Tourmentée

*So Feminist*

Prio' Désastre & Guns
[ Milieu Été, An 5 ]

Comme une furie, elle avait quittée Coldsnap, traçant de larges sillons dans le sable de ses pas brusques. Tête renfoncée entre ses épaules, queue fixe à l'horizontale, elle n'adressa aucun regard, aucune parole, à personne, remarquant à peine les visages étonnés qu'on tournait vers elle à son approche - dont celui de son frère. Emmurée dans sa colère, elle fonça droit devant elle, gravissant la pente à grandes enjambées et alla s'isoler dans le renfoncement de la grande muraille. Et là, elle se trouva un coin, le plus reculé et dans l'ombre possible, et s'y jeta pour s'y rouler en boule. Les paupières serrées, l'air résolument fermé, elle essaya de forcer son corps au sommeil, de taire ses pensées.

Mammifère

L'esprit vide. Le regard dans le vague. On ne pouvait vraiment pas dire que Désastre était occupé à une activité productive. Même la réflexion était absente de ses pensées. Pensées tournées uniquement sur ce qu'il voyait et entendait, rien d'autre.
Certains appelleraient cela l'ataraxie. La philosophie de l'absence de troubles, et c'était vrai. En un sens, Astre était heureux ainsi, sans soucis et sans tourments.
Lorsque Calamité le dépassa à grandes enjambées rageuses, il put juste songer que visiblement ce n'était pas le cas de tout le monde.
Sans un mot il se releva de sa position assise et lui emboîta le pas. Il n'avait jamais été perturbé par l'idée que sa présence pourrait un jour l'importuner. C'était tout simplement littéralement impensable dans son esprit.
Il prit son temps cependant, laissant son regard rubis couler sur ceux qui avaient suivi la furie du regard.
Finalement, il la retrouva prostrée, en boule, dans un recoin de roche ombré. Il s'approcha lentement, jusqu'à pouvoir poser sa truffe dans la fourrure de son crâne exposé.

*So Feminist*

Un bruit s'approcha d'elle, mais elle n'y prit garde. Ne voulant voir personne, elle renfonça son museau entre ses pattes. Mais cela ne découragea pas l'intrus, qui vint encore plus près d'elle, jusqu'à l'envahir en posant sa truffe contre sa tête. Rationnellement, elle su que le seul être à venir la trouver aussi familièrement, alors qu'elle allait visiblement, ne pouvait qu'être Désastre. Mais elle n'eut que faire de la rationalité. Un grognement s'éleva de sa gorge, pour la première fois à l'égard de son frère. Calamité n'en resta pas là. Relevant brusquement la tête, elle balaya sa présence d'un coup de patte, le regard rétrécit.

Mammifère

Un grognement s'éleva de la masse de chair et de poils. Astre n'y prêta pas attention. Il s'en fichait. Lorsqu'elle releva brusquement la tête, en revanche, il dut bien enlever son museau du sommet de son crâne, surtout lorsqu'un violent coup de patte le gifla dans son mouvement de retrait.
Désastre se figea, posant un regard soucieux, et non plus inexpressif, sur Calamité.
Ses oreilles s'agitèrent et il ne bougea toujours pas.
Finalement, il commença à se retourner, jetant des coups d'oeil compulsifs vers sa soeur et s'éloignant d'un pas mécanique et rigide jusqu'à quelques mètres plus loin.
Il se retourna un peu, fixa longuement Cal puis détourna le regard et s'assit, les yeux parcourant la frontière de la zone qu'il venait de proclamer comme exclusivement réservée à sa soeur jusqu'à ce que celle-ci aille mieux.
Il ne la regarda plus mais au bout d'un moment finit tout de même par lui adresser trois simples mots, invitation déguisée à lui expliquer ce qui n'allait pas.
- Je bouge pas.

*So Feminist*

Elle avait cru devoir rencontrer son regard, meurtri, et avait vivement détourné la tête pour y échapper. Mais l'éclat qu'elle capta du visage de Désastre n'était point déçu : il était perplexe, comme légèrement inquiet. Elle dévoila les crocs, mais toujours en refusant de le regarder. Ses oreilles ne purent toutefois que capter le mouvement de son corps qui se déplaça, et ses sens lui indiquèrent que Désastre s'était déplacé quelques mètres plus loin. Il n'était pas parti. Mais l'avait laissé tranquille ; enfin, en un sens. L'attention aurait pu la touchée, comme à chaque fois qu'il agissait ainsi, s'assurant de son bien-être au détriment du sien. Mais cette fois cela lui était insupportable, et ainsi la mena à ignorer complètement l'acte, plutôt que de laisser cours à la honte qu'elle ressentait.
- Je bouge pas.
Affirma Désastre après un moment de silence. Elle continua de se taire un bon moment, la mâchoire serrée. Puis quand l'attente lui sembla encore plus intolérable que les mots, lança en restant dos à lui :
- T'as rien de mieux à faire ?
Une question rhétorique, comme elle s'en rendit compte quelques instants après, en lâchant un rire sarcastique.
- .. Non, évidemment. T'as jamais mieux à faire.
Jamais auparavant, elle n'avait eu de mots durs à l'égard de Désastre. Il y avait beau avoir une première fois à tout, et son état mental le justifiait, mais ces paroles lui firent probablement plus mal qu'à l'insulté - puisque son frère, dans son insensibilité caractéristique, l'ignorerait peut-être. Mais elle ne le pouvait pas. Et le poids de tous ceux qu'elle s'était mise à décevoir, en plus d'elle-même, revint s'installer dans son esprit et menaça de le réduire en charpie. Elle tourna alors brusquement la tête, élevant la voix, criant presque, l'accusant :
- Comment peux-tu supporter ?

Mammifère

Le silence s'installa après ses trois mots. Silence qu'il passa à garder le havre de Calamité comme s'il eut s'agit de la mission la plus importante qu'on lui ait jamais confiée.
Pour lui c'était peut-être le cas.

- T'as rien de mieux à faire ?
Il ne répondit rien, bien que la dureté des mots l'étonna. Ce n'était pas Calamité. Ce n'était pas sa Cal.
- .. Non, évidemment. T'as jamais mieux à faire.
Une oreille se détourna de son devoir de sentinelle pour se tourner vers sa soeur.
Il commença à penser. Et se stoppa net, retrouvant le calme paisible d'un esprit exempt du trouble des réflexions et des soucis du quotidien.
- Comment peux-tu supporter ?
sa deuxième oreille crochue se tourna vers la source de la question, mais sa tête, elle resta droite et fixe, ses yeux rouges mobiles inspectant la frontière qu'il avait imaginée.
- Supporter quoi ? Répondit-il doucement, calmement, stoïquement.
Il ne savait pas ce que sa soeur avait, et probablement qu'il ne serait pas capable de vraiment comprendre, mais il était là quoi qu'il advienne. Qu'elle l'utilise comme punching ball ou comme confident, qu'elle l'ignore ou le rejette, il s'en contre-fichait. Elle était sa soeur et il était et serait là pour elle, c'était bien la seule mission qui comptait à ses yeux.

*So Feminist*

Il lui semblait que tout centimètre de son visage était tendu, que chaque parcelle de sa peau se raclait contre ses os, comme si tout devait la punir dans cette attitude agressive qu'elle abordait, les crocs dévoilés.
- Supporter quoi ? Répondit simplement Désastre, avec son intérêt paisible habituel.
Comme toujours, le détachement et l'incompréhension dont il faisait preuve restait un mystère pour elle. Depuis le temps, elle s'y était faite, cette caractéristique étant un point essentiel à son frère, et donc une valeur à aimer autant que le reste. Mais le "comment.. ?" restait toujours là, tapis, et dans le chaos émotionnel que devenait la guerre, s'imposait de force dans son esprit.
- Tout ça ! C'est toujours tout ça ! Jeta-t-elle violemment, tentant de lui faire comprendre. Comment tu fais pour que ça s'arrête, pour ne pas souffrir, regretter, pour ne pas penser.
Sa voix se cassa, mais elle la força à reprendre, avec colère.
- Pourquoi est-ce que c'est si facile pour toi d'obéir sans en perdre le sommeil après ?! Pourquoi c'est si facile aussi pour moi de le faire et de m'abaisser à ça, de le vouloir. Pourquoi je suis devenue comme ça ?

[Ylou, come whenever you feel like coming o/ ]

Mammifère

- Tout ça ! C'est toujours tout ça ! Comment tu fais pour que ça s'arrête, pour ne pas souffrir, regretter, pour ne pas penser.
Ce n'est pas par désintérêt qu'il ne lui répondit pas, pas plus qu'il ne se retourna, mais simplement car il ne savait pas quoi lui répondre. Il n'avait pas besoin de faire d'efforts pour ne pas penser, c'était dans sa nature, instinctif. Peut-être développé comme une protection envers l'extérieur après le drame d'Horreur, mais il ne pouvait évidemment pas en être sûr, et d'ailleurs il s'en fichait : il était comme ça, c'était tout.
- Pourquoi est-ce que c'est si facile pour toi d'obéir sans en perdre le sommeil après ?! Pourquoi c'est si facile aussi pour moi de le faire et de m'abaisser à ça, de le vouloir. Pourquoi je suis devenue comme ça ?
Cette fois, Désastre se retourna lentement, les oreilles toujours pointées dans la direction de Calamité. Il se foutait bien de comment sa soeur pouvait - avait - changé. Ce qui le troublait était sa réaction face à cela : elle ne l'acceptait pas, ne le comprenait pas, il ne savait pas trop en fait. Tout ce qu'il voyait c'était que sa soeur était en détresse. Pas physique certes, mais malgré tout... Cal en détresse : une situation qui n'aurait jamais dû se produire à ses yeux...
Il fronça un peu les sourcils, dépité de ne pas savoir quoi faire. Pour une rare fois, déçu de ne pas être capable de réfléchir à une solution.
Tout ce qu'il trouva à répondre fut une autre question :
- Tu trouves que c'est mal ?
Désastre n'avait pas une perception universelle du Bien et du Mal. Pour lui, le Bien c'était ce qui était bon pour lui et ceux qui étaient importants pour lui : à savoir, en tout premier lieu, sa soeur et leur famille; puis leur meute. Et en logique dans son esprit, le Mal était tout ce qui faisait obstacle à ce qui était bon pour eux, et tout ce qui était mauvais pour eux.
Vision simpliste, oh certes. Mais n'en était-elle pas moins justifiée ?

*So Feminist*

Ses éclats eurent, au moins, l'utilité d'amener un peu plus d'émotions sur le visage de son frère, voir de l'inquiétude, du dépit. Le visage fermé à tout cela, elle serra les crocs, attendant une réponse. Qui, pour l'une des rares fois, lui fut donnée (sous forme de question, mais tout de même) :
- Tu trouves que c'est mal ?
Peut-être était-ce là l'avantage de discuter avec Désastre : parler avec lui, c'était comme un peu parler avec soi-même, avec une manifestation douée de parole, capable de questionner à défaut de juger. Neutre, il posait ses questions, peut-être parce qu'il ne savait pas dire autre chose, mais cela avait au moins comme effet de la forcer à réfléchir, à transmettre ses idées et tenter de les démêler par elle-même. Sans subir la déformation des autres, dotés de propres opinions, et sans subir le chaos méprisé de sa propre pensée. Mais cela n'adoucissait en rien le processus. C'était seulement un moyen de le faciliter, le simplifier.
- Ce qu'on fait, là, c'est mal. Affirma-t-elle, finalement.
Ses sourcils se rejoignirent un peu plus sur son front, ses babines se retroussèrent. Elle prenait enfin position, mais ce n'était pas pour la réjouir. D'un mouvement brusque, ne supportant plus d'être au niveau du sol, elle braqua ses pattes et se retrouva en position assise.
- D'aucune façon ça pourrait être bien. Et pourtant, on le fait. Et j'obéis. Pire encore, j'ai voulu. Je sais que c'est mal, et ça ne m'a pas empêché de vouloir le tuer ! Termina-t-elle avec rage, tout en envoyant un caillou se faire éclater sur la paroi d'un coup de patte.

Mammifère

- Ce qu'on fait, là, c'est mal. Répondit-elle après un moment.
Astre pivota sur lui-même, faisant face à sa soeur, la têt légèrement baissée et penchée.
Calamité se redressa soudain, brusquement, en position assise mais raide comme un piquet.
- D'aucune façon ça pourrait être bien. Et pourtant, on le fait. Et j'obéis. Pire encore, j'ai voulu. Je sais que c'est mal, et ça ne m'a pas empêché de vouloir le tuer !
Elle ponctua ses propos d'un coup de patte rageur et violent dans un pauvre caillou (qui ne lui avait rien fait) qui s'en alla pleurer toutes les larmes de son petit corps de caillou en percutant la paroi rocheuse.
Le regard vide de Désastre suivit sa trajectoire avant de retomber sur Calamité.
- Et pourquoi c'est mal ? Demanda-t-il finalement, intéressé.
Pour quelqu'un qui n'avait que très peu le sens de la morale, il lui était difficile de comprendre en quoi vouloir faire ce qui était demandé était mal. Ou encore pourquoi assouvir un désir de sang était immoral.
Une autre question s'imposa à l'esprit du jeune garde, plus concrète et plus pragmatique, donc plus à sa portée :
- Tu l'as tué ? Le ton était neutre, penchant pour de l'intérêt mais absolument pas critique : il était juste curieux.
Aucune idée de l'individu dont elle parlait mais quelle importance ?

*So Feminist*

Sitôt son caillou lancé (contre le mur pour qu'il éclate en sanglots), Calamité en avait détourné le regard pour le fixé sur celui de Désastre. Son frère pourtant préféra regarder la course de l'objet volant puis, lorsqu'il se fut écrasé pour de bon, consentit à se retourner vers elle.
- Et pourquoi c'est mal ?
Il s'intéressait, en dépit de sa capacité à réellement comprendre. Calamité ouvrit la gueule, mais son frère ajouta avant elle :
- Tu l'as tué ?
Elle ferma sa gueule, prise au dépourvu par la question pratique. Puis, la réponse jaillit, évidente :
- Non je-...
Mais elle ne put la poursuivre, fronçant alors des sourcils.
- .. J'ignore pourquoi je ne l'ai pas fait.
Ce qui était complètement vrai. Elle l'avait eu à sa merci. Elle s'était lancée contre lui, en rage, perdue dans le chaos que lui avait offert la vision de l'amant de Belmont. Elle avait faillit en périr, mais au final, c'était Kai qui s'était écroulé à leur pied. Complètement innoffensif. Si facile à tuer. Mais elle s'était détournée de lui et était allée rejoindre les combats. Était-ce par loyauté, parce qu'on lui avait dit de les mettre hors combat, et que ses services étaient requis ailleurs ? Ou était parce qu'elle n'avait pas voulu le tuer, ou du moins, pas de sang froid ? .. Et dire que toute chose aurait été différente, si dans la tourmente du combat, elle l'avait réellement tué..
- Je ne suis pas une tueuse, crut-elle alors bon d'affirmer. Ou alors, je suis trop lâche pour assumer.
Hormis pour chasser, et à stricte but de subvenir à ses besoins, elle n'avait jamais tué. Pis, elle s'était enfui d'Alteron, lorsque la guerre avait été déclaré aux loups-poissons. Pourquoi aller les tuer, sans aucune raison, s'était-elle dit alors ? Cette guerre l'avait dégoûtée pendant tant de temps. Sa loyauté l'avait tiraillé atrocement, depuis, renouvelé avec son arrivée au Désert, à attendre, avec la mort de Malheur, avec l'effervescence autour d'elle, qu'elle ne partageait pas. La veille de la bataille, encore, elle n'avait nulle envie d'aller combattre. Pourtant, elle haïssait déjà Kai, pour ce qu'il avait obtenu à sa place. Mais Belmont semblait heureuse, épanouie. Et maintenant, ils avaient tout bafoué cela, le pervertissant dans le sang pour toujours. Et son coeur avait répondu à cet appel de la mort.

Mammifère

- Ha ha ha ha ha, on dirait que tu ne sais pas ce que tu veux. Peut-être que tu ne te poses pas les bonnes questions ~
Personne n'aurait pu dire s'il écoutait depuis le début ou s'il venait d'apparaître. Gunthaer avait l'habitude de se couler un peu n'importe où à l'insu des autres. Ça lui donnait l'impression de surgir de nul part. Il leva l'une de ses pattes postérieures pour se mettre désabusement à se gratter le cou. Son rictus s'affina en un simple sourire ravi, alors qu'il étoffa sa pensée, les oreilles droites.
- Pourquoi tu fais ça? Pour qui fais-tu ça?
Sa patte se déposa, alors que son dos - recourbé à cause du mouvement frénétique de sa jambe - se redressa d'un coup, comme si rien ne s'était passé. Rien ne se passait jamais, de toute évidence: même les cicatrices et les plaies profondes que lui avait fait Shank en lui perforant la chair avaient comme disparues, tant sa cicatrisation frôlait la perfection.
- Pour qui te prends-tu ?
Sa tête se balança d'un côté.
- Après tout, le problème vient de toi, je me trompe ?

Mammifère

- Non je-... J'ignore pourquoi je ne l'ai pas fait.
Il ne risquait pas de le savoir à sa place...
- Je ne suis pas une tueuse. Ou alors, je suis trop lâche pour assumer.
Astre haussa les épaules.
- Et alors ?
- Ha ha ha ha ha, on dirait que tu ne sais pas ce que tu veux. Peut-être que tu ne te poses pas les bonnes questions ~
Désastre se retourna brusquement, l'échine hérissée. En ayant tourné le dos vers "l'extérieur" de la bulle de Calamité, il avait négligé son travail de surveillance.
- Pourquoi tu fais ça? Pour qui fais-tu ça?
Le bleuté s'apaisa un peu en constatant qu'il ne s'agissait "que" de Gunthaer.
Calamité l'aimait bien. Donc il allait le laisser passer. Sauf si Calamité disait qu'elle ne voulait pas le voir. Dans ce cas Désastre le foutrait dehors. Voilà. C'est comme ça que ça marche.
- Pour qui te prends-tu ? Après tout, le problème vient de toi, je me trompe ?
Astre ne bougea pas de sa position mais il éteignit toutes ses facultés mentales, hormis celles qui lui servaient à garder un oeil sur le coursier et à lui taper sur la tronche si cela devenait nécessaire.

*So Feminist*

- Et alors ?
Répondit Désastre, ponctué d'un haussement d'épaules qui avait ce même flegme. Un peu frustrée de ne pas pouvoir répondre à cette question naturellement, de devoir y réfléchir et s'en tourmenter, elle serra la mâchoire.
- Ha ha ha ha ha, fit une voix sur sa gauche, lui faisant coucher ses oreilles. On dirait que tu ne sais pas ce que tu veux. Peut-être que tu ne te poses pas les bonnes questions ~
Désastre s'était retournée vivement à son apparition, mais son air agressif se calma dès qu'il reconnu l'identité du nouveau venu. Il revint alors au ''neutre'', physiquement comme mentalement, et Calamité su qu'elle l'avait perdu. Ce genre de conversations, plus profondes, étant toujours très rares entre eux, et elle en ayant particulièrement besoin, l'arrivée infortuite du messager l'agressa. Les babines à demi relevée, elle le fixa arriver, l'oeil mauvais.
- Pourquoi tu fais ça? Pour qui fais-tu ça?
Il la relança, de questions presque irritantes, puisqu'elle n'y avait pas la réponse. Mais Guns ne faisait pas preuve d'insolence, ou du moins, pas plus qu'à l'habitude. Ses questions en étaient des vraies, et c'était justement pour ça qu'elles étaient frustrantes. C'était des pistes de réflexion, des chemins qui se traçaient pour parvenir à une vérité. Seulement, elle ne pouvait y accéder. Ces chemins-là, ils étaient obstrués par un voile obscure, par son incapacité à voir plus loin, à penser, à arriver à une solution. Elle se sentait bloquée, comme enlisée.
- Pour qui te prends-tu ? Après tout, le problème vient de toi, je me trompe ?
Qui était-elle ? Qui voulait-elle être ? Une vision éphémère lui vint, celle de sa jeunesse, avec sa famille, ses jeux, sa joie. Une vie simple, harmonieuse, saine. Même plus cette envie de commander, outre sa caractéristique naturelle d'être meneuse. Mais la vision n'était, justement, qu'une vision. Et cela ne lui était plus possible.
- Ou alors, le problème vient des autres. Elle contra, durement. De la situation.

Mammifère

- Ou alors, le problème vient des autres, rétorqua-t-elle sur une voix dure. De la situation. elle ajouta. Gunthaer leva un air innocent, haussant les épaules.
- Hmmm... D'accord. Si ce sont les autres le problème eh bien... Tue les tous et repart à zéro. Une plante pousse beaucoup mieux lorsqu'elle n'est pas obstruée par l'ombre de ses congénères. Il pouffa: Je ne vois pas vraiment pourquoi tu te fais du mauvais sang alors que la solution est si simple, Princess!
Mais non, la solution n'était jamais si simple. Elle était toujours enfouie derrière des concepts comme les " principes ", les " valeurs " et l' "éthique ".

*So Feminist*

- Hmmm... D'accord. Si ce sont les autres le problème eh bien... Tue les tous et repart à zéro. Fit Gunthaer, dans une réponse qu'elle attendait à demi (puisqu'elle commençait à le connaître). Une plante pousse beaucoup mieux lorsqu'elle n'est pas obstruée par l'ombre de ses congénères. Je ne vois pas vraiment pourquoi tu te fais du mauvais sang alors que la solution est si simple, Princess!
Elle fronça des sourcils, peut-être un poil plus détendue, mais tout de même grave.
- Contrairement à toi, je n'ai rien d'une psychopathe, argua-t-elle.
Pourtant, ses paroles ne l'avaient point laisser indifférente. Il était vrai que, sans plus de meute et de règles, ou de respect de l'autre, son conflit intérieur actuel n'en serait pas un. Mais, si les mots avaient flottés jusqu'à elle, sa tête ne les écoutait pas, trop logique pour se laisser atteindre.
- De toute façon, mon problème vient du fait que j'ai faillis tué des êtres. Les tuer réellement ne peut être la solution.

Mammifère

- Contrairement à toi, je n'ai rien d'une psychopathe, lui renvoya Calamité, l'air un peu plus grave qu'il y avait deçà quelques minutes. Gunthaer s'esclaffa à voix haute, levant sa tête:
- Ha! fit-il avec force, les yeux fermés, amusé par la répartie de la femelle. Il inclina la tête vers le bas, portant sa patte à son poitrail.
- Vous me flattez, princess, mais je ne suis qu'un vulgaire messager. ♥ Certes elle avait compris ce qu'il avait cherché à lui dire, mais son état psychologique la bloquait dans son raisonnement. Elle stagnait au même point, aussi jugea-t-elle bon de répéter son problème.
- De toute façon, mon problème vient du fait que j'ai failli tuer des êtres. Les tuer réellement ne peut être la solution.
- Hmm, I don't get this. En quoi est-ce un problème ?
Il redressa la tête et le dos, plus calme, et surtout, plus sérieux.
- Éclairez-moi.

*So Feminist*

- Hmm, I don't get this. En quoi est-ce un problème ?
Elle faillit rouler des yeux, exaspérée, mais ne fit que froncer les sourcils.
- Éclairez-moi.
Avec calme, Gunthaer semble - réellement - chercher à comprendre.
- De les tuer ?
Elle haussa un sourcil, comme pour accentuer l'absurdité d'une telle question.
- Eh bien, c'est mal. Je n'ai aucune envie de les tuer. Je tiens trop à eux pour ça. Je n'ai envie de tuer personne.
Elle baissa aussitôt la tête, cachant son visage à l'air sombre.
- Mais ça, c'est un mensonge.

Mammifère

- De les tuer ? en effet, car il s'agissait bien là de la source du problème: Calamité semblait, pour une raison qui lui était inconnue, livide à l'idée de " tuer " un ennemi. Car il s'agissait là bien d'ennemis, non ? Elle entreprit pourtant de s'expliquer, en cherchant à dénouer l'absurdité qui semblait suinter dans les questions du messager aux yeux ternes.
- Eh bien, c'est mal. Je n'ai aucune envie de les tuer. Je tiens trop à eux pour ça. Je n'ai envie de tuer personne.
Calamité abaissa sa tête, et sa voix s'aggrava, prenant un tout autre ton.
- Mais ça, c'est un mensonge, lâcha-t-elle enfin, le visage comme dissimulé dans son ombre. Gunthaer avait redressé les oreilles, étrangement attentif.
- Let me get this straight. C'est un mensonge de n'avoir aucune envie de les tuer ? Donc vous avez souhaité leur mort.
Il pouffa.
- Ha! Alors pourquoi vous donnez-vous tant de mal pour vous convaincre du contraire? Hypocrite !
Plus sérieux.
- Enfin, vous le seriez si vous aviez réellement tué ces êtres. Penser et agir sont deux choses bien différentes, Princess.
Il leva sa patte, comme pour souligner un point:
- Vous avez failli tuer des êtres, mais vous ne l'avez pas fait: quelque part en dedans, quelque chose vous a freiné. Et ce quelque chose vous a empêché de vous souiller la gueule.
Il déposa sa patte, secouant doucement la tête, animé d'un ricanement.
- And now you're telling me you aren't satisfied ! Ha ! What more could you possibly want ?

*So Feminist*

- Let me get this straight. C'est un mensonge de n'avoir aucune envie de les tuer ? Donc vous avez souhaité leur mort.
Elle ne dit rien, serrant la mâchoire. L'avait-elle réellement voulu ? Elle avait voulu celle de Kai, à cet instant. Le voulait-elle encore ? Elle l'ignorait. Voulait-elle sa meute morte ? Non. Les voulait-elle disparus ? .. Peut-être. Elle ne savait pas ce qu'elle voulait. Ou alors, freinait son esprit pour ne pas y penser.
- Vous avez failli tuer des êtres, mais vous ne l'avez pas fait: quelque part en dedans, quelque chose vous a freiné. Et ce quelque chose vous a empêché de vous souiller la gueule.
Ses paroles attirèrent son attention, puisque, soudainement, elles semblaient porter un certain espoir. En effet, elle ne l'avait pas tuer. Parce qu'elle ne le pouvait pas. Autant qu'elle le détestait, autant qu'elle voulait le voir mort, autant, au fond, elle ne pouvait l'en blâmer. La seule fautive, dans l'histoire, c'était elle. Qui n'avait pas cherché à revoir Belmont, qui n'avait pas chercher à arrêter Rapier, qui au contraire n'avait fait que se terrer en retraite dans le désert. Et ensuite, elle avait participer au massacre, plutôt que de se rebeller, plutôt que de fuir, comme l'avaient fait Havelock et Hohwakan.
- What more could you possibly want ?
- Que tout redevienne comme avant ? Exprima-t-elle, futilement. Que je n'ai pas à participer à ce massacre, qu'il n'ait jamais eu lieu.

Mammifère

- Que tout redevienne comme avant ? Exprima-t-elle, futilement. Que je n'ai pas à participer à ce massacre, qu'il n'ait jamais eu lieu. Elle sonnait comme un enfant qui recherchait le confort de son parent. Alors Gunthaer se leva, un sourire toujours scotché aux lèvres. Il s'approcha de quelques pas de la princesse, plissant les yeux, affinant son rictus.
- What a
pretty~
little~
hypocrite ♥

Il étira son cou de sorte à ce que sa truffe effleure la sienne. Certes elle était plus grande que lui debout, ils étaient sensiblement de la même taille lorsqu'elle s'asseyait. Gunthaer haussa ses deux sourcils.
- Ressassons.
Il inclina sa tête vers le bas, la penchant sur le côté, reprenant un air austère.
- Vous avez suivi La Reine en sachant pertinemment qu'elle tenterait d'assiéger une nouvelle meute. Elle l'avait fait dans le passé, en employant les mêmes méthodes. La tuerie, la prise d'otages, l'assaut.
Sourire, fin.
- Tu essaies de te voiler la face en te faisant croire que tu n'as pas souhaité ça. Pourtant tu n'as rien fait pour les défendre. Tu n'as rien fait pour t'interposer. Tu n'as rien dit. Même !
Ses oreilles s'abaissèrent.
- Tu as toi-même participé aux hostilités.
Il s'assied de nouveau.
- Je pense que vous avez cherché à entraver votre attaque non par " compassion ", mais pour vous empêcher d'y prendre pleinement part.
Son regard s'affûta.
- Vous avez peur d'y avoir prit goût.
Et il abaissa la tête dans un ultime geste, rajoutant, entre ses crocs:
- ...Princess.
Il releva la tête.
- Vous trouvez que c'est mal ?

*So Feminist*

Il se leva, s'approchant d'elle. Son corps se raidit.
- What a
pretty~
little~
hypocrite ♥
Le mâle étira le cou, effleurant sa truffe de la sienne. Leurs yeux fixés les uns dans les autres, elle le regarda, la mâchoire serrée. Il pencha la tête, se détournant légèrement, puis récapitula. Elle l'écouta, se retrouvant d'abord dans ses dires, puis fronça des sourcils, hésitant. Il alla se rasseoir, lui laissant de dernières paroles, une dernière interrogation.
- Sauf que j'ai fuis la bataille d'Oerba, tenta-t-elle de contrer, à nouveau. Même si je n'ai pas fuis la meute.
Elle réfléchit quelques instants, puis sembla prendre position :
- Je n'ai pas peur d'y prendre goût. Tout ça est mal, ils n'ont jamais mérités ce sort. Ce que j'ai fait à Kai, c'est par haine personnelle. Mais ce massacre n'aurait pas dû arriver. Je n'aurais pas dû y prendre part, et je n'ai aucune envie de faire souffrir ces Sangs-Noirs. Tout comme je n'ai aucune envie de trahir ma meute, ma famille.
Son regard devint étincelant. Elle releva le menton, légèrement.
- Qu'est-ce que tout cela fait de moi ?

Mammifère

- Qu'est-ce que tout cela fait de moi ?
- You said it yourself, beautiful.
Il releva la tête, sans perdre son sourire.
- Une part d'Alteron.

*So Feminist*

- You said it yourself, beautiful.
Devant son sourire, elle haussa légèrement un sourcil, froide.
- Une part d'Alteron.
Ses babines se dévoilèrent une fraction de seconde, découvrant ses crocs.
- Une meute qui, quand elle ne s’entre-déchire pas, préfère détruire les autres.
Elle pencha la tête sur le côté, à l'image de Gunthaer, puis détourna le regard, dégoûtée.

Mammifère

- Une meute qui, quand elle ne s’entre-déchire pas, préfère détruire les autres. Elle avait détourné le regard, dégoûtée par ses propres paroles.
- Tu as dit toi-même que tu ne voulais pas trahir ta meute. Ta famille.
Il fit mine de réfléchir.
- Ta meute, c'est Alteron. N'est-ce pas? il lui dit, ponctuant le tout d'un petit clin d'oeil, se rappelant la fermeté qu'elle avait employé, louveteau, en cherchant à lui souligner que " leur meute " était Alteron, et rien d'autre. D'ailleurs, leur discussion se déroulait presqu'au même endroit, dans ce damné désert.