Where the hell am I ?

Le camp des hommes. Quelle étrange idée, d’accompagner une camarade dans un lieu aussi décalé et franchement bizarroïde que celui ci. Etrange idée, mais quand n’en n’avait-il pas ? Après tout, son père éphémère avait bien choisi son moment pour lui annoncer son lien de sang avec lui, alors qu’il l’avait purement abandonné à crever dans le sable froid du désert… Dégouté, Maverick avait voulu mettre de la distance entre l’oasis et lui. Il voulait oublier. Il n’avait jamais eut besoin de son géniteur, pourtant, lui ne s’était pas gêné pour lui balancer l’information en pleine figure, et qui plus est, sur son lit de mort. Usant des circonstances, malgré lui ou non, pour faire venir de la pitié dans son cœur meurtri. Connard. Il ne pouvait décidemment jamais cesser de lui pourrir la vie, même dans sa mort.

Moisir dans un trou perdu, à renâcler des souvenirs perdus, ou guider une femelle de son âge dans une épreuve déroutante ? Vraiment, il n’avait pas eut à hésiter. Le voyage avait quelque peu éprouvé le corps maladif de Maverick, mais, plus têtu qu’une mule, il n’avait pas voulu faire demi tour. Arrêts après arrêts, le grognon avait tenu le choc. Lui seul déciderait s’il ramperait à l’oasis ou non, et surement pas son métabolisme dégénéré. Et puis, la présence bien que peu marquante de sa compagne lui avait permis de tenir le choc. Les choses n’avaient cessés de s’accélérer cet hiver… Il ne voulait pas finir seul… Ni laisser l’anorexique seule. Mais ça, il n’en n’avait rien dit. Fierté masculine, gêne, ou stupidité d’adolescence ? Difficile de choisir… Peut être des trois.

Mais peut importe. Ils sont arrivés… Enfin.

Dans un soupir, le blackblood ralenti son allure jusqu’à ce qu’il se stoppe définitivement, contemplant le spectacle qu’il a sous les yeux d’un œil méfiant et pas franchement convaincu. Le paysage est si… vert… Il ne sait pas vraiment s’il s’agit d’un rêve ou de la réalité…
- … Rappelle moi ce qu’on fou là déjà… ?
— Des conneries par rapport à des traditions débiles ? Répond t-il élégamment, ne s’éloignant pas malgré la proximité soudaine entre lui et Lethal, s’accoutumant peu à peu à cette sorte d’intimité avec d’autres personnes que son cercle fermé, stoïque.

— En tout cas, ces loups miniatures et leur maitres ont pas intérêt à nous prendre pour des esclaves… J’ai pas fait tout c’chemin pour jouer le bon petit chien dressé. Renâcle t-il. Lui, il ne faisait que du tourisme, et à sa façon. Pas question de faire leur test de clown dans cette foire géante, et de se faire peinturlurer la figure à vie, oh non !

Décidément, quel début d’année palpitante. Une paumée et un réfractaire. Le camp allai surement en : voir de toute les couleurs.

Ses yeux clairs finirent par croiser ceux du jeune à côté d’elle, alors qu’elle se décalait rapidement, comme si elle avait enfin pris conscience de leur proximité. Comme si un simple contact avec lui l’avait brulé. Ses oreilles se plaquèrent lentement dans sa nuque, alors qu’elle fixait le camp, ces triangles de peaux tendues… Toutes ces… Choses ? Elle cligna plusieurs fois des yeux, avant de les reposer sur Maverick.

— Des conneries par rapport à des traditions débiles ?

Elle se contenta de pencher la tête sur le côté, ses oreilles revenant vers l’avant. Il marquait un point.

— En tout cas, ces loups miniatures et leur maitres ont pas intérêt à nous prendre pour des esclaves… J’ai pas fait tout c’chemin pour jouer le bon petit chien dressé.

Elle détourna lentement la tête, exposant son plus beau profil à son compagnon, lâchant du bout des babines.

- T’es trop râleur pour être dressé. On peut plus apprendre au vieux singe à faire la grimace.

Un rictus semblable à un sourire moqueur déforma ses babines. Pour immédiatement retomber. Lethal fit quelques pas en arrière, fixant les environs, totalement perdue, disparaissant dans l’ombre de Maverick. Elle rentra lentement sa tête dans ses épaules, tentant de devenir invisible… Sans grand succès.

- Impossible d’lézarder au soleil ici.

Immobile, Maverick rencontre les yeux de Lethal, et soudain, elle se décale. Aussi, se détourne t-il à son tour, n’ayant plus de contact à rompre puisque la femelle l’a fait la première, et il trépigne sur ses pattes, gêné. Il ne comprend pas très bien la logique dans le comportement de sa camarade, et n’est pas le plus démonstratif des canidés. Alors une tension étrange monte dans l’air. Mais fort heureusement, le sujet de conversation donné par la fille de Spearheart les détourne bien vite de cet évènement fâcheux…
- T’es trop râleur pour être dressé. On peut plus apprendre au vieux singe à faire la grimace.
— HA ! J’espère bien… renâcle t-il, sur un ton un peu plus enjoué que précédemment.

Mais à peine la joie commence à poindre dans son cœur qu’elle s’évapore, tout comme le sourire fugitif de Lethal. Encore ce changement soudain d’attitude. Maverick mettait quelques manières sur le compte de la « maladie » mentale de sa comparse à vouloir tout le temps rêver, mais là, il y avait peut être autre chose… Pas qu’il puisse dire quoi. Ses réactions sont si soudaines qu’elles le mettent mal à l’aise et lui enlève son sens critique. Et il ne sait guère agir pour les prévenir ni les arrêter, sauf à peut être parler dans le vide...

- Impossible d’lézarder au soleil ici.
— D'puis quand tu veux devenir une plante ? Y a qu'elles pour aimer autant l'soleil... Demande t-il, entre moquerie et questionnement sincère sur son attitude, mais n’esquissant guère de mouvement, démuni. Encore ce sentiment d’impuissance… Il serre les crocs, se remémorant la silhouette en sang de la mère de Lethal… Peut être étais ce cela, aussi, qui le rend aussi gélatineux qu’une méduse devant sa détresse, et qui le nargue depuis les profondeurs de son cerveau.

Tu sais, tu sais, et tu ne dis mot. Tu joues avec elle, corniaud, vilain corniaud. Elle va te manger la face si elle l'apprend idiot.

Il se détourne à nouveau, et tape brièvement le sol de sa patte avant, retenant un grognement. Cela pouvait-il être pire ? Maverick a un rictus. Oui. Ça peut toujours être pire…

- D'puis quand tu veux devenir une plante ? Y a qu'elles pour aimer autant l'soleil...

Elle pencha légèrement la tête sur le côté, défigurant Maverick. Une plante ? Il n'y avait pas que les plantes qui aimaient le soleil. Il y avait les animaux à sang froid... Et tout le monde en fait. Après tout, la chaleur de l'énorme boule jaune était plus que bienvenue... Surtout lorsque l'on était aussi froide que Lethal.

- Je ---

C'est alors qu'elle sentit une boule de poil se frotter à ses antérieurs. Le visage toujours aussi hermétique à la moindre émotion, elle baissa lentement les yeux. Pour détailler la silhouette d'Elvio.

- Allô! ~
- … Bonjour ?

Elle cligna plusieurs fois des yeux, avant de redresser la tête, fixant Maverick qui c'était éloigné. Son regard glissa alors sur le camp... Qui commençait visiblement à s'animer.

Maverick soutint le regard de la jeune louve, aussi perplexe qu’elle, avant de se détourner, gêné, comme à son habitude. Lui détestait le soleil. Son corps ne pouvait le supporter. Et s’il y avait bien une chose qu’il redoutait le plus après l’arthrose totale, c’était bien la déshydratation. Heureusement, s’il y a avait bien une chose positive à envisager sur cet endroit ridicule, c’était que les possibilités q’une telle situation étaient réduites. Avec tout ce vert, il y avait forcément une source d’eau importante. Pas étonnant que les deux pattes s’étaient mis à squatter l’endroit. Il fallait croire qu’ils étaient moins stupides qu’il ne l’eut crut…
- Je ---
Les oreilles de Maverick se redressèrent à la voix de sa comparse, cette dernière le sortant de sa rêverie, et il attendit la suite, quel qu’elle fut. Malheureusement, Lethal ne put pas lui donner ce menu plaisir, ni lui lui donné une oreille attentive. Quelque chose s’immisce dans leur conversation, se frottant contre leur corps. Il sursaute presque lorsqu’il sent la dite fourrure lui chatouiller les antérieurs, et montre les crocs jusqu’à ce que le parfum si typique du renard ne vienne lui rappeler son identité.

- Allô! ~
- … Bonjour ?
— ‘Manquait plus qu’lui… Soupire t-il dans sa barbe, déjà épuisé rien qu’à la probabilité du remue ménage que le petit ne manquerait pas de causer. Dardant sur Elvio des yeux interrogateurs, Maverick se rapproche légèrement de lui et Lethal, un air las venant bientôt se déposer sur ses traits.
— Qu’est ce que tu fous ici grande oreilles ? Tu dors mal à ce point que tu t’sens obligé d’me suivre pour que j’te serve à nouveau d’oreiller ? Comptes pas là dessus. Cela aurait put être une blague, mais le ton du loup roux laissait entendre le contraire. Il a appris à plus ou moins connaître le gnogme, et le sait incroyablement puéril et assez malicieux pour que ses dires s’avèrent vrais.