Drama Queen

(Pardon pour... le... pavé? xD)

Le climat était doux : le froid était en paix avec la chaleur, tandis que le vent somnolait. Sissi s’était hasardée dans la découverte détaillée de la taïga qu’elle connaissait peu, malgré tout l’été qui était né, avait vécu et était mort sous l’œil vigilant du soleil. Cet automne lui permettrait de dénicher les endroits les plus remarquables, mais aussi les plus inquiétants. Une étincèle éclatait dans son regard à chaque trouvaille qui se présentait à elle. Bien que le territoire était vide et semblait démuni, les quelques plantes qui l’habitaient étaient fascinantes. Pour Sissi, en tout cas. Toutefois, son attention s’en désintéressa aussi rapidement qu’elle s’y était abandonnée.

Ainsi, la jeune louve se perdit dans une course, ses pattes déambulant comme les aurores boréales qui dansaient parfois dans le ciel. Sillonner les pousses en trottinant devenait une source de réconfort pour Sissi : plus rapidement elle allait, moins le passé la rattraperait. Pourtant, des pierres disposées les unes sur les autres la firent trébucher ; ils la jetèrent au sol, violemment. Sonnée, consternée, elle demeura un instant étendue, abattue, effondrée. Ce n’est que lorsque l’espoir s’empara de la surprise qu’elle tenta de hisser sa silhouette qui titubait. Elle avait mal.

La douleur de sa patte arrière la lacérait ; elle se nourrissait de l’énergie de Sissi, la troublant, la vidant. Ce n’était qu’une simple blessure, petite et invisible. Cependant, c’était, pour la délicate bête, un supplice. Elle choisit néanmoins de taire sa souffrance. Nul ne devait savoir. Elle sautillait, en tentant d’atténuer son mal. Un hurlement infortuné submergea alors son malheur, éveillant son intérêt, retentissant à son esprit. Sissi se raidit : le cri semblait se propager dans son corps, la déchirant. Vivement, elle se redressa, noyant sa douleur, la celant à l’intérieur, à l’abri des autres. Son trot troublé était chancelant, ses yeux se crispaient sous la souffrance, mais elle tint bon.

— Quelle fin cruelle pour une demoiselle... !
— ... ?

Une forme était effondrée, accablée ; elle s’exclamait théâtralement, reniflait. Sissi était ébahie. Elle fixait l’allure qui gémissait de façon insistante, dévisageant la silhouette qu’elle ne reconnaissait pas, interdite. L’incompréhension naissait dans ses yeux.

— Oh ! He... llo ? hasarda Sissi, toujours en contemplant indiscrètement la forme agitée.

Les tremblements et les gémissements plaintifs qui secouaient la forme s’évanouirent presqu’aussitôt, alors que la jeune femelle aux couleurs grisâtres se retournait brusquement, sous le coup de la surprise. À ce volte-face brusque, l’effarement se saisit également de Sissi. Le sursaut l’agita un moment, la forçant à se reculer vivement. Instantanément, la douleur de sa patte se fit plus considérable, ne supportant pas d’être ignorée.

— Oh ! Vous venez me sauver ?
— Vous sauver ? De... de quoi ? questionna Sissi, la lueur de l’incompréhension brillant incessamment dans ses yeux.
— J'aurais préféré que ce soit mon prince charmant. MAIS c'est pas grave !
— Un prinscharmen ? C’est quoi ? fit-elle, interdite. Puis, ce terme douteux quitta rapidement son esprit, et elle ajouta : Je veux bien vous sauver !

Un ravissant sourire se profila sur le museau de la silhouette timberwolve. Elle observait inlassablement la drama queen, étrangement bousculée par la curiosité que lui éveillait ce personnage. Elle ne comprenait pas les agissements de celle-ci, et cela provoquait son sens de la découverte.