'un des problèmes auxquels elle aurait à faire face. Mais c'était aussi, peut-être, une préoccupation qui n'occupait seulement son père. Désirait-elle réellement avoir des enfants ? Elle l'ignorait. Était-ce seulement à cause qu'elle était jeune ? Qu'elle était lesbienne ? Mais préférer les femelles jouait-il un rôle dans ce désir de descendances, ou c'étaient deux choses différentes ? Elle ne savait pas si elle possédait vraiment cet instinct maternel, cette envie de veilleur sur de jeunes êtres alors qu'elle-même n'était qu'une gamine. Et il y avait aussi que, au final, ce désir de procréer, n'était-ce pas ce que désirait son père, ce que désirait sa grand-mère, comme moyen de transmettre leurs gènes et dominer ? Désir qu'elle ne partageait pas ?
- Eh bien, je.. verrai en temps et lieux, souffla-t-elle, incertaine.
Elle avait déjà songer à quelques solutions, advenant qu'elle désire avoir des loupiots, mais ignorait si elle en serait capable. Pourrait-elle laisser un mâle la saillir dans le simple but d'avoir une descendance ? L'idée la rendait inconfortable.
- De toute façon, notre lignée ne s'éteindra pas, Astre sera parfaitement apte à la renforcer, ajouta-t-elle en omettant volontairement (mais avec un pincement au coeur) Malheur.

La contemplatrice d'étoiles

- Eh bien, je.. verrai en temps et lieux. Souffla Calamité, incertaine.
Il fronça légèrement les sourcils, déduisant de cette réponse qu'elle n'y avait pas vraiment réfléchit. Pour elle, ce n'était peut être qu'un détail, mais pour lui c'était important. La famille royale devait se perpétuer. Mais les choses n'étaient pas pressées. Elle avait encore le temps d'y réfléchir, et de comprendre l’importance qu'avait une descendance.

- - De toute façon, notre lignée ne s'éteindra pas, Astre sera parfaitement apte à la renforcer.

- Oui... Murmura Blade, peu convaincu par cet argument. Désastre n'était pas mauvais, mais il lui avait toujours parut un peu "bêta". C'était un défaut handicapant si la tâche de perpétuer la lignée royale lui revenait entièrement. Calamité lui paraissait être la meilleure à ce rôle, mais il ne voulait rien lui imposer. Elle verrait en temps voulut, comme elle disait.

- Enfin, n'en parlons plus. Tu as bien le temps d'y réfléchir.

*So Feminist*

- Oui...
Son ton, qui semblait loin d'être convaincu, fit légèrement fléchir les oreilles de la femelle. Elle considérait son frère comme parfait, peut-être un peu simplet, mais il restait l'être qu'elle aimait le plus. En plus, il possédait un physique particulièrement puissant, malgré sa "petite" taille. Cependant, elle n'allait pas argumenter avec son père à ce sujet.
- Enfin, n'en parlons plus. Tu as bien le temps d'y réfléchir.
Elle hocha la tête, murmurant à son tour un "oui" avec un sourire en coin. Puis, retrouvant plus d'entrain (et l'estomac rassasier par la proie qu'elle avait réussit à finir entre deux paroles), Calamité se releva et lança à son père :
- Alors, tu me montre ce qui a changé depuis ma dernière visite ?

[ On termine ? =O ]

La contemplatrice d'étoiles

Oui, merci d'avoir RP avec moi Affy =)

*Much Concern*

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