Fiery Skies

FEAT. LABRYS
DÉBUT ÉTÉ, AN 8

Au-delà de la forêt, le soleil avait presque complété sa descente. Il en résultait un ciel aux teintes flamboyantes, dont l'orangée perçait malgré le dense couvert des arbres. Couchée entre deux troncs, Ono haletait abondamment, sa respiration n'ayant rien de discrète. De même, sa fourrure était baignée d'une couleur rousse, la faisant presque étinceler dans l'obscurité de la jungle. Heureusement que la furtivité n'était pas son but en ce moment, car elle aurait échoué à tout exercice la requérant.

... De toute façon, elle était déjà trop brûlée pour tenter une nouvelle activité. C'est que son essoufflement avait tout de même une raison : elle et Yumi venaient de terminer un entraînement. Enfin, Yumi ne l'avait pas tout à fait terminé : elle était repartie vers on-ne-sait-où, toujours à la course, dans la recherche d'une nouvelle épreuve. Plus censée ─ et complètement épuisée ─, Ono n'avait eu d'autre choix que de la laisser s'enfuir et de plutôt rester derrière à se reposer. Elle tenta vainement de libérer ses muscles de leur douleur, se roulant dans la végétation en gémissant légèrement.

Tambourinant le sol à la lourdeur de ses petits bas , Labrys , brute à son actif , cherchait vainement la trace de son jeune frère Glaive. Celui-ci , introuvable depuis lors , avait sans doute fuit en voyant charger sur lui le louveteau enrobé et ses yeux perçants toujours renfrogné. Bon , il fallait le dire , la subtilité n'était pas son fort. Et rien qu'avec ses habitudes , Labrys avait réussi à imposer une sorte de planning à ses frères et soeurs , ainsi qu'à leur mère d'adoption , Brushfire.
A chaque coup de crocs , une nouvelle activité devait être faite , l'entrainement en particulier , pour le cas de Glaive. Bien trop maigrichon au gout de l'ainé , Labrys s'acharnait à vouloir muscler son frère , pour mieux l'écraser en suite.

« Glaive , t'es où ?! » Il sortit bruyamment des broussailles humides , les enjambant d'un saut. Enfin , de ce qui semblait être un saut. Le Hache Noire se réceptionna lourdement sur une masse grise et prune , qui avait déboulé en roulant sur son passage. Trébuchant malencontreusement en avant , suite à la bousculade. Labrys tomba , en avant , de tout son poids sur Ono. - qu'il remarqua enfin -

« Hééé, hé ! » Il ne bougea pas pour autant. « Nan mais ça va pas d'dormir sur l'passage ?! »

Après un certain temps, ses complaintes de douleur finirent par se muter en vrombissement de plaisir, comme la terre fraîche et meule venait soulager ses tensions musculaires. Après un certain laps de temps, sa respiration sembla enfin retrouver un rythme un peu plus normal ─ foutue capacité pulmonaire de merde ─ et ses membres arrêtèrent de tressaillirent par réflexe. Il lui sembla même accéder un peu pus à une tranquillité d'esprit, bercée par la douce chaleur qui venait couvrir son corps, jusqu'à ce que...

« Glaive , t'es où ?! »

Le hurlement la ramena en un instant dans le monde physique. Elle sursauta violemment, ses pattes s'empêtrant sur elles-mêmes alors qu'elle cherchait à se redresser─ sauf qu'elle n'eut ni le temps ni la place pour le faire. Elle fut soudainement happée par derrière, se faisant aplatir avec violence par une lourde masse. Elle crut d'abord avoir été assommée par un rocher, avant qu'elle ne remarque la fourrure de la bête et ses capacités à gesticuler et gueuler en tous sens.

« Hééé, hé ! Nan mais ça va pas d'dormir sur l'passage ?! »

Capacités qui ne l'incitèrent aucunement à se bouger de sur elle. Reconnaissant Labrys dans la bête en question (aucune surprise à le faire, d'ailleurs), la femelle sentit l'irritation monter en elle. Emplissant ses poumons d'autant d'air qu'elle le pouvait, malgré sa cage thoracique comprimée, elle cracha son souffle avec la même verve :

« MAIS ?! Hey le gros, tu DÉGAGES ? »

Puis, sans vraiment attendre de réponse ─ c'était de Labrys qu'on parlait, de toute façon ─, Ono chercha à lui planter ses griffes et ses crocs dans le corps pour lui donner un incitatif à se bouger.

« GROS ?! J'SUIS PAS GROS ! C'est ma fourrure qui gonfle ! » Pourtant, Labrys contredit ses propos en orientant son postérieur vers la truffe de la jeune louve. Écrasant avec celui-ci, le visage près de sol d'Ono.
« C'est la Femelle rousse qui l'dit ! » Et sur ce point, il était d'accord avec elle. « Excuse toi, Femelle ! » Il la menaça de son postérieur, jouant de son poids sur elle pour le bloquer au sol. « OU TU SUBIRAS MON COURROUX ! »

Le louveteau protesta avec véhémence sur la qualité de son poids. Pourtant, c'était bien Ono qui était au prise avec celui-ci, son corps maigre étant encore maintenu au sol par la lourdeur de Labrys. Se tortillant comme elle le pouvait, elle tenta de se déprendre de lui, sans succès. Bien conscient de son avantage, Labrys en profita pour la narguer, amenant son postérieur à quelques centimètres de son visage.

« Excuse toi, Femelle ! OU TU SUBIRAS MON COURROUX !, La menaça-t-il.
─ Narrh mais ch'tu rêves ? Dégaches ton cul, t'empechstes !! »

Elle grommela avec toute l'intensité qui lui était possible, sous les couche de fourrure qui lui obstruait la gueule. N'ayant aucune intention de se laisser malmener ainsi, Ono décida de prendre des mesures plus grande : elle attrapa la queue de Labrys, si gentiment offerte devant elle, et la serra avec force entre ses crocs.

Sur le coup, se fut plus le sentiment de traction qui le fit bondir comme une puce. Ses quatre pattes s'envolèrent jusqu'à ne plus toucher le sol et s'écrasèrent à quelques centimètres d'elle.
« HEAYYA! » La queue libre, il la jaugea et évalua les dégâts. Puis, l'attrapant entre ses propres crocs, il fit un tour sur lui-même et se recentra sur Ono. « Pfft. T'es nulle, de toute façon. » Déclara-t-il avec toute sa mauvaise foi. Il agita sa queue lentement de gauche à droite puis la leva d'un coup. Droite et fière. Comme à son habitude.
« T'façon, j'ai mieux à faire que de m'occuper d'ton cas. Femelle! » Labrys ferma un oeil, puis l'autre. Puis questionna Ono sur un ton qui se voulait autoritaire, en changeant totalement de sujet :
« Toi, femelle! T'as pas vu mon frère ? Réponds rapidement et j'te récompenserais. » Levant le nez et les oreilles, pompeusement. Il imita à la perfection, les guerriers mercenaires face aux paysans.

Au comble de son bonheur, son attaque sur Labrys eut l'effet escompté: le jeunot bondit en l'air dans un glapissement, libérant du même fait la pauvre malheureuse. Pendant que le mâle faisait un compte rendu des dégâts, l'insultant du même fait, Ono en profita pour se remettre debout et s'éloigner de quelques pas, tentant de mettre une distance prudente entre eux. Elle ne voulait pas lui céder du terrain mais, n'empêche, l'idée d'être encore écrasée ne lui plaisait pas du tout. Ses os étaient encore douloureux de la première fois. Et l'idiot devant elle continuait de s'égosiller.

« Toi, femelle! T'as pas vu mon frère ? Réponds rapidement et j'te récompenserais. »

Encore heurtée qu'on l'ait prise pour un coussin, Ono souffla sur ses mèches en faisant la moue. C'est qu'il demandait son aide, maintenant.

« Bof, j'sais pas trop, dernière fois que j'l'ai vu, il se pissait dessus. T'es sûr qu'il est pas dans ton derrière ? ~ »