Moment d'insouciance (prio' Fleur)

Étendue à l’ombre d’un gros rocher Lorek somnolait, assommé par la chaleur ambiante, profitant du relatif calme de cette journée. La plupart des membres du clan semblaient faire de même à part certain dont la fonction ne semblait permettre la détente à un moment pareil. Lui-même ne devait ce moment de vacuité qu'au fait de s’être réveillé tôt pour assumer ses fonctions et pouvoir s'entrainer sans trop subir la chaleur étouffante de la savane, même si cela représentait déjà une température relativement haute comparé à d’autres territoires.
Les meilleurs exemples de cette activité non-volontaire étaient certainement les mères devant veiller sur leurs petits, ces derniers étaient généralement des plus actif durant ce moment de la journée, ce qui constituait le malheur et l’incompréhension des adultes contraint de supporter les jeux sans fin des petits. De là où il se trouvait il était facile d’en voir un exemple. A vrai dire cela n’était pas différent de son enfance, après tout, qui n’était pas passer par ces moments de jeux et d’insouciance ? Plongé dans ses pensées, il oublia un instant le monde réel ainsi que les horreur de la guerre, ce fut le son de petit pas qui le tirèrent de sa rêverie. Ouvrant les yeux qu'il ne se souvenait d’avoir fermé, il aperçut la petite silhouette approcher.

Chaleur, Soleil, des mots que la petite Fleur n’en pouvait pu d’entendre à longueur de journée. Et encore si ce n’était qu’entendre, mais en plus de cela, elle subissait ces désagréments. Le Soleil la brûlait et lui vrillait les tempes avec sa lumière aveuglante. Et la chaleur induite la rendait patraque et essoufflée, même au bout de seulement quelques pas.
Epuisée, seule et pleine d’un ennui inépuisable, la jeune chatonne s’approcha du rocher, espérant trouver dans son ombre imposante, de quoi rafraichir et égayer sa journée. Dès que l’ombre frôla ses moustaches, la chatonne ressenti un bonheur infini, faisant se dresser son doux pelage le long de son échine. Oui, elle était tellement bien quand le Soleil ne la frappait pas…
Enfoui douillettement dans ses rêves, ce n’est que quand elle entendit le souffle rauque et grave d’un Sabre adulte près d’elle qu’elle reprit ses esprits. Allongé contre le Rocher, dans l’ombre reposante, il avait remarqué la présence de la chatonne blanche, qui, un peu gênée d’avoir dû le réveiller de ses somnolences voulu passer à côté de lui, continuer son chemin comme si de rien n’était, espérait secrètement que le Mâle l’inviterait à discuter pour passer le temps.

La chatonne visiblement soulagée de trouvé enfin de l’ombre ne sembla l’apercevoir qu’au dernier moment, sa fourrure blanche la rendait fortement reconnaissable. Il ne réussir cependant pas à se remémorer son nom, il se souvenait en revanche de ses parents, surtout de son père. Les deux mâles avaient souvent parlé, apprendre e qui lui était arrivé avec sa compagne avait été un choc. Le couple était de ceux que la guerre avait pris, laissant la petite brutalement orpheline. Lorek imaginait difficilement comment cette petite pouvait vivre cela.
La gêne s’embla s’emparer de la petite qui bifurqua, une lueur d’espoir dans le regard. Les autres mâles n’avaient que très peu de patience, surtout durant ces moments de forte chaleur. Curieux mais aussi lasse de ce silence pesant il releva la tête et souri à la petite.
-Rien ne t’empêche de rester ici si tu le veux, je n’ai rien contre ta présence.
Il avait beau chercher, le nom de la chatonne ne lui revenait pas, pourtant d’habitude il lui était facile de replacer des noms sur le visage y correspondant. C’était à croire que la chaleur avait aussi fait fondre sa mémoire. Après un temps de réflexion il parvint enfin à s’en souvenir, enfin, peut-être.
-Je suis Lorek. Tu es bien Fleur, je me trompe ? As-tu des soucis pour ne pas être en compagnie des autres jeunes ou est-ce seulement la chaleur que tu fuis ?
Même s’il faisait tout pour le cacher, son véritable caractère reprenait souvent le dessus, il aurait voulu aider les autres mais cela n’avait pas de place chez les Stoneclaw. Seuls les chatons et de rares proches avaient la possibilité d’entrevoir son véritable caractère, pour les autres il n’était que de glace.

Le mâle avait levé sa tête puis s’était tourné vers la jeune chatonne. Ses yeux couleur des rayons de miel délicieux et rassurants la regardaient, simplement et sans aucune trace de la hargne si caractéristique des Sabres en ces temps de guerre.

« Rien ne t’empêche de rester ici si tu le veux, je n’ai rien contre ta présence. »

Que… Quoi ? Un adulte avait enfin osé lui dire qu’elle n’était pas une intruse, un mouton noir, une erreur de la nature et l’autorisait à rester avec lui, peut-être même lu parler pour qu’elle l’autorise à rentrer dans son monde bucolique ? La chatonne n’en revenait toujours pas…
Elle secoua sa petite frimousse avant de faire demi-tour pour s’approcher de l’adulte, toujours aussi silencieuse. Son regard saumoné essayait de sonder ses pensées, essayant de repérer s’il était vraiment aussi gentil qu’il semblait vouloir paraitre, mais aucun signe ne semblait contredire ses paroles.

« Je suis Lorek. Tu es bien Fleur, je me trompe ? As-tu des soucis pour ne pas être en compagnie des autres jeunes ou est-ce seulement la chaleur que tu fuis ? »

« J…je… »

Articula péniblement la jeune Sabrette, alors qu’elle était toujours aussi bouleversée par la gentillesse inouïe du mâle adulte. Pourquoi faisait-on attention à elle, qui était si insignifiante et si détestable, et ce depuis sa naissance ? Ses nourrices n’arrêtaient pas de l’insulter, alors pourquoi lui portait-il de l’intérêt ? Avait-il l’intention comme pour les autres, de la prendre comme son punching-ball favori ?

« En… enchantée Lorek. Je suis bien Fleur, oui… »

Dit-elle, d’une voix chevrotante. Elle n’avait pas l’habitude de parler en « vrai », et encore moins à quelqu’un qu’elle n’avait jamais vraiment rencontré. Pourquoi lui ?

«Les autres ne m’aiment pas beaucoup et le Soleil me brûle… »

Avoua alors la jeune chatonne, baissant son regard, penaude. Elle avait toujours trouvé ses faiblesses et ses différents avec les jeunes de son âge comme une honte…

La chatonne sembla stupéfaite par ses paroles, Lorek se douta bien pourquoi. Lui aussi avait été la cible de ses camarades, sa trop grande sensibilité complétement à découvert faisait l’incompréhension des siens, seul l’âge et les douleurs de la vie lui avait appris à cacher ses émotions. La tête basse elle s’approcha, une évidente incompréhension et méfiance dans les yeux. Lorek n pus retenir un petit sourire à la fois compatissant et d’encouragement, tout ce qu’elle devait ressentir était aussi passé dans le cœur du mâle : le poids du regard des autres, celui des moqueries incessantes, et tant d’autres encore ! Aussi la réponse de la petite ne l’étonna pas. A y bien réfléchir ce prénom définissait parfaitement la petite : de la couleur de sa fourrure à son caractère, tout ramenait à l’image idéalisé que l’on se faisait d’une fleur, ses parents ne s’étaient pas trompé en la nommant ainsi. Il hocha vaguement la tête.

-Je comprends, soupira-t-il. On dirait parfois qu’ils craignent que le moindre sentiment les effleurant les condamneraient à subir mille peines infernales.

Fermant les yeux, le mâle revécu un instant son enfance, les moqueries, les attaques à son égard et l’insondable chagrin qui l’accablait alors, tel une rafale de vent lui coupant le souffle jusqu’à l’étouffer.

-Peut-être que cet ardent soleil à assécher leur cœur comme cette terre jusqu’à que même leur mémoire oublie ce qu’est un sentiment, les laissant telles des coquilles vides poussé par le vent.
Fixant l’horizon sans la voir il cherchait à comprendre si le cœur des Stoneclaw était si vide que cela. S’il se pouvait que, comme lui, ils aient caché leurs sentiments de peur que cette immensité sèche ne les engloutissent sans aucun espoir de retour.

Le mâle était si compréhensif, si gentil. La chatonne appréciait beaucoup le calme et la sérénité qu’il dégageait, comme un effluve sacré qu’aucun autre de ses camarades ne semblait apprécier. Pourtant, même s’il n’était pas comme les autres il y ressemblait, avait les mêmes tics, les mêmes aspects repoussant montrant qu’il pouvait se fondre dans la masse du clan. Rien que son pelage, doté de différentes vagues de couleurs, allant du marron/brun puis au beige le faisait ressembler à n’importe quel Sabre pouvait peupler la savane. Il avait la même tête bourrue, le même air sec, mais sa voix et son attitude prouvait le contraire. Un surprenant mélange entre sa nature sauvage et son caractère apaisant.

« Je comprends. On dirait parfois qu’ils craignent que le moindre sentiment les effleurant les condamneraient à subir à subir mille peines infernales. »

Elle n’aurait pas pu dire mieux, au mot près, elle pensait tout ce que le mâle lui avait dit. Acquiesçant doucement de la tête, n’osant pas parler plus que le nécessaire, elle avait de nouveau fixé son regard rosé sur le sien. Sa parole était rare, et pour cause. Le moindre mot qu’elle avait articulé face à ses camarades ou ses nourrices, débordant la plupart du temps de tendresse et de joie lui avait valu des coups ou des remarques blessantes. Se murer dans le silence lui avait semblé la meilleure solution pour passer inaperçue.

«Peut-être que cet ardent soleil a asséché leur cœur comme cette terre jusqu’à ce que même leur mémoire oublie ce qu’est un sentiment, les laissant telles des coquilles vides poussées par le vent.»

Les yeux levés vers l’horizon, le Sabre avait eu l’air, l’espace d’un instant, aussi digne que leur Roi. Lui aussi avait l’air de souffrir du Soleil et des autres Sabres, ou du moins, il avait dû en souffrir. La jeune chatonne en était certaine. D’ailleurs, lui, il la connaissait, ce qui n’était pas réciproque. Peut-être connaissait-il ses parents, les avait-il fréquentés avant qu’ils ne disparaissent subitement ?
La jeune Fleur ne put s’empêcher une nouvelle fois d’acquiescer avant de prendre une bouffée d’air, se motivant pour articuler ces quelques mots.

« Je ne peux croire que nos camarades soient vides de tout sentiments, c’est pour ça que j’essaye de leur montrer la beauté du monde… Mais ils semblent réticents à voir ce qui leur passe sous le museau. Je… »

La jeune chatonne se stoppa nette, certaine d’ennuyer le grand Sabre avec ses paroles en l’air. Après tout, elle était si jeune, si frêle. Du haut de ses quelques mois, elle «était loin de connaitre le monde autant que lui…
Elle s’approcha alors un peu plus du mâle pour s’asseoir vers lui, prenant conscience de l’écart de taille et de carrure qui les séparait. Oui, il était plus vieux, plus sage, et plus mature qu’elle, mais d’un côté, elle se sentait déjà tellement prête à affronter tout son clan, que peu lui importait la corpulence. Soupirant, elle reprit à nouveau son souffle pour lui poser une question.

«Lorek, je… Est-ce que vous avez connu mes parents ? Comment étaient-ils ? »

L’espace d’un instant il se demanda s’il avait bien affaire à une chatonne, il était vrai qu’elle en avait la naïveté caractéristique, mais une étrange maturité irradiait d’elle. C’était ça, il en était sur : une magnifique fleur avait éclot embellissant un marais putride ou personne ne pensait qu’elle avait sa place, répandant un doux parfum sur le monde. Une fleur de sagesse aussi.
-Effectivement, qui sait ? Même une chose vide peut toujours être remplie si on le veut vraiment. Certaines choses sont cependant dures à voir et certain préfèrent fermer les yeux pour éviter d’avoir à en passer par là.
La petite le questionna sur ses parents, le ramenant des années en arrière. Son père et lui avaient souvent parlé même si, comme toujours entre mâles, ils n’avaient jamais clairement explicité leurs véritables émotions. Ils n’avaient pas besoin de parler pour se comprendre, c’était une de ces amitiés qui naissaient sans un mot, où tout semblait logique et naturel. Il hocha la tête dans un signe affirmatif.
-Effectivement, ton père surtout. On s’entendait bien tous les deux, même si l’on se parlait peu. Tu sais, il n’y a pas toujours besoin de mot pour communiquer ou se faire comprendre. Je ne saurais comment t’expliquer ça. Tu lui ressemble en un sens ; lui aussi aimait réfléchir sur le clan même s’il en parlait peu à cause des autres, il aurait été mal vu et aurait risqué ca place, les mâles sont encore plus cruel entre eux parfois. C’est pour cela qu’il s’est mis avec ta mère, elle avait se coté doux et rêveuse qui lui apportait parfois autant de tracas qu’à toi. Tu lui ressemble beaucoup d’ailleurs.
Il se tut un instant, pensif. Mêmes s’ils le cachaient, les parents de la petite avaient beaucoup en commun avec elle.
-En fait, je crois que tu as hérité du meilleur d’eux. Ils ne se sont pas trompés en te nommant Fleur ; tu en as toute les qualités.
Plongeant son regard dans celui de la petite, il reprit.
-Si je peux t’assurer d’une chose c’est que tu as fait le bonheur de tes parents, ils étaient fière d’avoir donné naissance à une adorable chatonne comme toi et ne le cachaient pas.
Il détourna enfin la tête, les émotions menaçant de déborder tel un fleuve en furie. Le sort des parents de la petite l’avait marqué au point de ne jamais l’avoir approché jusqu’à aujourd’hui, simplement pour ne pas avoir à croiser ce regard qui lui en rappelait tant un autre aujourd’hui disparut.

Le regard que Lorek portait sur la jeunette semblait avoir changé au fur et à mesure qu’elle parlait, ou plutôt, articulait des suites de mots. Oui, il était passé de mâle distant, un peu compatissant, à quelqu’un qui parlait à un de ses confrères, de pair à pair, d’homme à homme, d’égal à égal.

«Effectivement, qui sait ? Même une chose vide peut toujours être remplie si on le veut vraiment. Certaines choses sont cependant dures à voir et certain préfèrent fermer les yeux pour éviter d’avoir à en passer par là. »

Le Sabre venait de conclure très finement leur réflexion sur le monde si fermé des adultes. Lui qui en faisait partit raffermissait son point de vue sur le fait de grandir et de mûrir. Si on était obligé d’être morne et formaté pour devenir adulte, autant s’enfuir loin de tout ça avant de subir leur loi débile.
Lorek lui raconta ensuite une histoire fabuleuse, ressemblant à une fable, dont elle faisait partie. Il avait été ami avec son père. Son père, celui qui lui avait semblé si dur et si strict avec elle, il était donc aussi penseur qu’elle. Pourquoi cacher cette partie de lui-même, pourquoi vouloir ressembler à un caillou quand on est un magnifique bouquet de roses ? C’est quoi le regard des autres à part un outil de destruction ? Fleur n’en revenait pas. Ses parent qui l’avaient quitté si tôt, qu’elle n’avait que peu connus étaient donc si proches d’elle ?

«Si je peux t’assurer d’une chose c’est que tu as fait le bonheur de tes parents, ils étaient fière d’avoir donné naissance à une adorable chatonne comme toi et ne le cachaient pas. »

La chatonne resta bouche bée. Elle qui croyait déplaire à tout le monde, que ses parents l’avaient fui plus que n’était morts tragiquement, elle était donc aimée ? Si elle n’avait pas été déjà assise, elle se serait effondrée au sol à ce moment précis. Regardant Lorek, puis le sol et enfin le ciel, elle n’en revenait toujours pas. Le Sabre lui aussi semblait retenir ses émotions. Il avait du bien connaitre ses parents pour être aussi ému. Ravalant ses sanglots, les oiseaux se mirent à nouveau à chanter, reprenant courage et force dans son esprit. Fermant ses yeux doux, elle les rouvrit avec une nouvelle force dans son regard.

«Ne pleure pas, ils sont heureux là où il sont car ils sont tous les deux ensemble…»

Fleur se leva alors, puis, posant sa petite patte sur celle du Sabre, elle le regarda droit dans les yeux. Son regard aurait pu sembler vide à toute personne qui était dépourvue d’âme, mais elle tentait de lui faire comprendre que dès maintenant, ses parents seraient heureux, avec elle, à tout jamais dans son esprit coloré et apaisant. Et pour apaiser le flot des émotions qui menaçait de détruire les barrières du Sabre, elle lui proposait un voyage, loin des tracas de la vie, visiter les terres des Sabres sous un autre jour…

Sentant une petite patte se poser sur la sienne, Lorek tourna la tête, ne pouvant que plonger son regard dans celui de la petite. Ces paroles. Ce regard, ce qu’il contenait … Il comprit enfin ces paroles presque oubliés, cachées dans un coin secret de sa mémoire.

Elle n’était pas une fleur fragile qui c’était ouvert au mauvais endroit, elle était bel et bien une guerrière comme tous les Stoneclaw. Elle qui paraissait si fragile et inoffensive possédait en elle une arme puissante. Une arme que tout autre sabre aurait jugé comme un défaut. Ce n’était pas le l’insouciance ou bien encore de la naïveté. C’était un don merveilleux qui transformait le monde qui les entourait en quelque chose d’autre, offrant quelque chose de perdu ou simplement refoulé comme un rêve impossible, colorant tout sur son passage d’une teinte extraordinaire. L’espoir, ou quelque chose s’en approchant. Lorek n’aurait su poser des mots sur cela mais peu lui importait, se laissant guider par Fleur, il vu ce qu’il crut d’abord être un monde nouveau.

Réaliser que ce monde était en fait celui où il était né lui fit un choc : fallait-il donc être aveugle pour ne pas avoir admiré tout cela plus tôt? Regardant la petite avec un étonnement clairement teinté d’émerveillement, il eut une vague pensée pour l’avenir. Si elle parvenait à faire voir cela à leurs camarades, les choses changeraient-elle ? Milles questions sur cette facette inconnu du monde l’assaillait.

Ce voyage eu pourtant raison de ses questions, vidant son esprit de tous ces tourments, il laissa Fleur le guider à travers ce monde qu’elle semblait si bien connaitre. Il la laissa lui faire découvrir ce qu’il avait été trop aveugle pour voir jusqu’alors.

Pour son plus grand bonheur, Lorek l’avait rejoint dans SON monde. Alors qu’il marchait seul et sans guide, la chatonne l’épiait avec une joie non-mesurable camouflée derrière un buisson aussi blanc que cotonneux. Et puis soudain elle surgit, dansant gaiement autour du grand mâle qui semblait plongé entre admiration et réflexion.

«C’est ici que je me réfugie quand ça va mal… C’est aussi cet endroit qui m’attire beaucoup de problèmes… »

Dit-elle sur un ton innocent. Oui, elle ne le savait toujours pas, elle qui pensait rendre ses camarades envieux grâce à son paradis, elle les rendait haineux et attisait cette certitude que le paradis qu’ils y voyaient n’était pas autour d’eux mais bien à Inaria qu’ils désiraient depuis tant d’années.

«Tu crois, qu’un jour, la Savane pourra retrouver une apparence comme ici ? »

Il ne pouvait que découvrir ce monde surréaliste, toutes ses questions disparurent, ainsi que le chagrin tapie au fond de lui tel un redoutable félin à l’affut de la moindre faille. Ces couleurs improbables et ces formes incroyables ne pouvaient que fasciner. Il perçut à peine Fleur lorsqu’elle surgit du buisson, chose rare pour lui qui se tenait tant sur ses gardes.
«C’est ici que je me réfugie quand ça va mal… C’est aussi cet endroit qui m’attire beaucoup de problèmes… »
Lorek hocha la tête, restant muet de stupeur, les questions revinrent en lui dont une nouvelle fois, cependant ca restait différent de celles qui le torturait jour et nuit.
-Fleur … quel est ce monde ? Comment cela peut-il exister ?
Fixant son regard déboussolé sur la petite il tentait vainement de comprendre et abandonna en partie, de toute façon à quoi bon chercher à comprendre ce qui ne le peut être ?
-Crois-tu que le monde des esprits ressemble à cela ?
Au fond de lui il espérait que cela soit le cas, ainsi il pourrait enfin apaiser sa souffrance en se disant que ceux qui l’avaient quitté pouvaient enfin être heureux.
«Tu crois, qu’un jour, la Savane pourra retrouver une apparence comme ici ? »
Hochant la tête d’un air incertain, le mâle avisa le paysage qui l’entourait.
-Je ne sais pas, j’ai vu des forêts et autres paysages magnifiques mais rien qui ressemblait à cela, je suis très loin d’avoir tout vu mais qui sait ?