Une ombre plane

- Si on retient le quotient de l'équation ici... le nombre qu'on obtient nous donne la quantité nécessaire et juste quant à son âge et à son poids. Hum... voyons voir... Des pierres en miettes et un bouquet de plantes en gueule, JD traçait sur le sol toutes sortes de signes dont lui seul en comprenait le sens, coupant, déchirant, dosant chacun de ses éléments. Il avait l'habitude de guérir ou du moins d'aider quant au métabolisme de loups adultes. Il avait rarement eut affaire à d'aussi jeunes patients, comme Salama. Heureusement, les blessures et les ecchymoses n'étaient pas si alarmantes - même pour une petite de sa taille - ce qui eut bon de faire baisser la tension du gentleman d'un demi-cran. Il s'était couché sur la pierre, Salama reposant dans ses pattes en berceau, se remettant sans doute de sa choquante expérience avec Rapier, la reine de leurs assaillants. L'oasis n'avait plus l'air hospitalière, et les quelques passants qui y rôdaient étaient loin d'inspirer confiance. Même si JD était surveillé par plusieurs gardes, disposés non loin - par protection, car certains redoutaient le " pouvoir des sang-noir ", il avait assez d'espace pour s'occuper des autres, ou dans ce cas-ci, pour s'occuper du seul patient qu'il pouvait encore sauver. La mort à l'âme, il abaissa les oreilles, se ressassant les évènements où les vieillards, les anciens avaient été abattus sans préambule. JD n'osait se l'avouer, mais au creux de son gosier commençait à bouillir une colère comme il n'en avait rarement connue.

- ... C'EST VOUS LES MUTANTS!
Des mutants… Des monstres, c’est tout ce que vous êtes...des esclaves, des inférieurs... bêtes maudites... Vous n’êtes qu’une lignée viciée, pourries jusqu’aux os.
Des mots, des mots cruels bourdonnaient dans son crâne comme une ruche en colère...
Mutante, monstre, bête... Était-elle vraiment tout cela... ?
~ Le rêve changea.
Soudain elle était dans un lieu inconnu mais elle ne voyait rien que de la fumée sans feu. Beaucoup de bruit. Des cris, des aboiements étranges, une langue difficile à comprendre. Finalement un éclair sable brisa la monotonie de la brume, puis tout redevint noir.

Salama ouvrit lentement les yeux, étourdie. D'abord hébétée et le regard fixe, elle cligna des yeux lorsqu'elle commença à retrouver son sens du toucher, remarquant du même coup qu'elle était apparemment couchée sur les pattes de quelqu'un.
Instinctivement, elle leva les yeux, découvrant la fourrure marron et beige de JD au-dessus d'elle, lequel elle fixa d'un air interrogateur...
Jusqu'à ce que toute sa mémoire lui revienne en un flot déchaîné. Rêve et réalité, elle ne sut pas encore les démêler mais elle se souvenait parfaitement des yeux de sang plantés dans les siens, imitant la patte dont les griffes lui mordait le poitrail en l'écrasant au sol.

Quelques chose remua dans ses pattes. JD recula la tête, faisant rebondir ses mèches en bataille abaissant aussitôt le regard vers Salama. Celle-ci si cilla vers le haut, les yeux encore embrumés par les nappes nébuleuses du sommeil. JD écarta ses pattes de sorte à déposer tout doucement le louveteau contre la pierre, l'enlaçant d'une patte.
- Est-ce que tout va bien, petite Salama ?

- Est-ce que tout va bien, petite Salama ?
Elle cilla de nouveau. Il semblait bien que son ouïe ne soit pas encore en parfait accord avec son cerveau.
Après quelques instants, elle se sentit assez apte à manier les muscles de sa gueule pour tenter une réponse.
- Huun... Je sais pas... Chuchota-t-elle, peut-être effrayée par la perspective de donner plus de poids qu'elle n'aurait voulu à la réalité qui s'imposait doucement hors de ses rêves.
Elle regarda précautionneusement autour d'elle autant qu'elle le pouvait dans sa position.
- Qu'est-ce-qui s'est passé... ? Toujours chuchoté, mais la question n'était pas tout à fait honnête : elle avait une bien bonne idée - une trop bonne idée - de ce qu'il s'était passé. Du moins ne savait-elle pas ce qui était arrivé entre son envolée et son réveil.

Salama prit quelques minutes à se tirer des affres de rêveries. Il remua la mâchoire, comme pour tester son efficacité, et osa prendre parole.
- Huun... Je sais pas... chuchota-t-elle faiblement, comme si ses muscles mandibulaires ne suivaient pas vraiment le fil de ses pensées. Car dans une telle situation, n'importe qui se bombarderait de questions. JD redressa les oreilles, un peu soulagé de pouvoir l'entendre, malgré son audition défective.
- Qu'est-ce-qui s'est passé... ? parvint-elle à demander, articulant ses syllabes au lieu de les aspirer dans un grognement inintelligible. Au moins, pas d'aphasie lors de son réveil. C'était une bonne chose. JD se pencha au dessus, jetant un furtif regard vers l'arrière, où il aperçut une ombre se mouver. Probablement une rotation de garde.
- ...
Il sourcilla, peu enclin à l'idée de se faire de nouveau clouer au sol par l'énergumène aux yeux ternes de l'autre fois. Il secoua sa tête, cherchant à trier ses idées, à étouffer un peu les flammes de la colère qui bouillaient en lui.
- La nuit dernière, une meute a profité de notre statut de vulnérabilité pour nous attaquer... À mon avis, tout a été calculé...
Il clôt les yeux sur un air meurtri, les oreilles dans le cran.
- Plusieurs nous ont quittés dans l'assaut...

Un long silence suivit sa question pendant lequel le guérisseur vagabond jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule.
- La nuit dernière, une meute a profité de notre statut de vulnérabilité pour nous attaquer... À mon avis, tout a été calculé...
Elle ne répondit rien. Jusque là, elle s'en rappelait. L'idée que ce fut calculé ne lui avait en revanche pas encore traversé l'esprit, mais maintenant, sa tête s'éclaircissant rapidement, cela parut également assez évident.
Quel meilleur moment pour attaquer que juste quelques jours à peine après le départ des piliers et guerriers expérimentés de la meute ?
- Plusieurs nous ont quittés dans l'assaut...
Louveteau ou non, elle n'eut pas besoin de plus d'explications pour comprendre cette déclaration. Salama pâlit d'un coup, virant peut-être même légèrement au verdâtre.
Les lèvres remuant doucement sans qu'aucun son ne s'en échappe, elle finit tout de même par articuler avec difficulté :
- Q-qui... ?

- Q-qui... ?
- ...
Il écarta à peine ses paupières, rendues lourdes par le chagrin et l'épuisement, se rappelant de chacun des noms, chacun des individus qui avaient été tués lors de cet impitoyable assaut. À chaque fois qu'il se remémorait l'un, il se rappelait aussi quelques bribes de leurs discussions, quelques moments qu'ils avaient partagés, qu'il fut louveteau ou adulte.
- Le reste des doyens y sont passés... D'abord Monsieur Stonebrow, commença la voix grave du loup, qui avait refermé ses yeux, les lèvres tremblotantes, cherchant à refouler sa peine. Ensuite, Monsieur Thorntail... Ch— ... il se tut, sa voix s'éreintant sur un son étouffé. Il reprit. Mademoiselle Stifle souffre de graves blessures aux os...
Il courba la nuque, serrant ses dents.
- Nous ne pouvons plus rien faire pour elle...

Salama remarqua bien qu'il en coûtait à JD de lui faire part de la... liste... Mais elle n'en démordit pas, bien que pâle et tremblotante, elle gardait un regard ferme sur le mâle brun.
- Le reste des doyens y sont passés... D'abord Monsieur Stonebrow... Elle ferma les yeux... Ensuite, Monsieur Thorntail... Ch— ... Serra les crocs. Mademoiselle Stifle souffre de graves blessures aux os... Nous ne pouvons plus rien faire pour elle...
Le silence s'installa de nouveau alors que la louvette digérait la nouvelle qui se transforma en une nouvelle barrière s'érigeant entre sa conscience et son innocence.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, ils étaient certes secs, mais ils étaient surtout très vides. Elle venait de perdre deux membres de sa famille directe... Elle n'avait pas forcément était proche d'eux, surtout concernant Stonebrow, mais sa situation de toujours l'avait rendue fébrile à l'idée de perdre d'autres personnes qui lui était liées.
- Et qu'est-ce-qui se passe maintenant... ? Demanda-t-elle doucement, l'interrogeant sur l'avenir.

Un silence s'ensuivit sa liste funèbre. JD avait eu tout le loisir de la nuit précédente et de l'aube pour digérer la nouvelle. Salama, étant inconsciente pendant ce laps de temps, devait vivre un bien dur réveil. À son âge, jamais JD n'aurait souhaité en savoir autant sur les défunts, quitte à complètement ignorer leur départ. Toutefois on ne pouvait pas se boucher les oreilles et faire semblant que tout allait bien. Même les individus normalement si guillerets, comme Belmont - Lightspark - et Kai - Steadfast - étaient aussi sombres que l'étaient leurs prédécesseurs. S'il ne les avait pas connus autant que les autres membres de la meute, JD ne pouvait pas ignorer qu'il s'agissait de camarades morts, tués, éviscérés presque, au nom d'une infâme Justice que scandaient leurs ennemis. Une Justice qui les forçait à les regrouper en petit nombre, et de limiter leurs mouvements. À transformer leur berceau en prison.
- Et qu'est-ce-qui se passe maintenant... ?
- ... Je n'en sais rien.
Il sourcilla, relevant sa tête.
- Ils ont commencé par séparer les membres restants en petits groupes. Chaque groupe est disposé dans un point vaste de l'Oasis, séparé des autres. À chaque quadrant, ils effectuent une rotation de garde pour se maintenir éveillés. Ils nous empêchent de trop nous déplacer.
Il plissa les yeux.
- À mon avis, soit ils veulent nous tenir à carreau de la guerre à Inaria, soit ils cherchent simplement à nous emprisonner ici, pour un quelconque autre dessein.
Il clot les yeux, poussant un lourd soupir.
- C'est tout ce que j'ai réussi à déduire, après avoir observé leurs mouvements.

- ... Je n'en sais rien.
Ils les avaient envahis et on ne savait toujours pas pourquoi... ?
- Ils ont commencé par séparer les membres restants en petits groupes. Chaque groupe est disposé dans un point vaste de l'Oasis, séparé des autres. À chaque quadrant, ils effectuent une rotation de garde pour se maintenir éveillés. Ils nous empêchent de trop nous déplacer. À mon avis, soit ils veulent nous tenir à carreau de la guerre à Inaria, soit ils cherchent simplement à nous emprisonner ici, pour un quelconque autre dessein. C'est tout ce que j'ai réussi à déduire, après avoir observé leurs mouvements.
Salama commença enfin à se redresser un peu, elle fut prise d'un court vertige et se rallongea le temps que cela passe, ce qui ne l'empêcha pas d'exploser d'une voix aigüe :
- Mais c'est idiot ! Swiftkill et les autres sont déjà partis pour Inaria ! Si c'était ça leur plan ben il est drôlement mal foutu ! S'énerva-t-elle toute seule. On ne pouvait pas l'en blâmer. Pas alors que cela devenait son unique exutoire à sa détresse refoulée.

- Mais c'est idiot ! pépia soudain le louveteau, les sourcils froncés. Swiftkill et les autres sont déjà partis pour Inaria ! Si c'était ça leur plan ben il est drôlement mal foutu !
- ...!
JD écarquilla ses yeux, coupant son souffle. Ses oreilles dressées disparurent sur son crâne, entre ses mèches en bataille.
- ...
Il baissa la tête, fixant le vide.
- ... C'est tout à fait ça. Nous sommes des otages. Ils ne veulent pas réellement nous, ils veulent se servir de nous pour marchander quelque chose à Alpha Swiftkill. JD recula sa tête, cherchant à se hisser sur ses pattes, comme s'il titubait sur place. Il parvint à s'asseoir, portant une patte à sa tête.
- Bien sûr, comment ais-je fait pour être si aveugle...
Il se pencha, effaçant du revers de la patte ses gribouillis de plus tôt pour se remettre à tracer des traits.
- Supposons qu'Alpha Swiftkill et les autres ne gagnent pas et se font terrasser par les sabres: Rapier obtient ce qu'elle veut. D'un autre côté, s'ils gagnent, ils enverront un émissaire à l'Oasis pour annoncer la bonne nouvelle. Se faisant, ils réaliseront l'état de leur famille et nos ennemis en profiteront pour les forcer à obéir, se servant de nous comme otages...

Même s'ils se décident de rebrousser chemin pour une quelconque raison et qu'ils ne seront pas essoufflés par la bataille... Aucun guerrier sensé ne voudra lancer les hostilités en sachant que leurs louveteaux et leur famille sont en danger de mort !...
Il vacilla d'un côté, soudain prit de nausée. Une horrible sensation le saisit. Ce genre de plans lui rappelait le Réseau des chiens du clan du Loup.
- ... Je souhaite sincèrement me tromper...

Étonnamment, sa remarque plongea JD dans une intense réflexion à haute voix que Salama tenta tant bien que mal de suivre.
Sa déclaration à elle avait été directe, énonçant une évidence pure, sans raisonnement complexifié par l'expérience d'un adulte.
- Même s'ils se décident de rebrousser chemin pour une quelconque raison et qu'ils ne seront pas essoufflés par la bataille... Aucun guerrier sensé ne voudra lancer les hostilités en sachant que leurs louveteaux et leur famille sont en danger de mort !...
Le guérisseur tangua, pâle et tendu.
- ... Je souhaite sincèrement me tromper...
La louvette tenta de nouveau de se redresser, y parvenant nettement plus adroitement cette fois-ci et sans que sa tête ne tourne trop.
Elle ne dit rien le temps de se remettre les idées en place et d'absorber les réflexions de JD. N'arrivant d'elle-même à aucune conclusion, elle finit par demander :
- Qu'est-ce-que ça veut dire ?

- Qu'est-ce-que ça veut dire ?
JD hoqueta. Il en avait oublié Salama. Il venait d'établir sa théorie, sa réflexion, à voix haute, devant un louveteau. Il baissa ses yeux, cherchant à atténuer l'effroi au creux de ses pupilles pour le remplacer par une sorte d'incertitude. Peut-être avait-il tort. Peut-être Alteron, la meute de leurs tortionnaires, n'avait pas de loups à la réflexion aussi poussée. Un peu interdit, il déposa sa patte sur la tête de Salama, fermant les yeux. En les rouvrant, il avait levé la tête, l'air déterminé.
- Ça veut dire de ne pas t'éloigner des autres adultes, Salama.
Il inclina la tête vers le bas.
- Tu penses pouvoir faire ça ?

JD poussa un hoquet de surprise, faisant pratiquement sursauter sa jeune patiente qui conclut qu'elle avait dû le tirer de ses réflexions. Son attitude lui suggéra qu'il avait parlé sans réfléchir. Ou plutôt qu'il avait réfléchi à haute voix sans le vouloir.
Les yeux baissés pendant un moment, il finit par relever un regard fatigué mais ferme sur Salama.
- Ça veut dire de ne pas t'éloigner des autres adultes, Salama.
Elle fronça les sourcils, perplexe.
- Tu penses pouvoir faire ça ?
Elle le fixa un instant avant de répondre sans assurance :
- Uh... Oui... je suppose...
Soudain, un vertige, puis un blanc. Elle ferma les yeux un instant, puis les rouvrit.

- Uhn... Qu'est-ce-qui s'est passé... ? S'interrogea-t-elle en regardant autour d'elle. Avisant JD tout proche d'elle, elle lui jeta un regard interrogateur.
- ?

- Uh... Oui... je suppose... marmotta-elle tout bas. La petite fut prit d'un vertige et ferma ses yeux. Perplexe, interloqué, JD posa ses yeux sur la petite, abaissant ses oreilles, craignant pour le pire. Lorsqu'elle rouvrit ses yeux, c'était comme si tout ce qu'il lui avait expliqué s'était envolé. Pas étonnant, à cet âge, chaque enfant avait un système métabolique qui supprimait les informations trop violentes. Un si grand conflit politique ne pouvait pas être compris pas quelqu'un de si peu expérimenté, après tout.
- Uhn... Qu'est-ce-qui s'est passé... ?
- ...
- ?
- ... Tu sais où tu te trouves, Salama ? lui demanda JD, préférant user de patience plutôt que de lui déblatérer les mêmes informations, et risquer de l’assommer de nouveau.

C'était vraiment étrange... Elle avait l'impression d'un déjà-vu mais elle n'arrivait tout de même pas à se souvenir...
La dernière image emmagasinée dans son esprit était celle de l'énorme louve noire et blanche aux yeux de sang qui se penchait sur elle et la maintenant au sol avec assez de force contenue pour lui broyer les côtes.
- ... Tu sais où tu te trouves, Salama ? La question de JD la tira de ses songes.
- Hum... À l'oasis ? Répondit-elle, quoiqu'un peu incertaine compte tenu du ton qu'avait pris le guérisseur.
Perplexe, elle vérifia sa réponse en regardant tout autour d'elle. Ç'avait bien l'air de l'oasis.
Son regard jaune accrocha quelques silhouettes sombres mais petites plus loin.
Le souvenir des évènements de...- De quand d'ailleurs ? - lui revinrent par vagues.
Elle ramena les yeux sur le loup brun, écarquillés.
- Qui sont ces gens ? Murmura-t-elle, balançant entre curiosité et inquiétude.

- Hum... À l'oasis ?
C'est bien. Elle se rappelait de la base. Elle semblait aussi se rappeler de lui, donc le choc post-traumatique n'influait que la nuit dernière, pendant l'assaut d'Alteron. Compréhensible, se dit JD, non sans un certain pincement au coeur. Salama, de son côté, fit mine de faire elle même son inspection, furetant les alentours de son regard circonspect. Il lui semblait parfois réagir à certains détails, comme si tout cet inconnu ne l'était peut-être pas. Son repérage fait, elle tourna sa petite tête vers le grand loup.
- Qui sont ces gens ? dans ses yeux dansaient ses interrogations. JD abaissa ses oreilles, prenant son courage à deux pattes. Lentement, il débita la fatalité, prenant soin de bien articuler à un débit constant..
- Ces gens font partie de la meute d'Alteron. Ils nous gardent ici comme otages.

- Ces gens font partie de la meute d'Alteron. Ils nous gardent ici comme otages. Énonça-t-il lentement.
Salama tourna de nouveau la tête vers eux, confondue.
- Comment ça en otages ? Fit-elle les yeux ronds.
En inspectant de façon plus approfondie, elle découvrit bien plus de loups inconnus, souvent sombres voire noirs qui guettaient chacun de leurs faits et gestes.
En fait, où qu'elle pose les yeux, semblaient luire des dizaines de paires d'yeux brillants, jaunes... bleus... rouges...
Elle rabattue ses oreilles vers l'arrière, mal à l'aise.
Ils... Commença-t-elle, s'interrompant le temps de déglutit pour lubrifier sa gorge sèche. Ils sont... effrayants...
De fait, ils n'avaient pas l'air d'être là pour leur conter fleurette...

- Comment ça en otages ?
Il ne répondit rien, la laissant de nouveau faire son analyse. Ou plutôt, son inspection. Il suivit de la tête son regard, se posant sur chacune des silhouettes qui se tenaient au loin, qui veillaient au loin, qui les guettait, de loin. Pareil à des bergers s'assurant que leurs moutons étaient bien encerclés. Pareils à des oppresseurs s'assurant que les forces chez leurs otages étaient coupées de moitié. Pareil à Alteron qui avait désormais la mainmise sur l'Oasis des anciens gardes d'élite.
- Ils... elle déglutit. Ils sont... effrayants...
JD abaissa ses oreilles, cherchant à garder le contrôle, à maintenir un regard circulaire afin de protéger ses arrières.
- C'est le moins qu'on puisse dire.
Il baissa sa tête.
- Repose-toi, Salama... Ne t'en fais pas, je veille.

- C'est le moins qu'on puisse dire.
Elle balaya de nouveau l'oasis du regard.
- Repose-toi, Salama... Ne t'en fais pas, je veille.
Elle leva les yeux vers lui et, après tous les efforts qu'elle avait pourtant déployés pour se relever, se résigna à de nouveau se coucher entre les pattes du guérisseur, tête vers le poitrail de celui-ci, retournant à ses rêves étranges.