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 Mordue par un serpent.

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Salamandra

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MessageSujet: Mordue par un serpent.   Mordue par un serpent. EmptyLun 05 Aoû 2013, 19:56



Début de la deuxième lune de Printemps, An 6.
Les grandes plaines. Clan du Loup.


_______________________________

Dans ses oreilles résonnaient encore les paroles de Swiftkill et de la poignée d’adultes de la scission de leur petite communauté de Blackbloods.
Cette année, le départ avait été organisé bien tard, contrecoup aux divers évènements de l’année précédente, s’éloignant déjà au fil du temps, mais encore si proches dans l’esprit de chacun.
Salama ne pouvait évidemment pas se rappeler du départ des jeunes du printemps dernier, pour la bonne raison qu’elle n’était pas encore née, et que l’eut-elle été, elle aurait été trop jeune pour en garder quelque souvenir.
Mais c’était justement là l’indice : la naissance de quelques portées à l’oasis (peut-être d’autres suivraient elles plus tard dans la saison ?) signifiait très clairement que les doyens de la meute avait négligé la préparation et l’annonce de leur voyage.
Les préparatifs furent, dès lors, organisés à la hâte, et le départ expédié aussi vite que possible, alors que l’on recommandait au petit convoi de se presser en route, malgré la présence de Steadfast qui leur servirait de guide et d’ambassadeur auprès des humains…

À la tombée de la nuit, la masse agglutinée de drôles de dômes lisses, se dessinait à quelques centaines de mètres au-delà des rares frondaisons de la région.
Le soleil étant déjà couché, il faudrait attendre le point du jour pour avaler la courte distance qui les séparait de leur année de labeur et d’apprentissage.
Pendant cette trêve bienvenue après leur premier long voyage, la plupart de ses camarades se reposaient ou chassaient, profitant de l’abondance du lieu auquel ils n’avaient pas été habitués dans le désert.
Salama se serait volontiers jointe à eux, si un sentiment des plus étranges ne l’avait pas saisie alors qu’elle contemplait les lumières orangées et rougeoyantes dans le lointain.
Un certain malaise, mêlée à une vague d’excitation qui venait se frapper à ses sens, la laissa songeuse et hypnotisée par le paysage.
Une plume froide tombant sur sa truffe la sortit de ses songes, et elle leva les yeux vers les milliers de flocons qui tombaient soudain. Elle baissa la tête vers ses pattes, plongées dans la couche de neige qui tapissait le sol sur des kilomètres : à mesure qu’ils étaient remontés vers le nord, l’épaisseur blanche avait enflé, remplissant la louvarde d’une curiosité bien enfantine.
Un frisson la parcourut, peu habituée à ce climat, elle qui était née au cœur du désert. Un bâillement s’en suivit et elle se roula en boule, sur place, pour s’endormir.

Un peu avant l’aube, le stress des jeunes atteint son paroxysme, réveillant Salama plus tôt qu’elle ne l’aurait jugé acceptable d’ordinaire.
Les autres étaient déjà tous levés, depuis plus ou moins longtemps avant elle, selon le cas. Et sur un bâillement, la louvarde réalisa sa faim, après avoir dormi sur un estomac vide après une longue marche.
Un gargouillis l’incita à la chasse… Sauf que, déjà, le groupe se remettait en route, piaffant d’impatience, d’excitation ou d’angoisse.
Avec un regard de regret en direction du petit bois où ils venaient de passer la nuit, Salama se mit à la queue.
Tant pis, elle mangerait plus tard… Pas trop tard, espérait-elle.

Leur arrivée dans le camp fut accueillie par un tonnerre d’aboiements tonitruants, d’insultes plus ou moins bien pensées, et de quelques rares souhaits de bienvenue.
À peine avaient-ils posé une patte au cœur de l’effervescence du territoire, que Salama se sentit prise d’assaut et submergée par la puissance et la diversité des odeurs, l’excentricité des nouveautés et un capharnaüm comme elle n’en avait jamais connu, même pendant la guerre.
Du coin de l’œil, il lui sembla que le sentiment était partagé par tous ses camarades et amis.
Les cris des chiens attirèrent quelques créatures montées sur deux pattes seulement, et plafonnant à une hauteur bien plus importante que ce que Salama avait imaginé. Ils firent rapidement taire les chiens, bien que quelques rebelles semblassent faire fi des ordres et remontrances.
La louvarde s’étonna, malgré les nombreux avertissements, de cette haine qui leur était dirigée d’office, sans les connaître.
Elle s’étonna également du peu de Deux-Pattes. Mais sans doute que leur retard leur avait fait penser qu’ils ne viendraient pas cette année, ce pourquoi ils semblaient si lents à réagir.  
Dès lors que les humains eurent examiné les tatouages verts, encore brillants de nouveauté, de Steadfast, ils s’intéressèrent à leurs nouveaux protégés. Leurs regards semblèrent s’attarder sur Salama plus longtemps que les autres, et elle agita les oreilles de confusion.
Ils se consultèrent un instant, et la jeune louve comprit d’où venait le problème. Son ton de pensée prit alors des notes plus amères, en détaillant la taille imposante de ses compagnons du même âge.
Elle qui avait été l’une des plus grandes durant leur enfance, se voyait désormais surplombée de plusieurs têtes. Ce nouveau complexe était dur à avaler, d’autant que le regard pesant des bipèdes en disait long sur ce qu’il pensait de sa taille… inhabituelle.
Elle eut une pensée repentante pour Chrono qu’elle n’avait jamais manqué de taquiner au sujet de sa taille de nain…
Le karma, c’est pas cool…
Lorsque cette journée prit fin, Salama dut faire face à un sentiment de solitude tout neuf alors qu’elle se préparait à une nuit plus froide que celles du désert…





Dernière édition par Médusa le Ven 01 Nov 2013, 00:16, édité 2 fois
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Salamandra

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MessageSujet: Re: Mordue par un serpent.   Mordue par un serpent. EmptyJeu 31 Oct 2013, 23:40



Début de la deuxième lune de Printemps, An 6.
Clan du Loup.


_______________________________

À l’aube, Salama se vit affligée par le brouhaha croissant d’un camp qui se réveille. Blottie au pied d’un des étranges dômes monstrueux recouverts de peaux qui servent d’habitation aux bipèdes, elle grogna et se retourna, plaquant une patte contrite sur ses oreilles.
- Hnn… La ferme… Y en a qui essaie de dormir, ici… Grommela-t-elle d’une voix râpeuse.
Sa gorge et sa truffe la picotaient, encore trop sensibles aux odeurs âcres et fortes de ce rassemblement de créatures étranges et bruyantes.
Lorsqu’ une volée d’oiseaux vint se poser à quelques pas d’elle pour picorer les miettes éparses perdues dans la boue de neige, en piaillant sans fin, la louvarde se résigna à se lever, les yeux plissés de sommeil et la fourrure hirsute et recouverte de neige.
À moitié endormie, elle se dirigea vers la source qui coulait aux abords du camp, se guidant à l’odorat puisque son cerveau était encore trop embrumé pour se fier à son cerveau.
Buvant tout son saoul, elle conclut son rafraichissement en plongeant la tête entière dans l’eau froide, la balançant ensuite en arrière avec vigueur sur un « Aaaaah ! » de contentement et un frissonnement frileux.
Désormais parfaitement réveillée, elle put passer en revue les évènements de la veille et observer le camp déjà agité par des tâches incompréhensibles.
Oisive, elle s’assit là où elle était, laissant ses yeux jaunes se balader au gré de l’activité des hommes.
Son regard tomba finalement sur un de ses camarades, suivant la haute silhouette d’un bipède.
Son esprit se rembrunit. À cette heure, tous devaient avoir trouvé leur mentor humain, sauf elle.
La veille, après que leur arrivée tardive ait été annoncée, une foule de bipèdes avaient accouru, visiblement fébriles et excités. Ils avaient été examinés sous toutes leurs coutures et fixés avec intensité. Certains humains avaient fini par soupirer en s’éclipsant, et progressivement la foule s’était de nouveau réduite à quelques individus, lesquels tentaient maintenant d’établir un contact plus probant avec eux.
Fascinée, Salama avait observé la scène qui se jouait devant ses yeux, accrochant parfois le regard d’Elsa, Elias ou Farah alors qu’ils cherchaient du réconfort dans cette étrange affaire. Observatrice qu’elle était alors, elle n’avait pas remarqué qu’elle ne faisait pas partie de la scène : que ceux qui la dévisageaient ne cherchaient pas de contact mais haussaient les épaules avant de s’en aller à leur tour ou de reporter le regard, comme elle, sur les premiers pas de loups et d’hommes des paires qui se créaient.
Ce n’était qu’un peu avant que ses camarades ne s’en aillent en suivant les humains qu’elle s’était aperçue de sa situation.
Elle s’était figée, alors que l’espace se vidait des curieux, laissant la place aux activités habituelles et aux préparatifs divers.
Affolée par les aboiements qui reprirent une fois qu’elle fût seule, elle avait déguerpi plus en avant dans le camp, queue et oreilles basses.

Malgré ce mauvais départ, la journée était passée vite alors qu’elle reprenait son calme, visitant le camp, cherchant le contact des hommes en espérant être finalement remarquée…
Bizarrement, elle s’était aperçue que beaucoup d’entre eux, affairés à leurs occupations, avaient semblé la prendre pour un chien…
Néanmoins, le soir venu, elle était restée longtemps éveillée à regarder le ciel en se demandant ce qu’il adviendrait d’elle si elle ne parvenait pas à créer de lien avec un bipède…

- Hmm… Lâcha-t-elle, perdue dans ses pensées. Elle en fut tirée lorsqu’un humain mâle vint s’accroupir près de la source pour ses ablutions matinales. Un déclic se produisit dans sa tête et elle bondit sur place, remuant la queue à tout va, la gueule fendue d’un sourire canin plein de gaité.
Ignorée, elle se rapprocha encore de l’homme, gargouillant pour se faire remarquer, rampant presque sous lui. Dans un dernier geste désespérée pour attirer son attention, elle le bouscula d’un coup de museau, le faisant basculer dans l’eau glaciale du printemps nordique.
- Woups… Siffla-t-elle, faisant marche arrière avant de filer à travers le camp, craignant une quelconque rétribution.
Dans sa course folle qui lui arracha un éclat de rire malicieux, elle rentra droit dans les genoux d’un autre bipède. Le choc la renversa les quatre fers en l’air alors que des sons d’intonation plus que douteuse s’élevait au-dessus d’elle. Salama redressa tout de même la tête et les oreilles, curieuse bien que grimaçant intérieurement de sa nouvelle bévue.
Son regard jaune clair rencontra alors un ambre qui lançait des éclairs, lesquels disparurent presqu’aussitôt que la jeune femme remarqua à qui elle devrait les beaux bleus sur ses jambes.
Quelques mots s’échappèrent de sa bouche et Salama tourna la tête sur le côté, voulant lui signifier qu’elle ne comprenait pas un traître mot de ce qu’elle pouvait bien dire.
Un sourire bien différent de son expression précédente se peint sur le visage hâlé de l’humaine, auquel Salama répondit en ouvrant la gueule sur un nouveau sourire, langue pendante.
La femelle bipède s’accroupit alors et fut aussitôt attaquée par la louvarde dorée qui la renifla dans tous les sens, sa tête remuant à toute vitesse et sa truffe ronflant bruyamment dans les vêtements et les mains de l’humaine. Sa queue semblait animée d’une vie propre tant elle fouettait l’air de ravissement.
La Deux-pattes se retourna soudain vers ses congénères et leur cria quelque chose, qui sonnait comme une question. La réponse qui lui parvint avait les notes plus graves d’une négation. Du moins, était-ce ce que Salama en déduisit en voyant le visage pensif de la jeune femme se retourner vers elle.
Elle lui tendit une main et la louvarde la fixa sans comprendre, jonglant des yeux entre le visage et la main de l’humaine.
La main ne bougea pas et le visage de l’humaine demeura stoïque.
« Eeerm… »
Elle tenta de lui lécher les doigts pour en tirer une réaction. Cela ne fonctionnant pas, elle s’énerva un instant jusqu’à les lui mordiller. Un petit rire lui répondit mais qui cessa fort vite.
Fronçant les sourcils, Salama regarda autour d’elle, cherchant un indice, reniflant de nouveau la main offerte, puis, en désespoir de cause, posa sa patte dessus en fixant les yeux ambrés de la jeune femme avec détermination.
Quelque chose changea et le visage de l’humaine semble s’illuminer. Elle referma ses longs doigts minces sur la patte de la louve et serra doucement avant de la relâcher, sous le regard interdit de sa nouvelle compagne.
Ce ne fut que lorsqu’elle se redressa pour repartir, se tournant vers elle pour lui faire signe de venir aussi, que Salama réalisa enfin qu’elle avait trouvé sa partenaire attitrée.
Revigorée jusqu’au bout de sa queue frétillante, elle se releva d’un bond et galopa joyeusement après la jeune femme brune.


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MessageSujet: Re: Mordue par un serpent.   Mordue par un serpent. EmptyVen 01 Nov 2013, 00:04



Début de la troisième lune de Printemps, An 6.
Clan du Loup.


_______________________________

Sur un geste d’Esmée, la jeune louve s’élança hors du fourrée et, d’un geste vif, trébucha le lièvre qui s’enfuyait avant de lui briser la nuque d’un coup de croc expert.
Toute contente de sa énième prise de la matinée, Salama, ou « Ehawee » (comme se plaisait à l’appeler l’humaine malgré les maintes tentatives de son apprentie pour lui communiquer son vrai nom) vint déposer la proie encore chaude directement dans la besace de la femme. Elle s’assit alors devant elle, langue pendante et attendant sa récompense. Car il était bien hors de question de céder des prises aussi juteuses (comme elle en avait toujours rêvé à l’oasis) gratuitement !
Esmée (c’était le nom de son humaine) rit de bon cœur et plongea la main dans une petite bourse d’où elle tira un lambeau de viande fraîche qu’elle jeta par-dessus la louve sable, laquelle n’eut qu’à ouvrir grand les mâchoires pour gober la friandise d’un air satisfait.
Son humaine baragouina quelques mots dont Salama ne reconnut que le « onrentre » qui signifiait la fin de leur chasse matinale.

Arrivées au camp, Esmée chassa son élève d’un geste ondulant de la main, l’autorisant ainsi à vaquer à ses occupations.
Salama ne l’avait pas attendue pour cela et fonçait déjà à travers jambes et poteaux pour retrouver ses camarades ou folâtrer dans un coin.
Se sentant d’humeur taquine, la louvarde choisit de se rendre chez les chiens, plus précisément chez l’attelage de son humaine.
Salama devait bien avouer que c’était assez réconfortant de savoir que tous les chiens du camp n’étaient pas prêts à lui sauter à la gorge à la moindre occasion. Et l’équipe d’Esmée était tout à fait à son image. Elle s’était très vite entendue à merveille avec Hunter. A moitié loup, et avec un caractère extraverti et joueur, le contraire aurait été étonnant !
Bernard était une véritable crème et pour un peu, Salama aurait pu se sentir vraiment comme à la maison.
En ce qui concernait Cadence, la jeune louve hésitait plus, mais la chienne ne s’était jamais ouvertement opposée à sa présence, elle restait surtout en retrait et Salama, sur les conseils du reste de l’attelage, évitait de la chercher.
La louvarde passait donc une bonne partie de son temps libre à plaisanter avec eux, mais les regards torves des autres attelages et les murmures qui se répandaient sur la fiabilité de l’équipe d’Esmée l’importunaient, et elle préférait donc ne pas passer trop de temps avec eux, pour éviter les ennuis, autant pour elle que pour eux.

Cela faisait déjà un mois qu’elle était au camp et malgré tout, elle s’y plaisait plutôt bien. Qu’importe que la plupart des chiens lui cherchent des puces, elle le leur rendait bien et avec les intérêts !
Elle gloussa pour elle-même, bien loin de se douter du tour que les évènements allaient prendre sous peu…

Elle venait de jouer un mauvais tour à un chien qui roulait trop des mécaniques devant elle et ses camarades lorsqu’elle percuta (encore) quelqu’un dans sa fuite effrénée.
Elle valsa de l’autre côté de « l’obstacle », atterrissant sur le dos.
- Owh… Ca arrive beaucoup trop souvent ces derniers temps… Geignit-elle en se relevant, vacillante.
Reprenant ses esprits, elle tourna de grands yeux effarés vers celui qu’elle avait bousculé, se préparant à prendre, de nouveau, la poudre d’escampette.
Elle ne vit qu’un vieux chien qui peinait un peu à se remettre sur pattes et maugréait légèrement.
- Hum… Ca va ? Désolée, j’étais… un peu pressée ! S’excusa-t-elle, lorgnant la direction d’où elle venait avec un petit sourire en coin et des yeux plissés.
Le cabot châtain et blond s’ébroua pour se débarrasser des débris de neige et de terre avant de lever un visage amical et visiblement fatigué sur la jeune louve.
- Oh ! Tu es… une des jeunes loups géants ? Fit-il, l’air surpris, ouvrant les yeux de plus en plus grand à mesure qu’il la détaillait.
Salama rabattit les oreilles sur son crâne, mal aisée. Elle pensait pourtant que la période des regards curieux et des commentaires sur sa taille avait pris fin, mais il fallait croire que le karma n’en avait pas encore fini avec elle pour ce qu’elle avait fait subir à ce pauvre Chrono…
- Huh… Oui… Un problème ? Répondit-elle, feignant la nonchalance mais un certain ennui transparaissait dans sa voix.
Le chien l’ignora un instant, l’examinant toujours avant de lever un regard mitigé vers elle.
- Tu es la fille de Spearheart, pas vrai ? Devina-t-il dans un jappement étonné.
Salama sursauta, lui répondant par des yeux ronds.
- O-oui… ? Fit-elle, le souffle coupé. Comment t’as su ?
L’excitation la gagna alors, remplaçant bientôt sa stupéfaction.
Quelqu’un qui avait connu sa mère ! C’était l’occasion rêvée d’en apprendre plus sur une facette, peut-être nouvelle, de sa vie !
- Tu lui ressembles beaucoup… Murmura-t-il, impressionné. Il rajouta quelque chose à voix encore plus basse, qui ne lui était visiblement pas destiné mais Salama pouvait avoir l’oreille fine quand elle le voulait. Tout ce qu’elle perçut fut « … lui aussi… »
Lui… ?
Le chien sembla se reprendra et lui offrit un sourire aimable et curieux.
- Je m’appelle Rhinjin. J’ai bien connu tes… (il hésita une fraction de seconde) parents. Je m’entendais très bien avec toute leur génération. J’aurais plein d’histoires peu flatteuses à te raconter sur Swiftkill et compagnie, si tu veux…
Un sourire narquois étira ses lèvres et illumina son regard, lui donnant l’air plus jeune que son apparence suggérait.
La louvarde frétilla de la queue, les yeux brillants et un sourire similaire se peignant sur son visage.
- Je suis Salama ! Mais les humains ne comprennent rien et m’appellent « Ehawee »…
Elle haussa les épaules. Une pensée lui vint alors et elle écarquilla de nouveau les yeux avant de les  baisser vers le sol de boue gelée.
- Hum, t’es certainement pas au courant que ma mère est morte… Elle a été tuée quand je suis née…
Elle releva les yeux à temps pour voir ceux du chien s’emplir de tristesse et de… pitié ?
Il hocha la tête en soupirant, les yeux un peu flous.
- Tu ne l’as donc même pas connue… Souffla-t-il et il se figea aussitôt, la fixant de nouveau.
Perplexe, Salama pencha la tête sur le côté.
Rhinjin se racla la gorge, visiblement mal à l’aise.
- Dans ce cas… Je pense que ma promesse ne tient plus… Et tu as le droit de savoir. Dit-il finalement, semblant aussi vouloir se convaincre lui-même. Viens, suis-moi ! Je vais te montrer… quelqu’un… Et t’expliquer.
Son hésitation rendit ses paroles et ses mouvements saccadés, comme si son esprit était déchiré entre deux pensées contraires.
Il se mit en mouvement, avançant cependant assez lentement, si bien que Salama dut faire l’effort de marcher à petits pas pour ne pas le dépasser.
- Tu le sais peut-être déjà : l’année avant ta naissance, ta mère avait pris pour habitude de venir régulièrement au camp pour… épier ton frère et ta soeur…
La louvarde hocha la tête, on lui avait raconté cette histoire à plusieurs reprises et elle était au courant des raisons de ces visites.
Rhinjin lui jeta un coup d’œil avant de continuer.
- Elle est venue pour la dernière fois au début de l’hiver, peu de temps avant la chasse et la cérémonie de départ.
La voix du chien s’étrangla un peu, comme s’il hésitait sur la tournure à prendre dans son histoire.
- Hm… Il se trouve que je… Elle… Il s’interrompit en arrivant en amont du terrain d’entraînement. Ah ! Le voilà…
Salama regarda dans la même direction que le chien et son regard jaune tomba sur une silhouette sportive et élancée qui chahutait avec d’autres chiens.
Elle inspira vivement et ses pattes se mirent à trembler alors que ses rêves étranges depuis plusieurs mois lui revenaient en tête, plus clairs que jamais.
Un sentiment de révélation l’envahit alors que Rhinjin se tournait vers elle d’un air désolé. Elle se sentit chanceler, déstabilisée par le souvenir de dizaines de rêves qui s’extirpaient douloureusement des tréfonds de son inconscience, se bousculant devant ses yeux pour se superposer à la silhouette qui se mouvait en contrebas.
- La vérité c’est que… ton père… n’est pas celui que tu croyais…

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MessageSujet: Re: Mordue par un serpent.   Mordue par un serpent. EmptyVen 01 Nov 2013, 00:06



Courant de la troisième lune de Printemps, An 6.
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_______________________________

Elle resta figée, le canidé en face d’elle seule élément visible dans la pénombre ambiante. Elle détourna les yeux pour chercher du regard celui qui l’avait amenée là, mais il avait disparu depuis longtemps.
De nouveau, ses yeux jaune luisant vinrent se poser sur le corps musculeux et mordoré, dont le pelage assez court n’était pas sans lui rappeler le sien.
Elle redressa la tête pour plonger les prunelles dans le regard vert anisé du chien qui lui répondit d’un sourire semblant rassurant, mais une petite voix dans la tête de Salama souhaitait la mettre en garde. Mais elle n’en put rien alors qu’elle s’étouffait peu à peu, les ténèbres et le chien s’évaporant dans un sursaut.


Salama ouvrit brusquement les yeux, les refermant aussitôt sur un gémissement d’inconfort lorsque les rayons du soleil lui brulèrent un instant les rétines.
Elle les rouvrit plus précautionneusement, son visage interdit reflétant son trouble.
La jeune louve se releva avec un soupir, faisant craquer ses os en s’étirant dans la douce chaleur du soleil. La neige avait presque totalement fondu et la température avait bien augmenté ces derniers jours.
La louvarde regretta presque aussitôt de s’être ébrouée pour se réveiller lorsque son esprit, désormais actif, se jeta comme une bête affamée sur l’accumulation de souvenirs de ses rêves récurrents qui la hantaient depuis une semaine, soit depuis la « révélation » du chien Rhinjin…
Ses songes oniriques lui semblaient si familiers qu’elle s’était presque persuadée les avoir déjà rêvés, bien avant de poser les yeux sur la silhouette élancée au pelage d’or terne de son… géniteur.
Elle grimaça en pensant le mot, mitigée.
Une semaine déjà, et pourtant elle ne savait toujours pas quoi penser de cette vérité qu’on lui avait irrévérencieusement balancée en pleine tronche.
Quand même ! Ce Rhinjin aurait pu faire un effort pour ne pas lui annoncer ça, comme ça !
Mais à bien y réfléchir, comment aurait-elle voulu qu’on lui annonce ce… ça ?
Elle plissa le museau tout en se mettant en marche pour la source d’eau, ses pensées continuant à se bousculer même pendant qu’elle plongeait la tête dans l’eau froide.
Elle s’éboua de nouveau, son poil court s’ébouriffant grotesquement.
Alors que la surface de l’eau redevenait presque lisse, elle resta à contempler son reflet pensivement.
Nul doute que cette révélation expliquait bien des choses… Rendant cela d’autant plus difficile à nier, non qu’elle tînt absolument à conserver l’illusion qu’elle était la « fille » de Warbound…
Et d’ailleurs, elle se demandait si celui-ci était au courant de l’infidélité de sa défunte compagne. Ce qui n’expliquerait que trop bien la manière mitigée dont il s’était « occupé » d’elle jusqu’à ce qu’il prenne le large pour le fameux vallon secret…
Sa visite à la fin de l’hiver l’avait laissée surprise et désemparée. Au final, la maladresse de leur discussion l’avait fait virer court et ils ne s’étaient plus rien dit (ni même croisés, comme Salama y avait veillé) jusqu’à son départ.
Et les autres ? Y en avait-il d’autres qui étaient au courant et s’étaient tus ? Rhinjin avait parlé de « promesse » et avait semblé bien soulagé de se défaire de ce secret.
Tout s’était passé dans la confidentialité du camp des bipèdes, alors il était fort probable que personne ne fût au courant. Et d’ailleurs, si elle en croyait les histoires de ses aînés, personne, pas même Spearheart, en affirmaient certains, n’avait su qu’elle était gestante, ce pourquoi elle s’était ainsi retrouvée au beau milieu du désert et on connaissait la suite…

Reportant son attention sur son reflet déformé par les vaguelettes de l’eau, elle nota les détails qui l’avaient souvent intrigués comme semblant bien différents des traits de sa « race » : un museau trop fin, un corps trop grêle et souple, une ossature légère, et, bien évidemment, une taille dérisoire (même si cela ne s’était révélé qu’assez tardivement).
A bien y penser, c’était plutôt étonnant que personne dans la meute ne se soit posé de questions… Mais sans doute avaient-ils mis cela sur une fragilité liée à sa naissance prématurée.
Et puis, songea-t-elle avec une certaine perversité, les Blackbloods n’étaient-ils pas réputés pour n’être que des brutes sans cervelle ?

Décidée à mettre en ordre ses sentiments, elle se laissa aller à une introspection méticuleuse. Laquelle lui permit de réaliser qu’elle était certainement soulagée. Soulagée de connaître la vérité qui lui avait tant pesée à mesure qu’elle grandissait et gagnait en réflexion. Soulagée de ne pas être la fille d’un père qui ne lui avait guère porté la moindre attention. Et soulagée que ses sentiments d’isolement, de non appartenance et d’inadéquation n’aient pas été le pur produit de son imagination.
Et… Soulagée de ne pas être un « monstre » ou un « mutant », peut-être… ?

Elle hocha la tête dans un dernier regard à son reflet et se releva, s’étirant de nouveau, le cœur et l’esprit plus légers. Le soleil était déjà bien haut dans le ciel, signalant qu’elle avait manqué son entraînement. Quitte à être en faute, elle se permit le luxe de passer le reste de la journée comme elle l’entendait.


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MessageSujet: Re: Mordue par un serpent.   Mordue par un serpent. EmptyVen 01 Nov 2013, 00:10



Courant de la troisième lune de Printemps, An 6.
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Le lendemain de la mise à plat de son chaos psychologique, la situation lui semblait bien plus claire et beaucoup moins dramatique.
Après avoir inspiré un bon coup en s’étirant langoureusement avec un bruit de gorge de délectation, elle se mit à trottiner vers la frontière du camp, là où elle retrouverait Esmée pour leur chasse matinale.
Et bien que l’attitude autoritaire et les cascades de mots – qui lui étaient sans doute adressées – de la jeune femme eussent suffi à faire comprendre à Salama que l’humaine n’était pas contente de son absence de la veille, la chasse se passa fort bien. Le petit gibier commençait cependant à lasser la louvarde dont l’ambition était de bien plus grande envergure : elle avait hâte de partir à la poursuite d’un vrai gros gibier…

Le retour au village se fit dans une ambiance moins chargée, Esmée visiblement calmée maintenant qu’elle avait pu diriger son énergie coléreuse dans une activité physique. Et sans doute que sa besace pleine à craquer jouait un rôle dans l’allègement de son humeur électrique.
Craignant que la bipède ne cherche à lui imposer un entraînement plus long du fait de sa précédente désertion, Salama fila discrètement dès qu’elles eurent rejoint le camp, sacrifiant une récompense bien méritée pour un peu plus de liberté.
Jetant un coup d’œil par-dessus son épaule pour apercevoir Esmée qui retournait vers sa tanière sans remarquer son départ, un choc la fit soudain s’écrouler. La confusion laissa vivement la place à l’agacement de ce qui prenait l’allure d’une habitude bien fâcheuse…
La louvarde se releva sans même regarder l’individu avec lequel elle était entrée en collision. De toute façon, cette fois elle était pratiquement sûre que ce n’était pas sa faute.
Quand elle se décida enfin à poser son regard sur le responsable, prête à railler un chien importun ou à en excuser un qui aurait été plutôt agréable, elle fut sciée en reconnaissant le canidé qui avait hanté son esprit (sans parler de ses rêves) depuis des jours…
Le mâle mordoré secoua la tête d’un air un peu sonné, de grandes besaces de peau éparpillées autour de lui.
- Je suis désolé, damoiselle, je me suis laissé distraire en apportant ça chez un humain… Commença-t-il sans la regarder. Lorsqu’il leva finalement les yeux vers elle, ils semblèrent s’écarquiller légèrement et une expression de surprise polie apparut sur son visage.
- Oh ! Tu es l’une des loups géants de cette année !
Pour une rare fois, Salama ne se sentit pas jugée par le regard amical et souriant du chien. Il n’avait pas hésité sur le mot « géant » et ses yeux ne s’étaient pas attardés plus que nécessaire sur sa silhouette élancée et menue. Il gagna aussitôt des points auprès de la louvarde sable, laquelle redressa les oreilles avec intérêt : Il ne semblait pas être au courant de la révélation énervante de Rhinjin. Dans ce cas, elle allait jouer finement pour en apprendre plus, sur lui et sur la situation qui avait abouti à sa naissance…
Elle pencha la tête sur le côté en lui rendant son sourire, faisant appel à tout le charme dont elle était capable :
- Oui, je m’appelle Salama. Elle déporta ses yeux en amande vers les sacs tombés au sol et proposa : Un coup de patte pour porter tout ça, peut-être ?
Le regard vert anis du mâle pétilla.
- Ravi de faire ta connaissance, Salama. Et je n’osais pas demander… Répondit-il avec un sourire en coin, avant de recharger un paquet sur son dos, puis un autre. Je te laisse prendre le dernier, dans ce cas.
Il lui signala le dernier colis d’un geste de la patte et Salama s’en empara d’un mouvement qui se voulait leste et digne… et qui projeta le sac par-dessus elle et à terre.
Frustrée, elle grimaça d’indignation, tentant d’ignorer le rire discret du chien pendant qu’elle se saisissait du paquet entre ses crocs.
- Au fait, moi c’est Blight. Dit-il alors, autant pour meubler la conversation que pour détendre la tension – de toute évidence impossible à ignorer – de sa cadette.
Rhinjin avait mentionné son nom mais dans le choc de sa découverte, Salama l’avait oublié.
Ils marchèrent à un pas tranquille, Blight faisant la discussion pratiquement à lui tout seul (la gueule pleine de la louvarde rendant ses réponses plus difficiles).
Et plus elle passait de minutes avec son « père », plus Salama se prenait à vraiment l’apprécier, à se sentir des affinités avec lui.
Au moment où il lui faisait signe qu’ils étaient arrivés, elle lâcha son fardeau – moins délicatement que ce qu’elle aurait dû – et, n’y tenant plus, avoua tout :
- Je suis la fille de Spearheart.
Ses prunelles durcies croisèrent celles, sereines, du mâle doré qui cligna des yeux.
- Je sais. Fit-il simplement.
Perturbée par son manque de réaction, Salama s’agita et continua :
- Et ta fille, à ce qu’il paraît…
Sa voix plus éraillée trahit son trouble renaissant.
- Je sais ça aussi. Répliqua le mâle, une lueur amusée dans le regard.
La gueule de la louvarde béat de surprise. Voilà une réponse à laquelle elle ne s’attendait pas…
- M-mais… Balbutia-t-elle, sans savoir ce qu’elle voulait protester au juste.
Blight la coupa aussitôt :
- Ecoute, je sais que c’est inattendu – ça l’est pour moi aussi, tu peux me croire – mais ce qui est fait est fait. J’ai vraiment envie de mieux te connaître et… Il marqua une courte pause d’hésitation : d’essayer d’être le parent que je n’ai pas pu être pendant tout ce temps… Si tu n’as rien contre, bien sûr…
- Uh…
- Enfin je ne vais pas non plus commencer à te donner la tétée, hein… Mais simplement passer un peu de temps avec toi pour faire ta connaissance et faire des trucs ensemble…
Ajouta-t-il, percevant l’indécision choquée de sa fille. Je suis probablement pas du genre papa poule, de toute façon…
Un rire étouffé ponctua cette dernière déclaration.
Les oreilles de Salama s’agitèrent, se laissèrent tomber mollement sur les côtés, avant de se replier sur son crâne.
- Hum, maman est morte avant que je la connaisse et Warbound… Penaude, elle ne finit pas sa phrase, observant une expression chagrinée apparaître sur le visage de Blight à la nouvelle de la mort de la Spearheart. Alors ça me ferait très plaisir de mieux connaître le seul parent vivant qu’il me reste…
Elle redressa la nuque et les oreilles, un petit sourire aux lèvres et Blight se reprit assez pour lui répondre par un sourire radieux.


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MessageSujet: Re: Mordue par un serpent.   Mordue par un serpent. EmptyVen 01 Nov 2013, 00:14



Fin de la troisième lune de Printemps, An 6.
Clan du Loup.


_______________________________

- Cesse de gigoter ! S’emporta la jeune femme brune, occupée à essayer de couper les mèches encombrantes de la louvarde. Elle avait perdu patience après avoir assisté à la triste scène que présentait Ehawee flairant une piste, des poils dans les yeux… Un lapin contournant la tête de la louvarde sans se presser.
Certes, à l’exclamation de son humaine, la louve avait rejeté la tête en arrière et, sans y réfléchir à deux fois, s’était jetée sur le petit herbivore.
Mais c’était le signal pour Esmée qu’il était vraiment temps de trouver une solution.
Elle avait bien essayé de tresser la fourrure de sa protégée mais celle-ci ne mettait pas une demi-journée à les défaire et se remontrait devant elle avec des poils plus hirsutes et gênants que jamais.
A contrecœur, elle avait donc décidé de lui en couper une partie.
Du moins essayait-elle ! Car la jeune louve s’agitait tellement que c’était un miracle que les ciseaux de pierre de la jeune femme ne l’aient pas encore éborgnée !
Avec une expiration de frustration, elle parvint néanmoins à venir à bout des mèches rebelles de la petite louve. Elle reposa les lames au sol avec une expression critique mais satisfaite.
Se sentant de nouveau libre, Salama se figea, les yeux dans ceux de sa bipède. Elle pencha la tête sur le côté et sursauta presque en sentant la différence de poids lorsque sa frange accompagna le mouvement.
Un lent sourire s’afficha sur son visage et elle se mit à secouer la tête dans tous les sens de façon très immature, bondissant sur place jusqu’à ce que la voix de l’humaine ne la tire de son délire.
L’expression déterminée d’Esmée lui fit presque peur…

Une heure et demi plus tard, la maîtresse et son apprentie étaient étalées sur le sol, haletantes, Salama gémissant faiblement, ce à quoi la femme brune répondit par un grognement dégoûté.
La bipède fut la première à se relever pour s’épousseter, mais c’était en vain : ses vêtements étaient bons à laver vigoureusement… La jeune louve avait opposé une telle résistance à sa tentative de lui accrocher une boucle d’oreille de sa composition, qu’elle avait failli renoncer… Mais c’était sans compter la détermination sauvage de la jeune femme électrique !
Bon gré, mal gré, la boucle ornementée d’écailles de bois teint avait bien fini par être accrochée à l’oreille droite de la femelle.
Salama se remit debout à son tour, épuisée moralement et physiquement et jeta un regard noir à son entraîneuse, pendant que celle-ci admirait son travail d’un air extrêmement satisfait (et un peu narquois, trouvait la louvarde).
Néanmoins, l’humeur de l’apprentie s’améliora considérablement lorsqu’Esmée plongea sa main dans la bourse à friandises et lui présenta une bonne poignée de lamelles de viande.
Quand la bipède se fut éloignée pour le reste de la journée, Salama s’en pourléchait encore les babines.
Blight apparut alors, l’amusement clairement affiché sur son visage suggérant à sa fille qu’il n’avait pas loupé une miette du spectacle.
- T’es là depuis longtemps, hein ? Fit-elle, faussement contrariée.
- J’ai eu l’honneur d’assister au dénouement de la bataille, en tout cas… Ricana-t-il doucement. Puis il s’approcha de la louvarde pour examiner la boucle de plus près. Joli.
Il approuva du chef et Salama tenta de loucher sur le côté pour apercevoir le « cadeau » de son entraîneuse.
- J’espère bien ! Pour tout le mal que je me suis donnée pour qu’elle ne me la mette pas, y a intérêt à ce que ce ne soit pas ridicule !
Le mâle secoua la tête, faussement affligé, jusqu’à ce la plus jeune bondisse à ses côtés, son histoire de boucle d’oreille oubliée.
- Alors ? Le programme d’aujourd’hui ? Réclama-t-elle, sa queue remuant énergiquement.
- Hmm… Il sembla réfléchir intensément et une lueur rusée passa brièvement dans ses yeux verts. Que dirais-tu d’un déjeuner précoce ?
Salama le fixa sans comprendre, un sourcil levé.
- Les humains nous nourrissent seulement le soir et n’aiment pas déroger à la règle mais… Ca ne veut pas dire qu’on ne peut pas prendre notre part de la journée un peu… plus tôt… S’expliqua-t-il prudemment, guettant sa réaction.
- Huh… Ca s’appelle pas du « vol », ça ? Répondit-elle lentement, les yeux plissés.
Il s’empressa alors de répondre :
- Non, non ! Un sourire penaud accompagna son aveu :Bon, un peu… Mais ce n’est rien qu’ils ne nous auraient pas donné plus tard.
Son expression devint plus grave pendant que Salama faisait mine de réfléchir.
- J’ai jamais été pour dîner juste avant d’aller dormir... Finit-elle par déclarer avec sourire perfide. Et de toute façon, qui rapporte la bouffe, ici ?!
Elle s’éloigna alors d’un trot pompeux sous les sifflements approbateurs de son père.

Ils arrivèrent à la large pierre plate où étaient disposée une variété de pièces de viande à finir de préparer. Laquelle pierre était sous la surveillance d’une vieille bipède occupée à lier des peaux entre elles tout en berçant un bébé dans son giron.
Blight murmura à sa fille de récupérer deux bons morceaux pendant qu’il s’assurerait que la femme ne regardait pas par là.
En quelques secondes, l’affaire était bouclée, et le mâle n’avait eu qu’à venir quémander une caresse pour divertir l’humaine.
Quelques minutes plus tard, le père et la fille étaient tous deux vautrés sur l’herbe du vallon d’entraînement, repus et somnolents.
Et ce n’était que le début des actes de banditisme du duo…


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MessageSujet: Re: Mordue par un serpent.   Mordue par un serpent. EmptyVen 01 Nov 2013, 00:18



Fin de la première lune d'Été, An 6.
Clan du Loup. Les grandes plaines.


_______________________________

- QUI M’A BALANCÉ SA MERDE DANS LA GUEULE ?!
L’aboiement furieux résonna dans tout le chenil alors qu’une longue queue blonde disparaissait au détour d’une hutte.
Le chien couvert de terre et d’excrément continua de vociférer, s’attirant les railleries et les huées d’autres canidés. Le désordre devint vite général et une bagarre éclata.
On entendit bientôt les hommes crier, leurs mots étouffés par le boucan des aboiements et gémissements nés des corps se jetant les uns contre les autres.
Quelques chiens furent maîtrisés avec succès mais la débâcle ne semblait pas arriver à un terme pour autant. Jusqu’à ce que la silhouette haute sur pattes et élégante ne s’avance vers les derniers dissidents. En quelques coups de crocs et aboiements autoritaires, les combattants furent remis à leur place et le calme revint.
D’autres humains vinrent séparer définitivement les troubleurs de fête. Quant à Blight, qui avait arrangé la situation, les bipèdes s’attroupèrent pour le récompenser d’une caresse ou d’une gâterie qu’il accepta avec un enthousiasme contrôlé.
En se détournant, le dernier bipède à s’éloigner ne remarqua pas que sa bourse à friandises avait disparu…

- Hahaha ! Bien joué, Salama ! Je riais tellement quand tu lui as renvoyé son étron en plein visage que j’ai cru que je n’arriverais pas avant que Cyrus n’intervienne !
La louvarde accepta le compliment avec un sourire malicieux qui lui étirait les lèvres jusqu’aux oreilles.
- Un plaisir ! Répondit-elle avec une courbette théâtrale. Il l’a pas volé… Ca lui apprendra à parler dans ton dos…
Son ton se fit plus venimeux, meilleur témoin de l’affection qu’elle avait développé pour son père biologique au cours des dernières semaines.
Avec un sourire fier et calculateur, Blight songea qu’elle était enfin prête…
- Il vaut mieux que j’y aille maintenant. Je te laisse les dernières bouchées, tu les as bien méritées… Il regarda vers la frontière du camp pensivement avant d’ajouter : Rejoins-moi à la tombée de la nuit à l’entrée principale, j’aimerais te faire voir quelque chose…
Salama acquiesça simplement, la gueule pleine des friandises de la bourse – désormais vide – de l’homme insouciant.

Comme convenu, la louvarde se dépêcha vers les limites du camp lorsque le soleil rougeoyant annonça la nuit tombante.
C’était la première fois que Blight faisait autant de manières pour l’inviter à le rejoindre et elle était curieuse de découvrir ce qu’il lui réservait, ce coup-ci. Mais toutes leurs activités ayant jusque lors toujours été des plus divertissantes, elle ne doutait pas que l’amusement du soir en vaudrait la peine, et sa queue balançait donc doucement de gauche à droite.
Une sensation de choc électrostatique lui parcourut le corps alors qu’elle posait une patte au sol, à quelques mètres du lieu de rassemblement de… plusieurs chiens, dont son père.
D’instinct, elle se contracta et s’interrompit dans son avancée, inspectant la troupe d’un regard curieux mais circonspect. Quelque chose la dérangeait profondément dans la vision qui s’offrait à elle. Mais il suffit d’un sourire encourageant de son père pour la remettre en route, machinalement, jusqu’à ce qu’elle pénètre l’assemblée et vienne s’assoir, rigidement, à droite de Blight.
Celui-ci la gratifia d’un effleurement de la queue encourageant avant de se lever pour parcourir des yeux les chiens présents.
- Je vous ai tous rassemblés ce soir car il me semble que Salama est enfin prête à rejoindre nos rangs.
Quelques grommellements étouffés répondirent à cette annonce, vite interrompus lorsque la tête de Blight se tourna dans la direction supposée.
- Salama, je souhaite t’initier à mon « groupe », ma meute si tu veux… Lui expliqua-t-il d’une voix sereine. Tu n’as qu’un test à passer pour convaincre tous mes… associés et tu seras officiellement considérée comme une chienne de notre communauté.
La louvarde tiqua légèrement au mot « chienne ». Elle n’avait pas encore parfaitement assimilé la nature de ses origines et se considérait tout de même plus du côté louve que chienne… Mais elle ne dit rien et écouta sagement la suite, bien que de plus en plus interdite.
- Tout ce tu as besoin de faire c’est de, justement, nous prouver va ta loyauté, désormais… Reprit-il d’une voix grave. Ton épreuve sera donc… de provoquer une bagarre avec l’un des loups géants, et d’en ressortir sans te faire prendre par les hommes… ET en attirant leurs foudres sur ta victime !
Des rires gras et malveillants s’élevèrent à l’annonce du « test », ainsi que des sifflements d’approbation. Les yeux anis du chien mordoré brillaient d’anticipation. Si la prestation de plus tôt de sa fille était le moindre indice, il lui semblait évident qu’elle ne broncherait plus à la perspective d’une « farce » à l’un de ses anciens camarades.
Pourtant…
Salama le fixait, muette de stupeur. Se méprenant, Blight plissa les yeux et ajouta :
- Tu as une heure, c’est le moment idéal, il fait sombre mais les hommes ne sont pas encore couchés et les entrainements de tes « amis » sont finis depuis longtemps.
Lentement, Salama se mit à secouer la tête, stupéfaite. Elle cligna des yeux et parcourut tous les visages des chiens qui la dévisageaient avec plus ou moins d’hostilité et des sourires… peu engageants, quand bien même son père soutenait qu’il s’agissait de sa « communauté ».
Finalement, elle reposa des yeux plus clairs sur le chien or et brun.
- C’est hors de question ! Fit-elle en se relevant. Je te rappelle, comme tu l’as judicieusement fait remarquer, que ce sont mes amis. J’ai grandi avec eux, et jusqu’à il y a moins d’une saison, je pensais que j’étais l’une des leurs, sans métissage !
Un silence de mort tomba sur l’assemblée et les oreilles de Salama s’agitèrent de malaise. Quelque chose n’allait décidément pas…
Soudain, le sentiment oppressant d’une aura mauvaise vint la balayer comme un courant d’air glacial. Le sourire de Blight ne se fana pas pour autant.
- Tu ne peux pas refuser… Fit-il avec contrôle.
La louve dorée rabattit les oreilles en arrière, ne trouvant décidément pas la nouvelle lubie de son géniteur à son goût.
- Et pourquoi donc ? Je croyais pourtant être encore capable de prendre la décision que je veux ! Lâcha-t-elle, raillant pour cacher son angoisse grandissante.
Blight secoua la tête de gauche à droite, bourdonnant sa désapprobation.
- Non. Tu as perdu ta liberté d’agir à ta guise quand tu as posé la patte dans ce camp. Ici, tu as deux « maîtres » à qui tu dois l’obéissance : d’abord les hommes, et je t’ai appris comme esquiver leurs ordres et leurs règles… Et puis il y a moi
Vivement, le chien l’agrippa à l’oreille gauche, tirant si fort pour la forcer à se mettre sur le dos qu’elle sentit, et entendit, le cuir fin se déchirer. Elle finit par capituler et il apposa une patte dont il recourba les doigts aux griffes aiguisées sur sa gorge.
Salama sentit son nouveau monde exploser en mille morceaux, déversant sur elle l’eau glaciale de la réalité.
Elle rencontra le regard brûlant de Blight, tous les sens en alerte.
- Maintenant… Tu as deux choix, Salama. Conclut-il d’une voix douce. Soit tu joues selon mes règles, soit…
Sa phrase resta en suspens, la menace implicite, mais claire comme du cristal, brillant dans ses yeux… et frémissant dans le bord pointu des griffes qui s’enfonçaient douloureusement dans sa trachée.
- Alors… ? Le ton était badin, bien différent de l’atmosphère de l’assemblée.
La louvarde se détendit sous la prise du chien, se soumettant et détournant les yeux.
- Excellent ! S’exclama alors Blight en se dégageant comme si de rien n’était. Il regarda le ciel puis se retourna vers sa fille avec un sourire. Tu ferais bien de te dépêcher, tu as déjà perdu du temps…
Salama se força à se relever, les yeux dans le vague, peinant à se reconnecter au monde après cette trahison si brutale. Son oreille saignait abondamment et elle ne doutait pas qu’il la lui aurait arrachée sans état d’âme si elle avait résisté quelques secondes de plus.
Elle ne daigna pas regarder son géniteur alors qu’elle s’éloignait de nouveau vers le camp, l’esprit en ébullition, la rage au ventre.

- Dice. Je te charge de garder un œil sur elle… Lâcha Blight d’une voix morne.
Un chien noir et gris se redressa dans l’assemblée, inclina la tête et se faufila dans les ombres derrière la forme dorée qui s’éloignait.

Sur le chemin, Salama prit une grande inspiration et activa ses méninges pour trouver une solution qui… ne la ferait pas devenir végétarienne, à bouffer les pissenlits par la racine…
Le masque était tombé et elle n’en revenait toujours pas…
Elle arrivait non loin de ses camarades de meute qui discutaient lorsqu’il devint évident qu’elle n’avait d’autres choix que de fuir… Et ne plus jamais remettre les pattes en ce lieu.
Etrangement, elle ne se sentit pas aussi découragée qu’elle l’aurait pensé. Certes, elle était navrée de partir si tôt, chagrinée aussi de quitter son humaine avec laquelle elle formait une si bonne équipe. Mais elle se sentait étrangement calme et réfléchie. Ses sens semblaient plus en éveil que d’habitude, ses neurones fonctionnaient avec plus d’efficacité.
Dans son état d’hyper-attention, elle ne manqua pas de remarquer la présence tapie dans son ombre. Et nul doute que Blight était bien trop malin pour la laisser sans surveillance après son ultimatum. A vrai dire, elle se demandait si elle parviendrait si aisément à déguerpir du camp sous sa surveillance…
Tant pis, il fallait qu’elle essaie ou elle ne mériterait plus sa réputation de débrouillarde rusée…
Elle fit mine de tourner entre deux tanières humaines et se dissimula derrière un pan de peau.
L’espion de Blight ne devait pas être si malin car il tomba dans le panneau sans grande méfiance, se retrouvant au même niveau que Salama. Celle-ci n’attendit pas de voir apparaître la surprise sur le visage du petit canidé avant de lui sauter dessus à pattes jointes, l’assommant proprement.
Dès lors, ce n’était plus qu’une course contre la montre…
Sans se faire remarquer de ses camarades, elle se glissa d’ombre en ombre, assurant ses arrières par de nombreux coups d’œil furtifs. Elle se dirigeait, bien entendu, vers la lisière du camp, du côté le plus opposé à celui où se trouvait, en théorie, Blight et sa bande de fous furieux.
Enfin, la louvarde se retrouva face à l’étendue de la plaine : elle ne pourrait pas se dissimuler dans ce paysage plat, mais elle était née dans le désert et la lune n’était pas pleine : elle saurait faire avec.
Son oreille blessée lui brûla soudain et, un instant plus tard, des aboiements résonnèrent derrière elle.
Salama sursauta, affolée qu’ils soient déjà après elle. Elle n’attendit pas plus longtemps pour s’élancer dans la nuit, comptant sur son avance et sa vitesse pour échapper aux griffes de la meute de son « père ».
Les aboiements se rapprochèrent de plus en plus et elle accéléra, puis soudain, ils semblèrent s’éloigner de nouveau et elle se risqua à jeter un coup d’œil par-dessus son épaule. Elle aperçut vaguement de multiples silhouettes en haut d’une petite colline et qui se découpaient difficilement sur le voile assombri du ciel.
Bien qu’ils ne semblassent plus après elle, la louvarde fut incapable d’arrêter de courir avant que ses longues pattes ne cessent de fonctionner. Elle s’écroula alors dans l’herbe et ne s’en releva plus jusqu’au lendemain matin.


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MessageSujet: Re: Mordue par un serpent.   Mordue par un serpent. EmptyVen 01 Nov 2013, 00:20



Début de la deuxième lune d'Été, An 6.
Les grandes plaines. Le désert.


_______________________________

Un frôlement près de son oreille droite la réveilla. Elle grommela tout bas, fermant plus fort ses paupières pour ignorer la lumière dont elle était désormais consciente. Elle lâcha un soupir lorsqu’un son étouffé retentit à quelques centimètres de son visage. Un cri étrange finit de la réveiller et elle ouvrit les yeux dans un sursaut. La première chose qu’elle aperçut fut un sabot, presque assez proche pour qu’elle le lèche (geste qui aurait été fort absurde, je vous l’accorde).
Sa respiration se coupa et elle leva lentement la tête, prudente. Elle put ainsi observer son environnement immédiat et… constater que la plaine fourmillait d’herbivores à crinière tout autour d’elle : des chevaux !
Ils ne semblaient pas lui prêter la moindre attention, quoique celui dont elle avait fait la connaissance du sabot renâclât en la voyant gigoter, puis s’éloigna vers son groupe.
Salama en profita pour se redresser, attentive à ne pas paraître menaçante au risque de se faire piétiner.
Lorsque le champ lui parut libre, elle s’empressa de se relever et de s’éloigner. Mais c’était sans compter sur les courbatures et la fatigue qui lui sciaient les pattes. Elle trébucha au premier pas avec un cri de douleur qui fit s’éloigner les derniers équidés à proximité immédiate.
Les larmes aux yeux tant ses muscles lui faisaient mal, elle parvint tant bien que mal à mettre une patte devant l’autre, marchant au rythme d’une vieille tortue infirme.
Elle serait dans de beaux draps si la bande de tarés s’était finalement lancée à ses trousses !
La pensée la fit frissonner et le poil de son échine se hérissa d’outrage et d’amertume : elle avait été dupée et manipulée pendant plusieurs semaines par son propre père ! Et dire qu’elle avait cru avoir enfin trouvé un parent digne de ce nom…
Ses oreilles se replièrent en arrière et elle baissa la tête, l’esprit maussade. Qu’allait-elle faire maintenant ?
Rentrer à l’oasis ? Après son échec au camp et compte tenu de sa « nouvelle » identité, il en était hors de question ! Elle n’avait plus aucune famille véritable là-bas… Et tous ses amis étaient dispersés dieu sait où…
Fatiguée, déprimée et couverte du sang qui avait coulé de sa blessure à l’oreille, c’était pourtant bien en direction du désert qu’elle se dirigeait irrémédiablement, ne connaissant pas d’autre chemin et ne sachant où aller…

Salama se sentit chanceler de nouveau. Sa langue pendait mais elle était sèche et enflée. Ses yeux rougis ne voyaient plus nettement où elle avançait. Elle avait soif. Elle n’avait pas bu depuis sa fuite, ni mangé d’ailleurs, cadets de ses soucis… avant qu’elle ne se retrouve en plein milieu du désert, au beau milieu d’une journée d’été !
Évidemment, avec sa vision trouble, elle finit par croire voir une flaque d’eau à l’horizon. Rendue déraisonnable par son insolation, elle courut sans plus sentir ses pattes. Lorsqu’elle se laissa tomber dans ce qu’elle avait cru être une mare d’eau fraîche, ses flancs ne rencontrèrent que du sable et des cailloux brûlants.
Affalée, la tête entre les pattes, elle finit par ne plus rien voir, jusqu’à ce qu’un voile sombre fasse rideau sur sa conscience.

Elle ne reprit pas franchement connaissance, émergeant de son coma pour y replonger et ainsi de suite. Elle sentit néanmoins une présence. Celle-ci lui plongea même le museau dans une large feuille à l’odeur fraîche et remplie du délicieux liquide qu’elle convoitait. Elle but de manière si désordonnée qu’elle faillit s’étrangler, puis replongea dans l’inconscience.
Lorsqu’elle se réveilla pour de bon, Salama se sentait fiévreuse et courbaturée, un peu comme si un tronc d’arbre lui était tombé dessus et avait roulé sur elle à plusieurs reprises…
Elle ouvrit un œil encroûté et hyper-sensible à la lumière. Poussant un râle d’inconfort, elle le referma et gigota en geignant.
- Oh ça va, hein ! Grommela une voix à côté d’elle. Tiens, lèche ça !
Une plante à l’odeur acidulé vint s’écraser contre sa truffe et, sans rouvrir les yeux, elle lapa une substance au goût relativement neutre mais rafraichissante qui ressemblait à de l’eau gélifiée.
Se sentant un peu revigorée, elle fit une nouvelle tentative et parvint à entrouvrir ses yeux bouffis, suffisamment pour apercevoir son interlocutrice. Elle avait une robe sombre et une longue chevelure aile de corbeau. Salama frissonna. Quelle horrible couleur !
Une voix au timbre plus grave s’éleva soudain, profonde et étrangement apaisante.
- Elle est réveillée ?
- Mouais, plus ou moins…
Répondit la louve à la longue chevelure. Je lui ai fait avaler l’aloé comme tu m’avais dit.
Il n’y eut pas de réponse mais les sens se réveillant de Salama perçurent son approche. Une patte se posa dans son cou puis s’évapora.
- Comment te sens-tu ?
Visiblement la question lui était adressée. La louvarde tenta de tourner la tête pour apercevoir la nouvelle arrivante. Ce qu’elle vit la fit sursauter et se débattre pour s’éloigner de la créature.
- HAWHZHHAWA !!!
Désormais bien ouverts, ses yeux jaunes étaient fixés au crâne aux longs crocs qui cachait le visage de ce qui devait être une louve.
Un grognement de la chevelue accueillit sa réaction, mais la brunette, elle, se contenta de tourner la tête derrière elle, ne comprenant visiblement pas.
- Oh ! Elle sembla se rappeler de ce qu’elle avait sur la tête et gloussa tellement fort que Salama se demanda si elle allait bien.
Finalement, elle passa une patte sous le crâne de carnivore et le posa à terre, dévoilant un visage émacié dans lequel ses yeux bleus ressortaient trop grands et trop perçants.
Un silence gêné s’installa alors, puis la louvarde dorée se racla la gorge.
- Erm… Je m’appelle Salama ! Annonça-t-elle, d’une voix éraillée, pour briser le silence. Et… Je suis où ? Vous êtes qui ?


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MessageSujet: Re: Mordue par un serpent.   Mordue par un serpent. EmptyVen 01 Nov 2013, 00:24



Courant de la deuxième lune d'Été jusqu'au début de la deuxième lune d'Automne, An 6.
Tanière de Sigma, dans le désert.


_______________________________

Salama fut bientôt complètement d’aplombs, mais toujours sans but précis. Ainsi elle fit un marché avec la louve au crâne, qui s’appelait Sigma, en lui proposant de chasser pour son apprentie, Ester, et elle, en échange de rester avec elles pendant le temps qu’il lui faudrait pour faire le point et tourner la page sur les évènements des derniers jours.
Sigma accepta sans broncher. Ester se montra sans doute un peu plus circonspecte.
Salama n’eut aucun mal à rentrer dans la routine des deux solitaires et, pendant quelques semaines, elle parvint même à oublier le fâcheux incident qui l’avait chassée jusqu’ici. Pourtant, il fallait bien qu’elle confronte ses démons tôt ou tard, et l’étrange guérisseuse finit par se charger de la rappeler au monde réel…
- Tu ne nous as toujours pas raconté ce qui t’a amenée dans le désert. Remarqua-t-elle, tout en s’occupant à broyer de gros scorpions dans une vielle carapace de tortue.
- Hm… Eh bien, c’est une longue histoire… Tenta-t-elle de se dérober.
Elle était étendue à côté d’Ester et lui emmêlait les cheveux pour l’embêter, faisant fi des grommellements de celle-ci.
- Cela fait presque une lune que tu es ici, je pense que le temps n’est plus une issue.
Salama baissa les oreilles, cessant de triturer les longues mèches de l’aveugle.
Sigma se retourna alors pour la darder de son regard bleu vif. Alors, la gorge serrée, la louvarde dorée se lança dans le récit de ses aventures au camp. Poussée par la guérisseuse à donner tous les détails, rien ne fut omis, pas même les raisons de son refus de retourner à l’oasis.
Quand elle en eut fini, Salama se sentait à la fois exténuée et plus légère. Sigma s’approcha d’elle en poussant la carapace devant elle.
- Tiens, bois ça ! Lui ordonna-t-elle.
La plus jeune eut un geste de recul écoeuré mais n’osa pas refuser, songeant qu’il devait s’agir d’un nouveau remède pour l’apaiser ou quelque chose comme ça.
Mais à son grand étonnement, la louve brune en but aussi, puis se redressant :
- Hm ! Délicieux ! Tu es sûre que tu n’en veux pas, Ester ?
La concernée fronça le museau et secoua vivement la tête.
- Non, non et NON ! Aucune chance que je boive un jour de ce truc ! Grinça-t-elle. Elle tourna ses yeux pâles dans la direction générale de l’autre louvarde : J’sais pas comment t’as fait pour accepter !
Médusée, Salama ouvrit la gueule pour poser la question évidente :
- Euh, ça sert à quoi cette décoction ?
La chamane se retourna vers elle, surprise.
- Mais à rien, voyons ! C’est juste une boisson exquise ! S’écria-t-elle, avant d’en laper de nouveau la surface. Hmmm ! ♪
- Eww…

Dégoûtée, Salama se claqua le museau d’une patte, grognant son désabusement. Ester ricana tout bas, la gratifiant d’une petite bourrade de l’épaule.

A partir de cet instant, Salama s’ouvrit bien plus aux deux femelles et se rapprocha d’autant plus de la guérisseuse que celle-ci disait sentir la présence de sa mère flotter régulièrement autour d’elle.
La métisse n’était pas du genre à mettre en doute les croyances des uns ou des autres, aussi se montra-t-elle très ouverte à ce sujet, accueillant avec un enthousiasme certain les preuves avancées par la chamane concernant la présence de Spearheart à ses côtés.
- Elle n’est pas toujours là mais elle te rend visite régulièrement, visiblement. Avait-elle commenté après avoir regardé dans le vide, sans ciller, pendant plusieurs minutes.

Une autre fois, la petite louve brune avait abordé un nouveau mystère. Il lui semblait que Salama possédait un don peu commun dont elle n’avait probablement pas conscience et qui en était étouffé.
- Tu n’as jamais fait de rêves étranges qui te revenaient bien plus tard dans un sentiment de déjà-vu ? Avait-elle demandé de sa voix si profonde.
Salama avait été interloquée par cette question sortie de nulle part, comme bien souvent de la part de Sigma. Mais à bien y réfléchir, cette situation qu’elle lui décrivait lui était bien connue.
- Ouais. Ca veut dire quelque chose ?
Une autre série de questions plus tard, Sigma s’était levée pour déterrer une poignée d’osselets d’un tas de poussière. Elle les avait mélangés, fait sautés et était resté penchée dessus un long moment.
Puis elle avait relevé des yeux voilés sur la louvarde dorée.
- Tu possèdes un don rare, Salama. Avait-elle annoncé, arrachant un sourire débile à la jeune. Tu as la capacité de ressentir à l’avance que quelque chose s’apprête à se produire, et tes rêves te laissent entrevoir des indices sur le futur.
De nouveau, la guérisseuse s’était retournée vers ses osselets.
- Libre à toi d’aiguiser ce talent ou de l’étouffer. Mais je te conseille de toujours te fier à ton instinct. C’est probablement l’une des choses les plus sûres ici-bas.
Intriguée mais un peu dubitative, Salama avait laissé coulé, n’y revenant que quelques semaines plus tard pour questionner Sigma de manière plus approfondie.

Au bout de deux mois, la louvarde savait tout des croyances de la guérisseuse et était bien au fait du potentiel qu’elle cachait depuis son enfance. A force de discussions, elle avait fini par accepter ses mésaventures et même à s’en réjouir, dans une certaine mesure : si elle n’était pas passée par là, elle n’aurait pas fait la connaissance de Sigma et Ester non plus, et n’aurait rien appris de tout ce que l’étrange chamane lui avait enseignée.

Au bout d’une saison complète, Salama aurait aussi bien pu avoir vécu toute sa vie auprès des deux solitaires. Ester s’était définitivement habituée à elle (peut-être moins à ses espiègleries, cependant) et Sigma avait commencé à lui enseigner quelques rudiments de guérison lorsque la louvarde, s’ennuyant, avait fini par s’intéresser à ce qu’elle passait ses journées à fabriquer.
Loin d’être une guérisseuse affirmée, Salama était désormais au moins capable de s’occuper de cas de première urgence et de reconnaître des plantes salvatrices en plein désert.

C’est en voyant une patrouille de l’oasis passer au loin que certaines choses revinrent enfin à l’esprit de la jeune croisée.
Il était temps qu’elle reprenne son chemin pour, enfin, tenir la promesse faite à ses amis et qui tenait en deux simples mots : se revoir.
Elle était confiante et sereine lorsqu’elle s’adressa à ses deux compagnes pour les prévenir de son intention. Sigma ne s’en étonna guère, et Salama supposa qu’elle avait dû le lire dans les entrailles du dernier repas qu’elle leur avait ramené (ou quelque chose dans ce goût-là).
La guérisseuse se releva pour aller chercher quelque chose dans un coin sombre de sa tanière. Elle en revint avec un crâne de gazelle parfaitement poli et immaculé.
- Un cadeau d’adieu. Fit-elle en guise d’explication. C’est la toute première grande proie que tu nous as ramenée, et il m’avait semblé que tu étais particulièrement fière de cette chasse.
De fait, de premier grand gibier était un souvenir qu’elle conserverait toujours. Elle en avait tellement rêvé durant sa jeunesse… C’était pour elle le parachèvement de tout son entraînement et une sorte de symbole de passage à l’âge adulte, puisqu’elle ne pourrait pas participer au rituel traditionnel des Blackbloods.
Le cadeau aurait semblé étrange, voire glauque, peut-être même de mauvaise augure à n’importe qui ne connaissant pas Sigma. Mais ce n’était pas le cas de Salama et l’attention l’émut tant qu’elle se jeta sur la petite guérisseuse pour la serrer contre elle. Ce qui l’entraîna à faire de même avec Ester qui protesta vigoureusement avant de se laisser faire dans un soupir à moitié amusé.
Salama se dépêcha ensuite d’essayer son nouveau « masque ». Heureusement, il allait parfaitement, coïncidence ou œuvre de la chamane, la louvarde n’en savait rien.
Enfin, après avoir de nouveau chaleureusement embrassé ses deux comparses en promettant de revenir les voir, la louvarde qui prenait des allures de louve accomplie, s’en alla pour de bon, ne s’arrêtant que pour boire (et s’admirer dans l’eau de la rivière) et chasser du menu gibier.
Salama ne savait pas exactement par où aller, n’avait aucune indication quant au lieu où se trouvaient Ciaran et Chrono, mais son instinct lui disait de commencer par explorer le sud, alors, comme Sigma le lui avait recommandé, elle s’écouta, débutant ainsi un périple dont elle ne connaissait ni la durée, ni la distance.


FIN
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