Un, deux, trois. Recommence.

Dinosaure

Un, deux, trois. Recommence.
An 4, Printemps ; Priorité à Stifle.

Qu’est ce que le temps, exactement ?

C’était une promesse…

*'Wow'*

Son pas, peut-être, était plus lourd que d'habitude. Pouvait-il être, paradoxalement, plus léger aussi ? Si elle-même était contradiction, peut-être cela était-ce possible.
À ce moment, enfin, Stifle revenait de mission. Elle parcourait finalement les mornes terres de sa meute, bon nombre de jours après les avoir quittées pour d'autres horizons ombrageux. Le temps, ici, n'avait-il pas changé ? Le même soleil tapait-il encore, toujours et à jamais sur leurs pauvres crânes aplatis ? Pourquoi le paysage ne pouvait se moduler ? Pourquoi étaient-ils pris dans ce coin rejeté de tous, terre sèche et aride, vide de vie, empli de danger, et surtout, d'une monotonie constante que venait parfois, une année espacée de plusieurs autres, briser une légère averse ? Pourquoi tous ces territoires, autour, possédaient richesses et merveilles, se mouvaient au rythme des saisons, évoluaient, changeaient constamment, alors que les changements du désert étaient nullement perceptible ? Dans de telles conditions, ou peut-être dans un tel état d'esprit, il aurait été difficile de lui en vouloir d'apprécier autant les voyages. De visiter, d'être en solitaire, d'enfin voir autre chose que du sable à perte de vue et un ciel infiniment bleu.
Peut-être au fond n'étaient-ils tous que fous, à rester dans cet endroit banni. Peut-être étaient-ils tous fous d'avoir cru bon de se réfugier ici lorsqu'on le avait enlever leur chez soi, peut-être étaient-ils tous fous de ne jamais avoir songé à en partir.
Ou peut-être, la folle était-ce elle, qui continuait de les suivre dans leur folie.

Quoiqu'il en soit, aussi déplaisant que puisse être l'endroit, la femelle ne pouvait enlever le sentiment qui la saisissait lorsqu'elle posait à nouveau patte contre le sable. Le sentiment de revenir chez soi. Un sentiment qui indiquait la fatigue accumulée, harassement créé par des jours, des semaines de voyage. Un sentiment épuisé, las, tout en étant soulagé de revenir au bercail, allégé par le changement d'air. Elle aimait traverser les contrées, mais préférait la paresse, surtout que son corps commençait à la tirailler de partout lors des périples plus importants - comme celui-ci. Lui tardait alors de retrouver le confort de sa terre, la quiétude douillette de ses grottes. Ainsi, la première chose qu'elle fit en arrivant à l'Oasis fut de plonger vers les souterrains, déterminée à aller y faire un somme avant de faire son rapport à Swiftkill. La mission s'était bien déroulée, il y avait franchement peu de choses à aller lui raconter, alors l'alpha prendrait son mal en patience pendant que son espionne irait pioncer.
Lorsqu'elle déboucha dans l'entrée de la grotte, la femelle la trouva vide. Peu étonnant ; quelques loups devaient être au dehors, à vaquer à leurs tâches sous un soleil de plomb, mais la plupart devait se reposer plus profondément sous terre. L'esprit entièrement concentré vers l'objectif d'atteindre sa roche, montrueusement confortable, Stifle ne vit aucunement qu'il y avait en fait une autre présence ici-bas. Ce n'est qu'en s'évachant avec délice contre son gros caillou et posant sa tête sur le sol qu'elle perçut, la vision à l'envers, un truc vachement pas joli.

- Eww.

De fait, la chose n'était pas la vision paradisiaque qu'elle avait espéré avant de s'endormir. C'était quoi, ce ramassis de graisse, de poils, de maigreur, de plis ? Elle le dévisagea un bon moment, tentant d'y trouver un sens, puis finit par se dire que ces deux trous, juste là, devaient bien signaler des yeux. Elle savait que les naissances avaient pour la plupart eues lieu durant son absence, mais, franchement, un Blackblood avait-il un jour pu donner naissance à une chauve-souris ? Et qu'est-ce qu'elle était laide, cette chose.. Quand bien même eut-elle voulut retourner à son repos, elle n'aurait pu détacher son regard de ce loupiot tout rabougris ; de toute façon, son esprit ne pensait plus au sommeil, mais bien au mystère que représentait un tel être. Le regardant toujours la tête à l'envers, elle finit par briser le silence et demander ;

- Dis donc, t'es quoi comme truc, toi ? Tu t'as vu la tronche ?

Dinosaure

- Eww.

- Dis donc, t'es quoi comme truc, toi ? T'as vu ta tronche ?

Truc.

- J'ai l'air d'ressembler à quoi ? A un sabre albinos obèse ?! Pfffff.

- J'te retourne l'observation. T'regarde souvent ton r'flet avant d'déballer des choses dans l'genre ou alors t'es aussi aveugle qu'une taupe ? En tout cas t'en as la prestance.

*'Wow'*

Il l'analysait, elle l'analysait ; il s'analysait. La petite étincelle, dans son regard, lui disait qu'il était aussi conscient qu'elle des limites de son pauvre corps distordu, sinon plus. Après tout, ce n'était pas elle qui avait à vivre toutes les secondes de sa misérable vie dans cette masse informe, ahah. Sa silhouette à elle était loin d'être souple et agréable à regarder, mais au moins, elle fonctionnait un moindrement. Et vu la face plissée de rancune du petit vieux, lui aussi se rendait compte de sa malchance. Malchance ? De l'erreur de son existence, oui. Que du beau gâchis d'énergie, de soin, d'attention et de nourriture, ce corps difforme, c'en était presque charmant ♪
Suintait-elle autant de dédain que même un petit cerveau de loupiot pouvait s'en hérisser ? .. Oui, peut-être avait-elle était plutôt claire quant à ses pensées, dans ses précédentes réflexion à voix haute. Dans tous les cas, le gamin s'était encore plus renfrogné (comme ça, on ne voyait presque plus ses yeux parmi tous ces plis !) et noyait son irritation dans le sarcasme.

- J'ai l'air d'ressembler à quoi ? A un sabre albinos obèse ?! Pfffff.
- Bah ça expliquerait l'odeur et le caractère ~

N'empêche, il avait un talent de rhétorique plutôt développer, pour son âge, elle devait le lui accorder ! Et une certaine ténacité, ou des idées de grandeur, ou du moins un genre de volonté à faire quelque chose de sa vie. À survivre, peut-être. Silencieuse, Stifle le regarda se tortiller sur le sol à la manière des chenilles dans l'espoir de grappiller quelques centimètres de plus, lente ascension vers une flaque d'eau non loin. Bien évidemment, la femelle n'esquissa le moindre geste pour lui venir en aide ; elle se contenta de l'observer se démener, analysant en retrait l'esprit obtus dont il faisait preuve. Cet esprit, s'il le voulait, pourrait se développer en penseur épanoui, à défaut de pouvoir être utile à la meute physiquement.
Enfin, s'il réussissait à survivre, cela allait sans dire.

- J'te retourne l'observation. T'regarde souvent ton r'flet avant d'déballer des choses dans l'genre ou alors t'es aussi aveugle qu'une taupe ? En tout cas t'en as la prestance.

Comme une hyène, elle ricana à la réplique;

- J'avais pas vu que tu cachais des épines, sous tes replis. ♥

Elle laissa à nouveau échapper son rire sec, gutural, et le quitta à son tour du regard. Laissant sa tête tomber complètement, elle la frotta quelques secondes contre le sol, sentant la caillasse lui gratouiller le crâne délicieusement. Tortillant à présent son corps au grand complet, elle continua son nettoyage avec nonchalance et ajouta :

- J'suis peut-être pas une canon de beauté, mais moi au moins j'ai pas besoin d'me traîner à terre comme une limace pour avancer.

Dinosaure

- Bah ça expliquerait l'odeur et le caractère ~

- Ouais c’est ça. Et mes dents pointues tu les veux dans l’fion ou alors tu préfères que je t’asfixie en t’faisant sentir mon haleine ?

- J'avais pas vu que tu cachais des épines, sous tes replis. ♥

- C’est parce que ta la vue digne d’un vieux ! La putain d’ironie.

- J'suis peut-être pas une canon de beauté, mais moi au moins j'ai pas besoin d'me traîner à terre comme une limace pour avancer.

- Hmph. La grooose veine qu't'as.

Les limaces s’accrochent et observent. Elle sont pas besoin d’se déplacer loin pour vivre parce qu’elles s’économisent et s’contentent de ce qu’elles ont. Contrairement aux taupes qui creusent sans arrêt dans leur innombrables terriers souterrains pour mieux fouiner et s’y tapir… et qui peuvent même pas voir leur nourriture alors même qu’elle est en face de leur pauvre yeux. Ca devrait expliquer ta manie de te rouler par terre, de mettre ton nez là où il faut pas et de pas r’marquer l’évidence, miss myope.

- En tout cas t’es bien changeante sur tes choix. J’suis passé de sabre à limace. C’est quoi la prochaine ? Un hippopotame ? Ce serait pratique pour te peter à la gueule tiens ~

*'Wow'*

Il était crispé, irrité, mais tout de même peu impressionnable. Ou déterminé à venger par la parole ce qui ne pouvait faire par le combat.
- Ouais c’est ça. Et mes dents pointues tu les veux dans l’fion ou alors tu préfères que je t’asfixie en t’faisant sentir mon haleine ?
- Pas sûr que tu réussisse à t'rendre juste qu'à moi, dégénéré. À moins que tu veuilles que j'te trimballe tout partout comme un infirme ? ♥
Il continue de jouer l'indifférent, elle continue de se frotter dans la poussière, totalement à l'aise. Après tout, ce n'était pas comme si cette petite chose représentait une menace. À la limite, ses mots pouvaient être pointus, mais son cuir à elle était de loin plus épais.

- Hmph. La grooose veine qu't'as. Les limaces s’accrochent et observent. Elle sont pas besoin d’se déplacer loin pour vivre parce qu’elles s’économisent et s’contentent de ce qu’elles ont.
- Les limaces, elles s'font bouffer par les piafs, que je sache ♪
- Contrairement aux taupes qui creusent sans arrêt dans leur innombrables terriers souterrains pour mieux fouiner et s’y tapir… et qui peuvent même pas voir leur nourriture alors même qu’elle est en face de leur pauvre yeux.
- Fais gaffe, tu pourrais m'tenter à te bouffer !
- Ca devrait expliquer ta manie de te rouler par terre, de mettre ton nez là où il faut pas et de pas r’marquer l’évidence, miss myope.

Elle pouffa alors, préférant railler cette théorie par ses éclats plutôt que par des mots. Elle, une taupe ? Elle, aveugle ? Encore une chance qu'elle soit espionne. C'est pratique ça, dans l'espionnage, les taupes.. ~

- En tout cas t’es bien changeante sur tes choix. J’suis passé de sabre à limace. C’est quoi la prochaine ? Un hippopotame ? Ce serait pratique pour te peter à la gueule tiens ~
Un court rire sec, à nouveau, puis elle dévoila dans un rictus ses larges crocs.
- Désolée, j't'avoue avoir un peu d'la misère à comprendre c'que représente toutes les bosses de ton corps, tu m'excuseras.. P'têtre que t'es une chimère, en fait, une chimère qu'y'aurait carrément foiré son coup. Reste à savoir t'as le cerveau duquel.. J'opterais pour la limace. Enfin, dans l'éventualité qu'une limace ait un cerveau.. Ohh, oh ! Attends ♥
Elle se roula sur le ventre, et bondit sur ses pattes pour se coller au loupiot. Elle leva la patte avec précaution, l'amena délicatement vers lui, puis la lui enfonça solidement entre les côtes. Un sourire illumina alors son visage, comme sa queue éméchée fouettait l'air joyeusement.
- Hey, mais t'es vraiment une limace alors ! Tout aussi mou qu'elles ! C'est trop dégueuuuu ♥

Dinosaure

Maverick écoute les répliques de la femelle, bien que désintéressé. Ses yeux perçoivent les airs et les mimiques sarcastiques de celle ci, et si il avait la capacité de réellement rire, il l’aurait fait. Mais pas un son ne perturba les piques de la rousse. Seul un silence déchirant. Dédaigneux. Moqueur. Elle gâchait son souffle. Le petit vieux n’écoutant déjà plus qu’à moitié. Mais alors vint le contact. Brusque. Soudain. Dur. Tranchant. Douloureux.
- Hey, mais t'es vraiment une limace alors ! Tout aussi mou qu'elles ! C'est trop dégueuuuu ♥
Le visage difforme de l’espionne le surplombe. Elle est aux anges. Un sentiment étrange l’éprend. Ce n’est pas du dégout. Du mépris. C’est quelque chose de beaucoup plus profond… Des sensations brutes, prisent à leur essence. Un sentiment tellement sourd qu’il ne peut l’exprimer dans sa totalité. Il inspire profondément. La bile lui remonte la trachée. Sa voix est distante. Presque monocorde.
- Haha. Ha ha. Ha.
Sa gorge produit un son étrange, désaccordée. La dissonance s’étend à la grotte, donnant des airs sinistres à son hilarité sans chaleur. Il se racle la gorge, désinvolte. La douleur commence à élancer son estomac et ses poumons, mais il la reconvertit en rage pure, bouillante et corrosive.
- T’es qu’une gamine.
Les mots fusent comme des balles, rapides, précis.
- Une pauvre attardée qui s’excite devant son nouveau jouet. Prête à se pisser dessus tant elle prend son pied à exhiber sa débilité sans en avoir la moindre conscience.
Sourire de requin, cruel, acéré. Le souffle commence à lui manquer. Il l'ignore.
- Ça te plait hein ? Bah j’vais dire une chose. Reste dans ton monde.
Sa queue se met à lentement taper le sol, rythme lourd et froid.
- Ça t’épargneras la honte de s’être planter pour avoir essayé d’en sortir. D’toute façon, c’est pas comme si t avais l’choix… Tu trottines p’être en fier, mais là dedans –il pointa sa tête d’une griffe- tu rampes comme un vers.
Il décoche un sourire enjouée et sincère, déflétrissant son visage, redonnant une jeunesse inouïe à ses traits en une simple gestuelle. Crachat. L’amas de salive et de résidus organiques atterrit non loin de l’épaule de Stifle, souille encore plus son pelage crasseux.
- La limace te donne sa gratitude.♥
Sa dernière réplique achevée, il plante ses crocs de toutes ses forces dans la patte de la taupe, ignorant les crispations musculaires de sa mâchoire, ignorant les tiraillements dans son torse. Ses crocs percent la peau, et s’enfonce difficilement plus bas, mais il continue. Sa colère lui donne des ailes, ses membres momentanément transportés par une trance aveugle. Il mord, mord, mord comme si sa vie e dépend. Sa bouche se remplit bientôt d’un gout bizarre, mais il ne sent rien : un flot rouge emplit sa vision. Il continue, ses lames forme un sillon progressif et déchiqueté dans la chair pourrie de Stifle.

*'Wow'*

Il rit, si sèchement que son poils se crispa sur sa peau, que son dos frissonna sous cette vague d'acide. À son tour, elle ricana ; mais son rire était bien plus sincère que celui amer du loupiot, parce qu'elle se permettait quelque chose que lui n'avait pas : une distance avec la situation. Pour elle, c'était un amusement, une distraction passagère. Elle ne pensait même pas réellement ce qu'elle avait dit, et se foutait bien des répercussions. Au mieux cela l'amuserait, de le voir plier sous les injures, de le savoir si faible, si peu méritant de vivre. Ce serait comme la confirmation qu'il n'aurait pas du vivre, qu'il ne méritait sa gentillesse. Il parlait, avec des mots saccadés, lancé ses traits comme des fléchettes, des jets d'acide sulfurique, un crachat venimeux qui essayait de venir brûler son âme à elle. Sauf que les flots rageurs s'évaporaient bien avant d'attendre le coeur flamboyant de la Sang Noir, dont la fournaise ne pouvait que se faire alimenter par toute cette violence âprement jetée à sa gueule.

- Continue de t'amuser à croire que tu me comprends et que tu perçois l'étendu de ma fermeture d'esprit, ça te fera une raison pour te sentir supérieur.

Son ton était chantant, mais le haussement d'épaule qui le suivait témoignait de l'indifférence totale qu'elle mettait vraiment dans sa réplique, et de son désintérêt face à l'émois du jeune. Enfin, il l'irritait quand même, il fallait l'avouer. Pas parce qu'il venait heurter une corde sensible ; sa pomme pourrie de coeur ne serait pas bouffée par les fausses assomptions que Maverick essayait de démontrer, du haut de ses vulgaires quelques semaines de vie. Croyait-il vraiment arriver à la connaître assez pour effectuer un jugement ? C'était le fait qu'il le pense qui l'irritait légèrement, et peut-être le fait que, pour une fois, sa maîtrise d'elle-même lui disait d'éviter de répondre à ces arguments. À ces absurdités grotesques. Parce que le résultat de serait aucunement bon pour la santé du môme, ni mentalement ni physiquement.

Cependant, lui, il n'avait pas les mêmes scrupules.
Tout d'abord, il lui cracha dessus. La femelle regarda avec scepticisme le cracha, qui lui coulait le long de l'épaule, pus ramena sa vision vers cet imbécile de gamin. Indifférente, elle retroussa tout de même les babines, dévoilant sa dentition crochue en guise d'avertissement. Mais cet avertissement ne fut pas compris, ou peut-être que Maverick voyait trop rouge pour l'apercevoir. Quoiqu'il en soit, il finit par faire ce qu'elle aurait cru qu'il aurait fait plus tôt, c'est à dire sauter sur la patte à sa portée. Avoir auparavant songé à cette réaction, puis l'avoir oublié, ne diminua aucunement le choc. Elle feula d'une surprise rageuse, miaula avec grognement sa douleur. Rugissant comme un dragon, elle secoua sa patte de haut en bas pour essayer de dégager cette sale teigne qui si était accroché. Dans un réflexe plus ou moins prévu, elle fit valser sa patte contre la paroi au-dessus de la flaque, faisant percuter le poids mort contre la roche, et continua de la secouer jusqu'à ce qu'il se déloge. Ayant oublié qu'elle n'avait à faire qu'à un vulgaire loupiot, ou donnant libre cours à ses pulsions, elle ne fit aucunement gaffe à la violence de l'impact, seulement déterminée à ce que cette satanée sangsue foute le camp de sa patte au plus vite.

Dinosaure

Maverick s'accrochait. Intraitable. Aveuglé. Un violent choc lui enfonce le dos mais le louveteau ne desserre pas sa prise. Au contraire : il la renforce. Ses membres protestent ouvertement, craquant et tirant la corde nerveuse les reliant à son cerveau. Il failli échapper un gémissement, mais son ego le lui fit ravaler. Bien trop énervé et déterminé, le loupiot résiste aux vagues de douleurs lui parcourant le corps, alors que ses dents continuent de pourfendre la chair de la louve. Il ne tiendrait surement pas éternellement… Mais, au fond de ses tripes, il était près à endurer la souffrance et ne pas abandonner le monceau de peau et de fourrure. Elle l'avait bien cherché ; il ne lâcherait pas tant que ses os ne diraient pas le contraire.

*'Wow'*

Elle le cogna une fois contre la paroi, puis une seconde, puis un autre encore ; elle rajoutait de la force à chaque coup, mais l'autre se cramponnait à sa peau comme une sangsue à l'agonie. Que devait-elle faire ? La douleur lui venait par éclat, des traits sanglants, des nerfs qui tressaillaient sous le balayage ininterrompu de crocs. Intérieurement, elle se mettait à paniquer légèrement. Putain de bordel de merde. Les vagues de souffrance enflaient vers elle, mais le plus épeurant, c'est qu'elles menaçaient de la submerger. Comment réagir ? Elle tentait de le décrocher de là, de toutes ses forces, mais il s’agrippait comme un dément ; ne voyait-il pas que plus il restait, plus la furie animalière risquait de lui faire perdre les plombs, et plus elle deviendrait dangereuse ? Putain de foutu gamin dénué de toute intelligence, il courrait droit vers le meurtre, ce con ! Et elle parvenait à analyser toutes les répercussions de ces actes, parce que sa rang l'obligeait à effectuer ces connexions, mais ce n'était qu'une question de temps avant que ses réflexes entre en jeu et qu'elle lui fracasse le crâne contre le mur ! Gros imbécile de dégénéré de monstre ambulant !! Elle rugissait, comme un dragon, sa douleur et sa frustration, et ses obligations de ne point le tuer. Et céda à la pression, le saisissant d'abord par la queue, le tirant vers le haut, puis agrippant son crâne entre ses larges crocs. Elle bloqua la tête au niveau de ses molaires, faisant quand même gaffe à ne point lui percer les os de ses canines, et serra un peu plus pour lui opprimer le crâne tout en le tirant vers elle.. Mais Maverick avait intérêt à lâcher rapidement prise, sinon elle perdrait la maîtrise de sa mâchoire et serrerait de toute ses forces, dans l'instinct animal de faire cesser la douleur.

Dinosaure

Une décharge lui vrille la colonne vertébrale. Il butte contre la pierre de la grotte. Il se crispe, plus têtu qu’une mule, inconscient du véritable danger, bouillant d’un sentiment intense, étrange et brute, ses sens diriger par un seul impératif : ne pas lâcher. Il mâche, serre, mord. Il oublie peu à peu ce qu’il fait là. Celle qu’il attaque. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il ne faut pas lâcher. Et il ne lâche pas… Mais soudain, quelque chose lui tire la queue… Le tiraillement de ce muscle utlra-sensible le déstabilise quelque peu. Cela ressemble à des crocs, à la salive d’une gueule animale… Il sent la douleur venir, grondante comme le tonnerre. Le petit blackblood ferme les yeux alors que ses membres s’engourdissent. Pourtant, la chaleur dévorante est toujours là, comme un poignard. Il est presque plus douloureux de lâcher prise que de continuer à mordre et de résister aux coups s’abatant sur son corps. Il gémit, mais se force aussitôt à ravaler le son, un gout de bile lui remontant la gorge. Un poids vient écraser son crane. Il cri à la limite de l’hystérie. Il ne doit pas lâcher ! Il imagine ses os se briser, ses poumons défaillir tandis qu’un spasme agite sa carcasse chétive. Dans un dernier effort, il griffe le premier monceau de chair de la femelle à sa portée, puis, tombe. Il tombe, tombe encore et toujours. Sa chute ne semble pas avoir de fin alors que sa vision s’obscurcit. Il renâcle, grogne, tousse, hurle, mais il ne pleure pas. Le sol arrive, plus vite et à la fois plus lentement qu’il ne l’aurait jamais imaginé. Totalement paralysé par le choc, trop épuisé par les efforts demandé à son métabolisme défaillant, il reste immobile, presque aussi inerte qu’un cadavre. Seul ses yeux, pales cristaux améthyste brillant dans la semi-obscurité de la grotte, témoigne de la vie qui l’habite. Un moment s’écoule. Peut être deux. Le temps ne semble plus avoir de prise sur les lieux. Il regarde à nouveau la femelle, ses billes fixant son adversaire avec colère. Son cerveau enregistre les faits, ralenti par le flot d’adrénaline encore présent dans ses vaisseaux. Il montre les crocs, mué par un instinct viscéral, mais aucun bruit ne sort de sa gorge. Il a perdu.

*'Wow'*

Il lâcha prise.

Enfin, après les cris, la tempête, les éclairs de sang et la nuée de souffrance, il abandonna. Il y eut un apogée de la douleur, comme Maverick tombant et voulu l'emporter dans sa chute d'une dernière balafre. Elle rugit une dernière fois, puis sent la pression s'amoindrir sur sa colonne vertébrale ; la brume pourpre s'efface enfin de sa vision, et elle parvient à retrouver le souffle. Saccadé, mais en rétablissement. Lui, tout bas, ne sent pas son état s'améliorer. Il se dégrade, rapetisse, se brise sous les coups de l'échec. Tout d'abord, elle ne le regarde pas. Elle ferme les yeux, même. Elle prend le temps de respirer à nouveau, de calmer son coeur endiablé. Ses paupières tremblent ; elle essaie de les calmer en fronçant des sourcils. Cela ne fonctionne pas. La nausée la prend - elle rouvre les yeux, sèchement, et braque son regard devant elle. Inévitablement, pourtant, il ne peut s'empêcher de dévier, de se couler vers la forme pâle à ses pattes. La chose lui montre les crocs, acculé; malgré elle, elle répond en relevant légèrement la babine, grognant. Leurs yeux se croisent un bref, très bref instant.

Elle détourne le visage.
Son expression se neutralise, des plis de honte cherchent à se tailler un chemin sur sa physiologie. Elle les repousse. Le temps flotte, entre eux, immobile. Des secondes s’égrainent ; elle secoue la tête, serre la mâchoire, ensuite soupire. Un dernier coup d'oeil en coin, puis elle se détourne. Vaincue, elle avance vers la sortie, laissant la situation derrière elle. Elle fuit.

[ Finit ? Par finit ? ]

Dinosaure

Maverick regarde la forme s'éloignée. Son corps entier gémit. Il tousse, bientôt, puis racle. Des larmes lui montent aux yeux. En un dernier couinement rageur, il se recroqueville en boule, cherchant à éclipser l'événement de sa mémoire, de l'effacer. Des gouttes tombent sur ses pattes. Il a perdu... Encore. Un petit cri lui râpe la gorge. Rien ne s'y lis. Sauf peut être une tristesse pure.
— Merde.

THE END.

» Deux soeurs de race.
» A deux, c’est toujours mieux. [Warspirit]
» Prise deux. [Prio Dagger, NO GUN ALLOWED]
» Trois heure pour le semer, 5 secondes pour qu'il me retrouve.