Départ Imminent.

(Printemps, An 4)

Le Camp était devenu silencieux. Les activités avaient cessées. Tout le monde s’était maintenant rassembler autour d’un feu afin de savourer un bon repas. Sauf, Caleb. Sa mère, Esmée, avait disparue depuis plusieurs jours, voir semaine, peut-être même des mois. C’était flou. C’était étrange. C’était frustrant. Personne ne semblait s’en soucier. Ici, c’était chacun pour soi. On avait prétendu avoir été à sa recherche, mais on ne pouvait se permettre de risquer la vie de tout le Clan pour simplement retrouver une seule et unique personne. Pourtant il y avait aussi un chien qui avait disparu, Ash. Caleb soupira alors qu’il s’éloigna tranquillement des flammes dansantes pour pénétrer dans la légère pénombre du Terrain de Dressage. Il donna un dernier coup de pied dans une pierre qui vola plus loin avant de lever ses prunelles dorées et apercevoir la vague silhouette d’un animal. Visiblement un canidé. Caleb sortit sa flute et joua un morceau pour signaler sa présence tout en avançant. Puis, ses yeux s’accoutumant à l’obscurité, il put reconnaître une chienne qui appartenait au clan. Il n’hésita pas et s’en alla vers elle. Il lui enserra le cou avant de la regarder dans les yeux. Il avait l’habitude avec les chiens et connaissait les comportements de chacun. L’attitude de cette chienne était différente de d’habitude.

- Qu’est-ce qu’il y a ? Où vas-tu comme ça ? dit-il tout doucement en lui caressant une oreille.

La tête de la chienne repoussa sa main alors qu’elle vint se loger contre sa poitrine. Caleb, d’abord surprit, sourit, fermant à demi les yeux avant de caresser la tête de Laika. Il l’entendit pousser un bref gémissement ce qui arracha une interrogation au petit homme.

- Qui a-t-il ? Pourquoi es-tu si triste ?

Il releva la tête et la détailla sous toutes les coutures afin de voir si elle n’était pas blessée. Il lui souleva une patte et regarda les coussinets, mais rien. Puis, ses prunelles se dirigèrent vers l’orée de la forêt, la fin du campement des hommes.

- Il y a quelque chose qui t’intéresse là-bas ? dit-il en pointant du doigt les arbres.

Sillonnant entre les tipis, Sydney vint à longer le village et ainsi à apercevoir la verte étendue qu'était le terrain de dressage. Pour une fois, elle n'errait pas complètement sans but précis : elle cherchait ce petit garçonnet qu'elle affectionnait tant. La tête haute, marche sur la pointe des orteils et la truffe pointé pour essayer de voir plus loin que sa taille ne le lui permettait, la chienne blonde renifla une odeur trop familière. Un vif sourire se dessina sur ses babines alors qu'elle changeait de direction, discernant deux silhouettes plus loin, dont l'une était clairement celle du petit bonhomme. Accélérant le pas, elle poussa une courte série de jappements joyeux pour signaler sa présence. Sa queue frappait l'air avec bonne humeur alors qu'elle ralentissait en arrivant au niveau des deux autres. Elle vint caler sa sa truffe et tête complète sous le bras du bambin, s'asseyant docilement à côté de Caleb. Puis, elle accorda son attention à la chienne juste à côté, à qui elle fit un large sourire.
- Bonjour! Quelque chose ne va pas ? S'il t'embête, fais moi signe ~ lança-t-elle à la blague, lui tirant la langue, consciente que Caleb était bien l'un des enfants les plus calmes qu'elle ait connu -quoi que son répertoire ne soit pas très diversifié-. Elle avait aussi remarquer en arrivant que l'enfant pointait la forêt, à laquelle elle accorda un soudain intérêt en observant par dessus Laika.
- Tu es Laika c'est ça ? Dis donc, tu as gagner en taille et en beauté ma chère! commenta-t-elle avec un clin d'oeil, sans se douter qu'elle interrompait un départ.

« Oui, c'est bien ça. »
- Dis donc, tu as gagner en taille et en beauté ma chère!
Un sourire fut la seule réponse, mais cela suffisait amplement à la chienne blonde. Elle observa l'orée du bois puis eu un sourire. Reportant ses yeux bleus sur la plus jeune qui affichait maintenant une mine piteuse, elle lui adressa la parole :
- Tu veux partir, hm ? Et bien vas-y, on ne te retient pas. fit-elle, sans aucune intention de paraître froide. Elle lui sourit pour l'en convaincre.
- C'est un bien beau monde qu'il y a là-bas. J'y suis souvent allé. Et ça ne m'a pas empêché de revenir à chaque fois. poursuivit-elle en reportant ses yeux sur les arbres.
- Alors ne t'inquiète pas pour ça. Si on t'attend là-bas, ne te retourne pas. Ils seront toujours ici, et les chiens sont toujours les bienvenus. En parlant évidement des bipèdes et des chiens du Clan du Loup. Si la jeune chienne s'attendait à ce que quelqu'un la retienne, elle était tombée sur la mauvaise personne.

Les yeux de la chienne suivirent la direction que Caleb pointa, mais il doutait qu’elle comprenait ce qu’il disait tout comme lui ne comprenait pas ce qu’elle voulait. Toutefois, il ne pouvait s’empêcher de croire que tout ses chiens gardaient en eux le gêne sauvage des loups et que parfois, il avait besoin de la liberté que leurs ascendants avait jadis eu droit. Caleb caressa avec délicatesse la nuque de Laika alors qu’Alee apparut et se glissa sous son bras. Surpris d’abord, il sourit presque immédiatement ensuite et glissa ses doigts dans la fourrure de sa chienne.

Comme simple spectateur, le petit garçon observa les mimiques des deux canidés qui semblaient s’adonner à une conversation. Puis, Ozalee regarda les arbres à son tour ce qui fit réaliser à Caleb que parfois, sa propre chienne partait vers les bois. Peut-être lui expliquait-elle que Laika y avait autant droit ? Finalement, la plus petite des deux chiennes revint vers lui, dardant ses prunelles dans les siens. Caleb sourit de plus belle et glissa ses doigts dans la fourrure de Laika.

- Ne t’inquiète pas. Tu y as droit aussi si tu le désires. dit-il tout doucement en regardant la chienne les paupières à demi-fermées. Mais attends… J’ai quelque chose pour toi. (Il détacha un bout de tissu de sa taille et l’enroula autour du cou de Laika, l’y attachant solidement) Un souvenir. Pour te rappeler de l’odeur du camp lorsque tu seras prête à revenir.

Il savait qu’il n’avait pas le droit de faire ça. Il savait qu’il ne pouvait pas laisser un chien partir, mais celle-ci semblait le vouloir tellement. Caleb se mordit les lèvres. Il n’aurait qu’a garder le secret. Puis, d’un trait, il se releva et pointa le boisé avant d’ordonner à la chienne;

- Vas-y !

« C'est... Vrai ?! »
Un sourire doux se glissa sur le visage de la blonde, les yeux mi-clos.
La jeune vint lui donner une accolade à laquelle elle ne s'attendait pas mais qu'elle retourna bien vite.
« Oh merci... Merci Sydney ! »
- Y'a vraiment pas d'quoi!
La plus jeune vint alors se poster devant l'enfant qui comme à son habitude emmêla ses petits doigts dans la fourrure.
« Ne t’inquiète pas. Tu y as droit aussi si tu le désires. Mais attends… J’ai quelque chose pour toi. Un souvenir. Pour te rappeler de l’odeur du camp lorsque tu seras prête à revenir. »
Sydney observa le manège, émue par la gentillesse du petit bonhomme.
- Un souvenir de la maison, si l'envie te prenait de revenir. crut-elle bon de 'traduire'. Le bambin fit alors ce qu'il savait interdit, ordonnant à la chienne la direction du boisé de son index.
« Vas-y ! »
- Fais bonne route! ajouta-t-elle comme au revoir.

Les deux chiennes semblèrent discuter de quelque chose et bien que Caleb ne puisse comprendre le langage des chiens, il pouvait deviner ou s’imaginer que celles-ci se faisaient une sorte d’adieu. Il n’avait pas été si difficile de comprendre ce que voulait cette chienne. Caleb était habituer à cela avec Ozalee et donc, il trouvait cela normal qu’un chien puisse vouloir partir vers les bois. Toutefois, jamais il ne pourrait connaître dans quelle aventure se laissait Laika.

Celle-ci c’était élancée vers la pente pour ensuite s’arrêter et les regarder tous les deux. Caleb s’était relever entre temps et avait posé sa petite main contre la tête de sa chienne. Il regarda Laika, un grand sourire au visage tandis que celle-ci lâcha plusieurs jappements aigus, témoignant de la joie. Caleb la salua brièvement avant que la canidée ne disparaisse à travers les arbres. Puis, il soupira d’aise avant de tourner les talons, invitant Alee à le suivre.

- Allez viens, Alee’. Rentrons à la maison. dit-il tout en se mettant en marche.