Se relever

(Mi-Printemps, An 5)

Une saison s’était écoulée et pourtant, leur sort n’avait jamais été si pitoyable que cela. Prisonniers de la guerre qu’Alteron avait déclarée, lâchement, à Oerba. Une attaque surprise qui avait littéralement pris de cours les loups des mers qui face à une telle menace, pauvre au nombre, n’avait eu d’autres choix que de mourir ou de se rendre. Freiya avait eue un troisième choix, elle. Elle avait eue le choix de fuir grâce à la diversion et au sacrifice de sa jumelle. Toutefois, elle ne l’avait pas fait et elle savait pertinemment que sa moitié identique lui gardait rancune depuis tout ce temps, mais qu’elle ne l’abandonnerait jamais. Il n’y avait pas place à la colère, la frustration dans ce cas extrême. En effet, elles devaient faire face à la faim, la maladie, la saleté, les coups et le sang. Freiya avait cependant gardé sa bonne humeur et ses airs de charmeuses. De plus, elle avait la chance d’avoir une sœur extrêmement protectrice qui était prête à se prendre tous les coups pour elle. Toutefois, Freiya était prête à faire ses propres sacrifices à son tour afin de se protéger des crocs des Alterons. Elle proposait bonne compagnie plutôt que les claques. Parfois sa fonctionnait, parfois non. Après tout, pour les loups de la jungle, les Oerba n’étaient que des créatures répugnantes. Et il était hors de question qu’elle soit vue, ainsi que Fynn, comme quelque chose de dégueulasse aux yeux de d’autres loups.

Entre apprendre a chasser la vermine de ce nouveau territoire et à réapprendre à marcher sur la terre ferme, il ne lui restait plus qu’à trouver l’occasion idéale de prouver sa valeur aux yeux de la Reine. Elle connaissait maintenant les règles de la Meute, les Rangs et leur façon de fonctionner et elle savait donc qu’un rang en particulier lui était tout à fait destiner. La petite louve violette mit un pas avant puis un autre. Sa marche était moins gracieuse que dans l’eau. Elle semblait marcher comme un vulgaire canard. Elle grinça des dents à ses pensés et perdit sa concentration à cet instant. Ses pattes s’entremêlèrent et elle s’effondra littéralement dans la boue. Outrée, vexée et blessé, elle se releva immédiatement, appuyant d’abord ses antérieures pour soulever le reste de son corps. Elle s’ébroua. Sa pelisse permettant facilement à l’eau, donc à la boue de s’écouler tout doucement. Elle pataugea dans la flaque avant de se sortir de là et entreprendre de démêler ses mèches bouclées.

- Comment je déteste ce territoire… Ils auraient pu garder le nôtre à la place de venir dans cet endroit répugnant. murmura-t-elle tout bas pour elle-même sans se douter qu’on pouvait l’écouter.

Ses griffes passèrent délicatement dans ses boucles, retirant la boue et les autres déchets qui y auraient pu s’y loger. Elle aurait volontiers poussée un soupir suite à sa réflexion, mais une voix l’interrompit.

- Relève-toi

Elle ne l’avait nullement entendu venir. Elle s’était retournée, lentement, des poignards dans les yeux.

- Pardon ? chatonna-t-elle malgré la haine qui traversait ses deux prunelles anis.

Il s’était ensuite contenter de s’assoir près d’elle, une expression étrange voir lugubre, mélangeant deux émotions différentes, dessiner sur les traits de son visage. Freiya eut un rictus avant d’esquisser un petit sourire en coin.

- Vous garder près d'Oerba serait idiot: il vous suffirait de glisser dans la mer pour vous échapper. Et quel dommage de vous perdre si tôt alors que vous venez à peine d'arriver ! ♥

La petite violette se retourna entièrement vers lui, adoptant la même position. Elle avait repoussée son visage si bien penchée vers elle d’un geste mollement de la patte.

- Heureuse de savoir que ma présence semble si bien appréciée. gloussa-t-elle tout en tirant la langue. Malheureusement, Oerba reste quand même dans mes habitats préférés ~ conclut-elle sur un fin sourire.

- Tu as le sens de l'humour.

- Il serait bien malheureux que je ne l’ai pas… Non ? claironna-t-elle suivit d’un petit rire. Du moins pour vous. rajouta la petite Oerba en agitant une patte vers Guns.

Malgré tout ses gestes pour tenter de paraître sérieux, Freiya n’effaça pas ce si fin sourire dessiner sur ses lèvres. Cependant, avec ces sourires, il pouvait parvenir à lui donner froid dans le dos. Il était clair que ce loup tout aussi violet qu’elle jouait dans la même comédie qu’elle, mais pas le même rôle.

- Considères-toi chanceuse d'avoir été emportée à Alteron plutôt qu'ailleurs: la jungle et humide et fait suinter votre fourrure. Ce n'est pas la mer, mais ça y ressemble! Le désert t’aurais asséchée.

Freiya haussa un sourcil, troquant son sourire fin pour un sourire en coin.

- Hm, c'aurait pas été plus mal.

Elle avait repliée une oreille sur elle-même, dardant ses deux prunelles luisantes sur lui.

- Ha ha ha ha ha, j'aurais enfin pu savoir si votre squelette est constitué d'arrêtes ♥ ….C'est le cas ??

Freiya ne put s’empêcher de ricaner à gorge déployée allant même jusqu’à poser sa patte contre sa poitrine pour se soutenir.

-Vous êtes bien resté l’ignorant que j’ai rencontré dans la Jungle voilà quelques saisons. fit-elle en battant des cils. Sauf que cette fois, vous savez garder cette place. rajouta-t-elle avant de faire voler ses boucles derrière son épaule d’un geste de la patte. Vous n’avez pas tord sur le choix de territoire… Le soleil aurait bien abimée ma si jolie peau ! dit-elle faussement paniquée en se détaillant toute entière. Mais dites-moi… Pourquoi avoir tout de suite songé au désert ? (Elle se pencha légèrement, le guettant d’un œil) Vous y convoiter également quelque chose ? Une meute ne vous suffit pas ?

- Ha ha ha ha ha.

Ce coup-ci, Freiya recula brièvement sa tête dans ses épaules en voyant le changement de tempérament s’afficher sur le visage de Gunthaer. La chaleur qu’il dégageait si naturellement semblait s’éteindre tout doucement. Peut-être jouait-elle un peu trop avec les mots, avec le feu. Son sourire ne disparut pas pour autant et elle avait simplement tirée la langue.

- Je ne sais pa~as… Je ne joue pas l'ignorant, très chère.

Elle eut un rictus tandis qu’il la guettait d’un œil. Rien n’est trop subtil. Freiya écarquilla les yeux et battit des paupières, posant une patte contre sa poitrine, se redressant.

- Oh ! Mais ! (Elle leva sa patte dans les airs) Moi au moins j’en suis consciente ~ rigola-t-elle en baissant les yeux, refermant à demi ses paupières.

- Ahhh, est-ce vraiment le cas?

Elle avait secouée sa tête de gauche à droite, remuant ses boucles.

-Vous êtes bien le seul à en douter ~ dit-elle en le regardant de biais.

Il avait haussé les sourcils, maintenant espiègle. Décidément, une trame immense d’émotions pouvait passer par le visage, les yeux et le sourire de cet énergumène. Freiya préféra continuer à être méfiante envers lui plutôt que de se laisser berner par son attitude changeante. L’atmosphère toutefois avait de quoi vous glacez le sang, mais la petite violette en avait vue d’autre. À force de jouer les cobayes et les appâts, elle avait pu assister à toute sorte de regard. Cependant, elle pouvait admettre à elle-même que ce personnage était celui qui lui donnait le plus dans le froid dans le dos. Il était littéralement imprévisible et prévisible à la fois.

- À force de trop jouer un rôle, on finit par s'oublier soi-même, tendre miss. Qui suis-je? Qui es-tu?

Il avait ballotter sa tête à droite et à gauche pour ensuite renfermer un œil. Freiya avait tirée la langue tout en redressant un sourcil, montrant un semblant d’intérêt à ce que Gunthaer avançait.

- Bientôt personne ne pourra répondre à ces questions. Pas même vous.

On eut un brusque changement de comportement encore une fois qui laissa Freiya de marbre, mais elle n’était pas prête à se taire.

- C’est bien. Vous faites encore l’ignorant, sans savoir ce que ma comédie vaut réellement ~ claironna-t-elle de sa voix mielleuse. Et que dites-vous Gunthaer ? Serais-ce des menaces ? fit-elle en dardant un œil sur lui.

- Vraiment? Alors votre but n'est pas d'embobiner ceux qui vous entoure afin de les contrôler? Vous êtes plus noble que je le pensais!

Elle eut un sourire en coin.

- Je n’ai jamais dit ça ~ Mais si vous le faire croire peut me faire monter dans votre estime, pourquoi pas. siffla-t-elle avant de poser une patte contre sa bouche. Et que dites-vous Gunthaer ? Serais-ce des menaces ?

- Je ne sais pas ♥

Ce coup-ci, ses pupilles redevinrent normales. L’atmosphère ne s’était toutefois pas allégée pour autant. Freiya sentait toujours cette tension dans l’air, comme si tout était prêt à éclater à n’importe quel moment.

- La ligne est mince entre le conseil et la menace, don't you think?

Elle ricana légèrement.

- Vous ne savez pas grand-chose, décidément (Elle fit une petite moue) Mais puisque que vous le dites si bien ~ !constata-t-elle en battant des paupières. D’ailleurs, qu’est-ce qui vous amène à discuter avec moi ? Cela ne sera-t-il pas mal vu par vos congénères ?

« Alors relève-toi. »
- Et toi tu vas me foutre le camp. fit une voix juste à côté de lui. La femelle, largement plus petite que lui, vint se poster devant lui, le regardant fixement, le museau tout près de celui du mauve, les sourcils froncés et les yeux rivés vers ceux de l'Alteron. Elle était arrivée il y avait peu, n'était en fait jamais bien loin de sa jumelle et avec le brin de conversation qu'elle avait entendu, elle avait décidé de mettre un terme aux paroles agaçantes du violet.
- C'est assez clair pour toi ou il faut utiliser autre chose que des mots ? gronda-t-elle, dévoilant ses intentions en même temps que ses crocs. Ô, elle était peut-être petite et insignifiante face à ce modèle de grande taille, mais sa hargne valait assez pour compenser. Et plus petite voulait aussi dire une cible réduite. Et elle était loin d'avoir oublié leur dernière rencontre, et c'était peu dire qu'elle ne le portait pas spécialement dans son coeur. Ni le territoire, ni ses membres, ni rien en fait. Pas d'eau, simplement des arbres et des plantes plus étranges les uns que les autres. Ses pattes palmées n'étaient pas habituées à ce sol plat et dur en permanence et leur situation était loin d'être enviable. Mais Fynn n'allait pas se soumettre seulement sous prétexte qu'elles étaient 'prisonnières'. Elle était libre de ses mouvements et des ses pensées, et ça ne faisait qu'envenimer sa rancoeur.

- Ah?

Elle plissa les yeux, le dévisageant alors qu’il replaça ses mèches.

- Mais tu es une congénère, n'est-ce pas?

Elle avait d’abord écarquillée puis afficha un sourire amusée, un rictus et gloussa. C’était d’un ridicule. Jamais elle ne se considérerait part de cette meute en sachant comment ses membres pouvaient être si désagréables, si étranges.

- Tu n'es rien d'autre: toute ta patrie et ton histoire t'ont été arrachées. À toi et ta soeur. Et à tous les autres, aussi.

Freiya replia une oreille sur elle-même, faisant celle qui était peu attentive à la suite. Bien que l’atmosphère se fût détendue et qu’il s’adoucit, elle sentait qu’il allait faire ressortir des reproches.

- Qui es-tu? Une Alteron à en devenir, et rien d'autre; tu t'y feras.

Elle haussa un sourcil et le regarda s’avancer vers elle sans broncher. Il lui glissa alors à l’oreille;

- Et comme tous les autres, tu oublieras.

L’ancienne Pillarde afficha un sourire en coin. Il la connaissait décidément très mal. Elle aussi, elle savait jouer des mots et peu lui importait. Oerba ou Alteron. Freiya n’avait pas d’attache et jamais elle n’en aurait. Toutefois, s’était fait étiqueter comme Prisonnière, elle savait qu’elle ne faisait pas partit de la meute, chose que lui ne semblait pas prendre de cet œil.

Soudain il l’aplatit au sol et face à son poids, Freiya n’y put rien. Elle se vit de nouveau écraser dans la boue et ferma un œil pour ne pas s’en prendre en plein dedans. Elle posa une patte contre la gorge du loup violet et plissa ses yeux alors que lui la regardait d’yeux rapaces, accusateurs.

- N'oublie pas que tu es la seule et unique responsable de ton malheur. Tu as mené Alteron à Oerba, et tu l'as payé de ta liberté. De celle de ta soeur, de celle des survivants.

Elle ricana. Elle avait été la première à se défiler de cette rencontre. Et puis, si c’était bien quelqu’un qui avait mené Oerba à sa perte, c’était bien Ambre. Jadis, elle avait rencontré Gunthaer avant même que toutes deux le voient dans sa terre natale. C’est Ambre qui était restée, qui s’était présentée, qui s’était vendue malgré elle. Pas Freiya.

Il se décala enfin, la libérant, mais la gratifiant d’un coup de queue contre la joue.

- Alors relève-toi.

Freiya plongea ses prunelles anis remplit de couteaux directement contre son dos alors qu’il s’éloigna sans lui accorder une nouvelle once d’attention. Freiya étira ses pattes et se hissa de nouveaux sur celle-ci lorsqu’une voix tonna fortement.

- Et toi tu vas me foutre le camp.

Elle pencha sa tête sur le côté et vit la silhouette de sa jumelle. Un large sourire se dessina sur ses lèvres tandis que sa queue se mit à battre légèrement de gauche à droite. Fynn s’était avancée suffisament, à tel point que son museau se retrouvait tout près de celui de Guns. Elle n’hésitait pas à se montrer imposante malgré sa taille de nain de jardin à côté de lui.

- C'est assez clair pour toi ou il faut utiliser autre chose que des mots ?

Freiya se mit à trotter vers eux et longea le flanc gauche de Guns pour se poster en biais de lui.

- Oh ne t’inquiète pas Fynn ~ On ne faisait que jouer. fit-elle roucoulant tout en contournant l’Alteron lui passant sa queue sous le menton. Et puis la boue c’est bon pour la peau ! conclut-elle en dédiant un grand sourire à sa jumelle.

Malgré ses mimiques, en vérité, elle était bien heureuse de la voir.

« Oh ne t’inquiète pas Fynn ~ On ne faisait que jouer. Et puis la boue c’est bon pour la peau ! » fit Freiya en s'approchant d'eux. Fynn ne cilla pas, se contentant de bouger les pupilles pour la suivre des yeux. Elle n'aimait pas son petit manège, particulièrement en présence de celui-ci, qui ne lui inspirait rien de bon. Elle n'était pas la plus brillante des deux, certes, mais elle n'aimait pas ce qu'il dégageait, elle n'arrivait pas à voir à travers toutes ses paroles voilées de sens propre.
« Ha ha ha ha ha, Freiya2, et si tu t'amusais, toi aussi?... ♥ »
Braquant ses pupilles de nouveau sur lui, le geste brusque la surpris mais ses pattes se tendirent, raides comme des troncs et elle suivit le choc, se décalant sur le côté imposé par le mouvement mais profitant de la force pour lever une patte qui, aidée par la force du violet, alla frapper le visage de l'énergumène près de son orbite, pesant pour le faire lâcher prise, ses griffes n'hésitant pas à s'y agripper alors qu'elle grondait entre ses crocs, son museau serré dans la gueule de l'autre. Une cicatrice de plus près de la gueule ? Une nouvelle manière de les différencier, oui...

- Ha ha ha ha ha, Freiya2, et si tu t'amusais, toi aussi?... ♥

Imprévisible, il fallait qu’il rende justice à ce trait de sa personnalité. Surprenant les deux jumelles, Guns planta ses crocs dans la mâchoire de Fynn et aussitôt enchaîna vers un coup de tête sur le côté, décidé à la faire vaciller. Toutefois, Fynn n’était pas un microbe en combat comme pouvait l’être sa jumelle et elle répliqua aussitôt l’effet de surprise dissiper. Elle se servit de sa patte pour y toucher l’œil de Gunthaer et essayer de lui faire lâcher prise. Sinon, il risquait d’y perdre un œil.

Freiya recula brusquement une fois l’attaque lancée. Elle avait écarquillée les yeux tandis que son cœur tambourinait fortement contre sa poitrine. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres. Cette fois-ci, elle n’avait personne pour la clouée au sol et l’empêcher de lui sauter dessus. Bandant les muscles de ses pattes si minces, mais agiles, Frei’ se donna un élan et sauta littéralement à la nuque du loup violet, plantant à son tour les crocs dans la chair de l’Alteron. Elle ne laisserait pas sa sœur se battre seule cette fois-ci.

Sa masse supérieure empêcha cette fois Fynn de riposter, son corps s'arrachant à la succion de la boue pour suivre le mouvement engendré par le violacé, soulevée dans les airs pour se retrouver sur le dos une fois le manège terminé, toujours au prise avec la mâchoire imposante du violet. L'impact lui arracha un couinement, les crocs se resserrant sur son museau, creusant des sillons sur sa peau, n'ayant quasiment aucune chaire à transpercer à cet endroit précis. Sonné par le choc et ayant fermé les yeux par réflexe, elle les ouvrit de nouveau, tentant d'analyser la situation en jetant un regard autour d'elle, et tout spécialement de repérer Freiya. Mais elle était toujours coincée, et c'était là son plus gros problème, pour le moment. Incapable de parler, elle décida de s'empresser de répliquer pour avoir une chance de se soustraire à la prise douloureuse du mâle. Essayant cette fois de viser directement la mâchoire du spécimen avec ses pattes, l'une poussant vers celle du haut et l'autre celle du bas, elle espérait ainsi réussir au moins à entr'ouvrir la gueule suffisamment pour s'extirper.

Bien que piètre combattante, Freiya n’était stupide. Elle connaissait les conséquences de son attaque au dos. Resserrant davantage sa mâchoire contre la nuque de Gunthaer, elle le sentit se cabrer pour renvoyer ensuite sa tête vers l’arrière. Enfin, il se laissa tomber sur le dos en emportant les deux petites jumelles dans sa chute. Freiya libéra sa poigne au dernier moment et tenta de s’extirper hors du point de chute, mais une de ses pattes arrières se retrouva coincer entre le dos de l’Alteron et le sol. Heureusement, le sol vaseux eut pour effet d’atténuer le choc ainsi que la douleur. La petite violette glapit tout bas avant de tirer de toutes ses forces pour sortir sa patte de sous Guns. Elle claudiqua un peu, puis plongea vers la tête du mâle pour se saisir d’une de ses oreilles et la tirer vers elle de toutes ses forces.

Prise au piège encore davantage, Fynn ne pouvait que tenter de s'extirper de la gueule du mâle avec peine et en vain. Elle ne put empêcher la nouvelle attaque pour laquelle il l'utilisa comme arme. Elle n'avait qu'à encaisser le choc encore une fois.

Freiya ne pouvait voir dans quelle mauvaise position se retrouvait sa sœur. Soudain, Guns expira fortement se releva tant bien que mal alors que les crocs de la petite violette s’enfoncèrent davantage dans l’oreille du mâle. Un liquide chaud et amer, s’engloutit dans sa gorge. Il avait été de loin dans ses intentions de faire couler le sang de Gunthaer, bien qu’elle l’aurait souhaitée, mais ce coup-ci, c’était lui-même qui sacrifiait son oreille dans le but de donner un nouvel assaut. D’un coup de tête, il envoya Fynn par le côté, parvenant à la soulever légèrement. Freiya lâcha prise et écarquilla les yeux avant d’immédiatement s’aplatir dans la vase, s’enfonçant le plus profondément dans celle-ci afin que l’impact ne fût pas trop dure. Fynn retomba lourdement contre son dos, l’étouffant quelque peu, mais le geste ne fut pas assez fort pour la blesser. Frei’ tenta de s’extirper de sous le poids de sa sœur en remuant des pattes. Elle ressortit complètement couverte de vase grise, seulement ses deux prunelles anis luisantes étaient véritablement visibles. Elle claudiqua un peu et fixa un regard malicieux sur Guns. Elle ne prit pas d’élan et lui sauta littéralement contre le poitrail, le renversant par la surprise. Elle battit légèrement de la queue de gauche à droite tout en se couchant contre le dit poitrail.

- C’est plutôt violent comme jeu dans la boue, non ~ ? fit-elle en redressant hautement sa tête pour darder ses yeux dans ceux de Guns avant de donner un léger coup de patte contre l'oreille blessée du loup violet..

Elle n’avait jamais aimée ce genre de conflit, sans savoir quelles étaient les véritables intentions de Gunthaer. Elle ne désirait que calmer le jeu afin que personne ne soit davantage blessé, mais personne ne pouvait confirmer que les deux combattants lâcheraient prises. Surtout, Fynn.

Sonnée par le choc, le souffle coupé, Fynn restait étendue sur le dos dans une position repoussante, la gueule entr'ouverte, ses yeux fixés sur le ciel entre la végétation dense de la jungle. Son museau saignait abondamment, creusé de petits traits profonds, marquant les crocs de Gunthaer. Ses pattes n'avaient pas été épargnées. L’adrénaline parcourant ses veines, elle ignorait presque la douleur qui brûlait ses plaies, les images défilant devant ses yeux à une vitesse hallucinante. Elle n'avait rien vu venir, et maintenant qu'elle était enfin libre de la prise douloureuse du messager, elle avait peine à revenir à la réalité, pensant que tout était enfin terminé et qu'il avait déguerpit. Elle tourna de façon saccadée la tête sur le côté pour essayer d'apercevoir Freiya. Et elle remarqua ainsi le mauve qui n'était pas encore parti. Elle vit Freiya bouger les lèvres, mais ne capta rien du sens de ses paroles. Tout ce qu'elle remarqua fut la réaction vive et violente du loup qui lui enserra la patte de sa mâchoire, et le crac sonore la fit sortir de sa torpeur, ses pupilles réduite à de simples petits points alors que tout son corps se jetait sur le mauve sans que Fynn ne comprenne même le mouvement. Elle s'agrippa à la gorge du mauve, grondant sourdement, son sang se mélangeant dans la fourrure du mâle, alors que la pression de sa mâchoire suffisait à en faire de même avec le sang du messager. Quelques paroles pouvant être interprétées comme « lâche. la. » furent gronder dans la poitrine du mâle alors que Fynn n'en démordait pas, déterminée à mettre fin au carnage.