Traine-pieds.

— Arrête de tourner autour de pot, Chro. Qu'est-ce-que tu veux dire ?
— --! la gorge nouée par la peur, Chrono recula sa tête. Qu'est-ce qu'il voulait dire? c'était facile.
— À l'oasis, l'on serait en sécurité, et à tête reposée l'on pourrait probablement trouver une solution. Avoir de l'aide aussi, éclaira Ciaran, une patte sur le menton. Chrono hocha frénétiquement la tête en babillant. Il déglutit et se dressa sur ses quatre pattes, appuyant l'une d'elles fermement au sol.
— Je tourne pas autour du pot ! Tu penses pas que cette histoire me fout les pétoches ?!
Il retroussa une babine, avant de fouetter l'air de sa queue, légèrement contrarié. Il poussa un soupir, perdant du volume dans sa fourrure.
— Juste, à l'Oasis, ya les adultes. Et si j'ai appris quelque chose aujourd'hui, c'est qu'on est pas encore assez forts pour se défendre par nous-mêmes.
Il fronça les sourcils, dardant ses yeux pétillant sur Salama.
— J'veux arriver à faire ravaler son sourire au loup violet ! Et aussi réussir à me défendre contre ces satanés chiens !
Il eut un air penaud.
— C'est ce que je voulais dire par préparer, je pense. _{Comment papa disait...}
Il leva une patte et une griffe.
— Une retraite stratégique !

- À l'oasis l'on serait en sécurité, et à tête reposée l'on pourrait probablement trouver une solution. Avoir de l'aide aussi...
Expliqua Ciaran, traduisant en langage la bouillie vocale de son frère.
Salama ne répondit rien, baissant les yeux sur ses pattes qui jouaient avec les restes de son mulot.
Rentrer à l'oasis, hein ? Cette perspective l'angoissait passablement. Mais si elle n'était pas seule, cela changeait tout de même la donne. Et au moins, les deux frère et soeur seraient loin du camp pendant encore un peu plus longtemps...
Elle releva la tête à temps pour observer la nouvelle tentative de verbalisation de Chrono :
- Je tourne pas autour du pot ! Tu penses pas que cette histoire me fout les pétoches ?!
Elle le fixa, fronçant légèrement les sourcils, sa bouche se tordant : bien entendu, elle ne vivait pas du tout dans la peur depuis des semaines, voire des lunes... Et pourtant, elle ne tournait pas autour du pot, elle.
- Juste, à l'Oasis, ya les adultes. Et si j'ai appris quelque chose aujourd'hui, c'est qu'on est pas encore assez forts pour se défendre par nous-mêmes. J'veux arriver à faire ravaler son sourire au loup violet ! Et aussi réussir à me défendre contre ces satanés chiens !
Quand bien même c'était pour mieux foncer droit dans la gueule du chien, ce serait pourtant bien un répit durant lequel ils pourraient presque avoir l'impression du bon vieux temps.
Salama abaissa les paupières, pensive. Finalement, cette idée commençait à lui plaire.
C'est ce que je voulais dire par préparer, je pense.Comment papa disait...  Une retraite stratégique !
Un silence s'en suivit, durant lequel la louvarde dorée laissa son regard passer de l'un à l'autre de ses amis.
Un sourire un peu défiant fleurit soudain sur son visage.
- Quand est-ce-qu'on part ? Lança-t-elle simplement, sa queue se remettant à battre contre le sol dans un bruit sourd.

Au silence qui s'en suivit, la patte de Chrono s'abaissa et il rentra peu à peu sa tête entre ses épaules. Il zieuta tour à tour Salama et sa soeur afin d'avoir une réaction de leur part. Même son sourire penaud sembla s'affaisser. Mais si son sourire s’affaissa, celui de Salama refleurit.

—  Quand est-ce-qu'on part ? Chrono dressa soudain ses oreilles, reculant la tête. On pouvait nettement voir la transition de sa déception à sa stupeur:
— Sal ! Il lança avec enthousiasme. Il tourna vivement sa tête vers Ciaran, faisant voler ses mèches dans son mouvement. Celle-ci avait également dressé ses oreilles, se tournant vers lui, lui échangeant un regard.
—  Ran ! ...
Il perdit la contenance de son sourire. Il reposa sa patte au sol en redressant son dos - qui s'étaigt mis à se vouter. Ciaran. C'était vrai. Ses oreilles s'abaissèrent d'un cop et il referma sa bouche, méditant sur la question. Il secoua la tête, relevant la patte, se tournant vers la demie-louve et son crâne d'os
— Dans trois jours.

— Ran a besoin de se reposer... Si je vois que son état se stabilise avant, il poursuivit, on partira plus tôt. Bien entendu, tu es la bienvenue dans notre grotte, Sal ! Il se tourna ensuite vers sa soeur.
— Ran?

Visiblement sa réaction fit au moins un heureux, du moins si elle en croyait l'expression enthousiaste du louvard blond qui redressa brusquement les oreilles.
- Sal ! Ran ! ...
Le deuxième nom il prononça en se tournant vers la concernée, son sourire tout neuf perdant de sa brillance, sans doute car réfléchissant aux points importants de ce voyage de retour.
Salama reprit une attitude également plus sage, observant l'un après l'autre ses comparses. Ses pensées se redirigèrent vers ce qui l'attendait à l'oasis, se demandant si elle serait capable de reconsidérer le lieu comme sa maison après tout...
Finalement, Chrono se retourna vers elle, plus sérieux :
Dans trois jours. Ran a besoin de se reposer... Si je vois que son état se stabilise avant, on partira plus tôt. Ran ?
La métisse se tourna elle-même vers la louvarde crème, soucieuse. Elle s'était certes demandée pourquoi elle avait trouvé Chrono, seul, au beau milieu des plaines qui s'étendaient au pied des montagnes, mais elle n'avait pas réalisé que Ciaran puisse être malade, ou mal au point, ou quoi que ce soit en rapport ou non avec son... problème.
Salama détourna la regard pour le reposer sur le petit mâle.
- Qu'est-ce-qu'il s'est passé ? Fit-elle avant de froncer légèrement les sourcils. Non, attends... Racontez-moi votre parcours depuis qu'on s'est quittés ! Elle sourcilla en présentant un petit sourire. - Chacun son tour, non ?


[Et vous avez le droit de faire une grosse ellipse jor dire qu'ils lui ont tout raconté et puis basta ! ][/color]

Tenté par le petit sourire de sa comparse, Chrono se tourna vers sa soeur, et chacun prit le temps d'expliquer à Salama ce qu'ils avaient vécu. Commençait par leurs premières chasses sans le soutien de la meute. Les premiers jours à connaître véritablement la faim. Ceux où ils devaient se défendre contre d'autres prédateurs. L'arrivée à Inaria. La rencontre de Whitewind, de Honeydust, d'Adrian...

Chrono parla de la guerre d'Inaria, ainsi que du barrage - l'origine de la rivière remplie -, de la mort de Lorrenzo et de Arcane, des arbres qui se faisaient déraciner par les vents violents, la tanière de Chess et ses tunnels à Inaria... Il n'avoua pas qu'il avait préféré oublier ses tracas à Inaria plutôt que de chercher une solution à leur problème. Leur vint ensuite l'idée d'aller au Vallon. La belssure de Chrono s'était empirée après une escale à la plaine, et Ran était tombée malade...

***

Il savait qu'il s'agissait du lendemain à cause d'un faisceau de lumière qui se réfléchissait sur les coins polis des saillies menant au bout de l'entonnoir. Il ouvrit un oeil, puis l'autre, releva ses lourdes oreilles au dessus de sa tête, repoussa sa longue crinière tressée ( à la va-vite, comme elle avait été malmenée la veille par Dice et Rost ) vers l'arrière et se leva encore groggy, zieutant à droite et à gauche afin de se situer.

Chrono se lança le premier pour lui conter leurs aventures, aidé de Ciaran, bien que celle-ci demeura plus discrète, intervenant peu et paraissant parfois mal à l'aise.
Salama, pour une fois, se montrait silencieuse et attentive, se contentant d'acquiescer vivement aux passages qu'elle avait elle-même connus de son côté.
Lorsque la discussion prit fin, l'heure devait être bien tardive car seule une pâle lumière lunaire perçait jusqu'à eux.

Le sommeil vint étrangement facilement à Salama, laquelle devait rester bien plus sur ses gardes depuis qu'elle voyageait seule. La fatigue et les émotions de la journée aidant, il ne lui avait fallu que de fermer les yeux pour s'endormir aussitôt.


Pour une rare fois depuis des semaines qu'elle pouvait dormir tout son saoul, Salama fut, bien entendu, la dernière se relever, réveillée par les murmures de ses deux comparses : quand on dort seul et vulnérable pendant des jours, on a tendance à tiquer au moindre bruissement !
Elle souleva sa tête de sa position au sol. Position d'ailleurs fort original puisqu'elle avait fini sur le dos, la tête touchant presque ses fesses.
Le mouvement vers le haut la déséquilibra et elle dut bouger pour de bon, se relevant paresseusement, les yeux rapetissés par le sommeil.
- B'jour ! Lança-t-elle, image même de l'élégance avec ses poils en pagaille du haut de la tête jusqu'à la queue. Le matin ne lui réussissait jamais vraiment...

Après lui se levèrent dans l'ordre Ciaran et Salama. Leur nuit leur avait épargnée toute trace de confort. En effet, Chrono ressentait les courbatures de la veille plus nettement, Ciaran avait les paupières lourdes et Salama... En levant le museau et en tournant la tête, Chrono eut un soubresaut en se frappant à la fourrure hirsute de son visage, malgré le grand sourire qu'elle arborait.
— B'jour ! lança-t-elle avec enthousiasme, détonnant avec sa piètre allure du moment. Chrono se mordit la langue. Ce n'était pas juste elle. Chacun d'eux semblait avoir perdu des couleurs dans leur plumage, la veille.
— Bonjour... il lui répondit, un peu plus sobre. Ses oreilles maintenant bien dressées sur sa tête - leur mouvement poussa ses franges de chaque côté - il tourna son attention vers sa sœur, s'approchant d'elle à petits pas, encore ankylosé par le sommeil - et la nécrose, aussi.
— Comment tu te sens, Ran ?

L'enthousiasme de la métisse se frappa à la morne façade de Chrono :
- Bonjour...
Lequel avait l'air aussi en forme que ce qu'il devait ressentir... Mais il n'était pas le seul à subir les conséquences de l'accrochage de la veille et Salama fit craquer sa nuque en étirant la tête vers le haut pour tenter de se débarrasser de sa sensation de torticolis.
- Comment tu te sens, Ran ?
- Fatiguée, un peu. Mais je me sens bien... J'crois. Et vous?
Pendant qu'ils discutaient, Salama s'était aventurée près des reliefs de leur repas de la veille : quelques os de la bernache étaient encore recouverts de viande et la marmotte qu'elle avait rapportée était toujours intacte.
- Moi ça va probablement mieux que Chro ! Elle soupira : Ca faisait longtemps que je n'avais pas si bien dormi !
Elle ferma les yeux sur un air satisfait avant de lancer joyeusement :
- Et on a même de quoi déjeuner ! ♪
Sur quoi elle s'empressa d'arracher une cuisse du volatile qu'elle lança sans prévenir à Chrono, puis s'empara du reste pour l'emporter jusqu'à Ciaran (non sans avoir pris une pleine bouchée plumeuse).
Elle déposa la marmotte encore entière devant la petite femelle crème et se vautra à côté pour mâchouiller les plumes coincées entre ses crocs.

— Fatiguée, un peu, lui répondit Ciaran, tandis que Salama s'éloignait d'eux. Voyant le regard de Chrono se déconfire pendant qu'elle baillait, elle ajouta: Mais je me sens bien, j'crois. Chrono leva un faible sourire, hochant sa tête. Elle croyait qu'elle allait bien. Elle n'avait pas l'air de montrer de symptômes de son virus précédent. Pourtant, même s'il elle prétendait aller bien, elle se maintenait couchée au sol au lieu de les rejoindre debout. Elle préféra leur retourner la question ensuite:
— Et vous ?
— Moi ça va probablement mieux que Chro ! répondit Salama qui revint à eux, la gueule truffée des proies de la veille. Elle poussa un soupir: ça faisait longtemps que je n'avais pas si bien dormi ! Chrono ferma ses paupières, riant pour lui-même, un peu dépassé par la joie qui semblait envahir son amie. Il les rouvrit.
— ...Je préfère de loin dormir à la belle étoile, moi.
— Et on a même de quoi déjeuner ! ♪ Elle arracha une cuisse à la bernache qu'elle tenait et l'envoya à son petit comparse sans prévenir, qui étira son cou pour claquer ses crocs dessus de justesse. Il avait levé un antérieur par réflexe dans son mouvement, et s'empressa de le replier avant de le poser à nouveau au sol.
Il se pencha et savoura son repas au sol, laissant Salama apporter une proie à sa soeur avant de s'en tourner à son propre goûter.
— C'est vrai, ça nous fait des forces pour le voyage du retour... À ces mots, il sentit un frisson le parcourir. La vision de voir des chiens et le loup pourpre les attendre devant leur abri de fortune lui glaça le sang. Il eut un autre réflexe, celui de porter son antérieur à la cicatrice de l'autre, comme s'il cherchait à cacher sa faiblesse bien trop visible à son goût. L'image d'un autre loup lui vint à l'esprit, l'apaisant, cette fois.
— J'ai hâte de revoir Chrys, il lâcha en serrant sa patte sur sa cicatrice. Il mentait. Il ne voulait pas revoir Chrys alors qu'ils revenaient les mains vides, sans la moindre trace d'espoir. Il se détendit. Non. Il y avait toujours le Clan du Loup. C'était leur seule piste, pour le moment. C'était mieux que rien. Il ferma ses yeux, poussant un long soupir, modérant sa respiration. C'était mieux que mieux que rien, c'était quelque chose.

- C'est vrai, ça nous fait des forces pour le voyage du retour...
Salama acquiesça d'un bourdonnement approbateur, désormais occupée à briser les os de l'oie sauvage entre ses carnassières.
Lorsque Ciaran poussa la marmotte dans sa direction, elle la repoussa d'une patte avec un sourire, la tête toujours penchée sur les restes épars du volatile.
La petite louve crème avait bien plus besoin qu'elle de viande fraîche dans son état, et Salama était habituée à peu depuis son départ de chez les hommes.
- J'ai hâte de revoir Chrys.
La tension qui suintait dans la voix de Chrono fit relever les yeux à la métisse.
Mais lorsque Ciaran surenchérit qu'il avait hâte de revoir tout le monde, elle les baissa de nouveau sur sa carcasse, sans dire un mot, tentant pour une fois de se faire oublier...
Il n'y avait personne qu'elle avait hâte de retrouver : personne qui ne l'attendait à l'oasis. Bien au contraire, la perspective de refaire face à ses camarades d'entraînement qu'elle avait laissé tomber sans prévenir ne l'enchantait guère. Sans parler des explications sans fins qu'elle aurait à exposer à tous, autant de fois qu'on viendrait lui demander...
Songeuse, elle se demanda si elle ne pourrait pas resservir son histoire à différentes sauces pour que ce soit plus amusant et "entretenir" un certain mystère. Un sourire bête accompagna sa pensée pendant qu'elle mâchouillait gracieusement la peau caoutchouteuse d'une patte.

Chrono sursauta en sentant une patte toucher la sienne. Ses mèches rebondirent alors qu'il levait vivement la tête. Il sentit sa gorge se nouer en croisant les yeux de sa soeur. Son regard voulait tout dire.

— J'ai hâte de revoir tout le monde, lui dit Ciaran en guise de réconfort. En sentant ses paupières se plisser d'inconfort, Chrono renifla bruyamment, sentant la honte et le chagrin qu'il tentait de réprimer refaire surface. Il hocha la tête vivement, passant le revers de sa patte sur ses yeux, grimaçant un sourire. Il fallait qu'il se reprenne. Il savait que se rassembler à l'Oasis serait leur meilleure solution pour le moment. Pour lui et Ciaran. Mais qu'en était-il pour Sal? Il tourna sa tête vers celle-ci, qui avait troqué un air songeur pour un sourire bête, le forçant à hausser un sourcil incrédule. Qu'est-ce qui se tramait encore dans l'esprit de cette louve ?

Il poussa un soupir. Non, en ce moment, il fallait se concentrer sur ce qui était prioritaire: rentrer à l'oasis, s'entraîner, trouver une solution, et ensuite affronter les chiens du camp pour y chercher un guérisseur. Pas le plus efficace des plans, mais ça restait leur seule solution pour le moment. Ou du moins, la seule à laquelle ils avaient pensé. Dans un coin de son esprit, une autre solution germait sans avoir la chance de voir le jour: celle d'aller trouver un herboriste de talent à Alteron. Chrono fronça ses sourcils. Non.

Il finit sa portion de viande, se releva sur ses quatre pattes, se plantant fermement au sol, testant l'appui de ses pattes.
— On devrait partir bientôt. Je serai en avant, Ran, tu seras au centre et Sal, en arrière. Comme ça, si mes pattes me ralentissent, Ran pourra prendre le relais de la tête, et ainsi de suite.

Salama sortit enfin de ses niaises rêveries lorsque Chrono reprit la parole, annonçant un départ... erm... plus tôt que prévu... ?
- On devrait partir bientôt. Je serai en avant, Ran, tu seras au centre et Sal, en arrière. Comme ça, si mes pattes me ralentissent, Ran pourra prendre le relais de la tête, et ainsi de suite.
Elle cligna des yeux.
- Huh... "Bientôt" comment ? Je croyais qu'on devait partir que dans trois jours ? Remarqua-t-elle, presque plaintive : c'est qu'un peu de repos et de calme n'étaient pas pour lui déplaire, pour changer !
Elle n'avait pas tiqué quand il avait parlé de prendre des forces pour le retour, pensant simplement qu'il fallait qu'ils mangent correctement pour être en forme à l'heure du départ.
Elle se retourna vers Ciaran qui venait d'approuver le commentaire de son frère, avant de faire de nouveau face au petit mâle, une moue incertaine sur le visage.
Elle avait loupé un épisode ou bien... ?

Si Ciaran acquiesça à l'idée du départ, la réaction de leur camarade fut toute autre:
— Huh... fit-elle, les yeux ronds. "Bientôt" comment ? Je croyais qu'on devait partir que dans trois jours ?
— Oui, opina Chrono. Il désigna sa soeur de la truffe. J'ai aussi dit que si l'état de Ciaran se stabilisait, on partirait avant. Il pencha sa tête sur le côté, retroussant légèrement le museau, l'air pensif, mais embêté. Il y a quelques jours, elle n'arrivait même pas à se lever. Hier, elle a été capable de chasser deux musaraignes, tu te souviens? Sa tête se pencha de l'autre côté. Réfléchir aux détails concernant le voyage était loin d'être sa tasse de thé. Il avait l'habitude de se laisser emporter par le courant et de réagir en conséquence. Mais leur situation ne lui permettait aucune improvisation maladroite: c'était leurs vies qui pouvaient être en danger.

— Et puis, il ajouta, on ne peut pas rester éternellement dans la grotte: même si c'est une bonne cachette, les rayons de soleil sont le meilleur remède pour l'esprit et le corps.

- Oui. J'ai aussi dit que si l'état de Ciaran se stabilisait, on partirait avant. Il y a quelques jours, elle n'arrivait même pas à se lever. Hier, elle a été capable de chasser deux musaraignes, tu te souviens ?
- Et plus vite on sera à l'Oasis, plus vite on sera en sécurité. L'on pourra mieux se reposer aussi.
Salama haussa les épaules et hocha la tête avant de se remettre à mâchouiller un os : s'ils voulaient partir plus tôt, tant pis. Elle s'était habituée à la fatigue et c'était déjà un luxe que la nuit qu'elle venait de passer. Quant à sa préparation psychologique, eh bien... Compte tenu de l'état de ses camarades, il leur faudrait bien près d'une semaine avant de rejoindre l'oasis, donc elle avait largement le temps de s'y préparer !
- Et puis, on ne peut pas rester éternellement dans la grotte: même si c'est une bonne cachette, les rayons de soleil sont le meilleur remède pour l'esprit et le corps. Continua Chrono, tenace.
- Tu te mets à parler comme Grand Tonton !
- M'kay, 'kay ! C'était juste pour vérifier. Intervint-elle sans cesser de croquer son déjeuner. Elle leva les yeux vers le trou dans le plafond mais le voile gris qui s'était installé lui donna peu d'informations.
- Je me demande où en est le jour... Pensa-t-elle à voix haute. Faut pas qu'on traîne si on veut avancer utilement !

— Okay! Alors on y va !