Remise en question | L I B R E

Arsenic – Automne de l’an 8
Alors âgée de 1 an et quelques mois.

La saison des pluies était arrivée sur la jungle Alteronne. Arsenic, assise sous un grand arme du sous bois de la canopée attendait patiemment que la pluie cesse de tomber. Ceux qui la connaissaient bien savaient à quel point la jeune princesse pouvait haïr l’eau en général. Avant de trouver un abri, le crachin avait eu le temps de faire onduler son long poil, lui donnait un air de joli mouton mauve. Et cela la rendait complètement folle. Elle jetait un regard noir de gauche à droite, priant en son fort intérieur pour que personne ne la voie ainsi. Il lui fallut un bon quart d’heure pour que cette dernière cesse. Elle profita alors de ce court instant pour courir se réfugier dans une vieille tanière de renard qu’elle avait trouvé vide quelques semaines auparavant. Ce petit lieu confiné était devenu son endroit de repos de prédilection. Elle s’y engouffra en grommelant lorsque son poil toucha l’une des parois de la tanière, la tachant de boue. Il ne lui en fallut pas plus pour la rendre folle. Elle roula des yeux avant d’entreprendre une longue toilette et de finalement se rouler en boule pour tenter de se réchauffer du mieux qu’elle pouvait.

Pour être tout à fait franc, depuis quelques temps, Arsenic s’ennuyait énormément. La jungle était de moins en moins peuplé et ses parents de moins en moins présent par la même occasion. C’était ce qui l’avait amené quelques semaines auparavant à s’échapper un très long mois. Juste pour voir ailleurs. Mais le sermon quelle s’était prit en rentrant l’avait dissuadé de recommencer. Son frère lui manquait beaucoup ; elle ne le croisait plus très souvent et son absence lui pesait beaucoup en son fort intérieur. Finalement, à part ses deux frères, plus grand-chose la retenait ici. Une grande envie d’évasion lui monta au crane mais elle n’était pas assez courageuse pour s’en aller et laisser la meute qu’elle aimait tant à l’abandon. Un jour venant, peut être que cette dernière aurait besoin d’elle. Si son frère venait un jour à reprendre le trône de Blade, elle se devrait d’être présente à ses côtés pour le soutenir et le conseiller ; il l’écoutait, elle le savait.

Un bref soupire s’échappa et elle ferma les yeux tout doucement.

Alors qu'elle se nettoyait, une voix suraiguë s'éleva derrière elle.
« HEY! HEY! HEY ! HEY! » L'aboiement du jeunot parut enfin atteindre les oreilles de la louve mauve. Sur son coté droit, un jeune loup au pelage sombre, âgé de plusieurs mois et au regard bicolore, la dardait du regard comme si elle avait commis l'irréparable. Monté sur ses petites pattes, il se tenait sur la pointe des pattes, pour amplifier sa carrure plus proche du petit gros que du réel guerrier. Elle, étant couchée, la dépassait encore d'une tête. « HEY ! Bouge de là, femelle ! C'est mon trou ! » Aboya-t-il de nouveau, les crocs sortis. Labrys, tel était son nom, abaissa un moment le regard. Avant, de le remonter, redoublant d'agressivité. Un coup de chaud. Ses jappements furent plus aiguës alors qu'il s'énervait à vouloir faire bouger la fille de Blade.

Il poussa son flanc à l'aide de sa tête.
« Casse toi! » On peut noter qu'il s'obstinait à ne pas la regarder dans les yeux. « Allez ! » Gronda-t-il, le poil hérissé.

- HEY! HEY! HEY ! HEY!
Arsenic ouvra les yeux d’un seul coup sous la surprise ; Il s’agissait de Labrys, l’un des nouveaux nés de la saison, et le fils de Talon, accessoirement. Si elle n’avait jamais pu s’encadrer son père, cela allait surement bientôt arriver avec son jeune corniaud.

- HEY ! Bouge de là, femelle ! C'est mon trou ! Il se mit à tenter de la bousculer du crâne Casse toi! Allez !

Arsenic était complètement choquée, incapable de prononcer un mot. Personne ne lui avait parlé sur ce ton là auparavant, et encore moins un louveteau de quelques mois à peine. Son sang ne fit qu’un tour et sa forte fierté n’aidant pas elle montra les crocs à son tour.

- A qui tu crois parler, chiot ? Elle se redressa assez pour le surplomber (la tanière était suffisamment haute pour qu’elle tienne presque complètement debout) Je te conseille d’apprendre à respecter tes ainés, et encore plus un membre de la famille royale.

La mauve rapprocha assez son visage de celui du petit pour le transpercer d’un regard à glacer de sang. Non mais pour qui se prenait-il ?! Et le fils d’un garde royal qui plus ai !

- Ose m’appeler encore une fois autrement que Princesse et je te réduis en pièce. Un sourire mauvais étira ses babines. Et je laisserais assez de toi pour que ton père te finisse. Elle se recoucha en boule, la queue fouettant le sol. Fou le camp. Ou je serais obligée de t’apprendre moi-même les bonnes manières. Ses yeux d’un vert vif devinrent encore plus clair sous la colère, elle montra sa dentition parfaite encore une fois et le bouscula du museau. Dégage.

[ Fait, fait ! ♥ ]

Labrys manqua de tomber lorsqu'elle se souleva pour le dominer. Et réalisant enfin la réelle taille de la louve, il coucha les oreilles, tremblant un peu.
« A qui tu crois parler, chiot ? » Labrys voulu rétorquer mais elle le coupa. « Je te conseille d’apprendre à respecter tes aînés, et encore plus un membre de la famille royale. »
« La quoi ? » Aboya-t-il, confus. Alors qu'il allait de nouveau japper. Il fit mourir ses critiques lorsque la femelle approcha son nez et ses crocs près de son visage. Il déglutit, mais tint son regard, mitigé.

« Ose m’appeler encore une fois autrement que Princesse et je te réduis en pièce. » Labrys fit dilater ses pupilles à leur maximum.
« A-attend ! T'es une princesse ?! »
Elle poursuivit ses menaces, hors de ses gongs.
« Et je laisserais assez de toi pour que ton père te finisse. »
« Q-que quoi ?! » Il s'appuya sur ses postérieurs, pour briser le contact tout en conservant sa position. « T'as pas l'droit ! » Enfin si. Si elle était réellement une princesse.
« Fous le camp. Ou je serais obligée de t’apprendre moi-même les bonnes manières. Dégage. » Gronda-t-elle, plus mâle que femelle.
Labrys mit du temps à imprimer, encore foudroyé sur place. Plissant les yeux, et fronçant le nez. Il secoua sa lourde tête de gauche à droite, avant de se mettre également à menacer la princesse. Il imita sa posture, montrant plus qu’auparavant, sa dentition bien moins importante que celle de son aînée.
« NAN TOI DÉGAGE !» Hurla-t-il à plein poumons. « T'ES UNE FEMELLE! ET LES FEMELLES, ELLES FONT CE QU'ON LEUR DIT! » De l'extérieur, on pouvait aisément entendre les aboiements hystériques des deux protagonistes.
Le plus jeune ajouta, sur le même ton. « V-VOUS ! VOUS ETES FAIT POUR PONDRE DES LOUVETEAUX E-ET LA FERMER! » Et appuyant ses propos. Position d'attaque, il s'élança vers le poitrail de la princesse, les crocs en avant.

- La quoi ? A-attend ! T'es une princesse ?!

Arsenic lui jeta un regard surpris. Comment était-il possible qu'il ne le sache pas ? Son père avait veillé sur elle depuis qu'elle était toute petite et elle avait eu l'occasion de rencontrer (sans jamais s'y avoir été intéressé jusqu'à aujourd'hui) son chiot de Labrys. Cela lui semblait un peu gros. Ce louveteau était-il autant tapé qu'il en avait l'air ?

- Q-que quoi ?! T'as pas l'droit !

Pas le droit ? Sottise. Arsenic avait ici tout les droits. Elle s'était même intimement lié à l'idée pendant un instant qu'elle avait droit de vie ou de mort sur le petit noir qui s'agitait de plus en plus en face d'elle. Mais la louvarde n'était pas une meurtrière. Encore moins de louveteaux. Bien qu'elle ne portait pas ces derniers très profondément dans son cœur -ca remue un peu trop à son gout. Elle n'était même pas sur d'être capable d'y arriver.

- NAN TOI DÉGAGE ! T'ES UNE FEMELLE! ET LES FEMELLES, ELLES FONT CE QU'ON LEUR DIT ! V-VOUS ! VOUS ETES FAIT POUR PONDRE DES LOUVETEAUX E-ET LA FERMER !

La jeune princesse en était bouche bée. Elle qui avait reçu une si bonne éducation, il lui était impossible d'imaginer que d'autant d'atrocités pouvaient sortir de la bouche d'un si jeune petit loup. Après la surprise, vint la colère. La jeune Arsenic était du genre féministe. Elle refusait de voir des louves battus la servir, encore moins soumise. Elle aimait penser qu'elle n'aurait jamais besoin de l'amour d'un mâle, qu'elle pouvait se suffire à elle même. Alors s'entendre dire qu'une femelle devait rester à sa place et s'occuper à procréer. Non ... Très peu pour elle. Le petit vint alors l'attaquer, ses petits crocs en forme de lune pointant vers elle. Il ne devait pas avoir plus de 6 mois, il lui fut facile de le rejeter vers l'arrière d'un simple coup de patte avant de se faufiler sur lui, la hauteur du plafond l’empêchant de s'y jeter. Elle le surplomba alors, son museau a à peine quelques centimètres du sien, les crocs entièrement dévoilés. Elle n'allait pas le tuer, bien-sur. Mais elle voulait lui faire voir. Lui foutre la frousse de sa vie pour qu'il ne pense plus avant longtemps que le sexe opposé au sien était un sexe faible. Un grognement sourd sortit de sa gueule entrouverte, descendant lentement au niveau de la jugulaire du petit.

- Es-tu sur que je dois faire ce que tu dis ? Fais attention Labrys. Ton père n'est pas là pour te protéger d'une "simple" femelle. Nouveau grognement. Je te le répète une dernière fois. DEHORS.

Au même moment, un coup de tonnerre retentit dehors, faisant légèrement gronder la tanière. Dehors, c'était le déluge. Ars' reporta alors son attention sur le louveteau entre ses pattes.

- A moins que tu t'excuser auprès de la Princesse dont tu dois le respect. Et dans ce cas là tu n'auras pas à sortir sous la pluie.

Alors qu'il s’apprêtait à refermer sa mâchoire sur elle, la femelle lui asséna un violent coup dans le nez qui le projeta en arrière. De nouveau au sol, le louveteau apporta sa patte à sa gueule pour la mordre avec férocité et ainsi supporter la douleur tranchante qui enflait son museau. Des larmes commencèrent à perler aux coins de ses yeux vairons. Il haleta plusieurs fois, ne parvenant pas à retenir ses larmes. Comme un requin, la femelle revint près de lui, sans doute pour en finir. Labrys ferma les yeux, bien trop honteux de s’être fait molester par une femelle.

« Es-tu sur que je dois faire ce que tu dis ? Fais attention Labrys. Ton père n'est pas là pour te protéger d'une "simple" femelle. » Et c'est ce qu'il redoutait. Il renfila bruyamment alors que de la morve dégoulinait de son museau douloureux.
« Je m'en fiche! » Il détourna vivement la tete alors qu'elle approchait son nez pour le rappeler à l'ordre.

« Je te le répète une dernière fois. DEHORS. »
En parfait timing. Le ciel gronda, les éclairs zébrant le celui-ci par des faisceaux de lumières.
Le jeune loup mordit sa patte de plus belle, détournant son surplus d'agressivité vers lui-même plutôt qu'elle de peur de se faire de nouveau battre.
« N-nan! NAN! T'es nulle, laisse moi! Laisse moi! Laisse moi! » Scanda Labrys, prêt à appeler la vieille Brushfire à sa rescousse. « J'te déteste ! Laisse moi tranquille! S-sale... Sale femelle de mes fesses! »

Elle sentit sa peur naissante.
« - A moins que tu t'excuser auprès de la Princesse dont tu dois le respect. Et dans ce cas là tu n'auras pas à sortir sous la pluie. » Labrys osa ouvrir un œil embué de larmes. Et malgré sa position de faiblesse, il campa sur sa position. Gorgeant ses poumons d'airs, il libéra sa patte pour cracher au visage de la Princesse.
« Plutôt crever que m'excuser, Princesse de mes fesses! » Son corps se mouva, tremblant un peu. Il gronda, dévoilant encore ses crocs et sa mâchoire crispée. Il eu quelques spasmes et tituba. « T'peux pas gagner! Les femelles, elles savent pas se battre.. »

La jeune Hache tressauta alors qu'elle regardait maintenant le Poison dans le blanc des yeux. Il n'était plus en posture d'attaque. Le dos rond et la queue basse, il se contentait de grogner, proche du mur en terre. Ressemblant à un chien à qui on aurait donner trop de coups de pieds.

« ... C'est pas possible... Tu dois être un mec... en fait. »

Il lui cracha alors à la figure.

- Plutôt crever que m'excuser, Princesse de mes fesses ! T'peux pas gagner! Les femelles, elles savent pas se battre... C'est pas possible... Tu dois être un mec... en fait.

Elle ne s'était jamais sentit aussi humiliée de toute sa vie. Comment avait il put donc oser ? Il n'avait pas craché sur le visage de n'importe qui. Il avait craché sur son visage à ELLE. La dernière princesse présente à Alteron. Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Elle attrapa alors le petit par la jugulaire, pas bien fort, bien entendu, juste assez pour pouvoir le transporter, le traînant sur le sol, sa gorge dans la gueule. Dehors, la pluie battait son plein mais cette fois-ci, cela ne l’empêcha pas de sortir. Elle le rejeta alors violemment légèrement plus loin, l'échine hérissé.

- Encore un mot comme ceci Labrys, et je ferais en sorte que ton père perde son poste. Tu es le fils d'un garde royal, tu ne sais pas ce que tu risques. Un grognement alors assez impressionnant sortit de la gueule d'une si petite femelle. Tu es qu'une jeune chiot faiblard. Hors de ma vue. Ou je te dévore vivant.

Elle retourna alors s'allonger dans la tanière, encore sous le choc. Sous le choc d'avoir été traitée ainsi mais aussi d'avoir agit aussi violemment. Elle qui, en temps normal, était aussi élégante. Arsenic ne culpabilisait même pas d'avoir foutu dehors un jeune en larmes. Tant pis. Qu'il se fasse dévorer par un tigre à dent de sabre.

Labrys se leva, honteux et couvert de la boue de l'humiliation.
Les oreilles basses, il frissonna de dégoût, sentant encore la marque du souffle de la louve sur sa nuque. Il renifla encore, retirant la morve qui coulait maintenant jusqu'à sa gueule.
Ruminant dans sa barbe, il imita la voix suraiguë de la femelle en mimant ses paroles, ajoutant de ci-et-là des « Gna, gna gna. »

Il se figea, lorsqu'elle continua, dangereuse.
« Encore un mot comme ceci Labrys, et je ferais en sorte que ton père perde son poste. Tu es le fils d'un garde royal, tu ne sais pas ce que tu risques. »
Ce fut à Labrys d’être estomaqué.
« M-mais ... Vous avez pas l'droit! » Elle le coupa d'un grondement digne d'un sanglier enragé.
« Tu es qu'une jeune chiot faiblard. Hors de ma vue. Ou je te dévore vivant. » Le gamin tiqua des paupières, troquant sa peur pour une colère noire, non-dissimulée. Ou bien l'inverse. A vrai dire, il ne compris pas. Mais une rage rugissante et désagréable lui torturait les tripes. Les malaxant, écrasant pour attiser sa flamme intérieure et son ego. Son père était le meilleur et personne. Oh, non personne. N'allait remettre cela en cause.

Pendant sa transe, la femelle avait de nouveau occupé le trou. Là où un gosse réfléchit aurait déguerpit, Labrys observa simplement le sol. Puis le trou. Et de nouveau le sol.

Dehors, la pluie était torrentielle. Et les rares éclairs encore présents claquèrent de toutes leurs forces. Transperçant la tempête, une forme grise et noire fonça en direction du terrier à renard, tel un bélier. Couvert d'un manteau boueux, on reconnu à peine le louveteau en dessous. Seulement ses deux yeux perçaient la masse de boue qui lui servait de fine armure.

« HAYAAAAA! » Fut le cri de guerre de Labrys qui se jeta à corps perdu dans le trou, les crocs en avant. Pret à affronter le Cyclope féminin qui sévissait sur son territoire - le trou en question -. De nouveau sur le champ de bataille, il s'attaqua au postérieur de la Princesse, attrapant entre ses petites dents sa queue en plumeau et qu'il agita dans tous les sens, voulant visiblement l'arracher.

Entre ses crocs, elle peut aisément entendre.
« J'PAS PEUR DE TOI, ESPÈCE DE VIPÈRE! »