Hors du temps.

Hors du temps.
{An 6, Printemps ; PV Shû}




Enfin ils avaient quittés ce foutu camp! Lethal avait eut ces foutus peintures et son foutu nom, et, aussi, était tomber foutument enceinte, accouplement oblige… Il n'avait remarqué son ventre rond que récemment -quelques jours à peine de cela- mais déjà, la confusion et l'appréhension l'avait assaillie. Elle ne lui avait rien dit… Il espérait que ce silence n'était que temporaire, et à mettre sur le compte des hormones, mais Maverick n'était pas prêt à mettre sa patte au feu pour ça… Après tout, qui, des deux imbéciles qu'ils étaient, auraient put être à l'aise à cette nouvelle perspective au point de le crier sur tous les toits? Aucuns, bien sur. Alors, il renâclait, en silence lui aussi. Tout ce qui s'était passé depuis leur arrivée au clan de loup n'avait semblé que s'enchainer, de plus en plus vite, et de manière chaotique. Il ne regrettait pas vraiment de s'être rapproché d'elle, non. C'est juste… qu'il ne sentait pas près, mais, VRAIMENT PAS prêt pour affronter les conséquences de leur lubie.

C'est pourquoi le voilà qui s'éloignait temporairement de leur duo de voyage. Il devait aménager un peu de temps à lui, en solitaire, pour pouvoir avoir la tête froide pour les événements à venir. Ses pattes avaient encore gagnées en souplesse, aussi, voulut-il essayer de voir jusqu'à où elle pouvait le porter sans lui faire mal, laissant son esprit dérivé au gré de ses pas. Et c'est avec un certain étonnement qu'il chemina plus longtemps qu'il ne l'avait jamais fait. Il n'était pas sur de savoir où il était, mais il savait par où il était venu. L'orée d'une foret sombre avait été successivement son objectif et son point de repère, et c'est avec une certaine satisfaction qu'il vit la tache s'agrandir pour finalement former une barrière naturelle des plus massives. Il n'allait pas y pénétrer -cet endroit avait l'air de craindre un max!- mais il s'arrêta non loin d'une de ses entrées, s'asseyant sur une petite butte, non loin d'une marre d'eau, observant le peu de ses allées, tapissées de bois et de feuilles, visible de sa position. Il était tellement absorbé par son observation qu'il se coupa presque du monde, ses yeux rivés vers la végétation étrange de ce lieu, aveugle à toute autre chose…  Pour l'instant.

Cela faisait maintenant une année. Elle avait atteint en quelque sorte, sa taille adulte. Elle avait changée. Son pelage avait changé de couleur, s’adaptant un peu mieux à la forêt sombre, mais restait tout autant de couleur bordeaux. Sa crinière s’était allongé, sa silhouette s’était vue affinée, ses pattes plus souples, ses courbes plus féminines, Shû avait changée physiquement comme le voulait la nature, mais psychologiquement on l’y avait forcée. On l’avait manipulée, on avait changé ses convictions, on avait fait en sorte qu’elle marche droite. Depuis qu’elle était arrivée ici, elle s’était efforcée de les détester tous autant qu’il était. Elle les méprisait, méprisait sa situation et refusait de croire à la réalité qui s’imposait à elle. Aujourd’hui, il en était tout autre. Shû était prête à défendre cette meute, ses membres, à n’importe quel prix. Elle avait même pris l’habitude de rôder aux bordures de la forêt noire pour veiller à éloigner les prédateurs et les intrus. Elle le faisait quotidiennement surtout depuis que les louveteaux de Calamité avaient vu le jour. Shû n’était pas des plus aimables avec les petits et ne leur accordaient pas tellement plus d’attention que quiconque, mais elle agissait en protectrice.

Assise à la lisière de la forêt, les prunelles écarlates rivés sur l’horizon, Shû détailla le couché de soleil. Elle ébroua un instant sa tignasse avant que soudainement une ombre vint engloutir une partie du tableau. Rapidement, subtilement, elle se déplaça sur le côté pour mieux distinguer ce que se dirigeait vers elle. La Blackblood rentra la tête dans ses épaules et darda ce coup-ci son regard sur Mav’ qui s’assied sur une butte non loin lui offrant littéralement son dos. La femelle bordeaux resta sur place un instant, sans bougé, on l’aurait cru morte tant elle essayait de régulariser sa respiration. D’un pas lent, un peu maladroit et incertain, elle se dirigea vers l’intrus, mais révéla son identité faute d’inattention en faisant rouler une pierre. Shû fronça les sourcils et grinça des dents. Puis elle se figea de nouveau, plaqua ses oreilles contre sa nuque, hérissa sa nuque et attendit de voir la réaction du loup brun.

Maverick reste sur son promontoire. Il ne bouge pas, s'immergeant dans une contemplation si intense qu'il ne pense plus guère aux minutes, ni aux heures. Le ciel prend des teintes plus pétillantes et brulées au fur et à mesure que son regard se perd au loin, seul signe du temps qui passe pour le blackblood. Il regarde cette étrange phénomène de la nature, se demandant distraitement d'où il peut bien provenir. Mais un frottement rêche d'une pierre se fait alors entendre. Un fracas dans le mince espace de silence qui s'est installé. L'instant se brise. Retour à la réalité.
— ! Il sursaute sur place, le poil hérissé, tournant la tête dans la direction de l'élément perturbateur.

Maverick n'aurait sans doute pas détecter le bruit si le contraste drastique du volume sonore du camp des hommes et celui de l'instant n'était pas si opposé. A essayer de bloquer des sons pendant des semaines, il avait renouer avec l'ambiance plus silencieuse de la nature avec un certain entrain, et les divers sons qui lui était autrefois trouble parvenaient à ses oreilles avec beaucoup plus d'efficacité. En revanche, il n'en n'allait pas de meme pour ses yeux. Bien que sa vue s'était aussi améliorée, elle était loin d'être parfaite. Aussi, il perçut Shu comme une sorte de tache plus ou moins nette, à la limite de ce que ses yeux pouvaient déchiffrés. Le pelage aux connotations sanguines le frappa, puis, autre chose… Les formes. Puis la carrure. Il avait affaire à un loup. Et un loup de grande taille… Même s'il n'était pas adulte -chose dont Maverick doutait fortement- il avait une morphologie qu'il connaissait très bien pour en avoir quelques attributs, et pour en avoir vu tout au long de sa courte existence. Un blackblood. Il n'y avait pas de doute là dessus. Il s'efforça à garder son calme, bien que mille question s'entrechoquait dans son crâne. C'est après avoir pris une longue inspiration qu'il se décide à apostropher l'étrange étrangère. Enfin, étranger. Son nez n'était pas encore assez fonctionnel pour déchiffrer les effluves typiques à la gente féminine en si peu de temps, mais surtout, aussi loin.

— Yo rampant. Vint la salutation culotté, beaucoup moins réflective de son état que l'on ne pourrait le croire. Il reste sur celle ci un moment, ne sachant pas comment réagir. Il opta finalement pour se coucher, n'esquissant aucun geste pouvant être interprété comme une menace… Ha, c'était une bonne blague ça. Lui une menace?
— T'sais, j'ai encore jamais bouffé d'loup, et j'compte pas commencer aujourd'hui. Trop dur à mâcher. Plaisante t-il nerveusement, essayant tant bien que mal de détendre l'atmosphère de simple observation mutuelle, qui ne semblait tenir qu'à un fil...

La réaction ne se fit pas attendre et le loup brun se retourna dans un sursaut, les poils hérissés. Immédiatement, Shû eut un léger mouvement de recul, baissant la tête, s’hérissant davantage et arquant ses pattes. Il se mit alors à la dévisager d’un œil plutôt étrange. La Blackblood resta cependant sur ses gardes, méfiant et haussa un sourcil tout en se relevant légèrement. Les paupières à demi fermé, elle détailla l’intrus de haut en bas. Rien de bien menaçant à première vue. Rachitique, minuscule et un brin vieillard. Puis de la façon dont il agissait présentement, il ne semblait pas tout à fait en possession de tous ses sens par exemple la vue. Du moins, Shû pouvait en douter en le voyant la scruter à la loupe si intensément. L’atmosphère se détendit légèrement, mais Shû resta braquée sur ses gardes, fronçant les sourcils tandis que Maverick prit une grande inspiration.

— Yo rampant.

Shû plissa les yeux. Il avait du culot malgré sa stature. Soigneusement, il adopta position couché ce qui détendit un peu la louvarde bordeaux. Elle se redressa, levant hautement la tête détaillant toujours d’un œil attentif le Blackblood brun devant elle, bien qu’elle ne sache pas qu’il en s’agissait d’un.

— T'sais, j'ai encore jamais bouffé d'loup, et j'compte pas commencer aujourd'hui. Trop dur à mâcher.

Elle eut un rictus sans pour autant se détendre un peu. Elle pencha légèrement sa tête vers l’avant, fermant les yeux puis la redressa faisant rebondir ses bouclettes rousses.

- C’est pas mal. Tu sais que du loup c’est dur à mâcher et pourtant tu en as jamais mangé. Pas mal du tout. fit-elle faussement impressionnée en haussant les sourcils. Par contre, je commençais sérieusement à me demander si tu voulais ma photo ou encore si t’étais un pervers, mais il manquait un peu de salive pour cela. dit-elle en penchant doucement sa tête sur le côté. Moi par contre, je suis plutôt curieuse et donc maintenant que tu en as parlé, je me demande réellement quelle saveur à un loup. conclut-elle en plissant légèrement le museau, dévoilant quelque peu ses crocs.

Décidément elle n’avait peut-être pas la patience de Guns pour ce qui attrait aux intrus. Néanmoins, elle était persuadée qu’il lui en voudrait de ne rien faire pour l’éloigner de la forêt ou du moins de le persuader de ne pas y entrer.

Et l'étranger s'avère être... une étrangère.
- C’est pas mal. Tu sais que du loup c’est dur à mâcher et pourtant tu en as jamais mangé. Pas mal du tout.
Maverick retenu un sursaut à l'entente de la voix. Une femelle?! Eh bin, elle avait eut une solde sur les tailles celle là! Il faut dire qu'avec son séjour au campement, il dominait la plupart des cabots, donc forcément, le rappel de la réalité -qu'il faisait parti des plus petits de sa race, sexes exclus- ne le frappait que maintenant. Et Lethal n'entrait pas dans cette considération, car le fait qu'elle soit une femelle entrait dans une approche plus globale ; celle de la personne, pas du genre.
— Ha. Parce que tu crois qu'il faut forcément manger un loup pour savoir que c'est dur à mâcher? Raille t-il, plus amusé qu'irrité, tout en questionnant sincèrement l'intelligence de la femelle. Il eut une pensée pour cette peste, cette débile profonde qu'il avait "attaqué" lors de leur rencontre houleuse, au tout début de sa vie. C'était la première fois qu'il avait gouté au sang. Et bien qu'il n'avait pas ingérer quoique ce soit suite à son coup de croc, la sensation de gout sur sa langue l'avait dégouté. Ce souvenir, bien que précoce, lui était resté. Mordre un loup suffisait amplement pour savoir que la quantité de poils et l'épaisseur de la peau étaient conséquent, et que ce n'était certainement pas à la hauteur de la "douceur" de la chair délicate d'un oiseau ou d'un petit rongeur.

- Par contre, je commençais sérieusement à me demander si tu voulais ma photo ou encore si t’étais un pervers, mais il manquait un peu de salive pour cela.
Maverick ne répondit rien, levant presque les yeux au ciel. Lui, un obsédé? Ha! Il s'était mis en couple, certes, mais en dehors de ce cercle, il conservait toujours les mêmes réflexes concernant les gens et son attitude ; il cherchait avant tout à chercher une once d'intelligence chez eux. Chose dont la charmante gente féminine présente semblait être quelque peu amputée.
- Moi par contre, je suis plutôt curieuse et donc maintenant que tu en as parlé, je me demande réellement quelle saveur à un loup.
Il eut un léger frisson, tout en concentrant son esprit sur ses dires, se forçant à rester là où il était, et à ignorer les signes hostiles de la louve. Elle avait utilisé le mot "réellement". Comme si elle cherchait à justifier son attitude, sa phrase... D'autant plus qu'elle n'avait pas l'air "enchanté" à cette perspective: pas de sourire, pas de frétillement dans ses membres. Peu être n'avançait t-elle cela que dans une optique purement... curieuse. Comme un bébé loup est curieux de mâcher tout ce qui est à sa portée. Non pas pour "profiter" du gout, ni même par envie de manger, mais pour simplement découvrir, par envie de découvrir, par la perspective de découverte. Enfin, c'est ce que Maverick espérait et se disait pour éviter de paniquer et prendre ses pattes à son coup.
— Bah manque de bol poupée, j'suis pas vraiment un loup. Mais si tu veux choper des saloperies en essayant, je t'en prie! Il disait cela par sarcasme, mais aussi par sincérité. Plus que l'on ne pouvait le croire. Refiler sa maladie à un éventuel prédateur? Il en serait plus que ravi! Et bien qu'il était persuadé d'etre un loup malgré cette même maladie, peut être n'en n'était-il pas un...

Il eut un sourire mauvais, qui ne dura néanmoins pas longtemps. Cette menace était sous entendue, mais réelle. Restait à savoir si cette sanguinaire du dimanche la mettrait à exécution. A cette pensée, il eut un rictus, une image lui revenant en mémoire, et s'accolant de plus en plus à la bête qu'il avait sous les yeux. Il reste silencieux quelque instants, secouant légèrement sa tête de coté avant de s'exprimer.
— Avec tes manières et ton allure, on dirait la grande rouge. Le gout pour le cannibalisme en moins.
Il parle plus pour lui même que pour l'allumée, et a un petit rire, mi sincère, mi nerveux, trouvant la comparaison logique mais ironique. Après tout, tout les blackblood imposants et sanguins n'était pas forcément des rejetons de Bloodspill. Il n'y avait qu'à regarder le "gentil papa" de Lethal. Mais moi aussi, je suis curieux, vois tu… Dis moi: que fais une Blackblood si loin de l'oasis? Il lance, effectivement curieux d'un tel concours de circonstances, mais essayant surtout de gagner du temps au cas où elle aurait des idées... Il en profitait d'ailleurs pour déceler des abris ou des recoins dans les environs, jetant des coups d'oeil ça et là, sans jamais vraiment rompre le contact visuel avec l'étrangère bien longtemps.

Il eut le semblant d’un sursaut en entendant sa voix, mais Shû n’y fit pas de cas. Après tout, il ne pouvait pas être plus énergumène qu’il ne l’était déjà.

— Ha. Parce que tu crois qu'il faut forcément manger un loup pour savoir que c'est dur à mâcher?

Elle avait froncée ses sourcils. Il avait vraiment du culot celui-là. Elle ne revient cependant pas sur la question et enchaîna donc naturellement le reste de ses paroles. Il ne répondit d’ailleurs rien à ses piques, tout comme elle l’avait fait. Bien, ils ne se sauteraient pas tout de suite à la gorge. Il était suffisamment sain d’esprit pour réaliser qu’il y perdrait.

Un frisson sembla parcourir le corps de Maverick des suites de sa dernière phrase. Shû s’en vue gonflé de fierté. Elle redressa sa tête, conservant sa grimace d’hostilité et redressant hautement la queue.

— Bah manque de bol poupée, j'suis pas vraiment un loup. Mais si tu veux choper des saloperies en essayant, je t'en prie!

La louvarde bordeaux haussa un sourcil. Il était décidément pas très sain lui d’un sens parce qu’il ne semblait pas réaliser qu’il était un loup ou d’un autre, parce qu’il semblait littéralement se moquer d’elle. Shû émit un léger grondement sourd avant de dévisager Mav’ de haut en bas. Elle devait toutefois avouer qu’il n’avait rien de bien appétissant, ce qui lui arracha d’ailleurs une grimace de dégoût. Elle espérait de pas en arriver jusque-là et puis, heureusement, la situation ne s’y dirigeait pas actuellement. Shû ne se détendit pas autant, toujours sur ses gardes, toujours menaçante. Elle ne sourcilla pas lorsque le silence s’installa entre eux. L’idée de le faire suivre germait dans son esprit et elle savait qu’elle devrait bientôt le faire et vite. Toutefois, elle se questionnait à savoir si cela était la bonne option. Après tout, il n’avait pas osé entrer dans les bois. Il ne s’y trouvait qu’en bordure. Qu’en penserait Guns ? Shû ébroua sa tête.

— Avec tes manières et ton allure, on dirait la grande rouge. Le gout pour le cannibalisme en moins.

Elle redressa une oreille, haussant un sourcil. De qui parlait-il ? En grandissant dans ce territoire entouré de nouvelles valeurs, Shû en avait même oubliée le surnom de sa propre mère. Mère, qu’elle avait refoulée au plus profond de son esprit puisqu’elle l’avait abandonnée, tout comme son père, Bonechill, l’avait fait. Le Blackblood marron darda ses prunelles dans les siennes.

- Mais moi aussi, je suis curieux, vois tu… Dis moi: que fais une Blackblood si loin de l'oasis?

Shû retint sa surprise. Elle redevint un peu plus calme, mais toujours aussi agressive. Les mots de Mav’ continuèrent de résonner dans son esprit alors qu’elle cherchait une échappatoire, quelque chose à dire. Ainsi, elle ne remarqua pas les coups d’œil que l’étranger faisait de droite à gauche cherchant à son tour, un endroit pour fuir.

La louvarde bordeaux étira sa tête vers l’avant tout en faisant un pas dans la direction de l’inconnu.

- Et pourquoi pas ? fit-elle en le regardant de haut en bas, arrogante. Qui a dit que les Blackbloods étaient seulement restreint à l’Oasis. (Elle roula les yeux) D’ailleurs, je pourrais autant te retourner la question; pourquoi te promènes-tu sur ce territoire si loin de ton trajet ? conclut-elle en plissant les yeux.

Elle n’était pas bête, simplement un peu inculte sur le sujet. Elle se souvenait des bribes de son ancienne meute, de ses traditions. Mav’ n’avait rien d’un Blackblood, mais de la manière qu’il en parlait, elle en déduit qu’il en était forcément un bien qu’elle ne pouvait exactement reconnaître le parfum qu’il portait. Quant à elle, elle avait grandi entouré d’autres espèces de loups forcément que son odeur n’était plus celle de l’Oasis. Elle espérait simplement que certains facteurs physiques l’aideraient à se glisser hors de cette question et puis, sinon, elle n’aurait d’autres choix que de se ruer sur lui.

- Et pourquoi pas ? Qui a dit que les Blackbloods étaient seulement restreint à l’Oasis. D’ailleurs, je pourrais autant te retourner la question; pourquoi te promènes-tu sur ce territoire si loin de ton trajet ?
Il ne peut réprimer un rire sincère, malgré l'ironie de la situation.
— Haha! Enfin quelqu'un pige ça! Ses oreilles se tendent alors au reste des paroles de la louve, une expression plus sérieuse revenant sur ses traits. Han, on oublie les traditions? Il crache presque le dernier mot, ne cachant pas son dégout pour ce genre de chose, et reprend, laissant la femelle tirer ses propres conclusions de sa réplique. Pourquoi pas effectivement… Sauf que… t'as pas de tatouages. Il se stoppe quelques instants, plongeant ses prunelles dans celle de la femelle, songeur. Donc : soit t'es jeune, soit t'as échoué à leur connerie de test et t'as pas voulu revenir dans la meute.

Il eut un léger sourire. Un sourire jaune, presque cynique, qui était loin d'être aussi sincère que tous ceux qu'il avait put décrocher avant ; malgré toute ces déductions logiques, il n'était pas forcément certain de la véracité de son raisonnement. Des éléments dont il n'avait pas connaissance pouvaient entrés en ligne de compte… Mais il n'allait pas stoppé son interrogatoire pour cette simple raison. Il était sincèrement curieux de la présence de cette furie dans ces bois… Et il n'était pas connu pour son manque de persévérance.
— Mais dans ce cas, pourquoi tu t'étonnerais de voir se "promener" un camarade qui pourrait être dans la même situation que toi? Il eut un léger plissement de sourcil, couplé avec un mince sourire entendu. Tout cela avec exagération, bien qu'une certaine conviction commençait à montée en lui, au fur et à mesure qu'il exposait les éléments. Les mois passés avec Lethal avaient affutés son esprit déductif (il en avait bien besoin, avec les sautes d'humeurs hasardeuses et chaotiques de la plante!), et puis, il n'était pas né de la dernière pluie. Il scrute une dernière fois les alentours, derrière la Blackblood cette fois ci, faisant mine d'admirer le paysage.
— D'ailleurs drôle d'endroit pour faire son terrier! Si près des Inariens… avec qui, on peut le dire, nous (il appuya fortement sur le pronom) n'avons pas de très bonne relations. C'est à croire que t'es suicidaire! Ou… que t'es juste pas au courant des choses de ce monde.

Il sait qu'insister et faire des devinettes au vent n'est certainement pas la solution la plus sécuritaire pour lui… Il faisait un pari risqué, miser ainsi sur les réactions (ou non réactions) de sa comparse… Mais, le danger, il l'avait toujours côtoyé depuis sa plus tendre enfance. Aujourd'hui, le fond ne changeait pas, seulement sa forme. Et sa réponse, elle aussi, ne changeait pas sur le fond. Bien que, cette fois ci, il avait pris note que si jamais tout capotait, un endroit pourrait peut être rattraper ses bêtises ; un renfoncement étroit, au pied de la colline, à moitié dissimulée par de la mousse et un tapis d'aiguilles. Le trou était trop petit pour que la bête s'y glisse, il en était certain. Le hic: il n'était pas sur qu'il puisse y parvenir avant la monstrueuse masse de poils rougeâtre. Et s'il y parvenait, le trou pouvait ne pas être assez profond pour empêcher la folle de le faire sortir. Visiblement, sa carrière de tacticien ne s'entamerait pas aujourd'hui…