Tu nous Appartiens

(Été, An 3)

Toutes douces, les maigres vagues de la côte berçaient les flancs de la Vallée Jaune. Celles-ci amenèrent leurs flots de déchets provenant de la mer, mais tantôt, des créatures mystiques, du moins, elles l’étaient aux yeux de leur congénère. La petite violette se laissa embarquer dans une vague pour finalement se laisser couler sur la maigre berge qui couvrait une partie du flanc de la Vallée. Elle éclata d’un rire cristallin avant qu’elle ne soupire d’aise. Étendue sur le flanc, Freiya ferma les yeux et étira ses antérieures le plus loin devant elle, pour ensuite en ramener une près de sa joue. Elle attendit tranquillement, patiente. Un duo de libellule vint danser près de sa tête, l’obligeant à remuer les oreilles et à redresser la tête. Devant ses deux prunelles vertes facilement distinguables, une silhouette costaude et massive se dessina. Triant les flopées d’odeurs qui se présentèrent par delà la brise, Freiya tira la langue tout en laissant un fin et carnassier sourire s’esquisser sur son visage. Un Solitaire, semble-t-il, et avec de la nourriture.
Frei’ jeta un coup d’œil par son épaule avant de redresser sa poitrine, puis se hisser gracieusement sur ses grandes échasses.

- Fynn ! Il serait un peu temps que tu sortes ta tête des algues ! dit-elle en donnant une brève porter à sa voix.

Elle gambada le long de la berge avant de se jeter de nouveau dans une vague et exécuter un plongeon, déjà, elle voyait les courbes de sa sœur déchirées les vagues. Elle nagea habilement jusqu’à elle.

- Hûhu ~ Je crois avoir dénichée un personnage plutôt intéressant. fit-elle en tournant sa tête vers le loup tout au loin.

S'étant éloignée des frontières d'Oerba à la nage, les jumelles s'étaient laissées porter au gré des courants marins pour terminer par une escale sur la terre ferme. Freiya, plus agile, fendit l'eau, se posant comme une sirène sur le rivage, poussée par une vague. Fynn, elle, faisait une entrée beaucoup moins charmante, ne laissant que le dessus de sa tête sortir de l'eau, observant le rivage comme un crocodile fixant sa proie, restant discrète. Elle ignora les taquineries de sa soeur, avant que celle-ci ne vienne la rejoindre dans l'eau, porteuse de nouvelles.
« Hûhu ~ Je crois avoir dénichée un personnage plutôt intéressant. »
Les iris jaunâtres suivirent la désignation de la violette, un sourire malveillant se traçant sur son visage. Avec de la chance, l'inconnu n'aurait pas remarqué la deuxième louve.
Reposant ses yeux sur Freiya, elle acquiesça d'un mouvement de la tête, inspirant puis disparaissant dans l'eau, longeant la berge à la nage, restant inaperçue. Elle ferait un détour, question d'attraper le magot par derrière. Ayant pris suffisamment de distance, elle se rapprocha de la côte, encrant ses pattes dans le sable pour marcher jusqu'à la terre ferme. Un ricanement sournois émana de sa gorge, comme pour elle-même. Elle se roula brièvement sur le sol, comme pour couvrir son odeur -quoi que cet endroit empestait déjà -. Et c'est ainsi qu'elle se dirigea vers les troncs, confondant sa silhouette avec leurs ombres, se rapprochant dangereusement de la victime.

La question ne se posait même pas. Fynn avait tout bonnement compris la malice de Freiya. Déjà, elle était repartie, s’engouffrant dans les profondeurs marines. La petite violette l’observa une dernière fois, suivant le remous, puis ne la distinguant plus se servit d’une vague pour revenir sur la rive. Elles connaissaient leur travail, les positions à prendre. Frei’ n’avait pas besoin de se mêler du rôle de Fy’. Elle savait pertinemment que sa sœur jouerait bien son rôle.

S’ébrouant, la petite chose se laissa gambader sur la place et suivit le vent. Elle s’engouffra dans un courant d’air qui porterait son odeur. Faisant mine de rien, elle fouilla les décombres, agitant la queue, bougeant les hanches. Elle dénicha une Étoile de Mer échouée qu’elle remua de la patte. Son parfum parvint aux bonnes narines. Dans son dos, elle sentait le regard pesant d’un curieux. D’un geste lent, elle tourna sa tête, remuant sa chevelure bouclée. Son regard à demi-fermer envoûtant se posa directement sur la silhouette du loup solitaire qui s’était dressé pour la regarder. Elle rit. Il la dévisagea avant de redresser les babines. Freiya s’en sentit vexée.

- Ohoh, mon brave, calmez-vous ~ fit-elle de sa voix mielleuse alors qu’elle se rapprocha du Mâle. N’avez-vous donc jamais tenté la présence d’autrui ?

Il se ressaisit.

- Présence qui se veut indésirable. fit-il en claquant l’air de sa queue et se retournant à demi vers les vestiges de sa proie, un jeune Cerf démembrer.
- Oh… Navré alors de fouler la même planète que vous.

Il esquissa un sourire.

- Vous vous moquez de moi ?
- Hûhu ~ Non, seulement… Je suis réaliste.

Elle fit un pas en avant, puis un autre, sa queue remuant de gauche à droite, horizontale.

- Et moi…
- Pessimiste ? Allons, mon cher ! De par votre odeur je peux bien voir que vous manquez de compagnie. Autant que moi. Ne me dites pas que vous craignez une Dame ? dit-elle en battant vigoureusement des cils.
- …

Fine Renarde. Il se laissait embarquer. Elle prit davantage de place, concentrant le regard de l’autre sur elle.

Sillonnant entre les arbres à petit trot, Fynn faisait profil bas, la tête abaissée au même niveau que son dos. Son rôle n'était pas d'attirer l'attention, au contraire, elle devait se faire discrète ; et elle excellait dans ce domaine. Tapis dans l'ombre, elle s'arrêta derrière un tronc plus massif que les autres pour observer la scène. Elle ne pouvait pas immédiatement passer à l'acte, la distraction était encore trop faible, et le solitaire restait vigilant, sur ses gardes. Un sourire malicieux se fraya un chemin sur son visage, ses pupilles limes ne lâchant plus sa soeur des yeux.
Ce genre de tactique n'était pas sans danger non plus. Si le mâle n'embarquait pas dans le jeu de la charmante violette, tout pourrait tourner au vinaigre. Ce pourquoi Fynn surveillait, attentive aux moindres gestes du mâle.
« Présence qui se veut indésirable. »
« Oh… Navré alors de fouler la même planète que vous. »
« Vous vous moquez de moi ? »
« Hûhu ~ Non, seulement… Je suis réaliste. »
« Et moi… »
« Pessimiste ? Allons, mon cher ! De par votre odeur je peux bien voir que vous manquez de compagnie. Autant que moi. Ne me dites pas que vous craignez une Dame ? »
D'un autre côté, Fynn détestait ce petit jeu qui transformait sa soeur en parfaite petite aguicheuse. Et puis, son instinct protecteur ne pouvait que lui crier de prendre garde. Elles étaient petites faces aux autres espèces terrestre. Et le sol n'était pas leur meilleur atout. Cela dégoûtait l'aînée de prendre autant de risque, surtout qu'elle était celle qui se cachait et qui n'affrontait pas un inconnu à quelques centimètres à peine. Mais elle faisait la sentinelle, vaillant à ce que se déroule comme prévu.
Un frisson lui parcourrut l'échine alors qu'elle vit le signal pour continuer ses déplacements pour se rapprocher des vestiges du repas du loup. Voyant que le mâle commençait à céder à la tentation, Fynn se déplaça latéralement, contournant les deux loups par les arbres, se rapprochant de son objectif.

Un mince sourire carnassier sur le visage, elle fit un pas de deux. Contournant le Loup alors que ses oreilles pointèrent net vers l’arrière un instant, sentant la présence de Fynn se rapprocher. Ce n’était pas encore tout à fait le moment.

- Oh. C’est bien. J’imagine que dans ce silence vous assumez vos tords. fit-elle en ricanant.

Il leva les yeux, fronçant les sourcils. Elle se mit à décrire un cercle autour de lui. Les prunelles du Mâle la suivait docilement comme s’il s’en retrouvait enchaîner par le cou.

- Allons allons, ne soyez pas si renfermer. N’importe quel loup peut se permettre de vivre en solitaire, mais… Pour combien de temps ? susurra-t-elle avant de faire voltiger sa queue de gauche à droite, frôlant le museau de l’autre.

Il eut un rictus. Toutefois, son regard le trahissait. Regardant à gauche puis à droite, il semblait chercher comme une échappatoire. Freiya l’avait prise dans son filet. Elle redressa un sourcil, les paupières à demi-fermer, son regard se posa sur la proie du Loup.

- J’aurais été bien bête ou folle, de vouloir me jeter sur votre pitance et m’enfuir avec, vous ne croyez pas ?

Il se redressa, reprenant un semblant de confiance. La méfiance se dissipait.

- J’imagine…
- Huhû, vous voyez ? Je ne suis pas de… Mauvaise Compagnie ~

Elle se coula net contre le flanc du Mâle, glissant ses griffes dans sa fourrure, jouant des pattes devant son visage telle une soumise. Freiya se laissa glisser sur le dos, s’appuyant contre lui. Il eut un peu de retenu, mais l’emprise avait été fait. À ses yeux, Frei’ était bien la petite femelle fragile qui ne pouvait que lui causer du bien. Une image parfaite qui n’était pourtant que le fruit d’une illusion. Étirant son cou, la petite violette guetta par-dessus l’épaule du Loup où en était Fynn. C’était bien le moment de frapper et leur position était tout simplement parfaite. La mer n’était pas trop d’elles, seulement, sur la terre ferme, faire un tel coup, elles risquaient gros. Le Loup ne put rester de marbre face aux cabrioles de la petite Oerba et il lui fit une accolade tout en fermant les yeux. Freiya s’appuya contre la nuque du Mâle et afficha une grimace destiné à sa sœur. Qu’elle fasse vite et qu’elle la sorte de là !

- Hm… Vous portez une odeur différente. Un parfum que je n’ai jamais sentit auparavant.

Freiya sentit son cœur rater un battement. Les Oerba étaient des mythes pour les loups terrestres, mais leur Meute tenait bien ligne à sa réputation. Elle épouse son corps à celui du loup tout en riant de son rire cristallin, avant de bêtement envoyer de gros yeux à Fynn.

- Vous trouvez ? Peut-être que je me glisse dans des fleurs que vous ne connaissez pas encore ~
- Non… fit-il tout doucement. C’est une odeur salé plutôt qu’une odeur sucré.

On avait l’impression de retourner à la case départ. Malgré ses manières et sa gestuelle, Freiya sentait nettement en elle la panique la gagner. Ce Mâle pourrait lui broyer le cou net d’un coup de croc. Elle sentait la peur la gagner. Elle se redressa donc pour reprendre meilleure prise et discrètement chercha des yeux Fynn. Où était-elle ?

« Huhû, vous voyez ? Je ne suis pas de… Mauvaise Compagnie ~ »
Naturellement, Fynn ne quittait pas la scène des yeux, se fiant à son flaire pour la guider à sa destination. Elle eu une grimace de dégoût, sortant la langue, un frisson la parcourant, ses traits se déformant en une moue sordide. Berk. On voyait bien qui savait jouer son rôle. Se lover comme ça contre un pur inconnu. Elle en serait parfaitement incapable! Elle savait pourtant que ce n'était pas non plus une tâche qu'adorait Freiya, mais elle s'y débrouillait à merveille. Se faisant désirée, elle jouait de ses courbes et y allait avec le touché pour capter toute l'attention du mâle.
La deuxième jumelle s'était stoppée vaguement dans son objectif, fixant la scène, perplexe, dégoûtée et son côté protecteur bouillonnant en son fort intérieur. Puis, un regard de la part de sa soeur la tira de sa rêverie. Il fallait avancer! Reprenant ses déplacements furtifs, elle baissa la tête, ralentissant le rythme pour se faire discrète. Et comme un sixième sens, elle sentait que la situation s'envenimait. Elle accéléra le pas.
Puis, telle une féline, elle eu sa proie dans sa mire. Ses pupilles se dilataient, montrant sa concentration. Camouflée dans les feuillages d'un buisson, elle n'était qu'à quelques mètres du repas. Mais l'animal mort était à découvert, ce qui la mettrait à vu. Relevant ses oreilles courbées, elle monta lentement et discrètement sa tête, cherchant Freiya, vérifiant que tout se passait bien. Le mâle ne regardait pas. Elle patientait, quelques secondes, que la situation ne change pas. L'adrénaline pompait dans ses veines. Elles étaient tout près du but.

La petite violette dressa net les oreilles lorsqu’elle aperçut au loin la silhouette de Fynn. Le Mâle la regarda d’un regard plissé, remplit d’interrogations. Il se détacha légèrement d’elle, doutant de plus en plus de ses manigances. Freiya se ressaisit soudainement et ricana de son rire cristallin afin de détendre l’atmosphère.

- Vous n’aimez pas mon Parfum ? fit-elle faussement vexée. Peut-être ai-je ce parfum à votre nez car je vous évoque le souvenir d’une Sirène ?

Le Loup l’a regarda, perplexe et recula même de deux pas. Il voulut laisser une œillade vers sa proie, mais Freiya se mit dans sa trajectoire, remuant ses courbes.

- Les Sirènes ne sont-elles pas des êtes perfides et manipulatrices ?

Freiya garda son sang-froid alors qu’un maigre sourire s’étira sur ses lèvres. Elle ne fut pas prise au dépourvue.

- Nous parlons ici de légendes, non ?
- Peut-être…
- Mais alors ? Vous ne désirez pas me comparer à une légende ? Beauté Légendaire ? dit-elle modeste.

Le Mâle eut un rictus avant de se mettre à rire sincèrement. Freiya se glissa devant lui, couvrant sa vue, son regard lumineux était rivé dans celui du loup solitaire. Le Mâle semblait envoûter et accorda pour une seconde fois le bénéfice du doute à la douce petite Oerba qui dansait devant lui. Freiya agita docilement et gracieusement sa queue de gauche à droite, puis deux fois tout simplement à gauche. C’était le signal pour Fynn. Il fallait qu’elle agisse maintenant. Frei’ se colla davantage au Mâle, l’obligeant à se coucher sur le flanc. Elle ricana.

-Vous voyez… Je parle beaucoup, mais j’agis peu.

De sa cache, Fynn observait la scène, décodant la situation par la gestuel des deux loups. Le mâle tenta de se retourner en direction de la carcasse, mais fut subitement intercepté par Freiya. Fynn restait tapis, sans mouvement. L'opération tournait au vinaigre de son point de vue. Une minute de plus avec cette genre de tension et Fynn aurait foncée tête baissée, annulant le plan et provoquant leur fuite. Mais sa jumelle reprit le contrôle, au plaisir de l'estomac de la mauve. Freiya se trémoussait de plus bel, au dégoût de sa soeur, mais cette dernière ne s'attarda plus sur ce petit jeu. Les yeux du mâle étaient ailleurs, et Freiya lui donnait le signal. Accroupie, elle avança tranquillement jusqu'au bord du buisson avant de vivement se saisir de la carcasse, vite comme la vipère mais sa mâchoire forte comme celle d'un alligator. Ce saisissant du repas, elle l'entraina dans les buissons silencieusement. Arrachant une cuisse, le plus qu'elle pouvait emporter sans trop se ralentir, elle entreprit de se rapprocher de Freiya. Laissant le morceau au sol, elle releva la tête, pointant les oreilles pour voir où elle en était rendue. Mais elle n'avait plus le temps d'attendre. S'il se retournait, il verrait que sa proie n'était plus là. Surgissant des buissons à toute allure, la patte de la proie ballottant dans sa gueule, Fynn percuta de plein fouet le mâle pour le déstabiliser. Un « Bouge! » mal prononcé à l'égard de Freiya se fit plus insistant avec les gros yeux que lui offraient Fynn. Déguerpissant vers l'eau, elle ne se retournait pas, espérant que le mâle n'ait pas la vitesse dans ses compétences.

Roucoulant, jouant avec une boucle de ses cheveux, Freiya darda son regard dans celui du loup solitaire. Le Sortilège était bien lancer, mais il pourrait durer éternellement. D’un coup d’œil rapide, la petite violette vit la proie disparaître dans les buissons, puis deux oreilles se dressées hautement. Freiya se détacha vaguement du mâle qui haussa les sourcils.

- Qu’est-ce qu’il—

Elle le recoucha net en appuyant une patte contre son poitrail. La Mousse ne pouvait bouger pour le moment. Elle devait s’assurer que le plan se succédait vers le succès. Balayant ses boucles devant son visage, elle guetta le moment où Fynn sortirait des buissons pour l’aider. Ce qui ne sut tarder. D’un geste rapide, mais synchronisé, la jumelle sortit des buissons une cuisse entre les dents. Freiya se dégagea aussitôt du Mâle en le repoussant et il se vit bousculer par Fynn. Dressant les oreilles, Frei’ n’entendit que légèrement le signal de sa sœur, mais les gros yeux qu’elle lui fit la fit détaler. Se donnant un élan, elle percuta à son tour le mâle en sautant par-dessus. Dans la truffe, il se prit les postérieurs de la petite jumelle avant que celle-ci ne se glisse dans les buissons pour prendre un maigre morceau de la pitance. Rapidement, elle glissa contre le sol, fit demi-tour et partit en flèche sur les pas de sa jumelle. Le Solitaire ne prit pas bien longtemps après de se remettre. Il se mit aussitôt en poursuite des deux voleuses. Ses mâchoires claquèrent net derrière Freiya. Il la suivait de près. Elle lui envoya un coup de patte de nouveau dans la gueule et il ne sourcilla que légèrement.

La mer n’était plus qu’à moins d’un mètre d’elles. Toutefois, sur la terre ferme, elles n’avaient pas la même adhérence et la même agilité que les loups de terre. Freiya sentit un pincement douloureux contre sa queue et se vit contrainte de s’arrêter. Elle couina avec hargne et écarquilla les yeux pour se retourner et apercevoir le Mâle qui tenait sa queue entre ses dents. Elle fronça les sourcils, mais paniqua.

- M-Mais ! Lâche-moi !! lui cria-t-elle en se débattant.

Elle lui écrasa une patte dans un œil, mais sa propre douleur lui faisait perdre ses moyens et ses forces. Elle hurla;

- FYNN !!

Freiya parvint à se libérer, juste à temps pour ramper quelques centimètres se resaisir de son morceau puis se faire de nouveau plaquer contre le sable. Elle gronda, hérissant son échine. La petite Mousse se débattit du mieux qu’elle le pouvait. Envoyant des coups de pattes par là, des coups de têtes par ci. Rien n’y fit. Ses prunelles se dardèrent directement sur la silhouette de Fynn non loin devant.

Elle le percuta et il vacilla, ne s'attendant visiblement pas à un impact de la sorte. Surpris et secoué, il ne prit pourtant pas longtemps pour se remettre sur patte et agir. Fynn détalait comme un cheval, les oreilles dans le cran, la cuisse du gibier baltant dans sa gueule au rythme de sa course. Mais elle jeta un coup d'oeil derrière et vit Freiya sauter au-dessus de lui et par la même occasion lui donner un coup dans la mâchoire. La jumelle sourit et continua vers la mer sans plus se soucier du succès de l'opération. Elle n'entendit pas non plus Freiya se débattre et ordonner le mâle de la lâcher, le bruit de ses pattes résonnant trop fort à ses oreilles. Pourtant quelque chose clochait et elle le sentait. Elle se mit à ralentir graduellement le galop, ses oreilles tournées vers l'arrière. Le hurlement de détresse de Freiya teinta à ses oreilles.
« FYNN !! »
Et sa tête se tourna brutalement vers celle-ci et le solitaire qui lui la retenait par la queue. Laissant subitement tomber le morceau, ses oreilles droites et ses yeux rivés sur sa soeur, elle fit volte-face et, tel un taureau, chargea. Fonçant directement sur le mâle, l'impact fut bien plus fort que le précédent. Comme un bouc, elle abaissa la tête, les crocs serrés, les oreilles baissées. Elle le percuta de plein fouet dans le flanc droit et par chance, le choc le fit lâcher la queue de Freiya. Alors qu'il alla s'étaler sur le sol, elle le surplomba en grondant agressivement, ayant l'air d'un démon avec son visage semé de plis à force de froncer les sourcils et de soulever les babines. Elles avaient beau se ressembler, Fynn était une image bien moins attirante que sa soeur quand elle s'enrageait.
Mais elle n'avait pas le temps de lui faire plus ample correction. Il eut certainement le souffle coupé par la force de la charge, mais Fynn ne sembla pas sonnée. Ou elle n'en laissa rien paraître. Ne tardant pas, elle releva la tête vers Freiya, le visage plus lisse mais inquiet. Elle s'approcha d'elle en un vif pas et observa l'état de sa queue. Mais la situation empêchait de constater et de soigner. Il fallait se presser.
Donnant une poussée du bout du museau dans le cou de Freiya, elle la laissa partir devant, se retournant une seconde fois vers le mâle pour l'empêcher de se relever, plaquant sa patte dans sa gorge pour obstruer sa respiration. Puis, le laissant, s'étouffer et chercher son air, elle détala, rejoignant Freiya et ramassant le morceau qu'elle avait laissé par terre, courant vers la mer, leur refuge.

La détresse se lisait sur le visage de Freiya qui en démordait pour se libérer du mâle, elle avait la certitude que Fynn était en route pour l’aider. D’ailleurs, par instinct, la petite violette ferma les yeux alors que l’impact violent se fit. Le Mâle tombé légèrement plus loin, relâchant sa prise rapidement. Il eut le souffle court, étaler sur le flanc gauche, il peinait à respirer. Freiya rouvrit les yeux d’un trait avant de se relever, penaude. Elle ébroua sa pelisse, jeta un œil vague à sa queue puis darda ses prunelles anis sur sa jumelle. Elle esquissa un long sourire, plissant les yeux, rabaissant les sourcils. Fynn se retourna ensuite vers elle, s’interdisant d’émettre une correction plus radicale, elle détailla avec attention la queue de sa sœur avant de lui donner un coup de museau dans le cou. Frei’ baissa la tête, laissant retomber ses oreilles sur le côté.

Freiya n’hésita pas et partit devant en se saisissant de sa prise qu’elle avait laissée tomber. Fynn accorda une dernière attention au Solitaire, prenant soin de l’étouffer à nouveau, puis suivit les pas de sa sœur. Frei’ guetta vaguement derrière elle afin de s’assurer que le loup de terre ne se relève de nouveau. Elle en fut soulagée lorsqu’elle vit sa sœur atteindre ses côtés.

Rapidement, les deux voleuse atteignirent la mer et se jetèrent dans les premières vagues. Freiya repéra au loin un long et plat rocher en plein milieu de la mer et se dirigea sans hésiter vers celui-ci. Elle s’y hissa et laissa retomber la viande contre la paroi froide. Elle mit une patte dessus afin qu’il ne se fasse pas emporter par les vagues. Ses prunelles suivirent sa sœur et elle attendit qu’elle ne la rejoigne. Se retournant sur elle-même, Frei’ regarda avec une attention particulière sa queue avant de finalement la ramener vers ses antérieures. Elle soupira. Puis, son expression coutumière revint. Les paupières à demi-fermé, le large et mince sourire, les oreilles de démon, tout pour prouver que ce n’était rien de grave.

- Ahhh— ! roucoula-t-elle. Merci de m’avoir sortit de ce pétrin Fynn ! Dire que ce crétin ait pu oser s’attaquer à une partie de moi ! Sa me dégoûte ! fit-elle en levant les yeux au ciel. Regarde !! (elle pointa nerveusement sa patte des yeux) Il a même salivé dessus ! C’est dégoûtant ! Je suis sûre que l’odeur de son haleine restera sur mes poils même après mes baignades dans le mer ! rajouta-t-elle tristement avant de se mettre à ricaner nerveusement.

Fynn suivit sa jumelle sans mot dire, sa mâchoire bien serrée sur le morceau de viande, jetant même un léger coup d'oeil vers la rive pour s'assurer qu'elles n'étaient pas suivies. Mais aucun loup terrestre n'essaierait de les suivre dans les torrents de la mer.
Elle plongea dans une vague puis ressorti de l'autre côté et, apercevant Freiya sur son plateau, nagea afin de la rejoindre. Elle se hissa à son tour sur le rocher, se secoua de la queue à la nuque puis déposa le morceau sur la pierre froide, imitant sa soeur en posant une patte sur celui-ci pour l'éviter de partir. Son regard était grave et sérieux, et il se posa durement sur Freiya, aucun sourire ne venant éclairer son visage si terne.
« Ahhh— ! Merci de m’avoir sortit de ce pétrin Fynn ! Dire que ce crétin ait pu oser s’attaquer à une partie de moi ! Sa me dégoûte ! »
Ses sourcils se froncèrent davantage, ne trouvant rien de drôle dans les paroles de Freiya. Il n'y avait pas matière à plaisanter selon elle. Ça aurait pu être pire. Ses yeux se glissèrent sur la queue de sa jumelle où il manquait un peu de poil. Et son regard sévère se riva dans les yeux anis de sa soeur.
« Regarde !! Il a même salivé dessus ! C’est dégoûtant ! Je suis sûre que l’odeur de son haleine restera sur mes poils même après mes baignades dans le mer ! »
Et Fynn ne répondit toujours pas, comme une statue, elle se contentait de la fixer, espérant lui faire passer un message. Mais naturellement, il fallait qu'elle parle pour bien faire saisir sa pensée, ou tout du moins, pour que Freiya y porte attention. Elle savait parfaitement que la petite charmeuse ne faisait qu'ignorer ses gros yeux en banalisant la situation, mais Fynn n'avait pas le même point de vue sur la chose. Elle ronfla et se détourna, exaspérée, faisant dos à Freiya, observant le rivage où allaient s'échouer les vagues.
- Tu vois, c'est exactement à cause de ce genre de chose que je déteste que tu sois l'appât. déclara-t-elle, de marbre. Ses yeux se baissèrent sur ses pattes, et sur l'eau qui montait sur la roche et repartait avec le courant.
- Ça aurait pu mal virer Freiya. dit-elle, retournant sa tête, plantant ses yeux dans ceux de l'interpelée.
- Tu prends ça trop à la légère. Ce n'est pas drôle. finit-elle, pesant ses mots.

La petite mousse continua de fixer sa queue, puis mit subitement ses prunelles anis sur sa sœur en voyant qu’elle ne rétorquait rien de suite à ses paroles. Bien que sa ne soit pas dans les habitudes de Fynn tout autant que Freiya, celle-ci s’attendait tout de même à un geste de sa part pour détendre l’atmosphère, mais rien n’y fit. Voyant les yeux durs et sévères que lui lançait sa jumelle, Frei’ dépeint son sourire de sur ses lèvres.

- Quoi ? demanda-t-elle en haussant un sourcil.

Voyant que la réponse venait toujours pas, Freiya releva le museau et fit comme à son habitude et ignora les gros yeux que lui tirait Fynn. Elle s’attarda donc de nouveau à sa queue sur laquelle, elle remarqua tout juste qui lui manquait quelques poils. Elle voulut alors rajouter quelque chose pour de nouveau tenter de tourner le tout à la rigolade—histoire de faire baisser la tension—mais sa jumelle prit le dessus en premier.

- Tu vois, c'est exactement à cause de ce genre de chose que je déteste que tu sois l'appât.

Freiya redressa vivement les oreilles, puis la tête. Elle pencha d’ailleurs celle-ci sur le côté, haussant de nouveau un sourcil.

- Ça aurait pu mal virer Freiya.

Elle eut un mouvement de recul en voyant les traits que lui tirait sa sœur. Freiya émit un rictus par nervosité.

- Tu prends ça trop à la légère. Ce n'est pas drôle.

Fynn prit bien soin de peser ses mots et cela ne passa pas dans l’oreille d’une sourde. Freiya avait bien conscience de tous les risques. Cependant, elles avaient toujours vécues comme ça, comment pouvait-elle faire autrement ? Frei’ pencha ses oreilles sur le côté puis balaya une mèche bouclée de son visage d’un coup de patte.

- Excuse moi, Fynn… dit-elle dans un murmure.

Elle se voulait sincère. Elle n’aimait pas ce genre de tension entre elle et sa jumelle. Puis, elle esquissa un nouveau sourire en coin, mais baissa les yeux.

- J’ai simplement voulut détendre l’atmosphère (Elle haussa les épaules) C’est tout. Et un peu pour ridiculiser la situation. conclut-elle en callant sa tête dans ses épaules.

Frei’ lança un coup d’œil vers sa sœur.

- Tu m’en veux ?

« Excuse moi, Fynn… »
L'interpellée fit une moue pour elle-même, sachant que l'aveu de ses tords étaient difficiles pour sa jumelle, et elle n'était pas pour aimer d'avantage cette tension entre elles-deux.
« J’ai simplement voulut détendre l’atmosphère. C’est tout. Et un peu pour ridiculiser la situation. »
Elle tourna la tête vers la louve étendue sur la pierre, aucune émotion ne se reflétant sur son visage.
« Tu m’en veux ? »
Elle soupira, détournant la tête une nouvelle fois, laissant une petite pause se suspendre tandis que ses yeux voguaient sur l'eau. Puis elle se retourna lentement, regardant le sol avec un sourire. Puis elle échappa un faible rire.
- Comment est-ce que je pourrais ? fit-elle, revenant vers elle avec un sourire qui montrait clairement que Freiya était pardonnée.
- Allez viens, on retourne aux grottes. lâcha-t-elle en dépassant la violette à l'autre bout de la pierre, attrapant son morceau de viande et entrant lentement dans l'eau salée.

Voyant que Fynn détourna le regard pour regarder la mer, Freiya laissa ses oreilles pendre sur chaque côté de sa tête, accentuant son air de désolation. Bien qu’elle était sincère envers sa sœur, elle ne pouvait s’empêcher de pousser plus loin en jouant la comédie pour alléger le malaise. Heureusement, elle se savait déjà pardonnée pour tout.

Lorsque le rire métallique de sa jumelle sortit enfin de sa gueule, Frei’ ne put s’empêcher d’esquisser un sourire en coin, soulagée.

- Comment est-ce que je pourrais ?

Freiya roula des yeux, élargissant son sourire.

- Allez viens, on retourne aux grottes.

- Ahhh— ! Pour ça ! Je ne suis pas du tout contre ~ fit la petite violette en roucoulant.

La Mousse se saisit donc de sa pitance et suivit docilement les pas Fynn, galopant et sautillant pour enfin s’engouffrer dans l’eau salée. Elle serra bien la mâchoire et agita vaguement sa queue pour atténuer la brûlure que provoqua le sel avec la plaie, puis se laissa porter par une vague pour rejoindre les profondeurs.