Robe d'automne

Automne, AN 8.

Quelques mois avaient passés depuis première mésaventure ensembles. Bastien et sa fratrie avaient troqués leurs corps potelés pour une silhouette de jeune adulte âgé de six mois tout au plus. Pour sa part, Bastien s'était affiné et son dos arrondi, lui donnant un aspect voûté en arc de cercle. Le poil de son encolure, beaucoup plus longue, s'était rapidement emmêlé. Formant ainsi des bouclettes et des frisottis. Un surplus de ces dits poils avait sauté sur son menton, commençant à former une barbichette.

« Il parait que c'est ici. » Le susnommé, allongé nonchalamment dans l'herbe roula sur le dos, les pattes avants repliés sur son abdomen. Il était aujourd'hui accompagné de sa sœur bruyante. Bettylou. Frangine qu'il avait appris à adorer et admirer, comme Bailey. Adorant leurs petits tempéraments explosifs. Bastien rejeta sa tête dans l'herbe, la gorge offerte et ronfla un peu.
Aujourd'hui était un jour d'apprentissage. Sur l'initiative du père, il avait suggérer à Bastien de devenir autodidacte. Etant donné qu'un maître ne voudrait d'une loque paresseuse comme élève. Et pour une fois, le rouquin l'avait écouté. Proposant même à Bettylou de l'accompagner. Mais ne se privant pas de reporter cette journée de chasse à la semaine suivante.
Aujourd'hui était le jour fatidique, on avait réussi à le tirer des pattes de sa Tante Lydia pour aller étudier.

« Hm. Betty. » Il ricana d'avance de sa bêtise. « Préviens moi quand il se passe quelque chose... »

Ces derniers temps, et à l'approche de l'hiver et des températures basses, le pelage de Betty' mais aussi des autres loups de la meute s'était épaissi. Désormais la jeune boute-en-train arborait une espèce de collerette touffue qui descendait le long de son poitrail.

Pour continuer dans le changement, on distinguait derrière son air poilu et peluche de l'hiver une silhouette visiblement plus affinée, légère, laissant place à une démarche plus assurée, sportive, rapide. Ses pattes, telles des baguettes, commençaient déjà à remplacer celles de louveteau pataud, et lui donnait, par ses frères, une semblance avec le kangouroux qu'elle n'apprécie guère.

Pour une fois, le kangouroux avait été mis de côté, et c'est avec enthousiasme et une certaine surprise qu'elle accompagna son cher frère, qu'elle pense, peut-être un peu trop vite, être bien motivé pour un exercice aussi éprouvant que la chasse.

« Hm. Betty. » Il ricana d'avance de sa bêtise. « Préviens moi quand il se passe quelque chose... »

Cela n'avait pas loupé, au bout de quelques minutes de marche, Betty' vit son frère s'étaler de tout son long dans l'herbe, sans aucune gène. Elle vint se poster à ses pieds, affichant une mine déconcertée.

<< J'aurais du m'en douter.. >> Grommela-t-elle, puis elle fit demi-tour afin d'observer les alentours.

<< Tu seras toujours comme ca, plus tard ? Ou est-ce que tu viendras chasser avec nous, comme tous les autres loups ? Tu sais ca fait du bien de courir.. Et puis c'est amusant quand on est plusieurs. >> Demanda-t-elle, même si elle avait l'impression de déjà connaître une partie de la réponse. Elle aimerait plus que tout se tromper à ce sujet.

Au silence déconcerté de sa sœur, le rouquin stoppa ses ronflements. Plutôt surpris de ne pas l'entendre gémir.
« J'aurais du m'en douter.. » Rala-t-elle à son encontre.
Le roux ouvrit un œil.
« Tu seras toujours comme ça, plus tard ? Ou est-ce que tu viendras chasser avec nous, comme tous les autres loups ? » Il ouvrit les deux, au ton de reproche de sa frangine. Levant la tête vers elle puis tout le haut de son corps.
« Tu sais ça fait du bien de courir.. Et puis c'est amusant quand on est plusieurs. » Argumenta Bettylou. Et à son temps incertain, il lui sourit, attendrit. Lui qui avait cru à un moment qu'elle allait se coupler à son père et le réprimander.
« Tu me fais la morale maintenant ? » Pouffa Bastien, en amenant sa patte arrière à sa tignasse rousse emmêlée. Là encore, sa patte arrière ne tint pas le rythme et abandonna sa tentative de démêlage. « Je ne sais pas... » Souffla le roux en levant le nez au ciel.
Un sourire badin naquit sur son visage.
« Mais ce que je sais ... » Il retomba en arrière, reprenant sa pose initiale et ouvrit ses bras. « C'est que tu vas m'faire un gros poutou.. » Il tendit ses pattes avants vers elle et les agita un peu pour l'inciter à venir.
« Viens. Il n'y a personne qui regarde. »