So this is the new year

*'Wow'*

Prio' Kita
[ Fin du printemps, An 4 ]

La pluie tombait à grosses gouttes, tambourinant avec une sourde cadence contre les larges feuilles des arbres. Le tintement des quelques clochettes tombées quelques minutes plus tôt s'était enflé dans une clameur grandissante; à présent, tout ce qui pouvait être entendu n'était qu'une chute ininterrompue d'eau, une averse drue tournant possiblement à l'orage. Quand donc le soleil éclatant avait-il fait place à cet amoncellement de nuages ? À présent, seule la noirceur du ciel perçait aux travers du feuillage, assombrissant les bois dans une pénombre grisaillante. Elle aurait probablement dû écouter les signes de la nature, et reporter sa sortie de quelques heures; rester dans sa tanière, à l'abris, n'aurait fait aucun mal. Sauf celui de lui laisser le temps de se tourner les pouces, de penser, et de ne rien faire d'utile. Oui, peut-être que sa ronde ne tenait qu'à ce besoin de fuir la réflexion, d'occuper ses journées au maximum. Peut-être n'était-ce que cette réaction instinctive de se changer les idées, ou ce réflexe de noyer sa peine dans le travail manuel. Dans tous les cas, les mois avaient beau avoir passé, elle se retrouvait encore une fois dans un environnement inconfortable pour éviter de se torturer l'esprit. La peine, elle, ne passerait-elle donc jamais ? Le quotidien était bien revenu, en solitaire, mais l'inconfort, le sentiment de perte et d'égarement étaient restés.

Bondissant sur une roche (mouvement enfin faisable, depuis la naissance de sa portée), l'alpha s'immobilisa sur son promontoire et resta ainsi à regarder les alentours. Tout était mouvement, dans cette pluie diluvienne, pourtant rien ne pouvait éloigner le sentiment de solitude et de vide qui grandissait dans son coeur. Était-ce une larme, qui venait traîtreusement se mêlé aux gouttelettes d'eau ? Avec lassitude, comme répétant un geste si souvent posé, la louve argentée passa la patte sur son museau et épousseta de son oeil la buée humide avec inutilité. S'assoyant sur son séant, elle tomba dans une contemplation méditative des alentours, sans trouver aucune force nulle part de quitter son rocher et se mettre à l'abris. Son pelage était déjà gorgé d'eau et aplati sur son corps, ainsi était-il déjà trop tard pour éviter l'inconfort.
Combien de temps s'écoula-t-il ainsi ? Whitewind n'en su rien, plongée dans ce vide émotionnel, au bord du gouffre de l'indifférence.

*La Stalkeuse de romance*

Le pelage trempé et lustré par cette pluie soudaine, la jeune Kita s'était laissée prendre de court par le temps. Jamais elle n'aurait cru que le ciel changerait de couleur si vite en un laps de temps si court. Le fin rideau de pluie s'était transformé en une averse impétueuse. Faisant claquer la réserve d'eau provenant des innombrables flaques à chacun de ses pas, elle décida d'accélérer la cadence pour se mettre à l'abris, dans la tanière d'Honeydust, sa mère adoptive, le plus vite possible. Dans sa course effrénée, ses pensées allaient tout droit à sa petite famille et ses frères et soeurs. Par cette atmosphère pesante, la louve brune espérait retrouver ses compères bien installés et au sec dans le logis familial.
Une forme argentée non loin d'elle à cet instant attira son attention. Qui pouvait bien rester dehors à un moment pareil ? Guidée par son coeur et sa curiosité, elle dévia sa course pour se rapprocher de l'individu, qu'elle put identifier bien vite, tellement avait elle aperçue sa silhouette si belle et particulière; il s'agissait de Whitewind, leur Alpha, aussi grande et renommée que le territoire lui même.

Kita était toute intimidée. Jamais, vraiment, elle avait approchée leur meneuse de si près, sauf peut être dans sa plus tendre enfance. Mais jamais, elle n'avait eu la chance de la voir, là, en toute intimité, loin des réunions administratives. Avalant sa salive tant bien que mal, elle ralenti le rythme, continuant de s'approcher d'elle, tout en veillant à garder une distance suffisante.
« Da-- »
Balbutia-t-elle, « Dame Whitewind… »

La jeunette n'en revenait toujours pas. Parler à la grande Whitewind, elle, une simple apprenti qui venait tout juste d'avoir ses un ans.
« Votre magnifique pelage est trempé, vous allez attraper mal. »
Elle fit une pause, reprenant son souffle, saccadé par l'excitation et sa timidité naturelle. « Vous ne devriez pas rester sous cette pluie… »
Puis, réalisant qu'elle venait de s'adresser de cette manière à l'Alpha, Kita changea de visage, les oreilles basses et les articulations fléchies, en guise de pardon.
« Pardon, je ne voulais pas… vous importuner… »

*'Wow'*

La pluie continuait de couler dans un tourbillon violent, tout autour d'elle, amenant par rafales des volées d'aiguilles liquides. Les dards volaient, brusquement dirigé vers une même direction, puis se dispersait chaotiquement. Pourtant, autour de la louve s'était formée une bulle inviolable, comme si la mer morne qui emplissait son coeur devait se répercuter sur son environnement. Ainsi, à quelques pieds d'elle seulement la tempête grondait, mais dès que l'on approchait, son aura tempérait d'une certaine façon les éléments. Elle restait donc prostrée, au milieu de tout, dans l'oeil du cyclone, à regarder sans voir ce qui l'entourait. Les grosses gouttelettes continuaient de chuter sur elle, créant de centaines de petites rigoles qui ruisselaient sur son corps. Sa fourrure ainsi alourdie épousait sa silhouette fine langoureusement, l’étouffant dans une proximité physique lui rappelant son défunt compagnon. ne nouvelle pensée, une nouvelle larme ; cela pouvait-il finir, un jour ? L'oppression constante de sa poitrine pouvait-elle finir par disparaître ? Et dire qu'elle n'avait jamais cru l'avoir aimé, suite à ses jeunes années.. Et les souvenirs, encore, refluaient, comme si sa mémoire avait décidé de condenser toutes ces années en une seule saison. Ployant sous leur pression, la louve baissa le museau vers le sol et ferma les yeux.

« Da-- Dame Whitewind… »

La réalité de cette voix mis un moment avant de se rendre jusqu'à ses oreilles, puis à son cerveau. Trop douce, elle n'avait d'abord pas attiré son attention, se mélangeant avec trop de subtilité aux murmures de la pluie. Mais, après plusieurs secondes d'immobilité, elle eut comme un sursaut et se réveilla dans une brève exclamation. Son regard voleta aussitôt vers la silhouette qui était apparue à ses côté, une petite louve nimbée d'une aura scintillante de gouttelettes d'eau. Inconsciente de la présence physique de cette apparition, la louve argentée le fixa en silence, sans comprendre qu'une quelconque réponse fut requise. Cela, toutefois, ne sembla refroidir l'image d'un bourgogne pâle, qui continua de sa voix tremblante :

« Votre magnifique pelage est trempé, vous allez attraper mal. Vous ne devriez pas rester sous cette pluie… »
Puis, il y avait un mouvement dans son anatomie, l'illusion modulait son expression pour y faire apparaître un sentiment -- serait-ce de la crainte, une envie de rédemption ?
« Pardon, je ne voulais pas… vous importuner… »

...
Enfin, la louve parut manifester une certaine réaction en clignant vaguement des yeux. La forme rosée se dédoubla, un moment, puis se combina pour former l'image d'une Kita l'observant avec une attention timide. Pendant quelques secondes, la femelle blanche fixa son regard dans le sien, s'y accrochant peut-être pour trouver une ancre qui pouvait la ramener dans la réalité. Puis, cette attache solidifiée, elle se laissa traîner à nouveau sous la pluie froide, ramenée dans sa forêt natale. Un nouveau battement de cils, et elle prit conscience de Kita en tant qu'individu, et qu'elle-même en tant que corps fatigué. L'inconfort froid de l'averse lui revint, comme ses muscles figés lui indiquèrent qu'elle était restée dans cette position fixe depuis trop longtemps. Whitewind secoua alors la tête avec mollesse, comme pour s'ébrouer, sans avoir la force de le faire totalement. Ramenant un peu plus ses pattes sous son corps, elle laissa divaguer un peu son regard vers le sol, puis vers les alentours, avant de revenir à son point de départ : la louvarde. Un dernier clignement de l'oeil, et son esprit occupait entièrement son corps.

« Tout va bien, Kita. Mentit-elle finalement, pour la rassurer. Elle parcourut alors son pelage du regard, son cerveau se raccrochant à l'une des phrases précédemment lancées, et elle ajouta : L'eau n'a jamais t-tué personne,

elle. »

*La Stalkeuse de romance*

Combien de temps étaient elles restées là, à écouter tomber la pluie ? Nul ne serait apte à le dire. Papillonnant des yeux de temps à autre pour ne pas que sa vision soit altérée par l'eau qui ruisselait sur son joli minois, l'Alpha, elle, avait l'air complètement ailleurs. Elle ne pouvait malheureusement pas savoir s'il s'agissait de larmes ou de pluies qui venaient salir son image, mais une chose était sûre, quelque chose se tramait dans sa tête, et ce n'étaient pas les affaires d'une jeune apprentie comme elle. Son éducation lui indiquait de respecter ce silence, cette distance, et attendre, le temps qu'il lui faudrait pour qu'enfin elle revienne parmi Inaria.
Enfin, la majestés sembla reprendre vie, comme si elle venait de se réveiller d'un long sommeil, ou qu'elle avait fait un long voyage avant de réintégrer son enveloppe charnelle. Seul ses yeux bleus étaient vifs et transperçaient le ciel gris d'un seul regard. La pluie battante persistait.

« Tout va bien, Kita. » Sa voix était si douce, et la jeune brune ne put s'embêter de redresser les oreilles quand elle entendit son nom. C'était, la première fois. Pourtant, elle ne pouvait pas se réjouir, tant que sa supérieure resterait, las, sous cette pluie. « L'eau n'a jamais t-tué personne, elle. »
…
Kitty ne su que dire. La dernière phrase de sa meneuse lui avait glacé le sang jusqu'aux oreilles. Bien sûr, le sous-entendu ne trahissait personne, seulement, de qui parlait elle ? En tant que subordonnée, elle était loin de tout savoir sur les évènements important chez Inaria, sauf bien sûr quand une annonce officielle était faite. Doucement, et sans prendre elle risque de la brusquer, elle se sentit mal d'insister.

« Alpha Whitewind.. » reprit-elle, d'une voix toujours aussi douce et pourtant la plus convaincante possible. « Allons au moins nous mettre à l'abri sous ce petit soulèvement de terrain. » Elle l'avait repérée en arrivant. Bien qu'il soit étroit, les deux femelles étaient fines, et ce ne serait qu'une affaire de quelques heures. « Il est tout prêt, Madame. » Kita pointa du museau sa direction; en effet, le trajet ne serait pas long. Seulement, voudrait-elle bien l'écouter ? Pour l'encourager, elle fit quelques pas en avant, le regard toujours plongé dans se iris d'un bleu hypnotisant. Elle ne partirait pas sans Whitewind.

*'Wow'*

Pendant un moment, la louvarde n'avait répondu. Évidemment. Que répondre ? La femelle argentée avait alors détournée le regard, comme si ce silence ne faisait que confirmer ce qu'elle savait déjà : personne n'y pouvait rien, à sa douleur. Et, en tant qu'alpha, personne ne pouvait comprendre, ou ne pouvait l'aider. Elle se serait presque attendu à ce que la jeune fasse demi-tour, comme dépassée par la situation. Enfin, elle s'y serait attendu, si elle avait été en mesure de quitter sa bulle cloîtrée pour s'interroger sur les alentours. Pourtant, du haut de son seul et unique printemps, Kita resta, voire même insista.

« Alpha Whitewind.. Allons au moins nous mettre à l'abri sous ce petit soulèvement de terrain. Il y eut alors une hésitation, comme si elle était incertaine de dépasser ou non les limites de sa position, puis la jeune reprit dans l'espoir de convaincre : Il est tout prêt, Madame. »

Près ? Elle leva vivement la tête, comme pour tenter de l'apercevoir ; mais il n'y avait rien, rien qui ne puisse traverser les lambeaux de la pluie. Aucun renfoncement du terrain, aucune bute, à peine des masses sombres pour indiqués les arbres ; nulle silhouette grise pour venir la reconduire à leur tanière. L'alpha laissa retomber sa tête, et poussa un bref soupir.

« À quoi bon.. - »

Voulut-elle commencer, sans trouver la force de continuer sa phrase. Avait-elle seulement imaginé une suite à sa pensée ? S'était-elle envolée, comme toute les autres, ou n'avait-elle seulement pas existé ? Comme un loupiot peut se pencher vers une coccinelle et l'observer agir alors qu'un combat faisait rage quelques mètres plus loin, la femelle tenta de délaisser le présent pour se pencher sur la question. Kita avait-elle prévu le coup, avait-elle aperçut ce qui se jouait dans son esprit ? Il n'y avait pas moyen de le savoir, pourtant, elle s'était alors mouvé, aimantant soudainement le regard de Whitewind vers elle. La jeune louve avait fait un pas, puis un autre, brisant dans sa douceur l'immobilité dont s'était entouré l'Alpha. Avant qu'elle ne puisse en avoir conscience, cette dernière s'était redressée sur ses quatre pattes et était allée rejoindre la petite. Elle ne pouvait plus guider, pas quand l'ignorance et la tristesse remplaçait la force de son caractère, mais était-elle obligée de garder la tête basse ? C'était un réflexe, l'envie de noyer son esprit dans les rigoles d'eau qui parcouraient le sol et ne plus en revenir; c'était un réflexe de tout oublier ce qui l'entourait, de s'obstruer la vision. C'était un réflexe, et elle aurait eu droit de s'y abandonner, mais le regard empreint d'inquiétude de Kita finissait par la tourmenter, à son tour. Aussi, sans toutefois parvenir à garder sa tête haute, elle la maintint alors dans une position parallèle au sol, à demi entre abattement et courage. Mais, son regard, lui, fixait toujours le vide, mentalement à des lieues du présent ; elle laisserait son corps physique suivre Kita, mais il en faudrait plus pour que l'esprit de la meneuse revienne.

*La Stalkeuse de romance*

Kita s'assura toujours que, pendant le trajet jusqu'au refuge béni du ciel, la meneuse, malgré tout le mal qu'elle semblait avoir à se déplacer, la suive. Ne voulant pas la décourager, elle faisait en sorte de toujours marcher à sa hauteur, proche d'elle. Les oreilles basses mais la tête plutôt maintenue, même dans cette posture, elle gardait toute sa beauté et sa dignité. Non, Kita n'était aucunement déçu de faire sa rencontre ainsi.
Enfin, ses pattes trempées palpèrent un sol plus sec, quoique moyennement chaud. Nous étions au printemps, mais cette pluie était glaciale comme la neige. Cherchant un coin plus camouflé, il y avait une sorte de renfoncement. Effleurant Whitewind du bout de la truffe, elle lui indiqua une place toute réservée. « Vous y serez mieux. » Chuchota-t-elle, comme si elle avait peur qu'on les découvre. En fait, Kita avait rêvé de ce moment depuis tellement longtemps que la panique montait en elle. Ce n'était pas le moment d'agir comme une jeune première ! Alors le calme appelle le calme. Et la douceur, voilà bien une chose qu'on lui avait appris.
« Suivez moi. »Posant son épaule contre son pelage humide et ruisselant encore, elle était là, au cas ou, en temps que soutient. Le peuple devait toujours soutenir sa reine. L'endroit, était bien piteux, en fait. La mousse était tout aussi mouillée, et ce n'était pas comme cela qu'elle allait réchauffer Whitewind ! Fermant quelques secondes les yeux, la douce présence de sa mère adoptive, Honeydust, refit surface. Elle, elle aurait su quoi faire. C'était certain.
Alors, prenant exemple, la jeune s'étala le long de la paroi, essayant de ne pas frissonner quand son pelage fut en contact avec toute cette humidité. Mais au moins, l'Alpha d'Inaria pourrait s'installer confortablement.
« Je vous conseillerais de me rejoindre, Madame, » lui proposa-t-elle, les yeux pétillants. « Vous serez au chaud. »
Elle lui sourit. « Et je me sentirais aussitôt rassurée. »

*'Wow'*

« Vous y serez mieux. Suivez moi. »

« Je vous conseillerais de me rejoindre, Madame. Vous serez au chaud. Et je me sentirais aussitôt rassurée. »

*La Stalkeuse de romance*

Consciente que cette simple traversée avait été une épreuve pour la meneuse, Kita se détendit un peu lorsqu'elle parvint à se lover contre elle. La situation était telle, que la louvarde ne réalisait même plus à quel point le moment était exceptionnel. Tout ce qui comptait, c'était l'état de Whitewind. Son corps semblait si fragile. Son corps, mais aussi son esprit.
Silencieuse, respectant le calme et le repos que se voulait l'Alpha, elle la regardait simplement. Depuis le début de leur rencontre, Kitty avait beaucoup parlé, elle qui, est si prudente et interdite face aux autres. À son retour, elle raconterait tout à Honeydust.

Le paysage état d'âme qui continuait de fouetter le sol n'arrangeait pas les choses. Whitewind semblait se fondre et se faire engloutir par la terre boueuse sur laquelle les deux femelles étaient installées. Par réflexe et perdue également dans ses pensées, la queue de Kita vint se mettre sur le pelage humide de la grise, mécaniquement, la caressant, plein de tendresse. Souvent, avec ses frères et soeurs adoptifs, chacun s'occupait de câliner l'autre, et tous finissaient par sombrer sous le regard attendrissant de leur mère. Kita se sentait si bien, tellement en confiance, qu'elle n'avait toujours pas remarquée l'attitude familière qu'elle venait de se permettre de prendre.

Les feuillages non loin se mirent à bouger. En sortirent, un petit groupe de lièvre plutôt bien portant, cherchant sans doute un endroit pour se réfugier, eux aussi. Dressant les oreilles, la jeune aux yeux pourpres releva le menton pour bien humer leur odeur. Peut être que cela satisferait Whitewind si elle lui ramenait quelque chose à manger ? Vu le pelage mal entretenu de sa mentor, elle se doutait que l'appétit l'avait quitté il y a quelques temps déjà. Kita ouvrit la bouche pour s'exprimer, puis, se ravisant, la referma aussitôt. Le silence s'était déjà bien trop installé pour qu'elle ne dise quoique ce soit. Penchant son museau au dessus de l'épaule de son Alpha, lui indiquant leur présence, elle attendrait qu'elle lui fasse le moindre signe, lui indiquant la démarche à suivre.

*'Wow'*

Dans le silence occasionné par le bruissement de l'averse, Whitewind parvenait enfin à se trouver un état de quiétude, un vide calme où elle pouvait ranger son esprit, une bulle de protection autour de sa fragilité. La tête accotée contre ses pattes, elle pouvait se permettre de relâcher son corps, d'essayer de diminuer la tension dans ses muscles. De, pour une fois, mettre la fatigue au premier plan, avant la crispation de son corps et de son esprit, ou l'épuisement injustifié de son mental. Peut-être, puisqu'elles n'avaient d'autre choix que de rester cloîtré sous cet abris, peut-être pouvait-elle ainsi se permettre un somme ? Depuis la disparition de son époux, elle avait eu une certaine difficulté à trouver le sommeil. Son esprit la hantait, des images lui revenaient, des souvenirs refluaient à sa mémoire. Ou bien, c'était le tour des regrets, des "et si", des accusations, de tout un tas de pensées non réjouissante. La fatigue semblait la tenir encore plus éveillée, rappelant à son esprit que la tanière était maintenant devenue vide et froide, un lieu qu'elle ne partageait désormais plus qu'avec elle-même.

Peut-être, dans ces conditions, parvint-elle à lâcher si facilement prise sur la réalité crue lorsqu'elle trouva enfin un cocon de confort en la personne de Kita. Se laisser aller, accepter que l'esprit n'était plus obligé d'être si rigide, si droit, sans tomber dans la morne dépression quotidienne ; peut-être, d'une certaine façon, parvenait-elle à ainsi redevenir une personne, et non seulement une alpha. Peut-être était-ce pour ces raisons que sa tête dodelinait un peu plus à chaque instant, et qu'au final le contact constant de Kita contre ses flancs l'amena à s'éloigner un peu plus vers le monde des rêves, ou du moins du repos. Bercée dans sa somnolence, les paupières mis closes, elle n’aperçut nullement le groupe de lapins qui tranchèrent les fougèrent devant leur abris. Ce n'est qu'en sentait un museau frôler doucement son épaule qu'elle ouvrit lentement les yeux, puis que les réflexes prirent le dessus et qu'elle releva la tête avec une certaine vivacité.

Elle put ainsi voir la petite famille de rongeurs, plutôt gras, se traîner devant eux avec tentation. Pourtant, Whitewind ne se sentait point apte à manger, l'appétit l'ayant déserté depuis bien longtemps. Le corps toutefois n'oubliait pas ses nécessités, et au même moment son estomac décida de lui tordre un peu plus son ventre, dans un grognement sourd. Soupira en vain devant cette jolie démonstration, elle hocha de la tête pour signifier son accord quant à la chasse. Prenant sur elle de la mener, comme toujours, elle délia avec une certaine crispation ses membres et tenta de se relever. Son organisme légèrement transis par le froid n'était toutefois pas de cet avis et lui fit rapidement comprendre son incapacité à retrouver une quelconque fluidité : lorsqu'elle voulu prendre appui sur sa patte avant, un déséquilibre l'obligea à modifier sa trajectoire et aller faire craquer une brindille, traînant au sol. Brindille qui, automatiquement, alerta les lapins plus quoi, qui s'immobilisèrent et regardèrent avec nervosité les alentours. Constatent que ces problèmes d'équilibre n'aideraient aucunement à leur capturer un repas, la femelle argentée s'effaça contre la paroi et se retourna à demi vers Kita. D'un regard absent, mais tout de même plus présent qu'il n'aurait pu l'être auparavant, elle la détailla brièvement avant de conclure que la louvarde pourrait probablement attraper ces lapins. Enfin, elle avait une chance de le faire, à tout le moins. Ce serait à elle de faire ses preuves.

« Je pense que tu serais plus efficace que moi, sur ce coup-ci.. »

*La Stalkeuse de romance*

L'appel du ventre est la plus forte de toutes les nécessités. C'est ce que Mudfoot, son grand père, lui répétait souvent. Face à cet appel émanant de l'estomac de sa meneuse, la jeune brunette inclina les oreilles vers l'avant, ne sachant que dire ou que faire pour estomper la situation. Voir toute la détresse de Whitewind était une épreuve pour Kita. Une aussi grande dame ne méritait point de vivre cette situation. Bien entendu, elle avait déjà prévue que se lever, pour elle, serait un trop gros effort après les quelques instants qu'elle avait passé à froid, sous cette pluie battante. Fragile, les pattes lourdes, et les muscles engourdis, la meneuse quitta le sol avant de s'y replonger, n'ayant pas la force nécessaire pour tenir debout. Alors courser leurs proies, il ne fallait point y penser.
Le regard plongé vers la lumière, Kita retint son souffle lorsque les deux femelles se firent découvrir par la horde de petits animaux. Maintenant attentifs et prévenus, ils se dressèrent tour après tour sur leur pattes arrières, aussi chétives que les appuis de White' en ce jour. Se pelotonnant contre leur abris provisoire, reflétant l'ombre qu'elle n'était déjà plus, elle lui tonna brièvement quelques mots, mi absente, mi présente.

« Je pense que tu serais plus efficace que moi, sur ce coup-ci.. »

Intrigués, les miniatures remuaient gaiement les oreilles ainsi que le bout de la truffe, sans doute pour flairer le moindre danger. Le temps n'était plus aux grands discours. Sans perdre une seule seconde de plus et préférant un quelconque effet de surprise, Kitty poussa de toutes ses forces sur ses postérieures pour se propulser le plus rapidement possible vers eux, les pattes bien en avant, la gueule à demi fermée. Des gouttelettes pleins les yeux lui altérant la vue, sa trajectoire était déjà toute pré-tracée. Les formes floues qu'elle n'apercevait presque plus commencèrent à prendre la fuite. Elle profita de la panique générale et des mouvements de paniques incontrôlés des lapins pour faire claquer plusieurs fois sa mâchoire au dessus d'eux, réussissant à cliver la gorge de l'un d'entre eux. Le corps minuscule retomba sur le sol, inerte, soulevant un peu plus d'eau dans ce torrent infernal. L'odeur du sang agita encore un peu plus les autres, qui eurent pourtant l'ingéniosité de se disperser, partant chacun pour sauver sa peau. Quelque peu perturbée par cette adrénaline soudaine, plus aucun son ne traversait les oreilles de Kita. Seul sa cage thoracique bougeait encore au rythme du sang battant dans ses tempes. Jetant un bref regard en arrière, fixant sa première prise, elle reprit sa course à petite foulée, suivant au hasard les odeurs qui se mélangeant. Mais son moment de réflexion lui avait coûtait bien plus cher qu'elle ne l'aurait cru. La pluie si forte dissipa bien trop vite leur traces, et la tête encore engourdie, Kita semblait si faible. Après tout, la chasse n'avait jamais été un grand talent chez elle, tout autant que le combat ou les filatures. Après une dernière tentative, la douce rebroussa chemin, se refusant de laisser Whitewind trop longtemps seule. Elle ramassa au passage son seul butin, la mine sérieuse et les yeux tombant de honte, elle engouffra simplement la tête à l'abris, lâchant de dégout le lièvre, sans mot dire.

[Excuse moi pour avoir mis si longtemps à répondre, semaine chargée !]

*'Wow'*

Ainsi qu'elle l'avait cru capable, Kita ne posa point de questions, ne perdit pas de temps à tergiverser et se plia à la volonté de la meneuse. Efficace, intelligente, capable d'obéir mais possédant un certain sens de l'initiative, guidée par un bon coeur. En dépit de sa tristesse, l'alpha arrivait tout de même à noter ces détails et à observer comment se comportait la jeune louvarde. Peut-être qu'en s'attardant à ces particularités, elle permettait à son esprit de se décentraliser des sujets sombres et donc d'obtenir, éventuellement, des idées plus claires. Enfin, essayer de se concentrer ne lui redonnait pas plus d'énergie, mais focusser sur des éléments tangibles laisser en quelque sorte sa tête s'alléger. Aussi finit-elle par coucher sa tête sur ses pattes, dans une attitude fatiguée mais attentive, et son regard s'envola vers la louvarde qui venait d'atterrir, entourée d'éclats d'eau, au milieu de la bande de rongeurs. Vive comme le serpent, elle bondit alors vers l'un des lapins et s'en saisit rapidement. Kita le rejeta alors vers l'arrière, d'une torsion sèche de la nuque, et croisa un bref instant le regard de son alpha; Whitewind y vit une toute petite, mais présente, lueur de bestialité, comme si la folie de la chasse l'avait rattrapée. Aussi comprit-elle l'instinct de la jeune femelle à repartir sans délai au trot, bondissant par dessus un buisson pour disparaître hors de son champ de vision.

Après les glapissements de terreur et la saccade du combat, la forêt reprenait soudainement une tranquillité étouffée.

Peut-être est-ce ce silence tout récent, cette immobilité revenue, qui ramena la louve argentée au présent. Lentement, elle leva la tête, balaya les environs avec attention. N'y trouvant rien, elle abaissa à nouveau son museau contre ses pattes et patienta, tendant l'oreille dans l'espoir d'entendre un signe de la présence de Kita. Mais en vain : la louvarde s'était complètement camouflée sous le bruissement de la pluie. Comme l'attente se prolongea, elle envisagea de se lever et d'aller chercher le lièvre par elle-même ; mais ce fusse montrer une certaine impolitesse de prendre la proie d'un autre. Et, pour être toute à fait franche envers elle-même, elle devait aussi s'avouer la flemme de lever sa carcasse raidie par le froid et de parcourir les quelques mètres la distançant du cadavre, sous la pluie glaciale. Son pelage s'était enfin allégé de l'eau qui le gorgeait et elle n'avait aucune envie de quitter la tanière plutôt confortable pour se risquer à l'extérieur. Par chance, peu de temps après qu'elle ne fut arrivée à cette résolution, une ombre se dessina entre les arbres et Kita fit à nouveau sa réapparition; la gueule vide. Elle s'immobilisa un instant, afin de ramasser la carcasse du lièvre, puis vint la jetter dans la grotte en gardant son regard rivé vers le sol.

Sans dire un mot, l'alpha prit délicatement la proie entre ses crocs et la porta un peu plus loin. Puis, elle se tassa un peu plus contre la paroi, effleurant à son tour la terre humide, et indiqua du museau à sa jeune comparse de venir s'installer vers l'espace ainsi créé, à l'abris de la pluie. Sans attendre qu'elle s'effectue, la louve argentée pris à nouveau le lapin et le ramena vers elles. Un instant, elle contempla le pelage blanc taché de pourpre tout en songeant à son estomac et à sa place de dominante. Puis, elle le fit doucement rouler de la patte, vers une Kita dont l'expression déçue ne lui avait pas échappée. Un bref instant, leur regard se croisèrent, et Whitewind se permit un bref sourire.

« C'était une belle chasse. »

*La Stalkeuse de romance*

Voyant sa meneuse en mouvement par son ombre qui se reflétait sur le sol, Kita secoua discrètement les oreilles de plaisir. L'instinct animal semblait reprendre le dessus sur son psychisme tourmenté. Ne s'autorisant pas à relever la tête pour soutenir le regard pourtant doux et compatissant que Whitewind lui accordait, elle comprit pourtant que cette dernière lui faisait signe de s'installer auprès d'elle. Ce geste toucha la louvarde, qui s'empressa de s'exécuter pendant que la louve argentée se familiarisait avec leur repas. Kita fut intriguée quand elle ramena d'un léger coups de patte l'animal vers la cadette. Ce met ne lui convenait pas ? Cherchant en vain la réponse à sa question dans le vide sidéral qui animait son regard bleuté, sa surprise s'accentua alors : Pour la première fois depuis le début de leur rencontre, Whitewind esquissa un sourire timide. Sincère, mais en retrait.

« C'était une belle chasse. »
Cette phrase lui fit relever la tête, et, se dandinant de gauche à droite, elle ne put cacher son contentement. Complimentée par son Alpha, qui n'en avait jamais rêvé. Pourtant, elle avait du mal à l'accepter, étant donné sa piètre prestation.
« Je vous remercie, Madame. » chuchota-t-elle, retrouvant un air d'intimité dans ses propres paroles « Mais j'aurais put mieux faire. »
Kita s'était trouvée pitoyable, son manque d'entraînement se sentait de jour en jour, alors que ses camarades, eux, ne cessaient de progresser.
« Je vous en conjure, Alpha Whitewind, mangez un peu. Vous devez retrouver vos forces. » Kita se pencha et fit rouler proprement l'animal dans la direction de la meneuse à l'aide de son museau. « Vous ne pourrez pas reprendre la route quand la pluie cessera si vous ne vous nourrissez pas. » Jetant un oeil par dessus son épaule sans quitter sa position de plus confortable, le ciel lui paraissait de plus en plus dégagé, au loin. Cette seule proie suffirait-elle à White' pour récupérer sa splendeur d'antant ? Kita était certes naïve, mais pas dupe. Non, bien sûr qu'elle ne pouvait pas. Sa déficience était d'ordre physique, mais aussi, métaphysique. Se sentant inutile face à son désarroi, elle trahie une fois de plus le sombre silence.
« Puis-je faire autre chose pour vous, Madame ?»

*'Wow'*

Comme elle s'y était attendu, Kita manifesta une surprise mélangée au contentement, avec une dose d'incrédulité. Devant son expression, la meneuse ne put s'empêcher d'élargir un peu plus son sourire, touchée malgré elle par l'émotion de la louvarde. Pourtant, celle-ci se fana bientôt et esquiva le compliment d'un air désolé.
« Je vous remercie, Madame. Mais j'aurais put mieux faire. »
Interpellée par ces reproches, Whitewind haussa les sourcils, puis pencha la tête afin de regarder sa jeune comparse de biais. Elle était étonnée de retrouver autant d'humilité, ou peut-être trop, chez un loup de son âge. Cela devenait-il une sorte de manque de confiance, le fait de ne point voir ses propres talents ? Mais la femelle déjà faisait rouler la carcasse dans sa direction, comme si ses maux s'oubliaient devant les besoins de son alpha.
« Je vous en conjure, Alpha Whitewind, mangez un peu. Vous devez retrouver vos forces. Vous ne pourrez pas reprendre la route quand la pluie cessera si vous ne vous nourrissez pas. »
La femelle soupira, puis, lentement, repris la proie entre ses pattes; il est vrai qu'elle était, après tout, affamée. Avec délicatesse, elle trancha l'abdomen du lapin et commença à s'en repaître. Au bout d'un moment, elle finit même par clore ses paupières, savourant plus qu'elle ne s'en serait cru capable ce met alléchant. À ses côtés, Kita devait moins bien supporter leur tranquillité, probablement ennuyeuse pour elle qui n'avait rien à faire, et lui demanda bientôt s'il y avait quoique ce soit qu'elle pouvait faire, pour améliorer l'état de sa meneuse. Whitewind y songea, quelques instants, puis réprima un rire amer ; ce n'était pas en son droit de faire porter son fardeau par une louvarde énergique. Lorsque les sentiments négatifs desserrent un peu leur étreinte sur son mental, elle finit par répondre non pas à la question, mais à une réplique précédemment lancée.

« Tu sais, on peut toujours mieux faire. Le progrès est constant. Elle haussa les épaules, légère, esquissa un sourire. Cela ne veut pas dire que l'on s'est mal débrouillé. »
Puis, elle revint avec un bref soupir à la question qui lui avait été posée.
« Et, non, tu ne peux malheureusement pas faire plus pour moi que ce que tu as déjà fais. Une remarque sonnant presque froide à ses propres oreilles; elle voulut la tempérer en ajoutant : Comment vas-tu ? Comment se déroulent tes entraînements, tes journées ? »

*La Stalkeuse de romance*

Au fur et à mesure qu'un semblant de dialogue s'installait entre les deux femelles d'Inaria, le ciel semblait se dégager, semblant être témoin de la scène. Le coeur de Kita s'en trouvait lui aussi allégé de tous ses nuages. Bientôt, elles songeraient très certainement à reprendre la route pour retrouver le confort des siens. Whitewind se laissa finalement tentée par l'odeur, l'aspect, ou simplement la faim qui s'était éveillée grâce à la présence du lièvre. Sans mot dire, Kita fixait l'étendue céleste, pour apercevoir encore une fois, le moindre signe qui lui dirait que le ciel approuvait leur retour. Le rire jaune de son Alpha la fit revenir sur terre; le rêve, ici, ne s'excusait pas toujours. Semblant préoccupée, la louve argentée prit subitement la parole. « Tu sais, on peut toujours mieux faire. Le progrès est constant. »Intriguée, Kita faillit l'interroger pour qu'elle précise le sujet en question. Puis, se ravisant, la scène de chasse lui revint en tête. Le mince sourire qu'elle lui accorda ne passa pas inaperçu. « Cela ne veut pas dire que l'on s'est mal débrouillé. » En un sens, ses dires étaient digne de son statut, empli d'une sagesse incontestablement significative. Ses facultés de réflexion refaisaient au mieux surface. Ravie, Kita attendit tout d emmêle par respect qu'elle finisse de converser. « Et, non, tu ne peux malheureusement pas faire plus pour moi que ce que tu as déjà fais. » Embêtée, Kita eu la confirmation que ce seul repas n'avait pas suffit et ne suffirait pas à Whitewind pour remonter sur son piédestal. « Comment vas-tu ? Comment se déroulent tes entraînements, tes journées ? »
Sans attendre, elle céda à l'impatience.

« Je suis la seule fautive de mon manque de compétence. » Commença-t-elle, les yeux rivés sur le sol malgré le large sourire qui se dessinait, à l'entente des félicitations de sa supérieure. « Je ne suis aucun entraînement en soi.. » Sa phrase sonnait comme un aveu. Avec plus de conviction, elle reprit : « Je veux juste être utile, un minimum. » Tant qu'elle pouvait chasser pour approvisionner la réserve de la meute, aider les autres membres, se sentir utile, elle ne demandait pas d'autres autours que ceux là. Sa place était désignée ainsi. Le comble, pour la petite fille d'un grand mentor, tel que Mudfoot ! Mais ce dernier ne lui mettait aucune pression sur ses épaules, et restait toujours aussi fière d'elle. Prenant les dernières interrogations de la meneuse pour une demande de rapport, la jeune se redressa, bien droite, les oreilles penchées en avant.
« Je suis pour l'entraide, Madame ! » Dit elle sur un ton convaincant et calme. « Je viens en aide particulièrement à ma mère, Honeydust, qui a eu une nouvelle portée, cette année.» Ressentant son égoïsme, elle ajouta : « Les autres également, bien entendu. » Kita sentit sa gorge se nouer. Devait-elle lui en demander autant ? La question ne se posait peut être même pas, il n'y avait qu'a contempler la silhouette amaigrie de Whitewind et ses yeux tombants pour connaître la réponse. Restant bloquée, aucun nouveau son ne sortit de sa bouche. Seul son regard attendrissant et songeur ne lâchait pas les yeux humides de l'Alpha.

*'Wow'*

Peu à peu, peut-être, les deux femelles parvinrent à se tirer de leur propre léthargie. Enfin, il état évident que l'une était plus creuse que l'autre, et que les tracas étaient de natures différentes. N'empêche, par la tentation du ventre, Kita avait réussit à la tirer un peu plus vers des préoccupations terre à terre, et ainsi l'éloigner de ses autres démons. Et, par la suite, l'alpha avait pu, d'un commentaire presque inconscient, peut-être lui redonner un semblant d'estime d'elle-même. Que ce changement soit durable ou non, là n'était pas la question. Ce qui importait était qu'en cet instant, les esprits s'allégeaient un moment, tout comme le ciel perdait de sa noirceur et que l'orage s'éloignait vers d'autres contrées éloignées. Que sa simple remarque, qu'une piètre question, puisse remettre ainsi d'aplomb Kita, la remplissait d'une joie imprévue. Peut-être alors le bonheur venait-il du sourire des autres. Enfin, qu'importe. La bonne humeur retrouvée de sa jeune subalterne attirait son attention sur autre chose que ses propres malheurs, et il lui était plus plaisant de s'attarder à l'étincelle d'un sourire plutôt qu'à la tristesse des disparus.

« Je suis la seule fautive de mon manque de compétence. Une vision si négative, pour un si large sourire, lui fit dresser les oreilles vers l'avant. La mine interrogatrice, Whitewind observa la louvarde rosée en attendant qu'elle poursuive son idée. Je ne suis aucun entraînement en soi.. Je veux juste être utile, un minimum. »

« Ainsi, personne ne te montre de rang ? »

Avait-elle alors lancée, interloquée. L'idée en soit n'était pas mauvaise, surtout lorsque la femelle faisait montre d'une belle ouverture d'esprit et de coeur. Pourtant, que personne ne l'aie prit sous son aile, avec un grand-père comme Mudfoot, la laissait étonnée. À vrai dire, la plupart des loupiots planifiaient déjà leur rang d'avance, se sentant attiré plus vers l'un que l'autre. Mais Kita repartait alors sur la seconde partie de ses questions, la renseignant sur ses activités quotidiennes, si ainsi elle ne suivait pas d'entraînement à proprement parler.

« Je suis pour l'entraide, Madame ! Je viens en aide particulièrement à ma mère, Honeydust, qui a eu une nouvelle portée, cette année. Les autres également, bien entendu. »

Charmée par la réponse, la louve grise lui offrit un court sourire. Elle reconnaissait bien là la digne fille d'Honeydust, bien que l'énergie de l'une se soit tempérée dans la seconde. Cela dit, elle ne put s'empêcher de s'accrocher à ces idées, tentant malgré tout de trouver un endroit où la jeune pourrait éventuellement se placer.

« Aurais-tu ainsi une préférence pour le rôle de nourrice ? Whitewind pencha la tête, doucement, pour détaillée la femelle couchée à ses côtés. C'est un peu comme si tu en suivais déjà un entraînement, à côtoyer autant ta mère. C'est aussi un rang que bien peu ont l'envie de faire, ou en ont la qualification, alors que la demande est toujours présente. »

Une ombre passa dans son regarde, fugitivement. Demande toujours présente, certes, surtout que les services d'Honeydust étaient réquisitionnés même par l'alpha. La honte et la culpabilité la taraudaient toujours un peu, à savoir ses propres enfants dans les pattes d'un inconnu, elle qui autrefois s'était si profondément attachée à sa progéniture que les laisser quelques heures étaient impensable. Se camouflait-elle vraiment sous les responsabilités de gérer la meute, désormais comme seule chef ? Non, elle savait que si cette tâche avait été trop ardue, elle aurait trouvé un remplaçant à Greyback bien avant. Elle devait ainsi être honnête envers elle-même, au moins, et s'avouer la douleur qu'elle prenait à la compagnie de sa progéniture, douleur accentuée par la responsabilité qu'elle avait à leur égard. La responsabilité qu'elle avait aussi face à Honeydust, de lui fournir une flopée de gamins en plus de tous les autres. D'où le fait que ce rang était plutôt demandé, et que Kita, d'après ce que la louve argent avait pu constater, prenait soin des autres à merveille. Toutefois, elle restait encore jeune, et de même fait, probablement indécise. À cette pensée, Whitewind s'en voulu aussitôt de lui faire porter le poids de décider dès à présent de son avenir, en fonction des demandes de la meute et non de ses propres désirs. Ses babines esquissèrent alors un sourire contrit, comme elle ramena son doux regard vers sa cadette.

« Mais ne te sens pas obligée de trouver un rang, dès aujourd'hui. En fait, grandir et toucher à tout se révélera probablement très profitable, et il est toujours bien d'être versatile. Elle fit une pause, puis rajouta en se voulant rassurante : Tu verras sûrement, quand le moment sera venu, quel rang t'attire le plus. »

*La Stalkeuse de romance*

Kita pensait bien, et malheureusement, que cette discussion tant attendue avec son Alpha n'était que rouage et mécanisme provenant de la part son esprit demeurant encore intact. Les mots prenaient formes, les phrases simples devenaient plus complètes, et les deux femelles se débrouillaient, ainsi, se plongeant dans un dialogue plutôt dynamique.
« Ainsi, personne ne te montre de rang ? »Whitewind semblait bien surprise des dires de la brunette. Mais il est vrai que, si personne ne l'avait aiguillé sur sa voie, c'est aussi et surtout qu'elle n'avait pas sollicité le moindre membre d'Inaria, pas même son grand père. Peut être qu'inconsciemment, elle ne cherchait pas. Peut être que sa place était seulement d'être là, polyvalente, à combler les ressources manquantes à la meute. Le sourire à demi voilé sur le visage de la louve argentée lui fit quitter ses maigres réflexions pour se concentrer sur le moment présent.
« Aurais-tu ainsi une préférence pour le rôle de nourrice ? » Cette idée vint germer dans sa tête comme naît une fleur. Serait-elle destinée à être comme sa très chère mère, Honeydust, nourrice au service du clan ? Ce rôle ne lui déplairait pas, comme tous les autres d'ailleurs. « C'est un peu comme si tu en suivais déjà un entraînement, à côtoyer autant ta mère. C'est aussi un rang que bien peu ont l'envie de faire, ou en ont la qualification, alors que la demande est toujours présente. »
Les douces paroles prononcées par l'Alpha résonnèrent comme un glas de sureté aux oreilles de Kita. Ressembler, en quelque sorte, à une mère qui n'était pas réellement la sienne, l'emplissait de joie. Étrange ? Ou bien, simplement dans la juste mesure des choses. Kita ignorait tout de sa mère, jusqu'à son nom. Ce n'est non pas, par le fait que Mudfoot ne veuille rien lui dire sur sa génitrice, mais plutôt parce que sa vie à toujours été auprès d'Honey. Qu'importe si les deux femelles n'avaient aucun lien de sang, la mère de Kita ne répondait qu'à un seul prénom, le sien.
« Vous avez raison, Dame Whitewind. » Son regard doux espérait raviver la flamme timide dans les yeux de son interlocutrice. « Je saurais, dans l'avenir, faire mon possible pour me rendre utile auprès de tous, ainsi qu'auprès de vous- » Sa phrase se fit interrompre par le sifflotement inattendu d'un groupe d'oiseau, sortant précipitamment de leur abris pour rejoindre l'étendu du ciel qui leur appartenait. Interloquée, Kita allongea le cou pour contempler le ciel, encore envahi par la pluie qui n'était plus que bruine. Un halo lumineux timide tentait de percer les nuages. La brune soupira de bonheur, avant de reporter son attention vers la meneuse, lovée à côté d'elle.
« Mais ne te sens pas obligée de trouver un rang, dès aujourd'hui. En fait, grandir et toucher à tout se révélera probablement très profitable, et il est toujours bien d'être versatile. » Hochant simplement la tête, elle se garda de répondre, voyant que Whitewind allait poursuivre. « Tu verras sûrement, quand le moment sera venu, quel rang t'attire le plus. » Voilà. Voilà la vrai, la grande, sage, et unique Whitewind. Des étoiles pleins les yeux, si elle avait été un gros matou, Kitty aurait déjà ronronné de plaisir. Ne sachant que dire, et submergée par l'émotion, elle parvint tout de même à faire une courbette, en guise de remerciement, et à plus forte raison de respect.
« Je vous remercie pour le temps que vous avez accordé à la discussion de mon avenir, Madame. Je ne vous décevrez pas, quant à mon choix. » Confiante et solennelle, Kita pointa son museau vers l'extérieur. Regardez, au delà de notre abris ! « Le temps nous permettra, bientôt, de nous retirer, dans une tanière plus confortable. »Gênée d'avoir tant parlée, elle se recroquevilla quelque peu sur elle même. « Enfin, si vous le souhaitez, bien entendu, Madame ! »

*'Wow'*

« Vous avez raison, Dame Whitewind. Je saurais, dans l'avenir, faire mon possible pour me rendre utile auprès de tous, ainsi qu'auprès de vous- »

Ladite Dame du réprimer un soupir, se contentant d'afficher en coin un sourire légèrement contrit. Peut-être avait-elle tentée à son tour d'allumer une certaine flamme chez Kita. Mais peut-être était-elle aussi l'individu le moins bien placé pour essayer ainsi de raviver une passion, étant elle-même froide comme le marbre. Toutefois, ce n'était pas parce qu'elle vivait d'une certaine façon qu'elle le souhaitait pour d'autre ; à vrai dire, si un peu de feu pouvait fouetter les veines de la louvarde, Whitewind n'en aurait été que plus satisfaite. Voir même soulagée. Car Kita avait un beau potentiel. L'alpha espérait simplement ne pas l'adoucir, l’aplatir, en la dirigeant vers les nourrices. Pour peu qu'elle en eut la volonté, la demoiselle rosé pouvait bien mettre à profit son intelligence et ouverture d'esprit au service de diverses situations. Mais ça, c'était pour peu qu'elle le veuille..
Et, à ses côtés, Kita respirait d'un bien-être timide, simplement heureuse de voir que l'averse s'effaçait au profil d'un tendre soleil.

« Je vous remercie pour le temps que vous avez accordé à la discussion de mon avenir, Madame. Je ne vous décevrez pas, quant à mon choix. Le temps nous permettra, bientôt, de nous retirer, dans une tanière plus confortable. Enfin, si vous le souhaitez, bien entendu, Madame ! »

À nouveau, la louve argentée esquissa un sourire, à mi-chemin entre le regret et la paix. Le plaisir de partager ce moment, et le souvenir de son état, moment qui lui assombrit le regard. Durant un instant, elle préféra ne rien dire, de peur qu'un reflet de honte ne traverse ses propos. Disons que, si elle ne s'était pas totalement sortie de son état de deuil, la torpeur précédente laissait une trace sombre sur sa mémoire. Elle ouvrit la gueule, dans l'espoir de retourner le remerciement à Kita, mais la referma lentement. Pour dire quoi ? Merci d'avoir supporter la loque que je suis ? On aurait dit que prononcer ces mots auraient donnés encore plus de vie aux actions passées. Et, d'une certaine façon, ce qu'avait été Kita pour son alpha, en ce moment d'extrême faiblesse, dépassait les remerciements. La louve grise laissa choir son regard contre le sol, un instant, puis finalement se reprit et commenta :

« Le temps s'adoucie, en effet. D'ici quelques moments, la brumasse devrait avoir cessé. Elle prit une pause, réfléchi un moment, puis ferma brièvement les yeux : Malheureusement, je crois que dès que le soleil réapparaîtra, je devrai retourner voir la meute.. Je crains avoir laissé plusieurs choses de côté, ces derniers jours.. Ou semaines. Qu'importe; des discussions s'imposent sûrement. Elle leva les yeux vers le ciel, à temps pour voir un multitude de rayons solaires déchirer enfin la voûte nuageuse. Avec Greyback de parti, certains changements s'imposent. Pour le mieux, j'espère. »

Elle lança ses dernières paroles en couvant du regard sa compagne, avec un léger sourire véritablement satisfait, cette fois. Après tout, elle venait tout de même de prononcer en une fois plus de mots qu'elle n'avait dit au cours des derniers jours, et sa voix n'avait point trembler à la mention de son feu époux. Peut-être, effectivement, la guérison arrivait.

*La Stalkeuse de romance*

« Le temps s'adoucie, en effet. D'ici quelques moments, la brumasse devrait avoir cessé. » Kita espérait sentir bientôt le soleil frôler son pelage et réchauffer son petit corps frigorifié. Même si elle venait d'être en mouvement, ce petit creux naturel était tellement humide qu'elle sentait que ses muscles s'étaient déjà refroidis.
« Malheureusement, je crois que dès que le soleil réapparaîtra, je devrai retourner voir la meute.. Je crains avoir laissé plusieurs choses de côté, ces derniers jours.. Ou semaines. Qu'importe; des discussions s'imposent sûrement. » Le regard plongée dans celui de Whitewind, peut être qu'un long moment passa ainsi, sans que la brunette ne vienne ajouter quoi que ce soit aux dires de son Alpha. L'écoute valait parfois mieux qu'un long discours. « Avec Greyback de parti, certains changements s'imposent. Pour le mieux, j'espère. » La stupeur obligea Kita a laisser paraître ses émotions. Cette chute lui hérissa le pelage, ne faisant que raviver les frissons qui parcouraient son corps. Partir ? Quel était le sens de ce mot ? L'euphémisme était bien choisi. Pourtant, cette nouvelle contrastait directement avec le sourire mi-satisfait, mi-retenu qu'affichait la grande louve grise. Sa bouche semblait fonctionner de façon mécanique, s'ouvrant et se fermant avec lenteur tant les mots se bousculaient dans sa tête.
« Alpha.. je.. »
Kita se sentait alors misérable et pathétique. Il y a quelques minutes de cela, les deux femelles débattaient sur le futur si insignifiant d'une apprentie, tandis que la disparition d'un compagnon avait eue lieu. Et sans le savoir, Kita avait placé ses petits soucis avant les informations de plus grande importance. La tête basse pour mieux fuir son ainée, sa voix se fit chevrotante et d'une douceur amère.
« Je suis tellement… tellement.. » (elle se mit a chuchoter ) « désolée… »
D'un bon, ravivée par un désir d'utilité, elle s'exprimait avec conviction sans pour autant hausser la voix. « Puisse.. puisse mes services vous être utile dans.. dans cette période.. difficile, Madame ! »
Comme épuisée par tant de revirement, Kitty se laissa tombée sur le flanc, encore abasourdie, cherchant dans le sourire étranger de Whitewind, la force de parler à nouveau.
« Je… nous y allons dès que… vous le désirerez, Dame Whitewind. »

*'Wow'*

Elle eut cru que ses paroles auraient apporté un certain réconfort à sa jeune compagne. Après tout, ne venait-elle pas de réaliser qu'elle avait délaissé ses devoirs et qu'elle désirait à présent y remédier ? Selon cette logique, Kita aurait dû être soulagée, quelque part, satisfaite de voir son alpha revenir peu à peu à elle.. Mais c'était un air de stupeur qui suivit à ses paroles, et bientôt cette surprise se teinta de pitié, de tristesse. Pendant un instant la jeune ne pu dire quoi que ce soit, mais Whitewind sentit ses oreilles s'abaisser lentement vers l'arrière comme elle redoutait ce qui allait suivre.
« Alpha.. je..

- Kita !

- Je suis tellement… tellement.. désolée… »
Son crâne était à présent totalement plat, n'ayant que deux petites bosses signifiant la présence d'oreilles. Sourcils abaissés, yeux plissés par une certaine tristesse, la femelle argentée regardait sa cadette avec une expression désolée au visage - mais pas désolée pour elle-même. Désolée que Kita eut cru bon de mentionner qu'elle était désolée, alors que cela allait de soi.. et quelque part désolée que le sujet fusse à nouveau ramené sur le tapis. Sans trop savoir que dire, la femelle se mura dans un silence presque inconfortable, cherchant ses mots. À nouveau, ce fut sa compagne qui reprit la parole, d'une voix plus assurée qui soulagea Whitewind.
« Puisse.. puisse mes services vous être utile dans.. dans cette période.. difficile, Madame ! »
Doucement, la femelle argentée pu détendre ses traits et laisser poindre un léger sourire sur son visage.
« Je n'en doute pas. »
La réponse avait été automatique, mais plus elle y pensait, plus elle la savait vrai. La louve ne doutait aucunement que Kita ferait tout en son possible afin de l'aider. Elle ne savait pas encore si cela fonctionnerait, mais pour le moment sa présence lui avait été bénéfique - plus que bénéfique. Salvatrice. À ses côtés, la louvarde s'était étendue sur les flancs, comme cherchant du repos. Pourtant, elle assura qu'elle était prête à partir, aussitôt que sa supérieure en donnerait l'ordre. L'alpha ne répondit pas tout de suite, attendant que le soleil perce un peu plus les nuages. Mais bientôt, elle se rendit compte qu'elle n'attendait pas le soleil, mais le courage de se lever, sortir, et recommencer à exister. Et cette constatation faite, elle bloqua son esprit sur cette pensée et trouva le courage de la mettre à execution.
« Alors, allons-y. Il est temps de redevenir présentes. »
Autant au sens littéraire que figuré. Précautionneusement, Whitewind se releva en prenant garde de ne point accrocher Kita ou de se tordre un muscle, trop faible et refroidit pour être suffisamment souple. Elle parvint finalement à se remettre debout et s'extirpa de l'abris, savourant rendu à l'extérieur sa première bouffée d'air frais, sentant la terre humide se tasser contre ses coussinets. Appréciant, l'esprit ravivé, de se trouver vivante.

*La Stalkeuse de romance*

« Kita !
La queue enroulée contre son ventre, la louvarde s'abaissa dès lors que son Alpha, sans hausser le ton, lui intima clairement de cesser de parler. Kita ne se rendit compte que bien trop tard, puisque Whitewind lui avait déjà fait la remarque, de ses excuses inutiles; celles-ci ne faisaient que remuer le couteau dans la plaie. Mais des mots rassurants, comme ceux que prononcerait une mère à l'égard de son petit, furent prononcer.
« Je n'en doute pas. »
On ne pouvait pas dire que Kita s'était réjouie de ce moment, un moment pourtant passé exclusivement aux côtés de son idole de toujours. N'ayant assimilée la tristesse de sa supérieure qu'après coups, le sentiment d'être inefficace, à nouveau, s'empara d'elle. Après tout, elle qui n'avait jamais cherché lui nuire, qui lui a toujours souhaité le meilleur, n'était-ce pas elle qui l'avait plongé un peu plus profondément dans ce trouble psychique ? Elle ne savait pas vraiment, si elle avait aidé au combat que Whitewind menait contre elle même. Où plutôt, si, elle le savait, d'une part. Mais elle ignorait le sens de ses actes. Ce sont les mouvements de son sujet de pensé qui la tira de ses rêveries. « Alors, allons-y. Il est temps de redevenir présentes. »
- Oui. Inaria à grandement besoin de vous - Une opinion qu'elle garda pour elle, se trahissant par un sourire léger. Un sourire serein.
À sa suite, Kita se leva énergiquement, d'une posture admirablement droite, le regard rivé dans les yeux bleus miroitants de l'autre femelle. Et c'est ainsi, qu'elle fit réellement sa rencontre. Que tout recommença pour elle. Bizarrement, Kita avait l'impression de tout revoir autrement. Et part Whitewind. Oui. Il était temps pour les deux femelles de clamer, ou re-clamer, leur appartenance au monde.

FIN.