Crossing roads

*So Feminist*

Prio' Rapier et Havelock
[ Début de l'été, An 5 ]

Le crépuscule tombait sur le camp, pourtant, partout où il se promenait, il ne voyait point de paupières s'abaisser doucement par la fatigue mais bien trop de regard luisant dans l'obscurité, comme si l'avidité des combats faisait rayonner leurs globes oculaires. Il déambulait parmi eux la queue basse, tête à hauteur des épaules, paraissant peut-être encore plus mince et frêle qu'il ne l'était en réalité. Son pas se rassembla un peu plus, comme s'il s'esquivait entre les fantômes de ses camarades. Heureusement pour lui, ce n'était pas tous les individus qui trépignait de joie à l'idée des combats. Une atmosphère autant effervescente que lourde s'était abattue sur leur campement, depuis qu'un détachement de Blackblood était parti rejoindre Inaria, quelques jours plus tôt. L'affrontement était proche, et l'angoisse montait en flèche. Lui-même se sentait tiraillé, et les remontrances de Gunthaer ne cessait de lui revenir à l'esprit. Plus la date limite approchait, plus la décision prenait pernicieusement forme dans son esprit, et cela le dégoûtait.

Ses yeux se relevèrent, détaillant sans intérêt son environnement. Captant le regard - éteint - d'Havelock, qui siégeait avec les deux messagers endormis, Howahkan orienta son chemin à sa rencontre. Arrivé à sa hauteur, il posa son séant contre le sol, à quelques pas du loup marron, mais de façon à cacher Gunthaer par son corps.
- Une question me vient à l'esprit, depuis quelques temps, fit-il simplement. Son ton, autrefois, aurait porté l'amusement d'une plaisanterie à venir. À présent, il n'était que morne, plat, sans aucun faciès sur son visage aux paupières entre ouvertes pour contrasté ce qu'il allait dire . Être aveugle t’indemnise-t-il des combats, ou cela ne fait de toi qu'un pion condamné à l'avance ?

Mammifère

Il allait mourir. La mort était là. Il avait senti l'énergie qui s'intensifiait autour de l'Oasis, au loin. Il avait réussi à apprendre à prendre pied dans un environnement aussi instable et plat que l'était le désert. Et pourtant, il ne s'en sentait pas rassuré. Pas le moindrement. Il sentait l'intérieur de son corps trembler en impuissance alors qu'ils s'avançaient tous vers le trépas. Volontairement. Comme des robots. Des drones. Il avait déjà goûté au sang de la perte, mais jamais il ne s'était senti aussi friable. Il se sentait si fragile qu'un coup de vent aurait suffit à l’émietter en toutes petites particules de poussière. Le désert était chaud, rien à voir à la température à laquelle il s'était habitué. Il n'était pas humide: il était sec. Meurtrier. Il s'ennuyait de la neige et des vallons de givre de la montagne blanche. Il s'ennuyait des temps plus simples. Soudain le vent lui indiqua la présence d'une masse alliée s'approchant de lui. Malgré sa raideur, il se sentit plus détendu.

- Une question me vient à l'esprit, depuis quelques temps...
- ...
Il se contenta de pivoter les oreilles vers l'arrière. La voix et la forme que lui décrivait le vent et les sons lui informa aussitôt de la présence d'Howhakan. Ce drôle de bouffon.
- Être aveugle t’indemnise-t-il des combats, ou cela ne fait de toi qu'un pion condamné à l'avance ?
Havelock avait maintenu ses yeux écarquillés, un sourire crispé, forcé, révulsé aux lèvres.
- On va tous mourir. Aveugle ou non.
Il clôt ses yeux, pouffant.
- Qui me dit que tu n'es pas aveugle, toi aussi.

*So Feminist*

Presque curieux, Howahkan observa les yeux de l'aveugle s'écarquiller, se demandant si cela manifestait la surprise ou bien un réflexe instinctif de chercher à voir.
- On va tous mourir. Aveugle ou non.
Fut sa réponse, manifestant un grand optimisme.
- Certains seulement, confia-t-il à voix basse, bien qu'Havelock n'eut encore finit.
- Qui me dit que tu n'es pas aveugle, toi aussi.
Fit le brunet, en laissant échapper un rire. Howahkan le regarda plus attentivement, ses oreilles frémissant.
- Ça aussi, c'est une bonne question, il lui accorda. Mais je puis t'assurer que je vois. Pour ce que ma parole vaut.
Ses épaules se haussèrent, négligemment, puis un sourire vint hanter ses traits.
- Mais tu as raison. Nous mourrons. Pas moi, ce n'est pas encore mon temps, mais quand nous serons obligé de partir la queue entre les pattes, nous laisserons beaucoup de cadavres des nôtres derrière nous.
Il ferma les yeux, le sourire paralysé. Les images défilant à nouveau dans son esprit.
- C'est drôle que tu sois ici. Tu y es encore, quand je ferme les yeux.
Ses paupières frémirent. La commissure de ses lèvres trembla.
- Sauf que ton crâne n'est plus qu'un amas de chaires sanglantes. How beautiful would this be ?

Mammifère

- Ça aussi, c'est une bonne question, il lui accorda. Mais je puis t'assurer que je vois. Pour ce que ma parole vaut.
- Ta parole, c'est juste un son de plus, se contenta de répondre Havelock rabattant lourdement ses oreilles sur son crâne, secoué d'un tremblotement. Le vent se leva de nouveau, lui traçant le sol par le cliquètements des pierres qui s'y déplaçaient, jusqu'au moindre petit grain de sable. Quelles terres dégradantes. Bientôt teintées de sang. Howhakan s'adressa de nouveau à lui.
- Mais tu as raison. Nous mourrons.
Havelock hoqueta, rouvrant ses yeux. Il lui crut discerner un quelconque faisceau de lumière, mais rien. Rien, comme d'habitude. Il cligna, cherchant à humecter ses yeux livides qui s'étaient asséchés à son insu.
- Pas moi, ce n'est pas encore mon temps, mais quand nous serons obligé de partir la queue entre les pattes, nous laisserons beaucoup de cadavres des nôtres derrière nous.
- Tu partiras sans eux...
- C'est drôle que tu sois ici. Tu y es encore, quand je ferme les yeux.
- ... ?
Il entendit la voix de l'autre louvoyer:
- Sauf que ton crâne n'est plus qu'un amas de chaires sanglantes. How beautiful would this be ?
Havelock rata un battement, crispant ses pattes au sol, raidissant l'entièreté de ses épaules. Il sentit de la sueur perler sur son visage. L'image d'un immense sourire aux traits déformés l'envahir, Il recula prestement la tête, se redressant d'un bond, la queue plaquée entre les cuisses.
- LA FERME !
Il tourna ses yeux révulsés d'horreur en direction d'Howhakan, ou, du moins, tourna sa tête.
- LA FERME LA FERME LA FERME ! NE PARLE PAS SANS SAVOIR !!
Sa respiration courte, il se mit à tourner sa tête de chaque côté, la gueule entrouverte, les narines dilatées.
- Ne parle pas sans savoir. Il souffla, cherchant à calmer ses violentes palpitations.
- Non... en fait... tu fais juste divaguer. Comme d'habitude.
Il hocha la tête.
- Je suis juste un chasseur, pas un guerrier. Et toi...
Il s'était enfin calmé, quoique son souffle encore éreinté.
- Toi, tu es juste un aveugle, comme moi... comme tout le monde, qui divague.

*So Feminist*

- LA FERME !
Lui glapit de toute ses forces l'aveugle, sursautant comme si Howahkan l'avait soudainement brûlé d'un tison. De l'endroit où il était, l'oméga pouvait presque sentir le coeur de l'handicapé battre sauvagement dans sa poitrine, comme il continuait d'évacuer ses délires. Puis, il abaissa son ton aussi subitement qu'il était monté, cherchant à se rassurer lui-même. Le regard du Fou dévia vers le côté, observant les deux individus qui dormaient encore au côté d'Havelock, comme si ses éclats ne les avaient pas affecté. Tempête d'émotions qui à présent semblait s'être tut, comme si Havelock n'avait plus l'énergie, ou le courage, de l'alimenter.
- Tu sais quel est réellement le comble, dans tout ça ?
Ses sourcils se mouvèrent, l'incitant à répondre malgré le fait qu'il ne pouvait voir le signe. Et malgré le fait qu'il n'attendait pas vraiment de réponse. Howahkan recula sa tête vers son poitrail, comme enorgueillit.
- C'est que je sais.
Le fantôme de sourire revint, brisé. Il plissa des yeux, comme cela lui arrivait, autrefois.
- Et que peu importe la voie qu'emprunte cette folie, c'est la mort, de l'âme sinon du corps, qui nous attend.
Un rire, étranglé.
- Ça ne te donne pas envie de combattre, toute cette fatalité ? Peut-être que c'est cela, au fond, qui les excite tous.

Mammifère

- Tu sais quel est réellement le comble, dans tout ça ?
- arrête arrête...
- C'est que je sais.
- ...
- Et que peu importe la voie qu'emprunte cette folie, c'est la mort, de l'âme sinon du corps, qui nous attend.
- arrête...
- Ça ne te donne pas envie de combattre, toute cette fatalité ? Peut-être que c'est cela, au fond, qui les excite tous.
- a--! des pleurs. Des pleurs de ses grand yeux écarquillés, sourcillant d'impuissance, faisant face à leur propre faiblesse. Havelock leva ses pattes, les portant à ses yeux, refermant ses paupières.
- Qu'est-ce que j'ai à voir là dedans? Je fais mon boulot...
Il éloigna lentement, très lentement ses pattes de son visage, se redressant. Seules ses lèvres remuèrent:
-Alors?... Qu'est-ce que tu attends pour me fracasser le crâne, hein... ? il éclata: If your theory, or vision is so pinpoint, what are you waiting for, huh !?
Il leva un sourire, le dos hérissé, les yeux oscillant dans la noirceur où il ne discernait rien.
- Hypocrite !!

*So Feminist*

Son but n'était pas - spécialement - d’apeuré le loup marron. Pourtant des larmes s'étaient mises à jaillir de ses orifices, qu'il tentait bien vainement de camoufler sous ses pattes, alors que tout son corps tremblait. Howahkan détourna à demi le visage, ne cherchant pas à contempler le spectacle qu'il avait provoqué.
- Qu'est-ce que j'ai à voir là dedans? Je fais mon boulot...
- Et c'est justement le problème de tout le monde, ici, souffla-t-il alors que Havelock se découvrait le visage.
- Alors?... Qu'est-ce que tu attends pour me fracasser le crâne, hein... ?
L'une des oreilles de l'arctique tiqua vers l'arrière, alors qu'il lançait un regard étonné (mais morne) au chasseur.
- If your theory, or vision is so pinpoint, what are you waiting for, huh !?
Il cracha, avant de surenchérir :
- Hypocrite !!
Un silence. Howahkan détailla lentement la créature qui lui faisait face, puis prononça lentement :
- Je ne croirais pas.
Il retint son souffle quelques instants, muet, ses yeux bougeant de droite à gauche comme pour lire des informations devant lui.
- À moins que, reprit-il, je ne le sois en restant ici, tout en prêchant le contraire. Était-ce que ce tu voulais dire, quelque part entre deux gémissements ?

Mammifère

- Je ne croirais pas, lui répondit Howhakan. Havelock retroussa le museau, poussant un lourd grondement, les oreilles dans le cran.
- À moins que, reprit-il, je ne le sois en restant ici, tout en prêchant le contraire. Était-ce que ce tu voulais dire, quelque part entre deux gémissements ?
- ...
Havelock se détendit, relevant une babine.
- T'es pas si idiot, finalement. il secoua ardemment sa tête.
- Les loups-poissons criaient à l'aide, et toi... il clôt ses yeux. Sa gueule s'ouvrit sur de nouvelles paroles, acerbes, sèches, venimeuses.

tu n'as
rien
fait.

Il détourna la tête.
- Le sort d'animaux capables de se défendre semble t'intéresser beaucoup plus que celui des faibles, hypocrite.

*So Feminist*

- T'es pas si idiot, finalement.
L'atmosphère cessa alors d'être empreinte d'angoisse. La balance s'inversa, et l'aura de l'aveugle s'intensifia.
- Les loups-poissons criaient à l'aide, et toi... tu n'as rien fait.
Le constat rugit à ses oreilles. Ses paupières papillonnèrent, en dépit de son regard voilé.
- Le sort d'animaux capables de se défendre semble t'intéresser beaucoup plus que celui des faibles, hypocrite.
Sa respiration s'était ralentie, au point qu'il ne laissait plus qu'un mince filet d'air passé par ses narines.
- You really do see me as a Fool, don't you ?
Il pencha la tête de côté.
- De mon point de vue, les loups-poissons étaient déjà plus capables de se défendre que toi, Havelock. Dis moi si je me trompe. Mais..
Il ferma les yeux, une pression venant se longer dans sa gorge.
- Ne crois-tu pas que j'entends encore leurs cris, mêlés à au son des vagues et ceux des corps rejetés dans la mer, lorsqu'il fait silence ?
Inspirant lentement, il emplit ses poumons d'air, avant de relâcher cet afflux de carbone.
- Ne crois-tu pas que c'est exactement pour ça, que je cherche à présent à agir ?

Mammifère

- You really do see me as a Fool, don't you ?
- If I could, I would, ASSHOLE ! vociféra Havelock en découvrant ses canines, fulminant. Howhakan pencha sa tête sur le côté. Havelock ne voyait pas ses mimiques, mais il entendait sa respiration. Et sa respiration était si ténue que le vent ne lui en apportait que des bribes. L'autre était calme, dangereusement calme. Il se rappelait de cette sensation.
- De mon point de vue, les loups-poissons étaient déjà plus capables de se défendre que toi, Havelock.
- ... son grondement s'accentua. Howhakan soulignait sa faiblesse faute de sa cécité. La patience de Havelock commençait à s'effriter.
- Dis moi si je me trompe. Mais... Ne crois-tu pas que j'entends encore leurs cris, mêlés à au son des vagues et ceux des corps rejetés dans la mer, lorsqu'il fait silence ?
Un souffle. Un reproche. Havelock recula prestement la tête, serrant ses crocs, incertain quant à la suite des choses.
- Ne crois-tu pas que c'est exactement pour ça, que je cherche à présent à agir ?
Devait-il l'écouter? Devait-il se défendre? Est-ce que son avis avait sa place sur un futur champ de bataille ? Il abaissa les oreilles.
- Tu... n'agis pas, Howhakan. Tu stagnes.
Il se laissa tomber, assit.
- Tu n'es qu'un son de plus. Tu ne sais que parler...

*So Feminist*

- Tu... n'agis pas, Howhakan. Tu stagnes.
À nouveau, il retint son souffle, réfléchissant.
- Tu n'es qu'un son de plus. Tu ne sais que parler...
Havelock avait retrouvé sa position, assis. L'oméga se cala un peu plus dans sa position, enroulant sa queue contre ses pattes.
- Bon point, fit-il simplement, à mi-chemin entre le murmure et une simple constatation.
Ses traits se tordirent d'un sourire éphémère. Si même l'aveugle arrivait à voir cet état de fait, jusqu'où était-il tombé ? Bien bas, assurément.
- Parler pour ne rien dire, ou dire pour ne pas être écouté.
C'était bien le propre des bouffons. Lentement, il se coucha sur le sol.
- Je commence à en avoir l'habitude. Et c'est bien mon tord de ne point le changer.

Mammifère

- Bon point.
Havelock releva un peu sa tête, sur un sourire amer. Bien qu'il était heureux d'avoir réussi à faire fermer sa gueule à cet importun, il ne se sentait pas victorieux pour autant. Ses oreilles restaient basses, et son corps était, quelques fois, secoué de tremblotements brefs, saccadés.
- Parler pour ne rien dire, ou dire pour ne pas être écouté.
Le vent lui apporta son image, qui rapetissait à vue d'oeil. Havelock redressa ses oreilles. Il claqua sa langue afin de discerner plus exactement le relief l'entourant: non, le bouffon s'était simplement couché, vaincu dans cette espèce de joute verbale.
- Je commence à en avoir l'habitude. Et c'est bien mon tord de ne point le changer.
- J'ai mal aux yeux et au front, répondit soudain Havelock. Que je les ferme ou que je les ouvre, j'ai mal quand même. Je ne sais même pas si je dors, ou si je suis mort.
Il fronça les sourcils.
- J'ai l'impression de vouloir sortir de ma propre tête. Ta vision...
Il pouffa.
- Ta vision, j'ai l'impression de la vouloir.

*So Feminist*

- J'ai mal aux yeux et au front, fit alors Havelock comme si cela était la suite naturelle de la conversation, laquelle que suivit Howahkan tout aussi simplement.
- Ah bon ?
- Que je les ferme ou que je les ouvre, j'ai mal quand même. Je ne sais même pas si je dors, ou si je suis mort.
Les sourcils du bouffon s'élevèrent légèrement, puis se froncèrent, comme il analysa la situation.
- J'ai l'impression de vouloir sortir de ma propre tête. Ta vision... (il rit) Ta vision, j'ai l'impression de la vouloir.
Ce fut à son tour d'étirer la commissure de ses lèvres pour sourire, de façon presque sincère. Pourtant, il y avait quelque chose dans cet échange qui ne manquait de lui geler la colonne vertébrale.
- Tu n'as qu'à rester ici, alors.
Il étendit ses pattes devant lui, les étira, joua avec ses doigts, puis rapporta son attention sur le visage de l'aveugle.
- Ce sont tes cicatrices qui te font mal, peut-être ? Ou un souvenir qui te hante ?

Mammifère

- Tu n'as qu'à rester ici, alors.
- ...
- Ce sont tes cicatrices qui te font mal, peut-être ? Ou un souvenir qui te hante ?

Havelock sentit une goutte de sueur rouler sur sa joue.
- N... non, parvint-il à articuler, les oreilles basses, les yeux toujours fermés. Il les rouvrit.
- C'est... de l'instinct animal.
Il se mit à trembler, les yeux écarquillés.
- ... Il me crie de... fuir, courir, prendre mes jambes à mon cou. Il me crie de ne pas craindre les blackblood...
Un seul murmure.
- Mais Alteron.

*So Feminist*

- N... non.
Une odeur plus salée vint à son museau, et il distingua un goutte rouler le long de ses joues. Le fragile équilibre qui s'était établit chez Havelock venait-il de disparaître sous l'angoisse, à nouveau ?
- C'est... de l'instinct animal.
Howahkan écarquilla les narines, distinguant la peur renflouer aux pores de peau de l'animal.
- .. Il me crie de... fuir, courir, prendre mes jambes à mon cou. Il me crie de ne pas craindre les blackblood... Mais Alteron.
Il tendit les oreilles vers lui, tout en regardant ses griffes tracer des sillons dans le sable.
- Peut-être que tu devrais l'écouter, alors.
Il eut un sourire pour lui-même.
- Ou bien rester, si ma vision te charmait.

Mammifère

- Peut-être que tu devrais l'écouter, alors.
- Non.
- Ou bien rester, si ma vision te charmait.
- N-non, aussi.
Il se tut, étouffant un hoquet, ou un sanglot, ou un soupir. Il ne savait pas pourquoi il pleurait, mais une chose était sûre: si de son échine à sa queue tous ses poils étaient hérissés, c'était que la chose qu'il craignait se trouvait tout à proximité. Et écoutait peut-être leur conversation. Et se régalait sans doute de son désespoir. Attendant, patiemment, que Howhakan ne s'échappe avant de concrétiser sa funeste vision.

*So Feminist*

L'aveugle répondit par la négative aux deux questions, amenant une contradiction amusant. Howahkan pouffa de bon coeur, gardant le sourire sincère malgré les craquelures dans sa voix. Il leva la tête vers le ciel, trouvant les étoiles immuables, en dépit des massacres auxquelles elles allaient bientôt assister.
- So we're both just two fools, then.

Mammifère

- So we're both just two fools, then.
- tsh!... Maw shut, I'm nothing like you...
Il dressa ses deux oreilles, entrouvrant sa bouche en forme de o.
- Oh yeah,... that reminds me.
Il releva sa tête.
- How come you understand me? I thought only G--... only Gunthaer knew my language.

*So Feminist*

- tsh!... Maw shut, I'm nothing like you...
Ses sourcils se haussèrent, demandant une preuve plus formelle, mais il n'ajouta rien.
- Oh yeah,... that reminds me. How come you understand me? I thought only G--... only Gunthaer knew my language.
Il abaissa légèrement les oreilles.
- Accordons-nous pour dire que c'est de Gunthaer que je tiens cela, alors, fit-il à voix basse.
Ses paupières se fermèrent. Il respira plus profondément, emplissant ses canaux d'un air qui lui sembla alors plus frais.
- Disons que j'ai une facilité pour les langues.

Mammifère

- Accordons-nous pour dire que c'est de Gunthaer que je tiens cela, alors
- Pff. Liar.
- Disons que j'ai une facilité pour les langues.
- ...
Havelock ouvrit ses deux yeux.
- Hey... Approche-toi. Je veux te toucher.
Il eut l'ombre d'un sourire.
- Je ne sais même pas à quoi tu ressembles... On dirait que tu changes toujours d'apparence.

*So Feminist*

- Pff. Liar.
- Pas entièrement, spécifia-t-il à voix basse.
- Hey... Approche-toi. Je veux te toucher.
- Je ne pensais pas que nous étions déjà rendu à ce niveau-là.. Gloussa-t-il, un peu de puérilité retrouvée.
- Je ne sais même pas à quoi tu ressembles... On dirait que tu changes toujours d'apparence.
Il analysa la remarque un moment, s'amusant à l'idée.
- Ou bien je ne suis qu'un son, sans apparence.
Il laissa rouler les mots sur sa langue un instant, puis se déplaça en rampant pour aller rejoindre le brunet, se taillant une place aux côtés de Shrew. Durant quelques instants, il lui jeta un regard, son esprit s'activant à sa vue, puis il esquissa un sourire envers Havelock.
- Allez-y, cher explorateur, faites votre travail. Mais tâchez de ne point me dépeigner, je dois bien être aussi pointilleux que Gunthaer à ce sujet.

Mammifère

- Ou bien je ne suis qu'un son, sans apparence.
- Ce n'est pas ce que le vent me dit, rétorqua Havelock, fronçant les sourcils, amusé par l'idée. Il claqua de nouveau sa langue: la forme floue de Howhakan s'était enfin mouvée. Il ne put bientôt voir que son dos, ses pattes, les follicules de sa queue. Il se déplaçait- non, se coulait vers lui, en rampant, comme toujours couché. Il claqua sa langue de nouveau: il ultrasons lui peignirent le portrait du loup à ses côtés, de même que ceux qui dormaient autour. Quel imbécile, d'avoir hurlé, crié de la sorte, alors que ses congénères dormaient. Havelock maintenant la tête tournée à l'endroit où Howhakan se trouvait il y avait quelques instants, ses pupilles oscillant, cherchant à percer la noirceur afin d'y voir, d'y discerner, ne serais-ce que d'y entrapercevoir une pastille de lumière. Rien.
- Allez-y, cher explorateur, faites votre travail. Mais tâchez de ne point me dépeigner, je dois bien être aussi pointilleux que Gunthaer à ce sujet.
- Vous l'êtes bien moins que lui, siffla Havelock en abaissant les oreilles. Il tendit sa patte, inspirant, la posant contre l'avant de l'épaule du bouffon. Lui, il ne m'autorise même pas le contact. Il poussa. Lentement, il laissa ses coussinets de promener sur le poitrail, à la gorge, au museau, traçant le visage un peu excentrique du personnage tout aussi excentrique. Il glissa sa patte à son visage, frôla ses yeux, effleura ses paupière, devinant les formes. Il s'assura de ne pas toucher ce qui semblait être une pilosité crânienne, se contentant de reposer contre le poitrail, et d'appuyer.
- Petit... maigre... léger. Ses oreilles tintaient, comme si elles en entendaient son rythme cardiaque.
- Un polichinelle au rythme rapide, il siffla. Il redressa soudain ses deux oreilles. De la peur ? Non... non...
Il retira sa patte.
- Vous êtes bien bizarre, Howhakan.

*So Feminist*

- Vous l'êtes bien moins que lui. Lui, il ne m'autorise même pas le contact.
Howahkan haussa simplement les épaules, réalisant après coup que l'aveugle pouvait maintenant en avoir conscience, à présent qu'il avait sa patte posé contre son épaule. Immobile, presque figé, il laissa le contact se faire, les doigts se promener sur sa physionomie, prenant sur lui d'endurer ce contact inquisiteur. Havelock poursuivit son exploration, montant jusqu'à son visage, ce qui entraîna aussitôt chez lui la réaction de fermer les yeux. Ses paupières frétillèrent sous l'effleurement. Ce n'était pas tant de la peur, mais c'était un inconfort. Il respirait, lentement, mais ouvrit les yeux d'un regard perçant dès que le contact s'effaça de son visage.
- Petit... maigre... léger. Un polichinelle au rythme rapide, Détailla l'aveugle. De la peur ? Non... non...
Intrigué, le bouffon attendit la suite de ce raisonnement incomplet, mais elle ne vint pas. Havelock se contenta de retirer sa patte, libérant son poitrail qui respira dès lors avec plus de facilité.
- Vous êtes bien bizarre, Howhakan.
- Am I ? Répondit-il à mi-voix.
À son tour, il tendit la patte, avec une lenteur calculée pour ne point l'effrayer. Il la laissa en suspens, à quelques centimètres du visage de l'aveugle, puis vint effleurer d'un revers de la patte fantomatique ses cicatrices, avant de ramener sa patte à lui.
- Vous ne l'êtes pas moins.

Mammifère

- Am I ?
- ...
Il sentit quelque chose approcher de son visage et soudain le toucher. Il s'agissait de la patte de Howhakan. Elle effleurait ses cicatrices.
- Vous ne l'êtes pas moins.
- Ah... fit Havelock, ressentant la brûlure du toucher.
- Ce n'est rien. C'est un ours qui m'a enlevé mes yeux. Un petit ours.
Il ricana.
- Ou c'était un autre loup? Je pense qu'il s'agissait de mon combat contre un immense balbuzard. Peut-être qu'en fait elles sont le résultat d'un autre accident, avec un arbre.
Il haussa les épaules, feignant le désintérêt.
- Foncer dans un arbre rend aveugle, c'est évident.

*So Feminist*

- Ah...
Un simple mot. Puis, il repartit, lui dévoilant la raison de ses cicatrices. Lui n'avait entendu que la version d'une plante venimeuse ; cet ours le surprenait donc. Puis l'apparition du loup. Puis sa transformation en balbuzard. Qui alors s'enracina en arbre, alors qu'Havelock haussait les épaules pour camoufler ses dires.
- Je n'en doute point, commenta-il, d'un ton simple. Surtout quand l'obstacle est mental.