Rien à faire au pays des nuls

Rien à faire au pays des nuls
{An 4, Automne ; Priorité à Elvio}



Une silhouette arpente le cœur de l’oasis, solitaire. Son corps commence à ressembler à celui d’un jeune louveteau en pleine croissance, mais c’est sans compter ses courbatures répétées et son poil rabougri, grisâtre au possible, et sa peau encore rêche. Il s'agit de Maverick, la honte de la meute. Il ronfle par ses naseaux à moitié endormi, trainant la patte avec mollesse. Il tape dans un caillou, l’envoyant valser dans la marre. Il n’y a pas encore grand chose qu’il puisse faire pour s’occuper, même s’il peut maintenant aller jusqu’à la grande muraille sans aide.
— Bordel… Me fait chier. Me fait chier. Il marmonne, continuellement.
Maverick décide finalement de s’installer près d’une plante, se mettant dans son ombre, espérant, priant pour que quelque chose arrive dans ce désert de vide qu’était l’antre des Blackblood. N’importe quoi. N’importe où. Mais maintenant.
— Tain', j'vais finir par devenir comme la grosse... Murmure t-il, pas vraiment motivé à remédier à ses jérémiades incessantes et de réprimer son envie de voir un peu d'action. C'srait Reich' qui serait content...
Mais soudain, un bruit le tire de sa torpeur. Un léger craquement. Si léger que si il n'avait pas tendu l'oreille, il ne l'aurait surement pas perçu. Il scrute la végétation, persuadé qu'il ne s'agit que d'un lézard aventureux, et baille à s'en rompre la machoire, l'ennui reprenant déjà sa place dans son coeur de ronchon usé par l'âge de son métabolisme. Pourtant, il ne quitte pas le décor des yeux, désireux de voir au moins un reptile passé à proximité de ses pattes. Vraiment... Quel pays pourri !

Ce n’est pas un lézard qui sort des buissons… mais plutôt… Une chose… poilue… et riquiqui.
-Heeey! C'est toi l'autre mutant de la meute! ~ ♥
Un peu surpris, mais toujours aussi désabusé, Maverick lui répond d’une voix sans entrain, les pattes en l’air, en mauvaise imitation de ravissement.
— Chouette. Un nain aux grandes oreilles qui vient me souhaiter la bienvenue.
Il le regarde d’un air à moitié las, tout de même surpris que ce truc ne se soit pas fait bouffer vu sa corpulence. Un bien étrange monde. Des jeunes nés vieux et des amas de chair méritant à peine le titre de gnome. Cela lui arrache une grimace.
— Ouais. J’suis le mutant de ton cerveau. Celui qu’t’as oublié de mettre dans ton p’tit crane.
Il appose sa patte sur la dite tête du truc minuscule, soupesant vaguement son poids. Si ça se trouve, même lui pouvait l’envoyer valdinguer… Il soupir, retirant sa patte, mi dépité et mi intéressé par la découverte d’un autre phénomène de la nature.

(FOIRAGE. TENTATIVE DE RATTRAPAGE DU POST.)

Maverick grogne, montre les crocs, non sans renvoyer une bonne rasade de terre en direction d'Elvio.
— Eh ! Tu te calme la taupe !
Il déteste que l'on le touche sans son approbation. Et cela s'apllique aussi aux élements du décor...
- Un vrai petit rayon de soleil! ♥
— Ouais, ouais c'est ça. C'est pour ça que t'as du t'enterrer j'imagine : j't'aveuglais.
Il se détourne de l'importun, irrité mais trop blasé et peu motivé pour vouloir le remettre à sa place, fermant les yeux, mais ne cédant nullement au sommeil.
— J'suis p'être pas marrant mais toi tu l'es trop. Y a jamais quelqu'un qui t'as dis qu'à force de sourire, tu te ferais casser la gueule ?

Le jeune loup ronfle dans ses naseaux, indifférent quant à la perche sarcastique que venait de lui tendre le machin aux oreilles difformes.
-Genre, toi tu me casserais la gueule?
Maverick rouvre les yeux, et plisse les joues, désapprobateur. Il aurait bien été aise de pouvoir cassé la gueule à qui ce soit, si son métabolisme ne s’en mêlait pas.
— Tu m’as bien r’gardé le nain ? Se contente t-il de répondre, comme si le simple constat de son examen physique était si évident que poser la question était une aberration en soi.

La nuisance ne s’en va pas, ni se décourage, bien au contraire. Poussant le vice jusqu’à passer juste sous sa truffe, le renard lui décoche un sourire détestable.
- Pourquoi tu crois que je restes...? ~
Maverick tique, ses crocs se dévoilant à la lumière du soleil. Déjà sa voix tonne, menaçante.
— SALE PETIT VERS DE MERDE ! SANGSUE !
Dans sa rage, sa patte s’écrase contre le sable, ratant de peu la queue de sa cible. Il grogne, colérique, sachant pertinemment qu’il n’aura pas son enquiquineur ainsi. Dans un dernier élan, il cri, plus fort que jamais, faisant fuir des oiseaux et réveillant sans doute du monde au passage.
— VAS CREVER EN TE FAISANT PENDRE PAR TES OREILLES !
Il se relève, claudiquant, s’éloignant déjà de ce rampant pour se mettre ailleurs, non loin d’une pierre, mais prêt à accueillir le renard si l’envie lui reprenait de la narguer. Les cailloux ça ne manquait pas, par ici. Entre autre chose...

La réaction du petit machin laisse Maverick suspicieux. Le voilà qui passait du stade de vampire miniature à celui de peluche docile… Il sourcille, regardant l’objet de sa colère se rouler entre ses pattes, signalant clairement sa soumission… Ou étais ce encore une de ses attrapes ?
- P-P-Pardon.
— Tu parles que tu l’es…
Toujours méfiant, le Blackblood darde sur lui des prunelles réprobatrices, bien qu’un certain malaise commençait à l’envahir. Il n’est pas habitué à de telles démonstrations de la part d’autrui. Normalement, la plupart s’indifférait ou le réprimandait en le tapant ou en gueulant encore plus fort. Mais la chose, elle, s’était excusée. Chose… unique en son genre. Il finit par échapper un son entre le soupir et le grognement.
— Tu m’étonnes qu’on te traite de mutant.
Il l’examine, un mélange de curiosité et d’irritation se faisant dans son cœur, sa résistance fondant de seconde en seconde. Il finit par lâcher prise, posant sa tête non loin du renardeau, sa déclaration résonnant comme un ordre délicatement formulé en conseil.
— M’énerves plus comme ça, ok ? C’est pas bon pour moi ni pour toi…

Maverick entend le renardeau couiner alors qu'il se blottit contre lui, et plisse les yeux. A t-il vraiment l'air d'un croqueur d'enfants ? Il suppose que oui, à crier comme il l'a fait... Mais, tout de même, cela restait de la faute de l'autre. Point barre.
- Okay... Moi, c'est Elvio et toi?
— Maverick. Lâche t-il entre deux soupirs, tentant de repartir sur de meilleures bases malgré sa réserve.

— Hoho, plutôt. Plaisante le blackblood, sans qu’un sourire ne vienne compléter son portrait. Il est plus détendu, bien que toujours un peu mitigé sur le retournement de situation et la présence de l’être minuscule dans son espace personnel… Enfin, au moins, il ne parlait plus pour ne rien dire, et avait cesser de l’embêter. Il suppose donc que c’est une amélioration. Maverick sens soudainement la petite chose s’affaisser sur lui, l’interrompant dans ses pensées. Légèrement blasé, il soupire à nouveau, comme s’il porte le poids du monde sur ses épaules.
— Tain’, oreiller et aimant à gosse maintenant… Il fronce les sourcils et appose sa tête sur le sol frais et ombragé, marmonnant à demi. Pourquoi Reicher n’était jamais là quand il avait besoin de lui ? Normalement, c’est lui servait d’oreiller dans le coin... J'suis trop jeune pour ces conneries.