Sujet: > Je ne serais pas ce chasseur traqué. [PV Sahau] Ven 02 Sep 2011, 15:48
Le fauve se mouvait avec une légèreté étonnante vu son imposante taille. Il arpentait la brousse depuis le matin, la faim le rongeait, voilà presque trois jours qu'il n'avait rien avalé, et la brûlure de son estomac était devenue presque intolérable, pourtant il ne s'en plaignait pas. Il savait parfaitement ce qu'il devait faire, il en était capable. Tout à coup, il était revenu à l'époque où, sa terre n'était qu'un morceau de désert, craquelée par la sécheresse. L'époque où il vivait dans une harde divisée et où les faibles ne survivaient pas, chacun devait se débrouiller, vivre par lui même, cela, pas autre chose. Et à nouveau, il s'apprêtait à partir en chasse, seul. Torok était un traqueur hors du commun, il avait apprit et comprit qu'on ne pouvait compter que sur sois même, clan ou pas. Le félin avait conservé un esprit de solitaire. Conservé son libre arbitre. Et ses propres besoins avaient une légère tendance à passer devant ceux des autres..
Torok cherchait la trace d'un troupeau de petits chevaux qu'il avait pu observer quelques jours auparavant. Il s'en léchait les babines d'avance, la gueule entrouverte pour mieux capter toutes les odeurs qui souillait la brousse, il avançait, la tête basse, flairer avec attention, l'œil aux aguets, les oreilles tiquant au moindre bruit. Tout à sa tâche il finit par distinguer le parfums des équidés au milieux du reste de la faune, les fragrances lui indiquaient le chemin à prendre, et il se dirigeait silencieusement vers le point d'eau, à quelques kilomètres de là, où il savait qu'il trouverait ses proies. Il les entendit bien avant de les voir, ils étaient une quinzaine, agglutinés autour de ce qui restait du point d'eau, une flaque peu profonde où les crocodiles attendaient leur heure.
Torok se méfiait de ces gros lézards aux dents effilées comme des lames de rasoirs, c'était une des rares bêtes qu'il avait apprit à redouter. Il en avait fait lui même l'expérience : un jour, alors qu'il s'abreuvait, il avait senti des remous dans l'eau, puis un museau vert était apparut à la surface, à quelques centimètres de lui. Deux yeux étranges et globuleux c'étaient arrêtés sur lui, et une énorme gueule pleine de poignards s'était précipitée dans sa direction. Le félin gris avait rugit de peur, et avait esquivé le plus gros de l'attaque. Mais le crocodile, qui était deux fois comme lui, avait réussit à lui égratigner profondément l'épaule gauche. Il n'avait alors pu que reculer en feulant, les crocs dévoilés dans une veine tentative d'impressionner le monstrueux reptile. Il avait tout de même gardée une belle cicatrice : souvenir de cette fâcheuse rencontre. Voilà pourquoi, aujourd'hui encore, l'endroit lui déplaisait, rappelant à sa mémoire de mauvais souvenirs, ce jour où il aurait pu finir dévoré par un reptile géant non content de se nourrir d'herbivore.
Mais aujourd'hui, le chasseur c'était lui et personne d'autre, songea-t-il alors qu'il approchait toujours plus près du troupeau en train de s'abreuver. Arrivé à une distance respectable, Torok retenait sa respiration, son cœur battait la chamade. Sous le vent, caché dans les hautes herbes, il avait trouvé l'emplacement idéal, et aucun équidé n'avait remarqué sa présence, tapis là … dans la brousse. Le félin avait repéré sa proie, c'était un jeune poulain de quelques mois, aux longues jambes. Il jouait avec un autre petit de son âge, se disputant à qui mieux-mieux, mettant en scène les combats que se livraient les étalons lors de la saison des amours. Torok, patient, attendait le moment opportun pour bondir hors de sa cachette et se jeter sur le jeune équidé. Il attendait … ce serait bientôt le moment … les deux petits, pris dans leur jeu ne buvait pas avec le troupeau, galopant ici et là, insouciant du danger, le grand félin gris n'avait qu'à attendre qu'ils se jettent dans la gueule du tigre.
Ce qui ne tardât pas, une dizaine de mètres séparait le duo du fauve affamé, quand ce dernier, s'élança en rugissant. Les deux poulains sursautèrent en hennissant de peur. Ils se ruèrent en direction du troupeau qui prenait déjà la fuite sans plus s'occuper d'eux. Mais Torok avait tout prévu, et en quelques bonds habiles, il fût sur sa proie. Ses grosses pattes se refermant sur le corps frêle du jeune cheval. Ses griffes creusant de profonds sillons dans le pelage et la peau, le poulain hurla d'épouvante en essayant de se débarrasser du prédateur sur son dos. Peine perdue, Torok refermait déjà ses puissantes mâchoires sur la nuque du jeune, ses poignards acérés la brisèrent d'un seul coup. Le petit cheval s'écroula en poussant un dernier cri dans l'espoir de faire revenir le troupeau sécuritaire. Le félin gris valdingua dans la poussière mais aussitôt il se releva et se jeta sur sa proie pour l'achever. La gueule et les pattes ensanglantée, le puissant fauve se mit à déchirer la peau de l'équidé.
