Malaise

Début du printemps de l’an 7
Prio’ Rohan.

Maintenant que le temps se réchauffait juste un peu et ses blessures guéries, il pouvait se permettre de s’éloigner de sa hutte. Le fait qu’il retourne dans sa propre hutte avait tout simplement prouvé qu’il était beaucoup mieux qu’il y a quelques temps. La preuve : Naminga lui avait demandé d’aller s’assurer de l’état des peintures, et d’aller les rafraîchir si le besoin se faisait sentir. Il avait été étonné qu’il n’envoie pas Mojag à sa place, puisqu’elle était beaucoup plus douée à la peinture que lui. Toutefois, il avait rapidement compris qu’il tentait probablement de le ménager encore un peu. Avec le changement de saison, tout le monde était occupé, c’était toujours comme ça et bientôt il devrait probablement se mettre à la réparation des vêtements pour l’été, s’il ne devait pas recommencer à zéro. Un petit soupir s’échappa de ses lèvres, alors qu’il approchait avec une quantité – qu’il jugeait suffisante – de peinture de chaque couleur, un tabouret sous le bras si jamais il devait peinturer plus en hauteur.

Une fois arrivé, il releva la tête observant de long en large les peintures, satisfait de constater que seulement quelques-unes d’entre elles auraient peut-être besoin d’être rafraîchie, sans que ça soit essentiel. Il se pencha pour installer son tabouret sans trop porter attention à son malaise qui allait en grandissant. Avec l’impression d’être observé, il tourna la tête et regarda autour de lui : rien. Bien que beaucoup moins à l’aise désormais il se remit tout de même au travail. Soudainement étourdi, il déglutit, pris à des sueurs froides, sans parler du poids dans sa poitrine et s’effondra sur le sol et s’enroula sur lui-même, main sur sa tête alors qu’un amalgame de pensées contradictoire se promenait dans sa tête, alors qu’il semblait vivre toutes sortes de chose en même temps : de la tristesse, de la colère, du regret, de l’horreur, du soulagement.

- Stop! gémit-il d’une toute petite voix.

Il ne remarqua pas l’arrivée de Rohan sur le coup. Il s’enroula davantage sur lui-même en s’entourant de ses bras cette fois. Toutefois, la voix de Rohan le ramena rapidement à la réalité et il s’arrêta, comme si la voix du jeune homme parvenait à stopper tout ce qui se passait dans sa tête. Dans sa poitrine, il ressentait toujours ce malaise. Il releva la tête vers lui et s’essuya rapidement les yeux :

- ... Hey ! J'peux s'avoir s'que tu fais ?!

Elvio hésita légèrement, porta sa main à sa poitrine sur laquelle il appuya et préféra ne rien dire. Il n’avait pas envie qu’il le prenne pour un fou et que la nouvelle se propage. Mieux valait donc mentir pour l’instant et irait tout de suite voir sa mère en rentrant à la maison. Il se releva avec une certaine difficulté et lui sourit faiblement :

- Euh, rien… Tout va bien! T’en fais pas. Je. Je suis tombé! dit-il en désignant le tabouret renversé sur le sol.

Il grimaça quand Rohan lui avoua qu’il le trouvait étrange. Il étira un maigre sourire de circonstance pour la peine avant de baisser les yeux pour écouter le reste de sa critique. Insulté quand il le désigna clairement comme étant une femme, il fronça des sourcils insulté. Il lui jeta un regard noir, mais n’osa pas rétorquer sur le coup, se rappelant bien d’où ça l’avait mené la dernière fois, et franchement il n’avait pas envie de se trouver dans sa hutte pour encore des mois. Toutefois, une hargne qui ne lui ressemblait pas et l’envahit, il rétorqua en grondant :

- Crève.

Sous le choc, il haussa les sourcils en portant les mains à sa bouche, sans savoir comment réagir. Jamais il n’aurait osé dire ça à qui que ce soit! Il couina un faible :

- Je ne sais pas ce qui m’a pris! Désolé!