Illusion de sérénité.

Mammifère

Automne An 5 ~ La forêt noire ~

Cela ne faisait pas très longtemps qu'il avait quitté les terres natales, pourtant il aurait eu assez de temps pour aller bien plus au sud. Mais probablement qu'il répugnait à se séparer si rapidement de la fraîcheur de la neige sous ses coussinets, de la vision familière des étendues glaciales et des arbres résineux recouverts de neige.
Et puis après tout, il avait tout le temps. Rien ne pressait, rien ne nécessitait qu'il fasse le tour du monde au plus vite. Il pouvait désormais prendre la vie au jour le jour au rythme qui lui convenait.
Il aurait sans doute pu, ou dû, s'inquiéter d'éventuels poursuivants, mais cela faisait assez longtemps pour que les chances d'être pris en chasse soient minimes. Et son nez, le plus fidèle de ses organes sensitifs, ne pouvait le tromper : personne ne le suivait.
Cabor naviguait donc tranquillement au travers de la sombre forêt embrumée et enneigée, sans le moindre souci au monde, persuadé d'avoir la vie devant lui. Mais soudain, ce dont il était persuadé vola en éclats, lorsque les effluves familières du Grand Nord atteignirent ses narines. Il se statufia, la panique le gagnant peu à peu, et il réfléchit à toute vitesse.
Profitant de sa discrétion légendaire et du brouillard qui enveloppait la forêt, il se coula derrière un buisson alors que des bruits s'ajoutaient aux odeurs.

*Much Concern*

Son corps entier la faisait souffrir. Ses blessures avaient beau commencer à se guérir, grâce aux soins de ces étranges êtres qui marchaient sur deux pattes, cela n'effaçait en rien sa souffrance. Remplacer une douleur par une autre ni changeait rien; à présent, c'était tous ses muscles qui la brûlaient, à cause du rythme infernal mené par les bipèdes. Oh, on l'avait bien sanglé, quelques fois, aux constructions de bois qu'ils tiraient. Elle s'était même réveillé la première fois attachée sur l'un de leur traîneau, alors qu'elle se rappelait s'être endormie contre le sol la nuit précédente - celle où elle était arrivée parmi eux. La panique l'avait alors saisie et elle avait tenter de s'enfuir en glapissant, jusqu'à ce que les Deux-Pattes élèvent la voix et que le traîneau s'immobilise. Éventuellement, elle avait finit par devenir plus docile et comprendre un peu le but de cette structure tirée par les chiens. Mais, on ne la laissait se reposer là-dessus qu'au minimum ; après une demi journée, elle avait alors passé la plupart de ses moments à tenter de suivre le rythme des autres, alternant trot et course, bougeant plus que jamais auparavant. Lors des arrêts du cortège, elle s'écroulait aussitôt à côté du bipède qui lui tournait toujours autour, mais toujours en périphérie du camp, s'éloignant le plus possible de cette chose orangée qui crépitait de la chaleur et des autres canins. Elle ne leur avait toujours pas adressé la parole, gardant une distance craintive avec eux, profitant du maigre rempart que lui offrait son silence. Heureusement, le regard des Deux-Pattes était vigilant, et l'attelage semblait l'oublier dans l'ardeur de leur tâche. Cela lui permettait entre autre de remettre ses idées en place, réfléchir, analyser, et de comprendre le plus rapidement possible cette nouvelle situation. Tenter de s'y adapter. Encore une chance que son père eut prit la peine de la renseigner quelque peu sur l’existence de ces êtres qui commandaient aux chiens, et heureusement que son physique la faisait passé pour l'une d'entre eux, à peine plus grande que la moyenne.

Sans tout à fait comprendre la logique de ces créatures, elle ignorait pourquoi ils l'avaient accepté parmi eux, comme ça. Elle était arrivé, s'était glissé dans leur compagnie, comme un imposteur, et ils avaient accepté sa présence. Mieux encore, elle possédait un semblant de liberté de mouvement. Comme si elle s'était jointe à eux, pour une durée de temps indéterminée. Sauf qu'à présent, elle avait cette étrange chose qui lui enserrait le coup, le même genre de matériel qu'ils se servaient pour l'entraver sur le traîneau. La nuit, les chiens étaient entravés. Pas elle. Ou plutôt, ils avaient essayés, mais elle s'était débattue avec force, rongeant la corde qui la retenait. Puis, elle était partie. Au matin, en se réveillant, ils l'avaient trouvé présente parmi les autres, en dépit de l'absence d'attache. Après quelques tentatives qui avaient donné le même résultat, ils avaient apparemment laissé tomber, mais elle n'en avait pas la certitude. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle n'était pas prisonnière et pouvait s'éloigner, lorsqu'il faisait nuit. Normalement, elle en aurait profité pour dormir, surtout avec son corps ankylosé. Mais dans les circonstances, elle ne pouvait pas. C'était donc pour ces mêmes circonstances qu'elle se glissa hors du campement lorsque tous furent assoupis et s'enfonça dans ces bois, plus dense que ceux qu'elle avait toujours connu. Sa soeur les suivait, à distance. Son apparence ne pourrait tromper les Deux-Pattes. Mais elle ne pouvait faire autrement que de suivre Delighted, dans l'ombre. C'est donc pour aller la rejoindre et l'aider à chasser (puisqu'elle n'avait pu chapardé de la viande sèche sans éveiller les soupçons) qu'elle s'était éclipsée, errant à présent à sa recherche.

Mammifère

Planqué dans la végétation, bien camouflé dans le paysage noir et blanc grâce à ses bringeures, il tendait l'oreille à ce qui se tramait plus loin, ne voyant rien entre sa vue défaillante, le brouillard et l'obscurité ambiante. Mais autant qu'il pouvait en juger d'après ce qu'il entendait et les odeurs qui lui étaient ramenées par la brume humide, il ne s'agissait pas d'une expédition envoyé à sa recherche.
Mais alors pourquoi détectait-il le parfum de membres du Grand Nord ?
Il se concentra encore, arrivant finalement à discerner deux effluves différentes, et féminines.
Ses sourcils se froncèrent de concentration et de confusion.
Ses oreilles tressautèrent lorsqu'il perçut le craquellement de pas dans la neige se rapprocher et passer tout près de lui. Il inspira profondément, reconnaissant finalement la propriétaire.
Il contourna sa cachette végétale et arriva dans le dos de Delighted, il se redressa et posa une patte - baladeuse il fallait bien l'avouer - sur le dos de la petite croisée bleutée.
Si le geste semblait plutôt inoffensif et joueur, il cachait en réalité une certaine menace, car malgré les apparences, Cabor se méfiait de la présence de la femelle, soupçonnant une éventuelle ruse destinée à l'embusquer.

*Much Concern*

Sa tête tournait d'un côté, puis de l'autre, à la recherche d'une trace, d'une odeur. Mais, dans ce nouvel environnement empli de différentes matières, elle ne parvenait pas à découvrir la trace de sa soeur. Refusant de céder à la panique, elle continuait d'avancer, lentement, s'assurant de temps à autres que ses traces étaient encore bien visibles dans la neige, pour son retour. Un bruissement de feuilles l'avertit alors d'une présence, et comme elle se retournait, une patte, lourde, se posa contre sa colonne. Son pivot devint alors brusque et elle se dégagea d'un coup d'épaule, ne reconnaissant nullement le poids de la petite Credence dans cette patte. Crocs dévoilés, elle fit face à l'individu à demi caché par la brume, puis reconnu la vague familiarité de sa silhouette.
- Cabor.. Murmura-t-elle entre ses dents.
Elle se recula légèrement, gardant une posture plus rassemblée qu'à l'habitude, au museau encore plissé à défaut de lui montrer les crocs. Rencontrer le mâle ici, dans un tel endroit, après sa disparition, attisa sa méfiance.
- Tu n'es donc pas mort ?

Mammifère

La croisée chienne pivota aussitôt sur elle-même, se dégageant brusquement de la patte apposée sur son dos. Crocs en avant, elle lui fit face, ne semblant pas le reconnaître sur le coup, ce qu'il pouvait comprendre puisque lui-même se fier plus à sa truffe qu'à ses yeux pour la distinguer dans la purée de pois et la pénombre.
- Cabor...
Il sourcilla alors qu'elle reculait, tachant sans doute à se mettre hors d'atteinte. Bodo plissa les yeux de méfiance. Si elle n'était pas seule, il ne devait pas la laisser donner l'alerte.
- Tu n'es donc pas mort ?
Cette question le surprise mais il le cacha bien, haussant un sourcil.
- À l'évidence non, très chère Delighted. Rétorqua-t-il posément. Mais je serais bien curieux de connaître les raisons qui vous ont amenée ici, accompagnée d'après ce que j'ai pu attendre...
Sa voix se fit plus sombre et son unique oeil apparent plus menaçant.
- J'espère que ce n'est pas moi que vous cherchiez... Ajouta-t-il lentement.

*Much Concern*

Sa question provoqua un haussement de sourcil chez le mâle. En même temps, il était bien vrai que sa question était absurde.
- À l'évidence non, très chère Delighted, prononça-t-il.
Il poursuivit alors avec pareille éloquence. Lentement, son corps se décripsa, mais sa méfiance n'en retomba pas. Faire confiance n'était point dans ses habitudes, envers personne, et surtout pas un fugitif du nord. Cependant, elle voyait bien que Cabor n'abordait aucune attitude menaçante, du moins pour le moment. Lentement, elle ramena ses pattes sous elle et s'assit contre le sol, gardant une certaine distance avec l'individu et le fixant toujours d'un regard dur et suspicieux. De fait, l'atmosphère entre eux finit par changer, et elle sentit de petites ondes d'agressivité être émise.
- J'espère que ce n'est pas moi que vous cherchiez... Gronda-t-il bassement.
Crocs serrés, elle fronça les sourcils.
- Contrairement à ce que tu crois, ton importance n'est pas telle qu'on enverrait une troupe à tes trousses. Surtout lorsqu'on te croit mort.
Elle n'ajouta pas, mais pensa fortement; surtout pas une troupe l'incluant elle, une louvarde effacée. Le Tyran avait de nombreux soldats à utiliser, bien meilleurs qu'elle, même si son rôle d'Informatrice et son apparente innoffensivité jouait en sa faveur.
- Mes raisons et mon accompagnement ne concernent que moi, poursuivit-elle alors d'un ton bas. Tout comme tu as les tienne de t'être enfui.

Mammifère

- Contrairement à ce que tu crois, ton importance n'est pas telle qu'on enverrait une troupe à tes trousses. Surtout lorsqu'on te croit mort.
Cabor étudia son regard et se détendit visiblement. La paranoïa l'avait induit en erreur. Il recula d'un pas pour définitivement ne plus agresser l'espace personnel de son ancienne camarade.
- Et bien, tant mieux ! Répondit-il avec légèreté.
- Mes raisons et mon accompagnement ne concernent que moi. Tout comme tu as les tiennes de t'être enfui. Répondit-il tout bas.
Le bringé tendit une oreille en direction de ce qui accompagnait la croisée bleutée.
- Dois-je comprendre qu'il ne s'agit pas d'anciens camarades de meute ? S'assura-t-il, bien qu'il était désormais assez confiant pour baisser sa garde.
Une autre pensée lui vint en humant de nouveau l'air.
- Hmm... Ta soeur a également quitté le Nord ? Demanda-t-il en dardant son oeil brun sur Del. Les rangs de Julius ne tarderont pas à être complètement vides si tous ces fidèles sujets décident de mettre les voiles.
Un sourire sardonique ponctua ses paroles. Il n'y avait aucun doute que Cabor se contre-fichait éperdument que son "bien-aimé" Empereur se retrouve à la tête d'une meute désertique.

*Much Concern*

L'autre tressailli de l'oreille, apparemment intéressé en dépit de la réponse vague de la jeune.
- Dois-je comprendre qu'il ne s'agit pas d'anciens camarades de meute ?
Elle le regarda sans répondre, évaluant. Ainsi, il n'était pas au courant de grand chose concernant son escorte, malgré ses dires. Elle eut un vague mouvement de tête, qui pouvait passer pour un acquiescement.
- Hmm... Ta soeur a également quitté le Nord ?
Elle hocha la tête à l'affirmative. Son odeur était donc perceptible. Elle leva légèrement le museau, humant à son tour ; peut-être était-ce son parfum tenu qu'elle parvenait à sentir, dans le brouillard des odeurs environnant, ou peut-être n'était-ce que son odeur qu'elle portait sur elle. Quoique, à présent, elle partageait moins l'odeur de Credence que celle des chiens.
- Les rangs de Julius ne tarderont pas à être complètement vides si tous ces fidèles sujets décident de mettre les voiles, ajouta Cabor face à son silence.
D'apparence désinvolte, bien que loin de l'être, elle haussa les épaules.
- C'était une question de survie. De toute façon, ce n'est pas les louveteaux qui manquent.
Sa tête oscilla légèrement de côté et elle lui lança un regard entendu, répondant à son sourire.
- De toute façon, je doute que l'avenir de la meute t'importe.

Mammifère

- C'était une question de survie. De toute façon, ce n'est pas les louveteaux qui manquent.
Cabor la toisa avec curiosité.
- Une question de survie, c'est ça ? Répéta-t-il pour lui-même. Je me demande ce qui peut bien conduire deux jolies damoiselles à fuir leur meute natale avec une escorte inconnue...
Il n'était pas dupe, il savait bien qu'elle ne dirait rien si c'était si "grave" que ça.
- De toute façon, je doute que l'avenir de la meute t'importe.
- Pas spécialement, en effet. Mais ma mère et mes frères et soeurs sont toujours là-bas, donc je m'inquiète au moins de ce qu'il advient d'eux.
Il secoua sa fourrure en crinière.
- Enfin, puisqu'il semble que nous sommes tous deux dans la même situation, j'imagine que l'on peut au moins passer un accord : fais comme si tu ne m'avais jamais vu, et je ferai de même. Proposa-t-il.

*Much Concern*

- Une question de survie, c'est ça ? Je me demande ce qui peut bien conduire deux jolies damoiselles à fuir leur meute natale avec une escorte inconnue...
Delighted conserva le silence. Elle ignorait pourquoi elle tenait autant à garder ses secrets. Mais quelque chose d'instinctif l'amenait à les protéger le plus possible, comme si c'était la seule chose sur laquelle elle avait réellement prise. En ne les dévoilant pas, elle se gardait une défense.
- Pas spécialement, en effet. Mais ma mère et mes frères et soeurs sont toujours là-bas, donc je m'inquiète au moins de ce qu'il advient d'eux. Enfin, puisqu'il semble que nous sommes tous deux dans la même situation, j'imagine que l'on peut au moins passer un accord : fais comme si tu ne m'avais jamais vu, et je ferai de même.
Il lui fit finalement cette proposition. Elle y réfléchit quelques instants, ayant l'instinct d'aussitôt l'accepter, mais se retint. Quelque chose d'arriviste en elle y vit une occasion. Jouant avec cette pensée, elle finit par l'appliquer :
- Sauf que tu es celui qui y gagne le plus. Si je te dénonce, le Tyran pourrait facilement envoyer des troupes te récupérer.
La bleue lui lança un regard appuyé, puis tenta un mince rictus.
- Mais le contraire n'est pas vrai. Comme tu l'as mentionné, j'ai mon escorte..
Le bluff lui était venu, facilement. Cette fausse assurance. Oh, elle avait raison, pourtant. Julius pourrait facilement faire tuer Cabor, s'il savait où envoyer ses mercenaires. À condition que le sort du mâle lui importe, ce dont elle n'était point sûre. Par contre, sa vie aussi était en danger. Si elle avait fuit, c'était bel et bien par crainte de sa vie, crainte que l'on agisse contre elle lorsque la disparition d'Arès serait découverte. Crainte qu'on ne la soupçonne, qu'on ne l'attaque ; elle avait donc fuit en premier, scellant par le même fait sa culpabilité, mais au moins sauvegardant sa vie. Son escorte lui garantissait bel et bien une sécurité, mais elle n'était pas sotte (ou assez confiante) au point de se croire à l'abris. Surtout lorsque Credence restait sans protection. Mais, à ce jeu, tout était construit sur apparence et secrets. Elle croyait pouvoir le maîtriser.
- Aurais-tu une autre proposition en tête ?

Mammifère

- Sauf que tu es celui qui y gagne le plus. Si je te dénonce, le Tyran pourrait facilement envoyer des troupes te récupérer.
Le mâle sourcilla et ses moustache s'étirèrent sur un sourire.
- Mais le contraire n'est pas vrai. Comme tu l'as mentionné, j'ai mon escorte..
Son sourire s'agrandit.
- Hm, je n'en suis pas si sûre, chère Delighted... Car comme tu l'as si joliment expliqué "c'est une question de survie". Ce qui me mène à penser que l'Empereur serait bien plus intéressé à te retrouver toi que moi, petit citoyen qui n'a aucune valeur à ses yeux. Et j'aurais pourtant tellement à y gagner si je profitais que tu sois seule et loin de ton escorte, pour te ramener au Grand Nord. Non seulement, on me pardonnerait ma fugue mais en plus, si ce que j'avance est juste, je serais certainement assez récompensé pour ne pas regretter d'être retourné là-bas... Raisonna-t-il sans se départir de son sourire.
Ce n'était pas vraiment son habitude de faire chanter les jolies filles, mais Delighted ne lui laissait pas vraiment le choix avec sa petit tentative de gagner plus qu'elle ne méritait. Et contrairement à ce qu'elle pensait, il lui serait bien plus facile à lui, roi des déplacements discrets, d'échapper aux chiens de l'Empereur, qu'à elle, avec ses bruyants accompagnateurs. Et Cabor ne doutait pas un instant que si Julius le voulait, ce ne serait pas une escorte qui l'empêcherait de récupérer la jeune louve.

*Much Concern*

Affichant un sourire face au chantage, Cabor ne sembla pas se laisser troubler le moins du monde par celui. De fait, il lui expliqua rapidement son attitude, et ce pourquoi il ne se sentait point menacer par elle. L'expression de la jeune louve ne se modifia pas, mais elle devait remercier pour ça la dernière année passer à feindre un flegme qu'elle n'avait pas. En réalité, elle était figée. La situation se retournait complètement. Mais ce revirement, le fait d'être acculée au pied du mur, ne faisait que la rendre plus acharnée. Ne bougeant aucun autre muscle, elle esquissa un nouveau sourire.
- C'est certes une question de survie, mais pas nécessairement face au Grand Nord.
Sa tête pencha brièvement de côté, comme pour instiller le doute dans son esprit. Elle poursuivit, reprenant du terrain :
- Le problème, c'est que je ne suis pas seule. Ma soeur est là. Et mon escorte n'est qu'à quelques foulées d'ici. Un seul hurlement et...
Elle laissa sa phrase en suspens. Évidemment, les hommes ne réagiraient nullement à son appel ; ce n'est pas comme s'ils pouvaient reconnaître sa voix. L'important, c'était que Cabor la croit moins vulnérable.
- Ensuite, il y a aussi que tu ignore réellement à quoi ressemble mon escorte. Je doute qu'ils se sentent menacés par les loups de Julius.

Mammifère

Cabor remarqua bien comment sa comparse s'était figée, visiblement stupéfaite d'être ainsi piégée à son propre jeu. Son petit sourire informa cependant le bringé qu'elle n'allait pas se laisser démonter pour autant...
- C'est certes une question de survie, mais pas nécessairement face au Grand Nord. Le problème, c'est que je ne suis pas seule. Ma soeur est là. Et mon escorte n'est qu'à quelques foulées d'ici. Un seul hurlement et...
C'était très juste, et Cabor plissa les yeux. Il ne pouvait être sûr qu'il s'agissait de bluff puisqu'il n'avait pas vu de lui-même en quoi consistait son escorte. Ils avaient juste été bruyants et leur odeur ne lui disait rien.
- Ensuite, il y a aussi que tu ignore réellement à quoi ressemble mon escorte. Je doute qu'ils se sentent menacés par les loups de Julius.
La voilà justement qui mettait ce désavantage en avant. Il sourit en réponse en secouant doucement la tête.
- Que eux se sentent menacés n'est pas la question, ma mie. Le fait est que je doute que Julius prendrait peur devant quoi que ce soit si elle voulait vraiment te reprendre... Mais tu marques un point, je n'ai aucune idée de qui sont tes nouveaux... bienfaiteurs, et je n'ai aucune envie de le découvrir.
Il sourit de nouveau, son oeil se plissant d'amusement. Ne désirant rétorquer de nouveau et batailler ainsi une gente dame, il céda et opta pour la reddition.
- Puisque tu sembles désireuse de marchander, dis-moi donc ce que tu souhaites pour essayer ainsi de me piéger. Conclut-il, bon enfant.

*Much Concern*

Le sourire restait sur les traits du mâle, mais ne la dérangeait pas. Pour le moment, du moins, elle regagnait du terrain.
- Que eux se sentent menacés n'est pas la question, ma mie. Le fait est que je doute que Julius prendrait peur devant quoi que ce soit si elle voulait vraiment te reprendre...
Elle nia alors de la tête. Plus elle y pensait, moins la crainte envahissait son esprit. Elle parvenait presque à croire, rationnellement, que Julius ne pouvait plus l'atteindre maintenant qu'elle avait la protection des Deux-Pattes. Ceux-ci ne pouvaient être menacé par une poignée de loups, pas avec leur force, leurs branches pointues, leurs chiens.
- Mais tu marques un point, je n'ai aucune idée de qui sont tes nouveaux... bienfaiteurs, et je n'ai aucune envie de le découvrir. Puisque tu sembles désireuse de marchander, dis-moi donc ce que tu souhaites pour essayer ainsi de me piéger.
Elle haussa légèrement un sourcil, ne croyant pas à sa soudaine collaboration. Apprenant de ses précédentes erreurs, et ne lui faisant pas plus confiance qu'à elle-même, elle demanda sur un ton plus doux, voire innocent :
- Une aide et ta bonne volonté de m'informer de quelques détails.
La louvarde avança légèrement le museau, tournant sa tête sur le côté.
- Est-ce trop demander ?

Mammifère

Delighted ne semblait pas convaincue de l'emporter si aisément mais Cabor lui tendit un nouveau sourire tout à fait charmant et affable.
- Une aide et ta bonne volonté de m'informer de quelques détails. Est-ce trop demander ?
Une lueur lascive s'alluma dans le regard du mâle au ton de voix emprunté par la jeune louve.
- Comment dire non lorsque c'est si... gentiment demandé ? Répliqua-t-il d'une voix mielleuse. Je t'écoute donc.
Et il lui agita une patte pour l'inciter à poursuivre, tout à fait enclin à l'écouter formuler sa proposition. Pendant ce temps-là, il profitait de la vue. Et c'était déjà une bien jolie vue.

*Much Concern*

- Comment dire non lorsque c'est si... gentiment demandé ?
Elle eut le fantôme d'un sourire, comme si sa propre attitude et celle du mâle devenaient comiques. Bien qu'elles ne l'étaient nullement.
- Je t'écoute donc.
Il l'incita de la patte, et elle en profita pour se relever, lentement. Quelques instants, elle l'observa, croisant son regard une fraction de secondes, puis elle se retourna.
- Aide moi à chasser..
Mi-demande, mi-ordre, elle se détourna de lui et se mit en marche, sans l'attendre.

Mammifère

La louvarde se releva, lui adressant un regard avant de se détourner et d'avancer.
- Aide moi à chasser..
Et elle se mit en marche comme une Reine venant juste d'ordonner à son serviteur de la suivre.
Cabor sourcilla mais un mince sourire l'accompagna alors qu'il lui emboitait le pas.
- Vos désirs sont des ordres, ma Dame. Roucoula-t-il, légèrement ironique.
Mais si ce n'était qu'une partie de chasse qu'elle voulait, eh bien, le bringé n'avait pas grand chose à y redire. Ce n'était pas bien compliqué et si ça lui assurait le silence de la belle, il n'y avait pas à hésiter. Et comme toujours, la compagnie d'une jolie louve n'était pas non plus pour lui déplaire.
- Quelle sera la commande de Madame pour le menu de ce soir ? Demanda-t-il d'un ton emprunté en la rejoignant dans un trot de parade exagéré au ridicule.

*Much Concern*

- Vos désirs sont des ordres, ma Dame.
Ses oreilles tiquèrent vers l'arrière, comme la moquerie ne lui passait pas inaperçue. Néanmoins, elle continua d'avancer. S'était coulée au rôle, elle ne devait pas s'en départir.
- Quelle sera la commande de Madame pour le menu de ce soir ? Poursuivit le mâle sur sa même lancée ironique.
Elle l'entendit arriver au trot à ses côtés et entrevit son allure démonstrative, bien qu'elle se refusait à le regarder. Continuant de marcher, elle regarda autour d'elle, fronçant légèrement les sourcils, comme pour trouver une proie - ou sa soeur. N'y voyant rien, elle cessa de chercher et tourna finalement la tête vers Cabor, affichant un rictus sur ses lèvres.
- De la volaille aurait été agréable, mais je me contenterai de ce que tu trouveras.

Mammifère

Ils continuèrent d'avancer un moment, Del ignorant superbement les pitreries de son accompagnateur. Elle semblait chercher quelque chose. Cabor songea avec un sourire amusé que si c'était sa façon de pister pour chasser, il n'était pas étonnant qu'elle ait eu besoin de aide...
Finalement, elle cessa de chercher et s'adressa de nouveau à lui :
- De la volaille aurait été agréable, mais je me contenterai de ce que tu trouveras.
- Je vois... répondit-il en humant l'air. Je déteste les oiseaux...
Il grommela entre deux reniflements.
- ... sauf quand ils sont au menu, cela va de soi ! Termina-t-il sur un grand sourire.
Il devança la louve bleutée, la truffe au sol, la relevant juste le temps d'annoncer :
- Attends-moi ici, milady, je reviens de ce pas ! Lui glissa-t-il avec un clin d'oeil.
Et il repartit, nez affairé à sa tâche pour satisfaire au caprice d'une gente damoiselle.

*Much Concern*

- Je vois... Je déteste les oiseaux... Grommela-t-il.
Elle l'ignora.
- ... sauf quand ils sont au menu, cela va de soi !
Retenant un roulement d'yeux, elle continua de marcher, jusqu'à ce qu'il rajoute qu'il allait disparaître à l'instant satisfaire son caprice. C'est à ce moment là seulement qu'elle s'arrêta et se retourna, surprise, mais ne vit que la croupe marron du mâle se balancer au gré de ses pas comme il s'éloignait dans la forêt. Ayant soudainement perdu son compagnon et le besoin de chasser, elle resta immobile.
- Enfin, fit une voix derrière elle quelques instants plus tard.
Delighte laissa glisser son regard sur le côté, retrouvant finalement sa soeur.
- J'aurais pas cru le retrouver ici, lui.
Credence s'était postée devant elle, lui bloquant la vue de l'endroit par où était partit le mâle. La violette s'était campée solidement sur le sol, fronçant des sourcils.
- On a intérêt à s'en débarrasser le plus vite possible !
La plus petite des deux louves jeta un regard à l'autre, agacée. Elle grommela, se détournant d'elle :
- En attendant, c'est lui qui va t'apporter ton repas, alors essaie de ne pas être trop désagréable.

Mammifère

Cabor n'était pas encore très loin lorsqu'il entendit la nouvelle voix à laquelle il tendit une oreille distraite, la truffe toujours collée à l'humus. Il reconnut sans peine Credence, puisque de toute façon, Delighted avait confirmé sa présence et que lui-même avait tout d'abord sentit plus d'un membre du Grand Nord.
- On a intérêt à s'en débarrasser le plus vite possible !
Un sourire narquois s'empara de ses lèvres alors qu'il avançait toujours. Bientôt, il releva la tête et jeta un coup d'oeil en arrière.
Il était assez loin. Il huma de nouveau l'air, tournant la tête de tous les côtés pour confirmer qu'il n'y avait pas la moindre brise dans ce bois sombre et brumeux. Et il passa derrière un bosquet, se mouvant avec la même discrétion dont il avait fait preuve plus tôt.
C'est par pur hasard qu'il tomba sur un nid de pintade sauvage endormie. Il cligna des yeux, n'en revenant pas, allant même jusqu'à jeter un coup d'oeil autour de lui pour vérifier qu'il ne s'agissait pas d'une blague, ou d'un piège. Puis, sourcillant, il acheva la volaille qui ne fit pas le moindre bruit dans son sommeil. Il déplaça la carcasse pour gober les quelques oeufs qu'elle couvait avant de récupérer le volatile et de le poser, bien visible mais un peu en hauteur, puis d'effacer ses traces en les aspergeant de terre et de poussière avec ses pattes arrières. Et enfin, il disparut de nouveau entre deux buissons et pour de bon.
- Bon appétit, Mesdames... Murmura-t-il dans la pénombre avant de s'éclipser rapidement.

[Out. ]

*Much Concern*

- Tu parles, grommela Credence. On aurait très bien pu se débrouiller sans lui.
- Et on en aura encore l'occasion, crois-moi.. Soupira sa soeur. En attendant, sois contente qu'on n'aie pas à chasser.
La violette dévoila les crocs, frustrée, puis tira la langue. Delighted soupira à nouveau, trouvant de plus en plus sa soeur lourde et puérile. À défaut d'avoir autre chose à faire, elle vint se coucher contre un arbre, tandis que sa soeur faisait les cents pas, agitée.
- En tout cas, il n'est pas bien pressé de revenir, grinça-t-elle après un moment.
La bleue haussa des épaules, bien que cette pensée la rongeait depuis un instant. Effectivement, si Cabor avait décidé de se tirer.. Elle ne pouvait rien y faire, hormis espérer que la crainte d'être dénoncé lui suffise pour revenir. Malheureusement, plus les minutes passaient, plus elle en doutait.
- Eh ! Jappa alors Credence, bien que sa voix était bizarrement lointaine.
La plus petite dressa la tête, et constata que sa soeur n'était nulle part en vue. Une certaine inquiétude vint la saisir, et mais elle resta immobile, se demandant si elle devait ou non se porter à son secours. Avant qu'elle n'ai pu se décider, des bruits lui parvinrent, et bientôt la silhouette familière de Credence se détacha de la brume.
- 'ega'de 'a ! Lança la nouvelle venue avec enthousiasme.
Delighted ne vit pas tout de suite ce qu'elle avait dans la gueule, mais finit par détailler la pintade lorsque Credence la cracha sur le sol. Intriguée par cette prise, alors qu'elle savait sa soeur bien piètre chasseuse, Del leva un regard interrogateur vers elle.
- Je l'ai trouvé dans un nid brisé, déjà morte, expliqua la violette. L'endroit avait l'odeur de Cabor. Par contre, aucune trace de lui.
- Bon, j'imagine qu'on n'entendra plus parler de lui..
Elle grimaça, amère à l'idée qu'il se soit finalement enfuit, bien que vaguement reconnaissante pour la proie. N'empêche, elle avait eut des informations à lui soutirer..
- Tu vas t'en sortir ? Finit-elle par demander.
Sa soeur grommela un acquiescement, qui aurait probablement été plus sec si elle n'avait pas eu la bouche pleine. Prenant cela comme l'autorisation de pouvoir quitter, Del se releva et parti en direction du petit camp des Deux-Pattes, suivant les traces qu'elle avait faites à son arrivée.

Fin.