L'amertume de la défaite // Libre

Reptile

Dans la brousse, l'hiver tenait plus du simple mot que d'un réel changement de climat. Certes, vers l'ouest et le sud les températures se faisaient un peu moins étouffantes et chose assez exceptionnelle pour être notée, la pluie tombait presque en abondance. Mais dans les buttes érodées par le vent et le sable, rien ne semblait vraiment différer, probablement à cause de leur proximité avec le désert BlackBlood de l'autre côté de la ligne de crêtes des plateaux rocheux. Ici, la chaleur et la sécheresse se maintenaient toute l'année, en faisant aux yeux d'Hadjira le terrain d'entrainement idéal pour son fils.

Mais Sahau n'avait pas eut besoin que sa mère le lui ordonne pour s'y rendre. La défaite qu'il avait essuyé face à Vardan lui cuisait autant qu'une profonde plaie dans la chaire. Lui qui avait été élevé, entrainé, formaté même dans le seul et unique but de devenir Roi par sa mère avait énormément de mal à comprendre son échec et surtout, à l'accepter. Ses sentiments oscillaient en permanence entre colère, ressentiment et mépris de lui même. Il haïssait le nouveau monarque au plus haut point, mais ce n'était rien en comparaison de la honte qu'il ressentait à l'égard de sa lamentable défaite. Il se sentait même perdu. On lui avait volé ce pour quoi il avait consacré les 5 premières années de sa vie et maintenant, il ne savait plus ce qu'il devait faire. Et le pire dans tout ça, c'est qu'il se mettait à douter.
Tant du bien fondé de ses années d'entrainement que de l'exactitude du but qu'on lui avait imposé et surtout, des réelles motivations de sa mère et ça, ça le mettait vraiment hors de lui. L'idée que sa mère ait put le manipuler était révoltante mais oser douter d'elle était vraiment pire que tout.

D'un puissant coup de griffe sur la paroi rocheuse, il se tira hors de ces pensés contradictoires et destructrices pour son esprit plus habitué il faut dire à obéir qu'à vraiment réfléchir. Les quatre nouveaux sillons se perdirent dans les innombrables traces qui marquaient déjà la pierre à cette endroit là, témoins de l'agitation qui régnait depuis un long moment déjà dans la tête du grand sabre. Agacé, il passa outre la fatigue de son corps (il s'entrainait depuis le levé du soleil et ce dernier commençait déjà à décliner vers l'ouest) et se remit à bondir de rochers en rochers, avec force, vitesse et agilité.

Oiseau

Peut-être retrouverait-elle Sans-Queue, ici ? Source l’espérait... En tout cas, d'après elle, son ami ne se serait jamais approché des Sabres alors la petite avait cherché à s'éloigner des gros félins qui lui servaient de compagnons. Ils lui faisaient plus peur qu'autre chose, de toute façon. Seul Altan, le Sabre qui l'avait recueillit, échappait à la règle. Il fallait avouer que de toute façon, elle était restée à l'écart des autres, cherchant à les éviter.
La sabrette se demandait encore ce qui avait bien pu pousser Sans-Queue à la laisser ainsi. Peut-être était-ce un jeu ? En tout cas, elle commençait à avoir mal aux pattes à force de le chercher.
Mais bientôt, quelque chose vint la tirer de ses rêveries, lui faisant pousser un cri d'effroi. Là, devant elle s'étendait d’innombrables marque de griffes. Rien qu'à l'idée du monstre qui avait pu faire ça, Source était glacée de terreur.

Reptile

Chacun de ses gestes était anticipé, préparé, calculé à l'avance. Il se mouvait avec vitesse et agilité, posant ses pattes là où il l'avait décidé, au millimètre près. Tout lui était facile, il avait perfectionné son entrainement au point de transformer ses mouvements en réflexes. Il était indéniablement le sabre le plus habile de la brousse.
...
Alors comment diable avait-il put perdre face à ce moins que rien de Vardan ??!
La question lui provoqua une bouffée de rage qui dérégla sa petite mécanique bien huilée. Il loupa son rocher et dut se contorsionner comme un chat tombant d'un arbre pour éviter la masse de poils crèmes qui badait stupidement devant un morceau de la paroi particulièrement éprouvée par sa colère.
Il se réceptionna au sol en roulant sur son épaule gauche tout en profitant du mouvement pour se remettre aisément sur ses quatre pattes. Les membres fléchis ils planta ses griffes dans la terre pour se stabiliser et finalement s’arrêter dans un grand nuage de poussière, devant le regard hébété et moitié terrorisé de la jeune sabre qu'il avait faillit percuter.
Il observa l'inconnue -et à on odeur visiblement, l'intruse- une seconde avant de se remettre en mouvement comme si rien ne s'était passé.

Oiseau

- Iiiiiiiiih !

Le Sabre loupa son rocher et évita tant bien que mal la pauvre petite chose effrayée qui se trouvait être sur son chemin. Elle croisa son regard et il n'en fallut pas moins pour la faire déguerpir. Elle se mit à courir, s'emmêlant les pattes et se rétamant sur le sol. Pourtant, aussitôt relevée -et comme si elle n'était jamais tombée- elle couru se cacher derrière le rocher aux griffures, laissant juste dépasser ses yeux écarquillés de terreur avec lesquels elle observait les moindres faits et gestes du mâle qui avait reprit son entraînement.

Reptile

Loin d'ignorer l'intrusion d'une femelle inconnue sur le territoire, Sahau la surveillait du coin de l'oeil tandis qu'il continuait ses passes, ce qui ajoutait -à son grand plaisir- un peu de nouveauté au son entrainement. Elle cependant ne semblait pas vraiment partager le même enthousiasme. Elle cria de terreur et se mit à déguerpir d'un coin à l'autre de son aire de sauts, sans avoir l'air de vraiment savoir où aller. Finalement elle battit en retraite et retourna se cacher derrière la paroi qui l'avait tant effrayé.
Bien, il en avait assez fait pour la journée. Terminant par une série de bonds agiles et souples le plus rapidement possible, Sahau se réceptionna sur le gros rocher qui cachait l'intruse. Tout en prenant le temps de contrôler son souffle, il se pencha lentement en avant pour poser son regard tranchant sur la femelle qui semblait ne plus savoir où se mettre puis il se laissa tomber devant elle, lui coupant toute possibilité de fuir.
- Que fais-tu sur nos terres ? demanda-t-il en la surplombant de toute sa hauteur.

Oiseau

"Que fais-tu sur nos terres ?" Tonna le mâle, lui coupant toute issue.

Les yeux de Source s'écarquillèrent de terreur tandis qu'elle observait le Sabre qui la surplombait. Elle se recroquevilla sur elle-même, voulant se faire toute petite. Oh, comme elle aurait aimé avoir la taille d'une fourmi pour disparaître sous-terre !
Toute tremblante, elle bafouilla, tentant de faire une phrase correcte :

- A-A-A-Aal-Al.... Al-Aaal-Al-Altan...

Reptile

Elle semblait être terrorisée, mais cela ne faisait ni chaud ni froid à Sahau. Le relationnel, il ne connaissait pas, encore moins avec une jeunette qui n'avait rien à faire ici.
- A-A-A-Aal-Al .... Al-Aaal-Al-Altan ... Balbutia-t-elle tant bien que mal.
Altan, forcément. Si l'on écoutait ce gross balourd paresseux tous les zonards miteux un temps soit peu souriant serait acceptés dans le clan. Il se ferait même un plaisir de s'en venter, comme à son habitude. Quoi qu'il en soit, si elle l'avait rencontré et qu'elle était encore là, c'était qu'il devait la considérer comme des leur maintenant.
Il la toisa des pattes à la tête, la jaugeant et la jugeant sans gêne ni retenue. Elle était petite, frêle et visiblement trouillarde comme jamais. Sa déception et son dédain s'afficha clairement sur sa face. Tcheuh, une bien piètre recrue pour le clan.
- Ton nom, gronda-t-il toujours sur le même ton autoritaire.

Oiseau

"Ton nom" Lui demanda le mâle, visiblement déçu d'avoir à faire à une recrue aussi pathétique.

Mais, trop idiote pour comprendre et sa peur ralentissant son temps de réflexion, elle bégaya :

- M-M-Mon n-nom ?

Reptile

- M-M-Mon n-nom ? balbutia la femelle en guise de réponse.
L'échine de Sahau se gonfla d'agacement. Il n'aimait pas avoir à parler avec quelqu'un qu'il ne connaissait pas et elle l'obligeait à répéter ses question comme un vieux gâteux.
- OUI, gronda-t-il, ton NOM !
Vraiment, il doutait que cette femelle ne devienne plus un fardeau qu'un quelconque intérêt pour le clan. Mais connaissant la stupidité et médiocrité de Vardan et Altan, ça ne l'étonnait même pas.

Oiseau

OUI, ton NOM !

Si cela était possible, Source se recroquevilla encore plus sur elle-même, se faisant plus petite encore :

- Sou-Source aux... aux petits p-poissons... ou.. juste S-Source...

Reptile

Si on ne l'avait pas aussi bien form(at)é à faire son travail, il aurait surement abandonné et tourné les talons depuis longtemps. Mais sa mère lui avait bien bourré le crâne et même si aujourd'hui il vomissait son Roi et ses acolytes, il n'en restait pas moins fidèle et soumis au clan, et son devoir exigeait qu'il s'assure jusqu'au bout que cette femelle n'était pas une intruse ou une espionne (quoi qu'au premier coup d'oeil il avait éliminé cette deuxième possibilité).
Sous son regard glacial et menaçant, elle finit enfin par lui répondre correctement.
- Sou-Source aux ... aux petits p-poissons ... ou .. juste S-Source ...
S'il n'avait pas été Sahau, il aurait explosé de rire. Là, il trouvait simplement ça ridicule et pathétique, mais au moins cela lui collait parfaitement à la peau. Faible et trouillarde, avec un nom à coucher dehors. Quelle belle recrue !
Enfin peut importait son nom ou ses capacités, il devait savoir si elle disait vrai ou non. Il se pencha brusquement en avant, sans se soucier de la peur qu'il lui inspirait ou d'agir comme un rustre. Il la renifla attentivement pour déceler dans son odeur l'ébauche de celle du clan, ainsi que celle bien reconnaissable d'Altan.
Bon, elle n'avait pas menti. Il resta quelques secondes de plus à l'observer avec incrédulité, ayant toujours autant de mal à se dire qu'une brindille comme ça faisait maintenant partie du clan. Mais après tout ce n'était pas vraiment son affaire.

Faisant demi-tour aussi soudainement qu'il s'était "jeté" sur elle, il se remit à bondir de pierres en rochers, sa hargne boostée par la stupidité de ses supérieurs.

Oiseau

La pauvre Source s'affaissait sous le poids du regard de Sahau. Pourtant, lorsque ce dernier tourna les talons pour vaquer à ses occupations, la petite ne se détendit pas pour autant. Les muscles tendus (du moins, le peu qu'elle avait), elle attendrait un bon moment que l'horizon soit désert avant de bouger ne serait-ce un poil.