Tourmentée

- Si je le savais, j'y serais déjà, qu'est-ce que tu crois.
- You've got me interested, so I'll humour you: if you need any guidance or support whatsoever, I'll give it to you. Seeing you that flustered is actually quite the entertainment ♥

- Et quel conseil peux-tu me donner, pour me confondre encore plus ?
- Well, for one thing, I'm taking my sweet goddamn time to hear you whine and ramble in disdain about the war. You never really asked for advice, you always asked for guidance. Il perdit son sourire pour se montrer plus sérieux, plus attentif.
- I can't really guide you if you don't know what you want yourself, or where do you want to go. All its been doing is making you run around in circles to no end. Il leva sa tête.
- Think. Il sourcilla. What is it that you really want, and what would be the first step leading you to it ?

Au grondement torve de Calamité, les yeux de Gunthaer s'ouvrirent un peu plus, comme par stupeur, avant de se plisser par automatisme, réduisant l'entièreté de ses pupilles à d'immenses trous lacunaires, qui engloutirent la totalité de son iris. La Princesse réussit à aligner des sons un peu plus intelligibles, qui formèrent une phrase:
- Si je savais, je ne perdrais pas mon temps à me laisser torturer comme ça ! Je veux que tout arrête !
' Que tout arrête '. Lui qui s'était tendu, la respiration courte, l'échine hérissée, écho à la femelle, se détendit d'un seul coup, reculant la tête, redressant les oreilles. C'était son souhait, celui que ' tout arrête '. Sa gueule qui avait laissé entrapercevoir des sourires depuis le début s'affaissa sur une ligne stoïque, et ses pupilles redevinrent normales, fixant la femelle d'une placide froideur. Sa respiration devint lente et naturelle, et le ballant de sa queue s'était stoppé. Voilà. 'Tout' était arrêté. On ne pouvait pas laver les plaies de la guerre en se stoppant, mais le silence était mérité après une si longue session d'échanges.

De nouveau, Désastre jouait le rôle d'un fleur en pot, écoutant en silence, statique comme une statue.
- Je. se. sais. PAS. Si je savais, je ne perdrais pas mon temps à me laisser torturer comme ça ! Je veux que tout arrête !
Les derniers mots le firent tiquer et il agita les oreilles, croisant le regard de sa soeur.
- Tu veux mourir... ? Demanda-t-il un peu tristement. Car pour lui il n'y avait aucun doute sur la seule façon dont tout pouvait s'arrêter : la mort.

- Tu veux mourir... ?
Gunthaer se leva, en silence. Calamité, ne sachant que répondre, abaissa enfin la tête, perdant son agressivité au profit d'une timide hésitation. Elle baissa les yeux.
- Je.. je l'ignore. Elle l'ignorait, mais elle n'avait pas écarté la possibilité. C'est pourquoi le messager s'avança vers elle. Sans bruits, comme s'il flottait, il franchit la distance le séparant lui et la princesse, puis, étira sa nuque, l'enlaçant dans une douce étreinte, comme un père enlaçait sa fille. Il toucha le dos de la petite de sa truffe humide, comme pour lui faire sentir une présence rassurante. Il ne pouvait hélas pas en faire plus. Pas qu'il ne voulait pas: il ne le pouvait pas. Son geste lui-même lui parut étrange, insensé. Il venait de lui dire qu'il adorait voir les individus se tourmenter. Alors pourquoi venait-il de l'enlacer de la sorte ? Il ne s'en fit même pas la réflexion, centrant ses priorités ailleurs. Ce geste lui rappelait la fois où Calamité avait déposé sa tête contre son poitrail, lorsqu'elle était encore petite, après qu'il l'ait défendue contre Euphorie. À ce moment non plus, il n'avait pas compris l'origine de cette action.

- Je.. je l'ignore.
Devant cette réponse si désespérée, Désastre adopta la même attitude que sa soeur, tête et oreilles basses, dos affaissé. Ce n'était pas la réponse qu'il avait espéré.
Lorsqu'il remarqua que Gunthaer s'approchait très, très près de Calamité, Astre se hérissa quelque peu, observant la manoeuvre avec la méfiance née d'un désir d'hyper-protection.
Il ne se détendit pas plus quand le coursier enlaça simplement la jeune louve, même si un mélange entre grommellement et gémissement fuit sa gorge pour exprimer sa vexation et sa jalousie alors que sa soeur rendait la pareille au mâle violet.

Comme il s'était collé à elle, il ressentit la stupeur de Calamité, qui mêla son incompréhension à la sienne. Elle sortit vite de sa torpeur, appréciant le geste, lovant sa tête dans sa fourrure, comme si elle cherchait à s'y enfouir. Elle voulait disparaître. Elle voulait que tout s'arrête. Inconsciemment, Calamité " savait " ce qu'elle voulait. Malheureusement, on ne pouvait pas revenir en arrière dans la trame du temps, surtout lorsque le mal avait déjà été causé. Il entendit s'échapper de la bouche de la femelle un soupir de soulagement, lui faisant prendre conscience qu'il avait " bien fait " en lui démontrant - physiquement - du soutient. Les actions et le langage du corps étaient souvent plus forts que les mots, et aligner de quelconques condoléances ou d'excuses n'aurait pas réussit à faire taire le violent ouragan qui rendait troubles les eaux normalement calmes qu'incarnaient Calamité. Ses oreilles s'abaissèrent lorsqu'il entendit une sorte de protestation fusant de la part de Désastre. Il entrouvrit un oeil pour se situer, le situer lui, devinant sa jalousie. Peut-être qu'il n'en savait ni l'origine ni le sentiment, mais il lui était capable de comprendre que cette situation déplaisait au frère de la Princesse. Aussi se défit-il de l'étreinte avec la même douceur qu'il avait employé en la donnant, reculant la tête, toujours assit devant, le regard vide posé sur elle, sans mot de plus à ajouter. Il n'y avait rien à ajouter.

Son pseudo grondement/gémissement eut un effet appréciable : le mâle violet se décolla de Calamité et lui rendit un peu d'espace. Astre se détendit, les oreilles de nouveau pointées "joyeusement" vers sa soeur... dont la réaction les lui fit de nouveau tourner vers l'arrière alors qu'il regardait ailleurs, son désormais fameux masque d'indifférence collé au visage.
Mais à l'intérieur, le regard plein de reproches - assez pour qu'il s'en aperçoive - le réduisit à l'état d'une mare de boue frémissante. Pour autant qu'il détesta ce regard, qu'il détesta avoir été la cause de ce regard, celui-ci ne fit qu'accentuer une animosité plus que naissante envers Gunthaer qu'il n'avait, jusqu'à présent, pas considéré comme une menace immédiate et importante au lien qui l'unissait à sa soeur.
Mais tout et tout le monde changeait.

Calamité lui fit part de son incompréhension quant à sa soudaine envie de défaire l'étreinte. Elle le questionna brièvement du regard et n'obtint pas sa réponse de ses yeux. Gunthaer leva la tête dans un mouvement sec, comme pour pointer Désastre, ce qui poussa la femelle à détourner son attention de Gunthaer pour le recentrer sur son frère. Le messager tourna sa tête pour regarde le petit Prince par-dessus son épaule, suivant les yeux de Calamité. Constatant qu'il avait réussi à attirer l'attention de sa soeur, ce-dernier dressa de nouveau ses oreilles. Mais la sévérité de la femelle fut si palpable qu'elles se pivotèrent vers l'arrière. Tant qu'il en fuit même le regard, comme indifférent. Mais il n'était pas difficile d'imaginer l'embarras et la jalousie qui habitait le pauvre petit Prince, à ce moment, lui qui était si attaché à sa soeur. Comme il se rappelait d'anciens mots, Gunthaer se leva sur ses quatre pattes et se décala de quelques pas de côté, se distançant légèrement de la Princesse. Son regard était comme celui du Prince, vide. Mais le sien était dénudé d'instabilité.

Calamité finit par se relever, prenant congé, les délaissant tout deux derrière. Comme Désastre semblait ne pas avoir bougé, Gunthaer demeura immobile un certain temps, la tête inclinée vers le bas, le regard fixe, puis, secoua sa tête, voulant se sortir de sa propre léthargie. Sa patte lui fit faire un pas de côté et il s'apprêtait à suivre le chemin de Calamité qu'il se frein brusquement, les oreilles dans le cran, la queue levée. Ses yeux s'étaient plissés. Son souffle s'était coupé. Son regard se glissa de nouveau vers le prince, et il marcha en sa direction, sans lui adresser un mot ou un air réprobateur ou conciliant, marchant froidement à côté de lui, le heurtant de son épaule, continuant son chemin. Il ne pouvait pas poursuivre la journée aussi énervé. Il avait besoin de se défouler. Et ohh, comble de chance, il savait exactement où aller pour ce faire...

( end? )