Pas bouffay!

Reptile

Printemps de l'an 3

La nuit commençait à tomber, pourtant elle restait immobile, assise devant le mur aux peintures, Mojag détaillait chacun des dessins sur la paroi rocheuse, à l'occasion, il lui arrivait de reconnaître quelques louvards géants qui étaient passés il y a quelques années de cela. Elle se rappelait aussi dans certains cas qui avait fait ses peintures. Un sourire rêveur sur les lèvres, ses grands yeux verts regardaient les endroits encore vides sur le mur, se demandant quel endroit serait le plus propice à dessiner le jour où son maître lui en donnerait la permission. Elle avait fini par determiné qu'en hauteur serait le mieux, d'un bond elle se remit sur ses deux pattes, se rapprocha des dessins tendit son bras au maximum de sa capacité puis releva le regard.

-Bof, pas très haut, murmura-t-elle légèrement découragée.

Un des rares moments où elle regrettait sa petite taille. Hors de question qu'elle dessine sur la bas du mur. S'était le dernier endroit où les gens regardaient, il lui fallait les hauteurs. Son regard se promena dans les alentours à la recherche d'un gros caillou. Puis c'est à ce moment là qu'elle s'apperçut de l'heure tardive:

-Oups!

Elle se mit à courir aussi vite que ses courtes jambes lui permettait. Pour finalement s'écraser par terre, face première:

-AIEEEUH!

Un craquement de branche se fit entendre un peu plus loin. S'était quoi ça? Paniquée elle releva la tête, une ombre approchait, il était impossible de dire ce dont il s'agissait. Quelqu'un du village peut-être ou sinon une bête sauvage? Elle retint sa respiration longuement pendant que ça l'approchait:

-Hello? dit-elle à voix basse [b]

Reptile

¤ Et c'est un simple chien qui déboula.

Terrin était lui aussi en promenade dans le Camp. Il profitait des quelques derniers rayons de Soleil avant la nuit sombre et froide. Bientôt, il devra rejoindre ses congénères. Il aura peut être la chance d'avoir le droit de se coucher devant la Fleur Orange que les Deux-Pattes faisaient apparaître tous les soirs. Cela lui permettrait de se prélasser au chaud et en sécurité comme dans le passé avec la seule compagnie de sa fratrie et de leur vieux maître. Ce souvenir de bonheur perdu le fit soupirer de nostalgie. Il lui manquait terriblement ce bonhomme. Personne ne pourrait entièrement le remplacer. Il avait conquis trop de place dans le cœur du chien.

Mais son instant de tristesse fut chassé par son arrivée proche à sa destination. En effet, il avait presque atteint le Mur aux étranges traces. Depuis qu’il était ici, dans ce clan, ce monument l’avait toujours intrigué. Il ne comprenait pas ce que cela représentait. Il avait bien réussi à distinguer des formes qui ressemblaient à certaines proies qu’il chassait, mais c’était tout. Aucune utilité bien évidente pour son cerveau canin. Il devrait faire part de ses interrogations à ses camarades à son retour. Etant nés ici, ils savaient sûrement mieux que lui à quoi çà servait.

Brusquement, un bruit de course parvint jusqu’à ses oreilles. Tiens, il y avait quelqu’un d’autre dans les parages. Amis ou ennemis ? Son flair lui apporta la réponse : un Deux-Pattes. Un Deux-Pattes qui poussa un cri qui ressemblait à celui de la douleur. Que lui était-il arrivé ? Terrin suivit son instinct de bon toutou qui lui disait d’aller voir et pourquoi pas de lui porter secours. Trottinant, il s’avança vers son but. Enfin, il découvrit l’Homme ou plutôt une femelle des Hommes par terre. C’était bizarre de la voir dans la position couchée qui était normalement destinée à dormir. Qu’importe. La queue frétillante et un regard toujours bienveillant, il lui donna de grands coups de langues sur le visage. Il voulait chasser l’inquiétude qu’il ressentait en elle. Elle n’était plus seule, il était là si elle avait besoin d’aide.

Reptile

Elle resta silencieuse, immobile couchée sur le sol, attendant soi d'être sauvée, soit d'être bouffée. Elle releva légèrement la tête, essayant de voir de quoi il s'agissait maintenant que ça s'était rapproché. Même pas le temps à vrai dire, à peine eut-elle le temps de regarder droit devant elle qu'une langue bien baveuse lui balaya le visage. Il s'agissait clairement d'un chien, soulagée, elle poussa un long soupir de soulagement. Puis elle se mit d'un rire enfantin alors qu'elle se mettait en position assise. Attendrie par l'attitude de l'animal, elle lui caressa la tête de l'animal avec entrain:

-Salut toi! Dit-elle enjouée.

Puis elle se releva, constatant les dégâts occasionnés, ses deux genoux saignaient légèrement, mais ce n'était rien de bien grave. Sa joue droite lui chauffait légèrement, sauf qu'il ne devait s'agir que d'un simple éraflure, vu qu'aucune sang ne s'échappait de la plaie. Un problème de moins à régler. Elle épousseta ses vêtements couverts de terre, puis félicita à nouveau le chien qui lui était arrivé de croiser à plusieurs reprises dans le village. D'humeur généreuse, elle sorti des morceaux de viande séchée à l'animal. Son père avait beau la reprendre en disant que la viande les chiens devait la mériter, s'était simple aux yeux, elle le caressa encore puis sans même attendre elle se mit à marcher, invitant Terrin a faire de même:

-Tu viens il faudrait rentrer, sinon, on... JE vais me faire engueuler.

Même si elle était consciente que le canidé ne devait pas comprendre ce qu'elle disait, elle continuait de parler, de la compagnie, humaine ou pas restait de la compagnie:

-Alors c'est quoi ton nom? Moi c'est Mojag. Tom maître c'est qui? Moi je n'ai pas de chien, je ne sais pas chasser, puis je ne sais pas non plus piloter un traineau, donc... Je suis une apprentie artisanne, mais personnellement faire des vêtements et des tipis, j'aime pas. J'ai surtout hâte de faire les tatouages et la teinture, sans parler des dessins sur le mur au peinture, et puis...

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Sa méthode primitive de canin fonctionna à merveille. La Deux-Pattes se mit à produire ce son si agréable aux oreilles car contenant de la joie : un rire. Si le Paradis existait, il y devait assurément résonner ce doux bruit. Remède contre la mauvaise humeur, il redonnait le sourire aux pauvres âmes perdues. C’était vraiment un bienfait qui donna de la satisfaction à Terrin. Si les Hommes étaient contents de lui, alors il l’était aussi tout simplement. Puis, la femelle se remit debout où plutôt sur ses étranges deux pattes arrières. A première vue, elle n’était guère blessée. Même le ton qu’elle employa, pour dire il ne savait quoi, transpirait de la sérénité retrouvée. L’inquiétude éprouvée précédemment s’était bel et bien envolée.

Oh ! Mais tiens, voilà qui était intéressant : elle venait de faire apparaître de la nourriture. Cette viande et les caresses devaient être un remerciement pour le fait qu’il se soit porté à son secours. Comme tout chien, il commença à saliver à cette vue. Il était comme hypnotisé par les morceaux, son regard fixant leurs moindres mouvements. Mais il n’allait pas non plus se jeter dessus comme un fauve affamé. Non, il savait se tenir et ne crevait pas la dalle grâce à son talent de chasseur. Malgré tout, il n’allait pas rechigner ce petit supplément. Il attendit patiemment son ordre avant de pouvoir les déguster. Enfin, quand elle le lui donna, il commença à les savourer car ce n’était pas tous les jours qu’il avait droit à ce genre de friandises. Sauf que la Deux-Pattes était déjà repartie. Temps pis pour la saveur, il se dépêcha de les envoyer dans son estomac avant de courir derrière elle. Marchant à son côté, il l’écouta tranquillement son flot de paroles ininterrompues. Il réussit à comprendre quelques mots comme : maître, chien, chasser, traîneau. Il n’essaya pas de les relier, préférant se laisser bercer par la voix. Jusqu’au moment où le mot « peinture » atterrit dans ses oreilles. Il le connaissait aussi celui-là. Un jour, un petit d’Homme l’avait crié encore et encore en montrant du doigt le fameux Mur. Terrin n’avait pas compris la signification mais il était persuadé qu’il avait un lien avec la roche aux traces étranges.

Soudainement, le chien pila sur ses quatre pattes. Avec sa rencontre avec la femelle d’Homme, il avait oublié son but premier. Il voulait aller inspecter le Mur. Sauf qu’ils s’en été déjà pas mal éloignés et la nuit prenait de plus en plus possession des alentours. Il risquait fort de ne plus rien voir maintenant. Il allait devoir renoncer à sa visite. De plus, il devait raccompagner l’humaine jusqu’au Camp. La laisser en plan risquerait de ne pas lui plaire et de se faire passer pour un cabot égoïste. Donc, il irait une prochaine fois.

Il reprit sa marche pour rejoindre l’autre qui était devant. Et c’est là qu’il le vit ! Une sorte de rongeur qui grimpait sur la botte/chaussure de la Deux-Pattes. Il en resta un moment interdit. Le rat était vraiment sans gêne et en plus il continuait son escalade ! Euh… Terrin était censé faire quoi dans ce genre de situation ?